Ad impossibilia nemo tenetur
« Viens. Jouons tous deux à un jeu de séduction. Le premier de nous deux qui perdra devra donner son âme à l'autre.
Viens avec moi et jouons ce jeu. Ce petit jeu qui n'a ni gagnant ni perdant. Ce petit jeu que tu sais truqué sans ne pouvoir t'empêcher d'y jouer.
Viens. Jouons tous deux à un jeu de séduction. Le premier de nous deux qui perdra devra donner son âme au gagnant.
Viens et prends ma main. Laisse-moi nous entraîner tous deux dans une danse à double tranchants.
Il est temps de t'éveiller au monde ma petite expérience. Vas trouver l'âme que je requiers pour que ma naissance voit enfin le jour.
Viens. Jouons tous deux à un jeu de séduction. Le premier de nous deux qui perdra devra donner son âme au gagnant.
Viens mais peut-être devrais-je te dire que le bien que tu convoites tant n'est qu'un leurre hors de ta portée ?
Viens et comprends que toi comme moi nous ne possédons le prix tant espéré.
Viens et comprends à tes dépends que je ne compte te laisser mon objet tant tourmenté. »
Le mantra qu'il connaissait sur le bout des phalanges. Le mantra répété, chanté comme une tendresse, une inclinaison pleine d'une promesse à demi-dissimulée. Un mantra ne dissimulant même pas le jeu auquel participe Ink.
Bien sûr, il a fait le choix de dire « oui ». L'autre ne l'a point piégé. Les termes du contrats avaient été mis sur la table dès le début des négociations. Rien n'avait été passé sous silence. Le prix à payer en cas d'échec était cher mais ça ne le concernait point.
IL N'ALLAIT PAS ÉCHOUER.
L'échec n'était pas permissible. Alors il avait pris la situation en main pour ne laisser aucune place à ce qui pourrait lui coûter ce qu'il n'avait pas. Mais alors pourquoi parier sur ce qu'il n'avait tout aussi bien pour l'un que pour l'autre ?
Lassé de ne posséder ce lien qui l'ancrerait dans le réel, dans la Vie tout aussi bien que celle des autres ; il voulait ce que tout un possède. Être vivant, être comme tout le monde. Mais qu'est-ce que la normalité ?
Une banalité. De l'étude extrêmement sommaire, qui nous met en présence de phénomènes revêtant une grande banalité dans les mers anciennes, à certaines époques, sans qu'on en trouve la moindre manifestation dans les mers actuelles.
Une pauvreté. Un vulgaire caractère d'une réponse donnée par un grand nombre de sujets à certains tests en tests d'association libre ou test de Rorschach, et permettant de tirer des conclusions sur le degré de conformité sociale et l'adaptation, l'anxiété ou la qualité de l'intelligence.
Un rien, une fréquence ou d'une rareté exagérée. Il y a une normalité et une anormalité statistiques représentées par les hautes et les basses fréquences d'apparition d'un fait. Le crime est reconnu comme un phénomène normal, c'est-à-dire que la criminalité n'est pas un fait accidentel et ne procède pas de causes fortuites. Cette conception de la normalité n'est qu'une simple constatation d'ordre, pourrait-on dire, statistique.
Ainsi, ce qu'il fit fut « normal ».
C'était sa normalité cassée, enraillée de pensées altérées par la dépendance du besoin ainsi que par la disette de sa condition. La misère d'être anormal, le désir insatisfaisant de combler ce vide dans sa cage thoracique.
Et enfin, cette petite affaire allait se terminer. La bonne chose que d'avoir les pensées en grève ! Il ne souffrait ni des mésaises d'amour, ni des ruptures ! C'était une certaine fatigue qui se rencognait comme un animal frappé contre sa boîte crânienne.
S'il tuait, soit ! Il y aurait ça par terre. Son absence d'âme battait à se rompre, son prurit de meurtre s'exaspérait comme une concupiscence au spectacle de ce mort tragique. Pourquoi la plupart des vivants n'ont-ils vu le drame de la vie que sous les formes de l'insatisfaction et de la jalousie ?
