Chapitre 17

Ana

Le psychopathe du nom de Jace venait de faire son entrée.

Mais trêve de plaisanterie, j'étais dans une mauvaise posture. Je ne faisais pas le poids contre un homme, Clayton qui plus est... Mais contre deux ? J'étais déjà fichue.

Les deux hommes me faisaient face et tout semblait les différencier. L'un était blond aux yeux foncés tandis que l'autre étaient brun aux yeux clairs. Le jour et la nuit. Pourtant, ce qui les distinguer le plus à cet instant, c'était bien leur regard.

Clayton semblait bouleversé par la situation, comme s'il regrettait d'avoir déclenché une telle réaction chez moi. Son attitude à mon égard était douce. Il essayait de me mettre en confiance pour me calmer.

Mais c'était sans compter sur l'autre abruti qui me terrorisait d'un simple regard. Tout chez lui inspirait la crainte. Et à ce moment-là, tout indiquait qu'il était irrité et sur le point d'imploser.

- J'ai posé une question pourtant simple ! s'écria-t-il en écrasant la paume de ses mains sur l'îlot central de la cuisine.

Je sursautai sous la violence de son geste. Si cet homme ne me tuait pas de ses propres mains, alors la crise cardiaque aurait raison de moi !

- Ana a juste pris peur, commença Clayton avant que je ne prenne la parole.

- Je veux seulement rentrer chez moi, soufflai-je les yeux remplis de larmes.

Un éclair de rage foudroya ses prunelles assombries par la colère et à grandes enjambées, il fondit sur moi tel un prédateur sur sa proie. Il empoigna alors violemment ma mâchoire, ses doigts crochetés sur mes joues, et je n'essayai même pas t'étouffer un gémissement de douleur. J'étais tétanisée, incapable de tenir plus longtemps dans ma main l'arme qui tomba sur le carrelage dans un bruit de défaite.

Rapprochant mon visage du sien, il inspecta chacun de mes traits crispés par la peur avant de remonter jusqu'à mes yeux noyés de larmes. Les siens ne laissaient rien paraître. Il ne semblait même pas apprécier de me voir dans cet état. C'était pourtant ce dont raffolaient les psychopathes non ? Voir à quel point leur victime était fragile et morte de peur.

- Tu as besoin que mon flingue te remette une nouvelle fois les idées en place ? rugit-il contre mon visage.

- Jace, soupira Ethan. Elle est terrorisée...

Du coin de l'œil, je pouvais deviner le blondinet qui essayait de le raisonner. Et je compris à cet instant qu'il n'était pas seulement son patron... S'il osait prendre ma défense, c'était bien que quelque chose de plus fort qu'un lien hiérarchique les unissait. Ils étaient amis, aussi surprenant que cela puisse paraître. Qui pouvait bien être ami avec un type pareil ?

Mais celui-ci ne voulait pas l'écouter, trop en colère pour je ne sais quelle raison. Mais fallait-il réellement une raison ? Cet homme semblait tout le temps en colère contre le monde entier. Ou bien était-ce juste moi ? Il n'avait qu'à kidnapper quelqu'un d'autre cet abruti dans ce cas...

- Laisse-moi régler ça, Clay !

Ce dernier leva les mains en signe de soumission et une nouvelle larme roula le long de ma joue. Non ! Pitié. Ne me laisse pas seule avec lui. Je voulais lui hurler de ne pas partir mais le regard meurtrier que Jace posa alors sur moi m'en dissuada. Ils étaient peut-être amis, mais Jace était avant tout le patron. Et il ne laisserait personne compromettre son autorité, et Clay le savait.

- Ne fais pas l'idiot, finit-il par lâcher avant de quitter la pièce, nous laissant seule.

Une seconde s'écoula. Puis une deuxième sans qu'il ne prononce le moindre mot. Il se contentait seulement de me regarder, la haine habitant ses iris. Mais celles-ci reprirent soudainement leur couleur émeraude d'origine avant qu'il ne me lâche.

