Inconnu

Mon téléphone vibra une nouvelle fois sur le bureau. Dans un grognement, je continuai d'ignorer ses appels. C'était la cinquième fois qu'il essayait de me joindre mais je n'étais pas d'humeur à lui parler. Ce qu'il avait décidé de faire dans mon dos m'avait mis en rogne et je refusais d'avoir une quelconque discussion avec lui. Comment osait-il donner des ordres sans m'en informer ? Sur un sujet nous concernant tous les deux ? Sur un sujet que tu prends un peu trop à cœur visiblement, me fit remarquer ma conscience. Je bus une gorgée de Wiskey pour la faire taire.

En recrachant la fumée de ma cigarette, je repris la lecture des derniers rapports fournis par mes hommes sur le trafic. Les documents faisaient référence à plusieurs failles dans la sécurité, ce qui attisa un peu plus ma colère. J'avais devoir régler ces problèmes. Et vite. En attendant, il fallait que je contacte Clay pour éclaircir certaines choses.

Encore une fois, mon téléphone m'interrompit dans mes réflexions. Je tapai du poing sur la table, prêt à le jeter à travers la pièce. Je soufflai d'exaspération en comprenant qu'il ne cesserait pas tant que je n'aurais pas décroché.

- Quoi ? crachai-je en décrochant.

- Alors comme ça, on évite mes appels !

Son air un peu trop enthousiaste m'arracha une grimace et je ne répondis rien. Face à mon silence, il enchaîna :

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Tu sais très bien ce qui m'arrive, répondis-je sèchement.

À travers le téléphone, je l'entendis rigoler ce qui m'irrita un peu plus. Il savait comment me faire enrager et en profitait. J'avais envie de lui tordre le cou. On avait beau être du même sang, ça ne lui donnait pas le droit de prendre des décisions à ma place. Surtout en ce qui la concernait. C'était lui qui avait fait le choix de fuir. Et à présent, c'était à lui d'en assumer les conséquences.

- Comment as-tu su que j'étais derrière tout ça ? voulu-t-il savoir.

- Mes hommes ne me désobéissent jamais, dis-je avant de finir mon verre d'une traite. Sauf quand quelqu'un d'assez influent dans le réseau s'en mêle... Et la seule personne assez influente dans cette foutue merde, c'est toi.

Nouveau rire. Cette fois, je l'imaginais agoniser sous mes yeux. Plus les secondes passaient, plus je perdais patience. Ma colère explosa finalement lorsque je repensai à ce qu'il avait décidé de lui faire.

- Tu n'avais aucun droit d'ordonner à un de mes hommes de l'attaquer, vociférai-je.

Immédiatement, je regrettai mes paroles et mon ton rempli de colère. Il ne devait pas connaître mes intentions la concernant.

Après avoir mis le haut-parleur, je posai le téléphone devant moi pour me frotter le visage. Merde !

- Fais attention, commença-t-il après un court silence. Je pourrais presque penser que tu t'intéresses à elle plus que tu ne le devrais.

Je ne répliquai rien, me contentant de serrer les dents. Merde ! Il me mettait en garde calmement, mais personne ne me connaissait mieux que lui. Il avait compris et ne laisserait plus rien passer à présent. Je devais reprendre le contrôle et lui rappeler qu'il m'avait laissé la place qui lui était destinée. Que désormais, c'était moi qui dirigeait l'entièreté du trafic. Pas lui.

- N'oublie pas qu'elle est notre v-

- N'oublie pas que c'est moi le chef du réseau, le coupai-je durement. À l'avenir, ne prends plus de décision à ma place !

Puis je raccrochai, sans même lui laisser le temps de répliquer quelque chose. La seconde d'après, mon téléphone s'explosa contre la porte fermée de mon bureau. Le visage déformé par la colère, je ne contrôlais plus mes nerfs. Comment pouvait-il se permettre de prendre des décisions à ma place ? Et comment avais-je pu laisser sous-entendre qu'elle m'intéressait ? C'était faux. J'étais seulement curieux. Je voulais savoir ce qu'il s'était passé. Comment avait-elle pu survivre ? C'était impossible, nous étions à son enterrement... Elle ne pouvait pas être vivante.

L'esprit embrouillé par toutes ses interrogations, je me servis un nouveau verre d'alcool pour anesthésier mes pensées. J'avais besoin de calme pour me concentrer sur le réseau et ne plus penser à elle. Mais alors que j'allais me remettre au travail, on frappa à ma porte.

- Patron, m'appela un des hommes à travers la porte. Ils arrivent avec la fille !

Finalement, les problèmes du réseau attendront. J'avais mieux à faire.

Chers lecteurs,

Comme promis, voici un nouveau chapitre. Ça chauffe un peu... Hâte de savoir comment va se passer la confrontation entre nos deux protagonistes, pas vous ?

Merci encore pour les 8K vues. Bientôt 9K ! C'est dingue !

@bellasheo