L'étonnement mal comprimé augmentait à chaque instant devant les manques de goût, les manques de tact, les manques d'invention. À côté des images de vie les plus claires, se trouvent des manques dans ce souvenir, c'est comme une fresque dont de grands morceaux sont tombés.
Il avait fort à faire de cette exigence dévorante qui le consumait comme un assassin voué à l'estrapade, à la roue et au bûcher. Plutôt que d'être rendue à ses vices et à ses misères, à cette vieille société gâtée d'abominable injustice, cette carcasse décharnée était sacrifiée sur l'autel de la bêtise.
La bêtise est un gouffre sans fond, et l'océan aperçu de par la fenêtre paraît bien petit à côté. Il y entre de prétendues idées fortes, qui font dire aux plus intelligents des balivernes grosses comme des maisons.
Tel est le malheur de ces Hommes qu'ils ne peuvent même plus désirer leur propre régénération, non point seulement par la raison connue qu'on ne peut désirer ce qu'on ne connaît pas, mais parce qu'ils trouvent dans leur abrutissement moral, quelques charmes affreux qui est un châtiment épouvantable.
Pourtant, il y a des moments où l'émotion est si grande, qu'il est incapable de sentir le malheur qui vous arrive, de l'analyser et même de s'en souvenir. On sait qu'un grand malheur est arrivé, et on ne se rappelle pas les impressions du moment.
C'est de cet engourdissement que le progressiste désillusionné de sa propre condition se dédouana de ce qu'il fit enduré à son captif échoué là sans que rien ne lui soit décrit ni explicité en des termes concrets.
Mais, pour bien comprendre comment Killer s'est retrouvé enchainé dans la maison de Ink, il faut remonter le temps et changer de lieu en retournant au château du maître des cauchemars.
D'ailleurs, le tueur fanatique des lames de métal n'était point le seul au fond d'une cellule. Un certain squelette bicolore devait repenser à ses choix. Alors que l'amour lui tendait les bras, la décision s'imposa à lui.
Mais l'amour a ses raisons que la raison ignore dit-on. Mais jusqu'où iraient les sacrifices pour l'aveux de sentiments sincères ? Que diriez-vous s'il vous était demandé de juger de sentiments refoulés ?
Quel doux requiem des sentiments d'un monochrome.
Qui pourrait se douter de la supercherie ? Qui pourrait y penser ? Après tout, chacun est l'image que les autres veulent voir. Qu'est-ce que l'individualité dans un couple ? Qu'est-ce que l'individualité dans la société ? N'appelle-t-on pas « marginaux » ces mêmes personnes qui fuient les codes initiés par d'autres ?
Mais qui est cet autre que l'on ne connaît ? Qui dicte les règles ? Ces us et coutumes qui nous habitent dès lors que l'on entre dans le cadre social de la vie. Déjà enfant nous sommes conditionnés à une place, des règles, des habitudes transmises de génération en génération dit-on.
Mais qui est réellement ce « on » ? De qui tient-on vraiment cet apprentissage des lignes de bonne conduite à tenir ? Qui décide de qui nous sommes ? A-t-on le choix d'être nous-même ou est-ce ce même « nous » qui dresse l'impétuosité qui bouillonne en nous ? Serions-nous différents dans d'autres circonstances, sous d'autres lois ? Serions-nous en accord avec ces lois ou ces lois s'ancrent-elle en nous dès le plus jeune âge ?
On se dit libres.
« La liberté est une chose merveilleuse » dit-on. « La liberté d'être qui nous voulons être » iraient oser d'autres plus érudits, les plus téméraires en viendraient même à penser que cette liberté s'est acquise aux prix de choix.
J'aimerais pouvoir leur poser une seule et simple question malgré sa complexité sous-jacente : qu'est-ce que la liberté ? Est-ce de pouvoir faire ses propres choix ? A ceux-ci, je répondrais que dans certaines situations, on a ce choix mais pas la possibilité de l'appliquer.
Observez les Sans, ils ont le choix de sortir de l'ombre et de « sauver » leur frère face à Frisk ou Chara selon les Timelines ; mais, pour une promesse qu'ils ne peuvent briser, ils ne prennent qu'uniquement la place de juge et n'interviennent que pour un Jugement final.
