Chapitre 12

Ana

Que me voulaient-ils ? J'avais terriblement faim et froid. Je ne trouvais pas la force de me lever du sol ni même d'entrouvrir les yeux. Lorsque j'essayais de bouger, tous mes muscles refusaient d'obéir tant ils étaient engourdis. J'avais la tête tellement lourde...

Après plusieurs minutes, mes paupières se décollèrent difficilement dans la pénombre. Immédiatement, la nausée me retourna l'estomac mais, n'ayant rien avalé depuis trop longtemps, je vomissais de la bile entre mes jambes. L'effort me priva de toute l'énergie qui me restait et je gémis de douleur lorsque mon corps fut saisi d'un nouveau spasme incontrôlable.

Une fois mon organisme débarrassée des dernières traces de la drogue, je basculai sur le côté et me recroquevillai sur moi-même en tremblant. Bientôt, les larmes noyèrent mon visage et, dans un sanglot, je laissai le désespoir m'engloutir.

J'étais impuissante.

[...]

Je ne sais pas combien de temps je m'étais assoupie mais à mon réveil, j'avais recouvré un semblant d'énergie. Quelques secondes suffirent à mon cerveau pour se remémorer les derniers instants avant que je ne sois droguée et une haine viscérale s'empara de moi. 

Cet enfoiré m'avait drogué à mon insu et m'avait transporté jusque dans cette cave humide, qui ne laissait pas pénétrer le moindre rayon du soleil. Déboussolée, je n'avais aucun moyen de savoir si dehors il faisait encore jour ou bien si la nuit était tombée.

J'étais seule avec mon pire cauchemar. L'obscurité totale. Mais à cet instant, ce n'était pas la noirceur de la pièce qui m'inquiétait le plus mais bien ma présence ici.

Pourquoi m'avait-on kidnappé ?

Qui avait orchestré mon enlèvement ?

Combien de temps avais-je été inconsciente ?

Maddie remarquerait-elle suffisamment à temps ma disparition ?

J'entendais des voix au loin, mais impossible de savoir ce qu'il se disait exactement. Il régnait une odeur nauséabonde. J'avais du mal à dissimuler mon dégoût. Je devais bouger, ou du moins essayer, et découvrir une porte de sortie, un moyen de me sauver.

Je me redressais difficilement sur les coudes et m'asseyais sur le sol poussiéreux. Une vive douleur dans mon dos m'arracha un gémissement plaintif et faible. La position dans laquelle on m'avait probablement transportée et laissée n'avait pas été des plus confortables à en croire mes courbatures.

Je déglutis, la bouche sèche et pâteuse. Je portai une main à mon front pour repousser quelques mèches de cheveux qui s'y étaient collés et fronçais le nez. Pourquoi moi ?

Mes chaussures et mon blouson m'avaient été retirés. Je fouillais les poches de mon jean à la recherche de mon téléphone mais comme je pouvais m'y attendre, il n'était plus là. Je laissais échapper une injure et l'écho de mes paroles résonna autour de moi.

Il fallait que je sorte d'ici avant que quelqu'un ne s'aperçoive de mon réveil.

Je fournis un effort surhumain pour me redresser sur mes jambes. Il me fallut quelques secondes pour trouver mon équilibre puis, les bras tendus devant moi, j'avançais à l'aveugle dans l'espoir de trouver quelque chose qui me permettrait de sortir d'ici. Je fis un pas. Puis un second. Et enfin, un troisième. Alors que je commençais à penser que cette pièce était probablement vide, l'avant de mon corps percuta quelque chose de dur. L'obstacle qui se dressait devant moi, quel qu'il soit, se renversa dans un bruit de métal. Tétanisée, j'arrêtai tout mouvement. Merde ! Moi qui voulais être discrète, c'était raté pour cette fois. Quelqu'un m'avait-il entendu ? L'oreille tendue, j'essayais de discerner les bruits dehors.

Soudain, un couinement se fit entendre et un rai de lumière s'engouffra dans la pièce exiguë dans laquelle je me trouvais. Éblouie, j'enfouis mon visage dans mes mains engourdies et gémis. Je devrais les rouvrir, lutter contre la luminosité et en profiter pour observer ce qui m'entourait. Mais j'étais comme aveugle. Encore un des effets de la substance que l'on m'avait injectée. Je maudissais intérieurement le responsable.

