Chapitre 18

Ana

J'ouvris subitement les yeux en réalisant que je suffoquais. D'une main, j'essayai de retirer le casque qui me comprimait la tête et empêchait l'air de rentrer dans mes poumons. Mais au même instant, une douleur irradiant dans mon bras m'arracha un hurlement. Pour autant, je n'arrêtai pas mon mouvement au risque de mourir d'asphyxie. Dans un effort surhumain, je parvins à lever la visière brisée qui me cachait la vue et m'étouffer. De l'air ! Enfin, pensai-je dans un toussotement.

Serrant les dents pour supporter la douleur, je tournai la tête pour observer mon environnement et comprendre ce qui venait de se passer. J'avais froid mais aussi affreusement chaud. D'où venait cette chaleur ? Les yeux mi-clos, brouillés par un épais liquide qui s'écoulait depuis mon front, je réussis à distinguer des débris de verre éparpillés sur le goudron et une moto renversée en train d'être consumée par les flammes. Que s'était-il passé ? Pourquoi ne me rappelais-je pas d'être montée sur une moto ?

Plus loin, quelque chose attira mon attention. Quelque chose gisait sur le sol. Non, plutôt quelqu'un. Oh mon Dieu ! Quelqu'un agonisait à même le sol. Il se tortillait en gémissant et tendait la main en direction d'une voiture un peu plus loin. Mais pourquoi personne n'en sortait pour nous venir en aide ?

Il fallait que je l'aide ! Mais alors que j'ordonnais à mes jambes de me basculer sur le côté, rien ne se produisit. Et alors, quelque chose me frappa de plein fouet. Pourquoi ne sentais-je plus mes jambes ?

Ignorant la douleur lancinante, j'essayai de redresser mon buste en m'appuyant tant bien que mal sur mes coudes écorchés. Et ce que je vis me coupa brutalement le souffle. Du sang. Encore du sang. Il s'écoulait en abondance. Tout mon corps était rouge de sang.

Les larmes noyant mon visage, j'approchai mes doigts d'une plaie ouverte sur ma jambe. Un gros débris de verre était coincé à l'intérieur. Il fallait que j'en sois sûre... Alors d'un coup sec, je retirai l'éclat de ma chair, provoquant un nouvel écoulement de sang. Et la réalité me percuta. Je n'avais rien senti...

- Non ! hurlai-je en ouvrant subitement les yeux.

Le cœur battant à tout rompre, je m'empressai de retirer les draps qui couvraient mon corps transpirant et passai mes mains sur mes jambes nues. Mes doigts cherchèrent d'eux-mêmes les nombreuses cicatrices qui marquaient ma peau et je soupirai de soulagement. Je sentais tout...

Une larme roula sur ma joue en réalisant ce qui venait de se passer. J'avais encore fait un cauchemar, pour la troisième nuit d'affilée. J'étais épuisée mais j'étais à la fois terrorisée par mon propre sommeil. Si je fermais une nouvelle fois les yeux, les images reviendraient. Elles finissaient toujours par revenir.

Pourtant, le sommeil n'était pas ce qui me préoccupait le plus. Mon accident n'avait pas seulement failli me coûter la vie ; il avait également provoqué ma perte de mémoire. À mon réveil dans la chambre d'hôpital, j'étais incapable de me souvenir de ma propre identité. Qui étais-je ? Pourquoi n'y avait-il que cette jolie blonde à mon chevet ? N'avais-je pas de parents pour s'occuper de moi ? Je ne me rappelais plus rien. Tout ce que je savais sur l'accident, sur qui j'étais avant ce tragique évènement, je le devais à Maddie et à sa patience légendaire. Je l'avais oublié... tout comme le décès de ma mère quelques années plus tôt et l'abandon de mon père. Pourtant, des choses pareilles ne devraient jamais s'oublier !

Mais depuis mon déménagement, ma mémoire défaillante se jouait de moi en réanimant des bribes de souvenirs. Tous les soirs, mon esprit faisait un voyage dans le temps pour forcer les évènements de cette nuit-là à remonter à la surface. Cette soirée se rejouait inlassablement dans ma tête et à chaque fois, un nouveau détail venait s'ajouter à l'histoire.

Ma cousine m'avait déjà expliqué les circonstances de mon accident. Cette nuit-là, nous nous étions rendues à l'anniversaire d'une amie que nous avions en commun mais à la suite d'une grosse dispute, j'avais demandé à un ami de me ramener avec sa moto. Mais je n'étais pas la seule à avoir bu et selon les médecins, l'accident été inévitable.

Mais quelque chose m'empêchait d'en rester là. Les yeux larmoyants, j'essayais de me remémorer les dernières images de mon cauchemar. Il y avait moi, cet homme agonisant sur le sol mais que faisait cette voiture au beau milieu de la route sur les lieux de l'accident ? Maddie m'avait pourtant affirmé que c'était une riveraine sortie promener son chien qui avait alerté les secours. 

Si j'étais persuadée que mon absence de souvenirs était une manière de me protéger, je n'en étais plus tout-à-fait convaincue à présent. Qu'essayait de me dire mon subconscient ? Contre quoi essayait-il de m'avertir ? Je ne pouvais pas croire que Maddie m'avait menti. Pour quelle raison l'aurait-elle fait ? Mais alors, pourquoi la réalité de mes souvenirs commençaient-t-elle à se dissocier de l'histoire qu'elle m'avait donné ?