Où voyez-vous la liberté ? Des abîmes de la sciences, d'autres rétorquerons que la liberté est de pouvoir s'affranchir des conditions dont j'ai pu parler. Encore une fois je répondrais par la négation.
Les idées de destin sont d'après moi sans fondement puisque si la liberté est de faire ses choix, ses propres décisions, il influence sur la nature de notre situation. Ainsi, il ne fait plus partie d'une mais de deux temporalités aux caractères diamétralement opposés.
L'exemple le plus simple est encore la réponse par « oui » ou « non » à une question sommaire. L'affirmatif entraine certaines conditions tandis que son antipode est paradoxalement antagonique.
Selon une des définitions de la condition de la liberté, nous sommes pourvus de différents choix mais ne pouvons choisir de ce cas qu'une seule sorte de solution et nous sommes donc témoins d'un seul accomplissement.
Mais qu'en est-il de l'autre issue ? Nous ne le saurons pas mais elle existe et nous ne pouvons le nier. Ainsi nos « choix » sont conditionnés par une fin qui est elle-même conditionnée par autre chose.
Quoi, quelle chose ? Je ne saurais vous le dire bien que je sache qu'elle existe. Malgré tout, est-ce qu'une chose a besoin d'être décrite pour affirmer qu'elle se trouve dans le domaine du réel ?
Voyez donc l'étude de l'arithmétie où il existe tout bonnement un domaine dit « irréel » qui pourtant est essentiel pour de grandes formules bien trop compliquées pour moi. Ou encore la définition même d'un principe ; qui affirme qu'un phénomène ou loi est applicable et vraie tant que l'on a pas pu prouver le contraire.
N'est-ce point risible à un certain niveau ? La liberté serait-elle donc un « principe » ?
Pour ma part, il n'est généralement pas question du pourquoi du comment ou de l'emploi d'un terme plus qu'un autre mais plutôt un problème d'idéalisation. Il n'y a qu'à s'attarder sur l'image que les gens ont de sa relation avec son compagnon.
Oui, je parle bien du gardien des sentiments positifs, le maître des rêves qui est aussi le jumeau du gardien des sentiments négatifs, prince des cauchemars et accessoirement un poulpe recouvert de goudron.
La perfection est autant subjective que l'envie d'autrui. Trop multiple. Vouloir y répondre est impossible, on le sait mais ça ne nous empêche pas de vouloir combler les envies des autres tant et si bien que l'on s'abime à s'y essayer. Tout devrait aller par-fai-te-ment dans le couple où l'un des maris est l'incarnation personnifiée des bons sentiments.
Aucune dispute, aucune querelle ; que des délices, un amour parfait dirait-on. Idyllique, mais comme le sous-entend le terme lui-même, factice. Une façade pâle à laquelle on essaye de s'y tenir quitte à se briser comme le verre. La brillance des sourires, la chaleur de deux mains entrelacées, la douceur des étreintes, tous ces artifices ne sont que broutilles lorsque le poids des choix dirigent une vie.
Cross ne faisait que donner les attitudes que l'on attendait de lui mais au fond la vérité épuisait son âme immortelle. Il est dit de lui qu'il est chanceux d'avoir une telle étoile à ses côtés alors il cachait sa peine et sa douleur sous une chape de gaité et d'amour.
Mais il n'y tenait plus. Il ne s'en sentait plus la force. Sa coupe était depuis bien trop longtemps pleine et ne faisait aujourd'hui que déborder. Il s'y noye. Oh, bien sûr qu'il l'a aimé et même encore aujourd'hui il l'aime d'une certaine façon.
Mais ce n'était plus qu'une passion platonique, un lien d'âme sœur éthéré. Ni Dream ni Cross ne pouvaient blâmer l'autre sur la situation qu'était la leur. Mais ça allait. Tout allait dans ce sens. Ils se mentaient mutuellement.