- Tu es enfin réveillée !

Intriguée par cette voix un peu trop chaleureuse à mon goût compte tenu de la situation, je tentais une nouvelle fois d'ouvrir les yeux. Je voulais voir qui était mon mystérieux visiteur. Dans un premier temps, je ne vis rien de plus qu'une lumière blanche. Mais au bout de quelques secondes à lutter contre le picotement qui faisait larmoyer mes yeux, je finis par discerner les contours d'un corps. Ma vision s'habitua un peu plus à la lumière et enfin, je retrouvai complètement la vue.

Un homme d'une trentaine d'années, un plateau dans les mains, se tenait dans l'embrasure d'une porte en bois entrouverte. Son visage était marqué d'une cicatrice qui s'étendait de sa pommette jusqu'à son menton. Malgré tout, il me souriait. Pourquoi souriait-il ? Est-ce qu'un ravisseur souriait à ses détenus ? Est-ce qu'un criminel souriait à sa prochaine victime ? J'étais intriguée. Quelque chose clochait.

- Je t'ai ramené à manger, fit-il en désignant du menton le plateau qu'il tenait dans les mains.

- Je n'ai pas faim, répondis-je avant d'être prise d'une quinte de toux.

Ma gorge était terriblement sèche et irritée en raison de la poussière que j'avais inhalée dans ce trou à rats. Mais pour rien n'au monde je n'accepterais la moindre nourriture venant de mes kidnappeurs. Qui sait ce qu'ils ont pu y mettre ? De la drogue ? Ou bien du poison ?

Alerté par mes toussotements, l'homme s'approcha de moi. Je reculai précipitamment, refusant de voir la distance entre nos deux corps se réduire. Je ne voulais pas qu'il m'approche. Mais dans mon mouvement, je trébuchai en arrière sur ce que j'avais renversé quelques minutes auparavant. À présent, je pouvais voir de quoi il s'agissait. C'était une petite table sur laquelle étaient posés des outils tous plus effrayants les uns que les autres. Ma chute ne fut pas violente mais suffit à m'arracher un petit cri de douleur.

- Fais attention ! s'écria l'homme. Si tu te blesses, le patron nous tuera pour non-respect des règles !

« Pour... ». Que venait-il de dire au juste ? Avais-je bien entendu ? J'écarquillai les yeux de surprise, lui demander de répéter ce qu'il venait de dire.

- Quoi ?

- Le patron déteste quand on ne respecte pas les règles, répéta-t-il dans un petit rire. C'est une vraie obsession chez lui. En l'occurrence, la règle est de te garder à l'œil : il ne doit rien t'arriver ! Alors mange un peu, nous allons bientôt partir !

Cette phrase me paraissait que trop familière et le doute s'empara de moi. Se pourrait-il que je me trompe ? Sa voix résonna dans ma tête. « Qu'est-ce qui arrive quand on ne respecte pas les règles ». Non ! C'était impossible. Il n'aurait pas fait ça ! Et pourtant, je me rappelais parfaitement ce qu'il avait dit lorsque j'avais refusé de payer ma dette : « Tu n'auras pas le choix d'accepter ». Je pensais qu'il se contenterait de menaces que j'aurai pu enregistrer pour le dénoncer à la police. Et si... Non ! J'en étais certaine à présent. L'assassin qui me servait de patron m'avait fait kidnapper.



Chers lecteurs,

Je reviens avec un nouveau chapitre qui, je l'espère, vous aura plu ! Il est court, avec peu de dialogues mais la suite en sera que meilleure... C'était un chapitre un peu particulier !

Je m'excuse du retard qu'a pris la publication des chapitres et je vais essayer d'être plus régulière à présent.

N'hésitez pas à donner vos avis, si vous avez apprécié ou au contraire, si vous voyez des choses à améliorer. Je commence à recevoir les premiers messages d'encouragements ça me fait chaud au cœur. Merci pour votre soutien !

Oh ! Et j'ai failli oublier... Nous sommes presque à 8K vues ;)

bellasheo

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