Chapitre 20

Ana

Je ne savais pas où il m'emmenait, ni même ce qu'il attendait de moi. La seule chose que je pouvais affirmer était que le trajet durait une éternité. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point la demeure qui était devenue ma prison était perdue au milieu de... nulle part. Normal, me fit remarquer ma conscience. Lorsque tu es arrivée dans cette maison, tu avais les yeux bandés, continua-t-elle à se moquer.

Toutes les minutes qui défilaient, je les passais à observer le paysage pour me détourner de la route qui me faisait tourner la tête.

Dans l'obscurité, la lumière des phares faisait danser les ombres des arbres à feuilles persistantes qui recouvraient les pentes de la montagne que nous descendions. Dans le rétroviseur, je constatais que les deux hommes chargés de la sécurité du psychopathe nous suivaient toujours.

À travers la fenêtre entrouverte, un air frais parfumé par les pins et les sapins faisait virevolter mes cheveux. Mais même tout cet oxygène ne me faisait pas sentir mieux.

Cela faisait plus d'une heure et demie que nous roulions et je me sentais de plus en plus nauséeuse. La route était sinueuse et la conduite sportive de mon chauffeur n'arrangeait rien à mon état.

Je ne m'y connaissais pas en marque de voitures mais je pouvais affirmer que celle-ci était particulièrement puissante et que Jace prenais son pied à accélérer comme un idiot dans les virages.

- Est-ce que tu peux ralentir ? osai-je demander, les deux mains sur mon ventre.

Mais ma voix fut la seule à résonner dans l'habitacle, ma question étant restée sans réponse. À la place, mon bourreau appuya un peu plus sur la pédale de l'accélérateur pour faire gronder le moteur et instinctivement, mes doigts agrippèrent la poignée de sécurité.

Mon corps était secoué dans tous les sens et je sentais que j'allais être malade. Ce n'était qu'une question de minutes avant que je ne rejette le contenu de mon dernier repas.

Dans le virage qui suivit, je lâchai un cri d'effroi lorsque nous croisâmes une voiture en sens inverse. Jace qui roulait au milieu de la route attendit la dernière seconde pour se rabattre sur la chaussée et je retins un nouveau haut-le-cœur.

- Arrête-toi ! ordonnai-je d'une voix menaçante.

Il fallait que cet engin maudit s'arrête ou j'allais vomir maintenant, et il pourrait dire adieu à ses sièges en cuir sentant le neuf.

- Ne me dis pas que tu dois pisser, soupira-t-il d'une voix ennuyée. Nous n'avons pas le...

- Maintenant !

Surpris par l'urgence dans ma voix ou par le ton que j'avais employé avec lui, Jace donna un grand coup dans la pédale de frein pour arrêter la voiture lancée à plusieurs kilomètres heures. Nous parcourûmes quelques mètres avant que le véhicule ne s'arrête violemment, me propulsant contre le tableau de bord. Je me cognai douloureusement le front et il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits.

Derrière nous, un crissement de pneus m'indiqua que les gardes du corps avaient eux-aussi étaient contraints de s'arrêter brutalement pour ne pas nous rentrer dedans.

Mais je n'avais pas une autre seconde à perdre car déjà, je sentais mon estomac se tordre à nouveau. Alors, dans la précipitation, j'ouvris la portière et me penchai pour vomir en dehors du véhicule. Seule la ceinture de sécurité m'empêchait de m'écrouler par terre mais je sentais qu'elle faiblissait sous mon poids. 

- Putain ! s'écria Jace en se détachant pour m'attraper par les épaules avant que je ne tombe de mon siège. Je te jure que si tu as maculé ma bagnole...

- Je n'en ai rien à foutre de ta putain de bagnole ! hurlai-je entre deux régurgitations.

Mes vomissements ne cessèrent pas immédiatement. Mon estomac avait décidé de rendre mon dernier repas... et celui d'avant ça.

Et comme si ce n'était assez humiliant...

- Monsieur, l'appela un des deux colosses en sortant du fourgon. Est-ce que tout va bien ?

- Martins ! lui répondit son patron. Trouve-moi une bouteille d'eau et des mouchoirs.

[***]

J'ouvris les yeux en sentant la voiture ralentir et s'engager dans une petite voie qui menait à un parking privé. Je laissai échapper un soupir de soulagement lorsque la voiture fut totalement à l'arrêt, moteur coupé. Mes ongles avaient laissé des traces sur le siège en cuir, victime de ma peur de la vitesse.

Heureusement, après que mon estomac avait exprimé toute la sympathie que j'éprouvais envers les voitures sportives, la vitesse et les conduites déplorables, Jace avait fait l'effort de lâcher un peu la pédale d'accélérateur.

- On y est.

Trois. Mots. Les trois premiers mots qu'il avait daigné m'adresser depuis l'épisode « arrêt d'urgence ». 

- Tu as retrouvé ta langue ? demandai-je en claquant la porte une fois extirpée du véhicule.