Cependant, il ne fallait pas que cet état des choses ne se sache. Il leur fallait tout cacher et tout ce que Cross ne disait pas le questionnait. Des sourires glacés aux plus petites inattentions, tout ce qu'il ne disait pas, tout finissait par s'effacer. Il lui devait bien cela après tout, Dream était le seul à avoir cru en lui après le X-Event.
Il avait l'obligation de faire diversion. Donc il fera illusion, bonne impression à ses yeux. Il dira que ça va quand les regrets et la douleur le traverseront de leurs lames purificatrices. Il maquillera d'un masque derrière mille et un déguisements sa lassitude et il finira de s'effacer.
En essayant d'essuyer ses larmes, il s'amusa à repenser à celui qui faisait désormais battre son âme plus vite. Lui qui avait su lire en lui avec tant de facilité, il était sa félicité. Il aurait tout donné pour que ces moments ensemble puissent durer pour l'éternité.
Mais ces doux jours à ses côtés n'étaient-ils pas d'autant plus magiques qu'ils avaient été fugaces ? Ils le savaient dès le départ mais cela ne changeait rien. Cross le voudrait tellement à ses côtés. Que de sa douce chaleur il le tire de cette brulante réalité.
Son âme était assaillie de tant de regrets de ne pas avoir pu le choisir, lui son autre qu'il ne saurait décrire avec de simples mots. Lui qui illumina sa vie misérable de sa douce aura, il a su l'écouter dans ses délires, allant jusqu'à y sauter les yeux fermés pour l'y rejoindre. Avant même qu'il ne s'en aperçoive il était là. Dans ce cachot noir et froid Cross aimait à se remémorer leur conversation lorsque le chagrin l'assaillait de ses crocs immondes.
Épic : Hello bruh comment ça va ? Tu as le salut du T-Rex en passant bruh.
Aurais-je oublier de préciser qu'ils avaient un T-Rex de compagnie ? Il ne passe pourtant pas inaperçu de par la magnificence de ses écailles allant d'une teinture vert impériale, vert sapin et enfin kaki aux extrémités de son corps.
Son derme comportait aussi des esquisses sinople et Hooker qui s'accommodaient en beauté avec ses iris couleur de lin. Le plus divin des Reptiles existant, d'une intelligence hors du commun.
Cross : Tu lui passeras le bonjour pour moi mec, répondit-il l'esprit ailleurs.
Épic : Bruh, si tu veux pas passer un bruh quart d'heure tu as intérêt à me dire ce qui te mine comme ça. Sinon je confisque tous tes animes pour une période indéterminée.
Cross : Ça va, c'est juste la fatigue. Pas besoin de faire une montagne d'une taupinière.
Épic : Ouah bruh c'est quoi ces expressions de fond de tiroir. Laisses moi deviner c'est Dream. Mais qui dit Dream implique forcement Nightmare. Donc, donc, donc. Dream t'a fait des reproches en plus de soutenir son jumeau même lorsque celui-ci t'enferme aux cachots de sa bicoque ou lorsqu'il te cloitre dans une de ses nombreuses salles de tortures. Tortures que le rêve à bottes dorées trouve toujours justifiées. J'ai raison ? Mon bruh. Je lis en toi comme dans un livre ouvert. La colère transparait de toi et seuls les idiots ne verraient pas ta souffrance. Ça crève les orbites.
Cross : Ah.
Épic : Tu te prends pour un meme bruh ? et à la blague ils éclatèrent de rire, laissant tomber pour une rare fois le masque constant de leurs troubles respectifs. Et si tu m'expliquais, en échange d'un de mes précieux ?
Cross : Mec, tu as un sérieux problèmes avec les cookies, ria vivement le bicolore tandis que Épic le fixait de ses pupilles magenta toujours aussi belles que lorsque leurs regards se sont confrontés pour la première fois.
Épic : Les cookies régissent ce monde bruh ! Allez vide ton sac bruh.