Il fallait que je prenne l'air. Ma tête était sur le point d'exploser.

Enfilant un pull par-dessus mon haut de pyjama, je me dirigeai vers la porte de la chambre quand un détail attira mon attention. Celle-ci était ouverte. J'étais pourtant persuadée de l'avoir fermée avant de me coucher... Qui aurait-pu rentrer dans ma chambre pendant que je dormais ? Et surtout, pourquoi ? Tu as simplement dû oublier... Ma conscience avait raison. Je n'avais pas beaucoup dormi ces derniers jours, ce qui pouvait expliquer certaines choses. Notamment d'avoir oublié de fermer la porte.

D'un pas silencieux, je parcourrai le long couloir et empruntai l'immense escalier pour rejoindre le salon. Celui-ci était immense. Trois canapés d'angle disposés autour une table basse en marbre et deux écrans plasmas accrochés à deux murs opposés. Rien que ça. Sérieusement ? Qui avait besoin d'autant de canapés et de deux télévisions géantes dans un salon ? Pratique pour regarder deux émissions TV différentes en même temps !

Je secouai la tête. À cet instant, ce n'étaient pas les goûts douteux pour la décoration qui m'intéressaient. Je me fichais pas mal de savoir combien il y avait de pièces dans cette maison, ni combien de personnes y vivaient... Pour le moment, je n'avais croisé que Jace et Clayton ainsi que quelques hommes qui traînaient à l'extérieur de la propriété, sûrement chargés de la sécurité. Et ça m'allait très bien. Je ne tenais pas tant que ça à me retrouver en tête-à-tête à la cuisine avec de dangereux criminels capables de me tordre le cou à l'aide d'une main.

Sans plus attendre, je tirai les rideaux et ouvrai la baie vitrée qui donnait sur une terrasse et, en contrebas, une somptueuse piscine creusée dans la pierre. L'air frais me fouetta le visage et je pris une profonde inspiration.

- Tu as une sale gueule, ricana soudain une voix dans mon dos.

Je sursautai en réalisant qu'il était là, lui aussi. Je ne savais pas comment réagir. Prendre mes jambes à mon cou pour fuir le plus loin possible de ce psychopathe. Ou bien ne surtout pas lui montrer qu'il me faisait peur et lui faire face.

J'optai pour la seconde option. J'étais peut-être secouée par ce qui venait de m'arriver, mais je refuser de perdre une fois de plus le contrôle et lui donner un avantage sur moi. Mon moment de faiblesse dans la cuisine avait été le premier, et il serait le dernier.

- Tu me suis maintenant ? Je croyais que j'étais libre de mes mouvements dans l'enceinte de cette baraque de malheur ? demandai-je en me tournant vers lui, les bras croisés sur la poitrine et le regard qui se voulait menaçant.

L'obscurité le rendait plus grand et plus musclé qu'il ne l'était déjà. Jace était encore plus effrayant la nuit tombée, tel un prédateur prêt à sauter sur sa proie. Autrement dit, moi. Mais malgré l'aura dangereuse qui se dégageait de lui, je ne pouvais pas me détourner de ses yeux émeraudes dans lesquels brillaient le clair de lune. C'était un spectacle à couper le souffle. Je n'avais jamais vu des yeux aussi beaux. Quel dommage qu'ils appartiennent à une ordure pareille ! Peut-être pourrais-je les lui arracher et...

- Tes hurlements m'ont encore réveillés, répliqua-t-il d'un ton sec, interrompant le fil de mes pensées. Ce ne sont pas les gamins qui font des cauchemars normalement ?

Garder la face devenait de plus en plus compliqué. Il savait que je faisais des cauchemars, il m'avait entendu... La honte me fit monter le rouge aux joues.

- On n'a plus rien à dire maintenant ? renchérit-il dans un petit rire moqueur. Je vois que tu n'as pas écouté ce que je t'ai dit l'autre jour ; la mission approche et tu vas m'accompagner. J'ai besoin de repos et sûrement pas d'un mort-vivant dans mes pattes le jour-J.

- Le pervers que tu es a ordonné à ses hommes de fouiller dans mes tiroirs à la recherche de mes sous-vêtements les plus sexy mais ne leur a pas demandé d'emporter ce qui me permet de dormir !

Je savais que mes paroles allaient profondément l'énerver mais j'avais été incapable de m'arrêter. Je pense que c'était le moment pour moi de fuir et je rompis notre contact visuel. Mais je regrettais immédiatement mon excès de confiance lorsqu'il empoigna mes cheveux avec violence pour me contraindre à le regarder à nouveau. Il avait rapproché son visage du mien pour donner plus d'impact à ce qu'il allait dire :

- Je commence à perdre patience, Ana. Cesse de me défier et va dormir plutôt ! Et si tu éprouves des difficultés, peut-être qu'un coup derrière la tête t'aidera.


Ciao ragazzi !

Je m'excuse pour cette longue attente mais les dernières semaines et les derniers jours m'ont demandé tout mon temps et toute mon énergie. Mais voici un nouveau chapitre qui devrait vous mettre de bonne humeur !

Je trouve ce Jace vraiment détestable pas vous ? Pensez-vous que la relation entre nos deux héros pourra s'améliorer ? Et comment ?

Bonne semaine à tous,

À lundi prochain :)

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