À l'instant même où ses doigts quittèrent mon visage, mon corps reprit un rythme normal et je soufflai de soulagement. Pourtant, quelque chose remua dans mon ventre et je fronçai immédiatement les sourcils. La nausée ? supposa ma conscience. Oui. Ça devait être ça. Ça ne pouvait être que ça.

- Tu n'es pas une prisonnière, dit-il d'une voix moins menaçante mais toujours aussi glaciale. Plus vite tu l'auras compris, mieux ce sera.

- Alors pourquoi ne pas me laisser rentrer ? osai-je demander, les mains tremblantes.

Pitié qu'il ne se remette pas en colère.

- Il y a des choses qu'il vaut mieux ignorer, souffla-t-il en me tournant le dos pour aller se servir un verre d'alcool sur le plan de travail.

Il fallait que je lui pose la question qui me brûlait les lèvres. C'était maintenant ou jamais. Après une grande inspiration, je décidai de me lancer :

- Est-ce que tu vas me tuer ?

Un long silence s'ensuivit durant lequel Jace se contenta de descendre son verre d'une traite.

- Tu devrais aller te reposer, dit-il enfin par-dessus son épaule. Je vais avoir besoin de toi, prochainement. Et ta sale gueule ne va pas beaucoup m'aider.

Colère. Tristesse.

C'étaient les deux émotions qui se livraient une bataille acharnée dans mon esprit à cet instant. Laquelle allait l'emporter sur l'autre ? Aucune idée. La seule chose que je savais, c'était qu'il venait de me piquer à vif. Le calme avant la tempête...

- Es-tu sérieusement en train de me suggérer d'aller dormir ? explosai-je alors qu'il me tournait toujours le dos.

La colère. Elle l'avait finalement emporté sur le reste.

- Tu me fais kidnapper, commençai-je à énumérer. Tu m'enfermes dans cette demeure, tu me terrorises... Et maintenant, tu veux que j'aille me reposer ? Et puis quoi encore ? Tu vas demander à un de tes hommes d'aller me border ? Pire... de me violer dans mon sommeil ?

Ma dernière réflexion ne le laissa pas indifférent. Cette fois, j'avais toute son attention. À présent, Jace ne me tournait plus le dos mais me faisait bien face. S'il gardait encore une certaine distance entre nous, je pouvais sentir d'ici sa colère qui venait de ressurgir. Tant mieux ! Ou pas finalement... chuchota ma conscience avant de prendre ses jambes à son cou face au danger qui émanait de cet homme.

- C'est ce que tu veux, trésor ?

Le simple usage de ce surnom me fit frissonner.

- Ce que je veux, c'est rentrer chez moi !

- Ça n'arrivera pas tant que...

- Tant que quoi ? hurlai-je en lui coupant la parole. Et arrête de me parler de cette histoire de dette car je n'y crois pas un mot !

Je fis un premier pas vers lui en tâchant de paraître aussi menaçante que lui. Ma réaction eut pour effet de l'irriter un peu plus. Je lui tenais tête, et il ne le supportait pas.

Les poings serrés, prêts à frapper à n'importe quel moment, et le visage crispé par la haine que je provoquais chez lui, il me menaça :

- Arrête de trop jouer avec moi si tu veux garder ta tête.

- Et si je préfère mourir que de rester dans cette maison avec toi ?

- Alors cesse d'être égoïste et pense à ta cousine... Maddie c'est bien ça ? Si tu ne veux pas la retrouver enterrer dans ce même jardin, s'écria-t-il en me désignant une fenêtre donnant sur un terrain arboré, je te conseille de m'écouter et d'arrêter de faire ton emmerdeuse !

Et il partit, laissant la culpabilité m'assaillir. S'il arrivait quelque chose à Maddie... ce serait à cause de moi. Et jamais. Jamais je ne me le pardonnerais.

Ciao !

N'hésitez pas à commenter ce chapitre !

Passez une bonne semaine !

Bisou !

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