Cross : Dream et moi, ce n'est plus qu'une relation physique. Sur le plan émotionnel, plus rien ne nous lie. C'est simple, mis à part son frère rien ne l'intéresse. De plus, avant leurs trêves, j'ai essayé plus d'une fois de lui faire entendre raison ; de lui faire comprendre que le poulpe n'était pas sain d'esprit et ne cherchait qu'à le tuer puisqu'il ne s'en cachait même pas. Mais non ! Monsieur Bons Sentiments ne m'a pas écouté comme toujours, se mettant chaque jour un peu plus en danger pour le ramener du gouffre de la folie. Et le pire, c'est qu'aujourd'hui c'est moi qui trinque car, avec cet armistice qu'ils ont choisi d'établir, on se retrouve avec une suspension des hostilités. Mais c'est illusoire ; Nightmare reste et restera toujours Nightmare. Cette « paix » éphémère n'est qu'une façade. Il ne renoncera jamais à faire disparaitre son jumeau. C'est ancré dans leurs âmes. Comme le Ying et le Yang, ils se rapprochent pour mieux s'opposer par la suite. J'étais un garde royal, je sais reconnaître une situation de combat lorsque j'en vois une. Mais bien sûr Dream m'en veut de ne pas accepter le prétendu retour de son frère. Et Nightmare me torture dès qu'il ressent des émotions négatives émaner de Dream. Mais ce dernier ne cherche même plus à me libérer, il cautionne ce traitement. Comme... comme si... comme si je le méritais ! et tandis que le mercenaire finissait ses pensées, il fut secoué de forts sanglots alors que par réflexe Épic le prit dans ses bras pour l'étreindre en lui caressant le dos.
Épic : Bruh, ça va aller Cross. C'est peut-être juste une mauvaise passe. Parle-lui. Vous pourriez trouver une solution non ? Une solution pour retrouver ce lien qui vous unissait.
Cross : Il ne reste que ce lien charnel d'âme sœur mais je n'y peux plus rien. Je ne peux même pas avouer mes sentiments à cet autre qui fait battre mon âme plus vite. Cet autre sans qui je ne suis plus rien si ce n'est un être éthéré en manque de vie. Je suis déjà mort de ne pouvoir passer le reste de ma longue vie avec lui. Je l'adore à en mourir. Mais il n'en sait rien, nenni. Et je continue de le voir évoluer, s'éloignant chaque jour un peu plus de moi qui me meurs chaque minute passée exempt de sa compagnie. Suis-je condamné à souffrir d'un amour qui n'aboutira jamais ? Est-ce ma punition pour mes méfaits passés et à venir ?
Et une chose en conduisant à une autre, Épic les téléporta chez lui tout en le cajolant et le rassurant. La seule chose que Cross pu faire à ce moment fut de geindre le regard larmoyant, de chouiner tout ce chagrin qui s'était accumulé au point cumulant de son être brisé.
Il avait si mal qu'il ne s'était pas aperçu du supplice que dû endurer sa moitié inavouée. Il l'imagina, toujours pensant à un autre ayant l'inclinaison de Cross alors qu'elle n'était tournée que pour son partenaire, son ange mauve.
Depuis sa prison, il aimait à songer à leur prochaine entrevue même si il ne pourrait jamais être honnête avec lui totalement. Malgré lui et à l'image des Frisk et Chara il s'est vu offert deux choix.
> AIMER
> VIVRE
Il a choisi de vivre en espérant pouvoir le revoir. Il eut le choix si l'on peut dire mais cela faisait-il vraiment de lui une personne libre ? Est-ce être libre que de se voir imposé un choix que l'on refuse de faire ? Est-ce cela que l'on nomme « liberté » ? Est-ce égoïste de vouloir vivre même sous d'autres conditions ?
Je vous en laisse le jugement.
Pour le moment, il est convenu de remonter quelques étages plus haut, dans la salle de réunion des Bad Gays plus exactement. Le plumeau et le casse crâne entretenaient d'ailleurs une discussion très animée sur la santé mentale de la station de pétrole aka le poulpe aka Nightmare qui venait de transpercer d'un coup de tentacule Killer, en pleine âme.
Enfin, ce larmoyant plaidoyer en la faveur de la (non) santé mentale de Nightmare aurait pu s'éterniser sur de longues heures si Killer ne s'était point liquéfier en une flaque d'une substance inconnue. Et après encore quelques cris ainsi que deux nouvelles décorations murales, ce fut l'horrorien qui regarda de plus près le liquide non-identifié.