Mon Dieu ce que c'était agréable d'être enfin debout. De pouvoir enfin marcher.

- Arrête de l'ouvrir Ana, répondit-il d'un air méchant en me foudroyant du regard. Et contente-toi d'écouter mes ordres si tu ne veux pas crever ici. 

Sa réflexion me glaça le sang et je renonçai à répliquer quelque chose. J'avais déjà jouer avec la mort plus d'une fois or, sa patience avait des limites et je savais qu'à la prochaine occasion, elle ne me laisserait pas filer.

Je me contentai donc de suivre Jace et les deux mastodontes qui nous suivaient sur plusieurs centaines de mètres. Dans l'air flottaient les notes d'une musique qui m'était familière. Celle-ci devenait de plus en plus distincte à chacun de nos pas.

Enfin, une bâtisse apparut dans l'obscurité. C'était une boîte de nuit et cette révélation m'intrigua davantage. Qu'est-ce que nous faisions ici ? Ou plutôt, qu'est-ce que je foutais ici ?

Nous arrivions par l'arrière mais je pouvais distinctement entendre des éclats de voix au loin, provenant probablement des personnes faisant la queue.

C'était donc là qu'il m'emmenait ? Dans un club ? Je ne comprenais pas à quoi tout ce cirque rimait.

- Arrête de réfléchir trop fort ! m'ordonna soudain Jace, me faisant sursauter. Tu me donnes mal à la tête.

- Je n'ai rien dit...

- Pas besoin de parler quand on est autant expressive que toi.

Je levais les yeux au ciel dans un grognement. Pourquoi ne se contentait-il pas de répondre à mes questions ?

- Jace ! appela une voix que je reconnus aussitôt.

Clayton. Que faisait-il là lui-aussi ?

- Clay ! l'appela-t-il à son tour. Est-ce qu'il est arrivé ?

Qui était supposé être arrivé ?

- Oui, il est dans la salle du bas. Tout le monde est en place. Un faux pas et c'en est terminé de lui !

Mais de quoi était-il en train de parler ?

- Pourquoi est-elle là, Jace ? demanda soudainement Clayton en remarquant ma présence.

- Je n'allais pas la laisser seule avec personne pour la surveiller, soupira mon bourreau en me lançant un regard par-dessus son épaule. Je vais l'amener dans le bureau.

Donc si je suis ici c'est pour décorer le bureau ? Faire la figurante, parce que Monsieur craint que je prenne la fuite ? Tu l'aurais fait, me fit remarquer la petite voix dans ma tête.

- Je vous rappelle le plan, Jace reprit la parole. Nos hommes à l'intérieur seront chargés de le garder à l'œil à l'aide des caméras de vidéosurveillance. Restez en contact avec eux. À leur feu vert, ce sera à vous d'agir. Il sortira par cette même issue de secours, dit-il en pointant du doigt la porte derrière moi. Une voiture devrait l'y attendre. Je le veux lui et les hommes travaillant avec lui vivant ! En cas de problème, j'ai posté des renforts tout autour du club. 

Vivant ? Parce qu'il était question de tuer des gens ce soir ? Dans quel bourbier j'avais encore était traînée ?

Après le bref rappel de leur chef, Clayton et les deux gardes du corps hochèrent la tête et s'équipèrent d'une oreillette chacun. Puis les trois sortirent en même temps des armes à feu et instinctivement, je reculais de plusieurs pas. Mon cœur s'arrêta l'espace d'une seconde avant de cogner plus fortement dans ma poitrine.

- Ne t'inquiète pas Ana, tenta de me rassurer Clay. On ne te fera rien.

- Pour le moment, ajouta Jace en provoquant l'hilarité de ses deux hommes. Ça reste à déterminer.

Comment ça, « ça reste à déterminer » ?

Je voulais lui poser la question mais il ne m'en laissa pas le temps et m'entraîna à sa suite.

Nous passâmes par l'issue de secours. Tout à coup, la musique éclata dans mes tympans et nous nous retrouvâmes plongés dans l'obscurité. Il m'était impossible de mémoriser le chemin. Rien. Je ne voyais rien. Mais où m'amenait-il ?

Après plusieurs minutes, une porte s'ouvrit et Jace me jeta à l'intérieur d'une pièce éclairée. Après un rapide coup d'œil, je constatais qu'il s'agissait de son bureau.

- Écoute-moi bien Ana, commença-t-il en pointant son index dans ma direction. Ce soir, mes hommes risquent leur vie et je ne veux pas avoir à m'occuper d'un cadavre supplémentaire. Alors sois gentille, et reste dans ce bureau jusqu'à ce que je vienne te chercher !






Ciao ragazzi !

J'espère que vous allez bien et que ce premier jour de la semaine s'est bien passé !

Alors, que pensez-vous de ce chapitre ? Et surtout, que va-t-il se passer ? Le plan va-t-il se dérouler comme prévu ?

On se retrouve lundi prochain pour le découvrir.

Bacio

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