Chapitre 19

Jace

Quatre jours plus tôt

Un hurlement provenant de sa chambre fit à nouveau trembler les murs.

- Putain ! vociférai-je en me massant les tempes. Comment sommes-nous supposés travailler dans ces conditions ?

- Je te rappelle que c'était ton idée de la kidnapper et de la cacher ici, me rappela Clayton, les yeux toujours rivés sur les enregistrements de vidéo surveillance. Qu'est-ce que tu lui veux à cette nana ? Elle a l'air d'avoir déjà assez souffert, tu ne crois pas ?

- Laisse tomber, grognai-je en reportant mon attention sur les comptes des hommes de main de l'une des filiales du trafic.

Mais Clayton ne comptait pas en rester là.

- C'est en rapport avec ce qui leur est arrivé ? osa-t-il demander en tendant la main vers le seul élément décoratif de cette pièce : un cadre photo.

Mais je ne lui laissais pas le temps de s'en saisir et, dans un geste brusque, plaqua la photo contre le bois de mon bureau.

- Clay ! l'avertis-je d'un ton menaçant. Je t'ai dit de laisser tomber !

Je refusais d'aborder ce sujet une nouvelle fois. Ce soir. Demain. Ou n'importe quel autre jour d'ailleurs.

Clayton savait que cet évènement avait chamboulé ma vie et mes plans en me propulsant à la tête de cette entreprise que je ne voulais pas et qui ne m'était pas destinée, et en me privant par la même occasion de deux êtres chers.

Mais même s'il ne connaissait pas toute l'histoire, il ne pouvait pas se douter à quel point il était proche de la vérité. Car tout me relier à cette fille depuis ce jour.

- Jace ! J'ai trouvé !

Clignant plusieurs fois des yeux pour reprendre mes esprits, je me levai de ma chaise pour contourner le bureau et me positionner aux côtés de Clayton. Il avait mis l'enregistrement sur pause et me pointer du doigt quelque chose sur l'écran.

- Regarde ! m'ordonna-t-il avant d'appuyer sur la touche play.

La caméra filmait l'intérieur d'une des boîtes de nuit du trafic. Orientée en direction du bar, je pouvais observer tout ce qui s'y passait. Mes yeux parcouraient les images une à une quand soudain, j'aperçus enfin ce que je cherchais.

- L'enfoiré ! m'écriai-je en serrant le poing.

Sur l'enregistrement, on pouvait très nettement voir un homme verser de la drogue dans un verre avant de le tendre à une jeune fille.

À cet instant, Clayton bascula sur une autre caméra. Extérieure cette fois. Elle filmait une des issues de secours. De ce côté de la boîte, il n'était supposé y avoir personne et pourtant, une voiture entra dans l'angle de la caméra mais personne n'en sortit.

Puis enfin, la porte s'ouvrit et laissa apparaitre notre homme, tenant dans ses bras la fille qu'il avait drogué quelques minutes plus tôt.

- Je veux le nom de cet enfoiré qui se fait du fric sur mon dos !

- D'après la reconnaissance faciale, il s'agit de... un instant. Pierce.

Pierce. Oui, je venais de regarder ses comptes.

Retournant de l'autre côté du bureau, je me remettais sur sa fiche.

- Alors ? Que disent les comptes ? me questionna mon ami et bras droit.

- Rien, presque aucun mouvement.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Ça veut dire que ce trou-du-cul se croit plus malin que nous, expliquai-je dans un rire mauvais. Il n'engendre que du cash pour éviter les rentrées d'argent suspectes. Et il pensait pouvoir faire du profit en prostituant toutes ces filles et remettre la faute sur le trafic encore longtemps ? Je vais tuer cet homme de mes mains.

[***]

3h15 du matin. Et je ne dormais toujours pas. 

Après avoir trouvé l'identité de l'homme que nous recherchions depuis plusieurs jours, Clayton était allé se coucher et j'avais passé une heure supplémentaire à mettre au point un plan pour attraper cet enculé la main dans le sac. De la sorte, il ne pourrait pas nier et serait contraint de me donner le nom des hommes et femmes qui travaillent avec lui. Et une fois leur identité révélée, je m'occuperai personnellement de leur cas à chacun, pensai-je. 