Horror : De l'encre. C'est de la putain d'encre ! Le boss a raison. Ce truc- enfin « ça », peu importe ce que ce fut- n'a jamais été notre Killer.
Nightmare : Puisque je vous le dis ! Ça fait des années qu'il n'est plus avec nous, remplacé par cette pâle imitation qui n'a trompé que vos têtes sans intelligence.
Dust : Tu n'en savais rien avant la venue de Color, c'est-à-dire hier ! s'indigna le poussiéreux qui s'était blottit contre son petit-ami horrifié de la vérité.
Nightmare : La ferme le plumeau. Quand j'aurais besoin de dépoussiérer les cellules je t'appellerai. Dans le cas présent, tu nous fais juste perdre de précieuses minutes de concentration. Encore un terme hors de ta portée visiblement.
Horror : Et on peut savoir pourquoi le lèche-bottes doré et la mamie tricoteuse sont là ? Nous on a pas besoin de boulets supplémentaires. Et ne commence pas avec ta petite voix geignarde Dream qui me vrille d'ors et déjà les conduits auditifs à défaut d'avoir des tympans.
Nightmare : Dream va pallier à la puissance de mes sentiments négatifs quand je retrouverai mon tueur. Et la vieille est là parce que c'est apparemment de la faute de son opposé si je n'ai pas Killy dans mes bras. Passons aux choses sérieuses : aller chercher mon Killer.
Dust : J'ai loupé un épisode ? Depuis quand il s'agit de « ton » Killer ou même d'un « Killy » ?
Error : Longue histoire. Mais soyons clairs le céphalopode, ce n'est pas parce que Ink a encore foiré son coup et engendré encore un bazar sans nom que j'y suis pour que quelque chose ! Il a sa vie et j'ai la mienne. Je ne vais pas raquer dès qu'il nous importune. Ça me court sur le haricot !
Nightmare : C'est bon, tu as fini ton plaidoyer ?
Error : Oui, dit-il fièrement.
Dream : Je ne voudrais pas me montrer impertinent mais il serait peut-être temps d'agir au lieu de belles paroles. En premier lieu il faut aller éloigner Ink de chez lui puis nous récupérons Killer pour le ramener et le soigner ici. Des questions ?
Nightmare : C'est la première fois que tu dis quelque chose d'intelligent Dray ! Bon, il faut faire deux équipes. Error tu occupes Ink pendant que nous sauvons Killer. Et tu n'as pas la permission de tuer ton contraire la mamie ! C'est bon pour tout le monde ?
Après un soupir collectif suivit plusieurs encastrements successifs, la mémé partit en premier. Error arriva à OuterTale d'un claquement de phalanges pour trouver son contraire endormi. Ink paraissait si calme, si paisible que le bug aurait presque eut des remords à ce qu'il allait faire.
Mais rien ne nous semble si beau, et ne nous remord si amèrement que les occasions manquées ! Le serpent de la vengeance l'avait déjà remordu à l'âme ; non défiance d'autrui, mais de lui-même. Il avait été vendu par l'idée de ce pouvoir ne servant plus à rien depuis la Trêve, tandis qu'il avait eu maintenant tout le temps qu'il fallait pour s'en servir.
Mais plus il regardait cet être sans âme dont les mains étaient souillées de la magie du « compagnon » de son meilleur et seul ami. L'âme de Error imaginait plus facilement et plus volontiers la beauté, l'aisance et l'harmonie chez son contraire que le désordre et le péché qui partout ternissaient, avilissaient, tachaient et déchiraient ce petit corps qui faisait s'épanouir de douces colorations sur les joues du destructeur.
La suite, Error ne contrôla plus rien. À partir du moment où le petit peintre arc-en-ciel se réveilla, baillant comme un petit chaton, Error mit sa Fonction mentale d'organisation du réel en pensées de côté pour embrasser ses petites dents volées.
L'intelligence et l'instinct étant communs, quoique à divers degrés, aux animaux et à l'Homme, qu'est-ce qui distingue celui-ci ? Selon Cuvier, c'est la réflexion ou la faculté de considérer intellectuellement, par un retour sur nous-mêmes, nos propres modifications.
