Chapitre 14
Ana
Une portière claqua soudainement, me faisant sursauter. La voiture dans laquelle on m'avait installé de force arrêta son mouvement dans un bruit de gravier et je supposais que nous étions arrivés. Mais où ? Je n'avais aucune certitude sur ce lieux mystérieux.
On m'avait bandé les yeux à l'aide d'un vieux tissu humide et mes mains avaient été liées entre elles par deux cordes solides. J'attendais donc qu'on daigne me sortir de cette voiture inconfortable. Mais plus les minutes passaient, plus je perdais patience.
Depuis que mon cerveau avait assimilé les informations de l'homme à la cicatrice et que j'avais trouvé le responsable de mon enlèvement, j'étais passée par toutes sortes d'émotions. La peur avait été la première d'entre elles. La peur à l'idée qu'il puisse exercer un tel pouvoir sur ma vie. Qui était-il pour pouvoir organiser mon enlèvement ? Mais surtout, que me voulait-il ? Très vite, la colère avait remplacé la peur. Ma vie ne m'appartenait plus depuis trop longtemps, placée entre des mains qui n'étaient pas les miennes et, alors que je souhaitais en reprendre le rôle principal, voilà que je perdais à nouveau son contrôle. Il n'y avait rien de plus irritant que sentir que notre propre vie nous échappait totalement. Cette idée me mettait en rogne. Qui était-il pour décider à ma place ? Ma colère était également attisée par mon impuissance face à cette situation. J'avais été incapable de me défendre, comme cette nuit-là... Tu es trop faible, ne cessait de me rappeler ma conscience.
Faible. Faible. Faible.
Appuyée contre la portière, je me redressais subitement lorsque quelqu'un l'ouvrit pour me faire sortir de l'habitacle. Une main m'attrapa fermement le bras pour me tirer à l'extérieur et me guider. Je grimaçais en sentant ses ongles s'enfoncer dans ma peau. Il me faisait mal et je savais d'ores et déjà que sa poigne me laisserait une marque.
L'air qui souffla sur ma peau s'était légèrement rafraîchit, m'indiquant que nous étions en début de soirée. Privée de ma vue, je tendais l'oreille tout en avançant d'un pas hésitant, à la recherche du moindre bruit qui pourrait m'indiquer où nous étions. Mais la seule chose que je percevais était le bruit de mes chaussures sur le gravier. Où étions-nous, bon sang ?
On me fit gravir des escaliers et je manquais de trébucher à plusieurs reprises. À chaque fois, j'étais retenue par la personne qui avançait au même rythme que moi.
Agacée d'être traitée comme une marionnette, j'exigeais d'une voix sèche :
- Enlevez-moi ce bandeau ! Je sais marcher toute seule !
- Tu es trop lente, avance ! tonna une voix d'homme qui ne dégageait aucune sympathie.
Celui qui me tenait par le bras me tira un peu plus brutalement en avant pour m'intimer d'avancer plus vite. Je grognais mon agacement, ce qui sembla le faire rire. Grr... Mes doigts me démangeaient. Dommage que tu ne puisses pas t'en servir, soupira la petite voix dans ma tête. J'étais d'accord.
Lorsque l'air cessa de caresser mes cheveux, je supposai que nous n'étions plus à l'extérieur et le claquement d'une lourde porte derrière moi m'indiqua que j'avais raison.
Soudain, le calme retentit, me faisant frémir. Où avais-je atterri ? Immédiatement, quelque chose changea dans l'atmosphère. Je sentis une présence et un regard brûler ma peau. Quelqu'un était tout près et m'observait.
Mes jambes cessèrent d'obéir et je m'arrêtais net, ma tête tournant dans tous les sens à la recherche de l'homme qui était responsable de mon kidnapping. Car j'en étais persuadée, c'était lui qui m'observait à cet instant. Mon corps réagissait de la sorte qu'en sa présence. Il me confirma ce que je pensais lorsque sa voix résonna autour de nous :
- Pourquoi est-elle dans cet état ?
Identifiant d'où provenait le son de sa voix, je me tournais complètement vers lui et un rire mauvais s'échappa d'entre mes lèvres. Il osait vraiment poser cette question ?
- Monsieur ne me trouve pas assez présentable ? osais-je demander. Vos hommes auraient peut-être dû me forcer à prendre une douche avant de me contrainte à monter dans une voiture pour me conduire jusqu'ici !