Ce qui me préoccupait depuis plusieurs jours était enfin réglé. Pierce allait être attrapé et les rumeurs selon lesquelles mon entreprise faisait dans le trafic d'être-humains allaient cesser. Alors pourquoi ne me sentais-je pas soulagé ? Pourquoi, Diable, n'arrivais-je toujours pas à trouver le sommeil ?

Peut-être parce que tes pensées sont occupées par autre chose, souffla ma conscience. Ou par quelqu'un. Ana. Il fallait que je la vois.

Quittant mon lit puis ma chambre, je marchais pieds nus en direction de la sienne. La porte était fermée, comme toutes les autres nuits. C'était sa manière de se sentir plus en sécurité. Elle ne supportait pas être ici. Le jour, elle gardait la tête haute et s'efforçait de me défier pour ne pas se montrer faible. La nuit, ses cauchemars trahissaient ses peurs. Elle avait peur de moi. Peur de ce que je pourrais lui faire. Et c'était mieux qu'elle pense ainsi.

Délicatement, j'abaissai la poignée de la porte pour pénétrer dans sa chambre. Et, en essayant de faire le moins de bruit possible, je m'approchai de son corps recroquevillé sur le matelas. Elle ne criait plus mais ses tremblements et les perles de sueur qui perlaient sur son front prouvaient qu'elle était toujours profondément plongée dans les ténèbres.

Sa douleur m'atteignis plus durement que ce que je pensais et je ne pus empêcher ma main de repousser une mèche de cheveux collé sur sa joue humide.

Mais au contact de sa peau contre la mienne, des images ressurgirent dans mon esprit, agissant comme une douloureuse piqure de rappel. Tu étais morte, pensai-je. Comment as-tu survécu ? Pourquoi continues-tu à prétendre que tu ne me connais pas alors que c'est toi qui est venue jusqu'à moi ? Toutes ses interrogations se multipliaient et embrumaient mes pensées. Je ne pouvais plus réfléchir correctement. Il fallait que je sache. Mais comment ?

Je repensais alors à son carnet. Elle passait des heures à écrire à l'intérieur. Peut-être m'apporterait-il des réponses ? Mais où pouvait-il bien être ? Mes yeux quittèrent le visage endormi d'Ana pour le chercher mais la sonnerie de mon téléphone ne m'en laissa pas le temps.

Merde ! Je me précipitais à l'extérieur de la chambre sans prendre le temps de refermer la porte derrière moi et décrochais qu'une fois dans mon bureau.

- Tu as vu l'heure ?

- Bonjour à toi aussi, Jace. Tu as mal dormi ?

- Ferme-la ! me contentai-je de répliquer en soupirant.

Mon interlocuteur laissa échapper un petit rire.

- Que me vaut cet appel ? demandai-je en m'asseyant.

- Aurais-tu oublier de me parler de quelque chose ?

Ma respiration resta bloquée au fond de ma gorge. Non ! Il ne pouvait pas être au courant. Personne ne l'était. Comment aurait-il pu apprendre que je l'avais faite kidnapper pour la cacher ici le temps d'obtenir des réponses ? S'il le savait, il... Non ! me répétai-je. Il ne sait rien. Clayton et les deux hommes chargés de ma sécurité ne m'auraient jamais trahi. C'était en eux que j'avais le plus confiance.

- Jace ? Tu t'es rendormi ?

- Quoi ? Non, je ne vois pas de quoi tu parles, assurai-je en reprenant mes esprits.

Il ne devait pas savoir.

- Si, insista-t-il, faisant battre mon cœur plus fort. Tu ne m'as pas dit que tu avais trouvé notre homme.

Fermant les yeux, je me retenais de souffler de soulagement.

- On l'a appris il y a deux heures. Tu ne pouvais pas attendre que je t'appelle demain ?

- Non, Jace. Dis-moi qui est cet homme et ce que tu envisages de faire de lui.

Ciao !

J'ai deux jours de retard mais comme promis voici le chapitre de la semaine !

N'hésitez pas à me laisser un avis sur ce chapitre !

Passez une bonne semaine et on se retrouve lundi prochain si je n'ai pas de retard !

Bacio

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top