Instinct et intelligence représentent deux directions opposées du travail conscient : l'instinct marche dans le sens même de la vie, l'intelligence va en sens inverse, et se trouve ainsi tout naturellement réglée sur le mouvement de la matière.
Peut-on admettre qu'une intelligence infinie ait créé l'Homme, et supposer que telle qu'une marâtre cruelle, elle ait abandonné son existence sociale au hasard de ses inventions. Car ce n'est pas seulement dans la graine ou la fleur, mais dans la plante entière, tiges, feuilles, racines, que l'on découvre, si l'on veut bien s'incliner un instant sur leur humble travail, maintes traces d'une intelligence avisée et vivante.
Ainsi, Error ne contrôla rien quand sa main frôla la joue de son contraire avec une douceur qu'il ne se connaissait pas. Aucun des deux ne comprit quand le squelette armé d'un pinceau géant répondit timidement à l'échange.
Quand le bug se fut un peu calmé et qu'il eut l'intelligence nette, il s'étonna du brusque revirement de Ink dont les pupilles reprenaient légèrement des formes et couleurs d'un temps passé, loin des deux petites billes de verre qu'elles étaient devenues au fil des années.
On peut supposer qu'il existe une intelligence affective à laquelle se mêlent une grande quantité de connaissances, d'aptitudes particulières, de motivations, et également une certaine acuité de la conscience. Cette dernière forme d'intelligence qui semble procéder pour beaucoup de facultés instinctivo-affectives entrainaient désormais ces deux amants d'un soir dont la lueur de la sage et muette Lune fut la seule dépositaire.
Du côté de la seconde équipe, les choses étaient moins -comment dire ?- lubriques. Même Horror ne faisait aucune avance ou réflexion luxurieuse à Dust. Pour une fois ! Il était important de le préciser. Enfin ils allaient sauver leur meilleur ami quand même !
Un peu de tenue !
Reprenons. Donc Dust et Horror fouillaient l'étage supérieur quand Dream essayait de stopper la folie meurtrière de Nightmare qui détruisait pan de mur par pan de mur la maison qui menaçait désormais de s'effondrer sur elle-même avec les intrus toujours à l'intérieur.
Les jumeaux gardiens des Bons et Mauvais Sentiments ne mirent que peu de temps avant de retrouver Killer. Enfin plutôt le « corps » de Killer. Ce tas difforme, disgracié par son allure de lianes tressées, des os trop chétifs et ternes, les parties intimes aussi exposées que l'âme de forme non plus circulaire mais en forme de cœur.
La difformité d'une anatomie déformée par les années de maltraitance, de sous-nutrition. Et ce pour quoi ? Pour que l'âme si spéciale du masochiste inconscient devienne âme d'un fou d'un autre ?
Une carcasse cachectique, une dépouille de celui qui hier encore riait aux éclats aux inutiles comme à l'essentiel. L'amour est aussi éphémère qu'un cœur dessiné sur la plage et puis la vague est passée. Les promesses d'aujourd'hui effacent celles de la veille.
De son cœur de pierre naissaient des étincelles quand il se retrouva de nouveau face à cet émacié. Rien n'avait de sens quand leurs âmes étaient fiancées. L'amour transforme l'inutile en essentiel. L'amour transforme les plans en devenirs et les futurs en présents.
Lors il le prit avec une délicatesse sans fin, Nightmare ramena à lui ce petit être brisé, rendu amnésique par les coups qu'il avait reçu. L'ordre de levée du camp fut donné au même instant où le poulpe ordonna à son jumeau de rester un temps au château pour que Killer puisse, en douceur, retrouver une stabilité émotionnelle.
Mais comment aurait-il pu le prévoir ? Comment aurait-il pu ? Comment prévoir que le surplus d'émotions des deux antipodes provoque les chaleurs du tueur aux lames aiguisées ? Comment prévoir qu'en l'absence de Nightmare, Dream aurait eu la « bonne » idée d'aider Killer plutôt que d'appeler l'amant de ce dernier ?