Je ne le voyais pas mais je pouvais parfaitement imaginer sa réaction. Les poings serrés, les lèvres pincées et le regard noir... Il ne supportait pas qu'on ne respecte pas sa volonté, ses règles. Il avait expressément demandé qu'on me surveille et qu'il ne m'arrive rien. Or, même aveugle, je pouvais deviner mon état déplorable rien qu'à l'odeur qui se dégageait de mes vêtements. Je n'avais pas changé de tenue depuis la fin de mon dernier service et je m'étais vomi dessus plusieurs fois. La poussière et mon maquillage avaient également dû laisser des traces sur mon visage encore humide en raison des larmes.
- Amène-la dans la chambre du haut et ferme la porte à clé ! ordonna-t-il d'une voix sèche. Et appelle tout le monde, j'ai deux mots à vous dire !
2 heures plus tard
- Ouvrez-moi ! m'égosillais-je en martelant la porte de mes coups.
Je ne savais pas exactement depuis combien de temps j'étais enfermée dans cette chambre beaucoup trop impersonnelle à mon goût mais la patience m'avait quitté depuis trop longtemps. J'avais les poings bleus et en sang à force de cogner contre la porte dans l'espoir que quelqu'un m'ouvre. J'étais incapable de rester calme dans ce lieu où on me retenait prisonnière.
Je voulais sortir d'ici, partir en courant et retrouver l'appartement que je partageais avec ma cousine. J'allais me réveiller de ce cauchemar. Parce que ça ne pouvait pas être autre chose qu'un mauvais rêve... Ça ne pouvait pas être la réalité.
Maddie... Une larme roula sur ma joue en pensant à ma cousine qui devait sûrement être morte d'inquiétude en l'absence de nouvelles de ma part. Il fallait que je la prévienne.
- Laissez-moi sortir ! hurlais-je une nouvelle fois en donnant un coup de pied puissant dans le battant.
J'attendis quelques secondes, l'oreille collée contre le bois à l'écoute du moindre bruit. Mais rien. Personne ne semblait m'entendre. Ou personne ne voulait m'ouvrir cette satanée porte. Je commençais à perdre mes forces, fatiguée de m'être débattue toute la journée. Surtout, j'avais mal. Tous mes membres me faisaient souffrir, en particulier mon dos.
À présent convaincue que personne ne me sortirait de là avant plusieurs heures, je me résignais à arrêter de m'acharner contre la porte. Il fallait que j'économise mes forces pour l'instant où je me retrouverais en face de l'homme le plus détestable sur cette Terre. Mon patron, alias mon sauveur, alias l'assassin.
Pour la première fois depuis des heures, je pris enfin le temps d'observer tous les recoins de cette chambre dans laquelle on m'avait enfermé.
La première chose que je remarquai fut le lit double, accolé à une cloison entre deux lampes de chevet. Il semblait si confortable que j'en bavais presque. Aux pieds du lit, le sol en béton ciré était couvert d'un épais tapis et un écran plasma était accroché sur le mur opposé. Une penderie avait été installée derrière la cloison. Elle était vide et sentait encore le neuf. Eh bien ! siffla ma conscience, émerveillée. Meubler cette pièce avait dû coûter une petite fortune...
La pièce était moderne et spacieuse mais tellement impersonnelle. Tout était si bien rangé que j'en eu presque peur. Sur quel genre de psychopathe étais-je tombée ? Il n'y avait rien qui semblait indiquer que quelqu'un avait déjà vécu dans cette chambre. Pas un livre. Ni même une photo accrochée au mur. Rien. Tout était à la fois rempli et vide, vide de toute vie. Même les fenêtres, derrière les rideaux tirés pour cacher les derniers rayons du soleil, étaient impeccablement propres. Comme si personne n'avait jamais posé son front contre le verre pour observer l'extérieur de la propriété, comme je m'apprêtais à le faire avant qu'un bruit de clé ne m'interrompe.
Quelqu'un était en train d'ouvrir la porte.
C'est la fin de ce chapitre !
L'attente ne vous a pas rendu cinglé ? Pour ma part, j'étais impatiente de publier et de lire vos petits commentaires !
Je voulais vous remercier pour les 12K ! Ça augmente plus vite que ce que je pensais...
Passez une bonne semaine ! On se retrouve lundi !
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