Pourquoi eut-il fallut que Dream profite -car oui, il faut mettre les termes là où est leur place- de l'état nécessiteux de Killer pour passer sa frustration, la frustration que lui occasionnait le mercenaire que Dream n'aimait plus ?
Pourquoi eut-il fallu que Dream couche avec Killer ?
Pourquoi eut-il fallu que Dream mette Killer enceint ?
Lâchement, le doré s'enfuit juste après l'acte ; laissant le soin à Killer, réapprenant difficilement à vivre après des années de captivité, d'expliquer à un poulpe en furie qu'il était enceint d'un autre, après tous les risques que Nightmare avait pris et les sacrifices qu'il endura pour le tueur.
Comment imaginer Nightmare, jaloux et possessif qu'il était, laisser passer une telle chose ? Im-po-ssi-ble. Il lui fallait marquer son territoire comme un chien urinerait en levant la patte sur une borne incendie dans la rue. Poétique pas vrai ~
Killer et Nightmare commencèrent par vérifier ensemble la solidité du plan de travail de la cuisine. Après s'être assurés de la validation de cette expertise , ils eurent fort à faire dans l'analyse et la comparaison des différents sommiers que comportaient les multiples chambres du château.
Il fallut d'ailleurs s'ouvrir à de nouvelles expériences afin de s'assurer de la solidité des ressorts ou lamelles des couchettes. Il en fut de même pour avérer de la douceur et chaleur des édredons sur les corps nus.
Analyses et tests furent minutieusement effectués pour juger du coin d'herbe et de fleurs le plus accommodant pour mollement dissimuler les effluves d'une romance tant idéalisée. Pour se décrasser et continuer batifolages amoureux, la salle de bain témoin de bien des choses.
On pourra d'ailleurs pointer l'exigüe baignoire de certains des appartements. Killer en avait encore mal au dos. L'inspection du château continua donc pendant plusieurs jours. Salle de réunion, salle à manger, balcon. Toute pièce fut marquée de l'intensité de leur sport.
À racheter : tables, chaises, bureau, canapé, fauteuil, lit, sommier, draps.
Mais le plus important pour le couple était bien ce étrange petit être qui grandissait chaque jour un peu plus en Killer. Ce petit bébé qui vit le jour un jour d'été grâce aux soins de Sciences. Un petit squelette aux os blancs uniquement entravés par les larmes de haine sous l'orbite gauche qui ouvrit ses orbites vaironnes sur le monde après un accouchement des plus difficiles.
Un cœur inversé bicolore tout comme ses pupilles. Tandis que dans la partie gauche se reflétait la beauté d'un mauve identique à celui de Night, la droite se partageait jalousement un doré que convoitait le soleil lui-même. Un fin anneau de Détermination rouge finissait d'harmoniser l'étonnant mélange.
Et si Sebu, puisque c'est ainsi que l'enfant fût nommé, grandissait avec un calme hors du commun bien qu'il dissimulait une joie de vivre sans pareille ; sa santé était aussi médiocre que son troisième parent.
Pourvu de tentacules qu'il dissimulait la plupart du temps contrairement à son âme qui restait exposée constamment devant sa cage thoracique, il lui était pourtant presque impossible de marcher.
Il apprit à arpenter les couloirs du château très tard sans que personne ne comprenne que ce retard n'en était point un. Pris de violents vertiges, son oreille interne ne distinguait que trop mal la différence entre la position couchée et celle verticalisée.
Ainsi, il n'est même pas ironique de dire que l'amour lui tomba dessus. C'est plutôt Sebu qui tomba sur Goth après une chasse. Parce que si Sebu était un enfant calme, il n'en était pas moins un assassin froid et inflexible.
Une fois sa cible localisée, c'était simplement une seconde nature que de s'approcher confondu avec les ombres pour planter sa lame dans un silence presque religieux dans la gorge de sa victime. Et si le sang ou la magie venait à maculer sa veste, il en ronronnait presque de plaisir, la pupille illuminée de la gaieté perverse d'avoir mis à mort sa proie.
Mais, ne vous y fiez pas. Sans ses tentacules, ce n'était plus Sebu qui dominait au lit ~
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