Partie 7

Le week-end chez ma mère était reposant, plus que si j'avais été chez mon père. Je me sentais mieux et pleine d'énergie pour affronter l'après déclaration. Je ne comptais cependant pas m'inviter avant moment, Thibault aussi devait digérer.

Mico quant à lui faisait un peu la tête de mon piège. Il s'était senti très idiot face à miss parfaite et me le faisait bien comprendre. Je n'avais aucune nouvelle depuis jeudi soir et il m'avait ignorée au lycée. Je ne regrettais cependant rien, puisque le premier qui avait fauté, c'était lui. J'allais donc simplement attendre qu'il se souvienne de moi.

A mon bureau, je révisais un peu de philosophie lorsque mon portable se mit à vibrer. Eva m'envoyait un texto via Messenger et je trouvai cela étrange. Elle préférait les messages directs.

Son message contenait une vidéo partagée, suivi de  Tu étais au courant ? . D'abord, je souris, puisque je distinguais Mico et ma maison. Cela devait donc dater du jeudi soir. Ou pas du tout, puisque ce n'étaient pas les vêtements que portaient mon ami ce jour-là. J'appuyai sur « lecture » et mon visage se décomposa. Je me fichais pas mal de la date, tout compte fait.

Mico avait embrassé Amandine.

Je lâchai mon portable, le souffle court. Mon piège se retournait contre moi : en mon absence, la jolie rousse en avait profité.

«Non, du tout.»

J'avais expédié cette réponse, mes doigts tremblants. J'avais posé mon véto sur elle, pourquoi Mico ne m'avait-il rien dit ! J'aurais compris s'il me l'avait dit, il le savait, n'est-ce pas ? Il ne me pensait pas si catégorique, non ? Les larmes floutaient ma vision et je peinais à respirer normalement. Mes sanglots venaient du fond du cœur. Ah, alors c'était ça ce qu'avait ressenti Thibault ? La désolation ?

Ma peine eut du mal à me laisser un moment tranquille. J'y croyais vraiment à ce nouvel amour. C'était douloureux de revenir sur Terre de cette façon. Puis, quand je repris mon calme, parvins à relativiser, je remis la batterie de mon téléphone et le rallumai. Ma mère travaillant dans son bureau n'avait pas dû m'entendre. Elle se plongeait dans ses affaires corps et âmes, sans doute la raison du divorce.

Je décidai de revoir cette vidéo, juste pour l'imprimer définitivement dans ma mémoire. Je clignai des yeux, puis la repris depuis le début. J'étais stupide. Vraiment stupide. La vidéo était coupée, elle s'arrêtait de façon trop nette.

Je me frappai le front avant de consulter les messages que l'on m'avait envoyés. Eva m'avait envoyé un sublime « Putain, merde... » suivit de plusieurs « Réponds » pour s'achever par un « Réponds à Mico stp ! ». Celui-ci avait tenté de me joindre trois fois et m'avait envoyé trois messages m'invitant à décrocher. Il semblait aimer le nombre trois.

«C'est fait.» envoyai-je à Eva.

«Pas de problème, j'ai vu que ça avait été coupé. » répondis-je rapidement à Mico.

J'avais pleuré tout mon soul pour un pauvre coup monté. Ah, on ne se refaisait pas ! L'image de Eva s'afficha sur mon écran et je décrochai immédiatement.

—Pourquoi t'as attendu si longtemps ? J'étais en pls dans ma chambre ! Nathan a cru devenir...

—Nathan ? la repris-je tandis qu'elle se stoppait.

Etait-ce la semaine des nouvelles désagréables ?

—Mince...

—Vous sortez ensemble ?

Eva soupira, probablement en train de se traiter d'idiote tandis que son amoureux l'interrogeait du regard.

—On voulait pas que ça se sache, pour...

—Est-ce qu'on est amis ou pas ? J'ai des doutes. Tu sais depuis quand j'attends ça ? Depuis l'an dernier ! Me dis pas que ça dure depuis tout ce temps ?

—Mais non ! Ça fait qu'un mois, on voulait juste pas vous mettre au courant, au cas où ça fonctionne pas. Qu'on puisse faire comme si rien n'était, tu vois ?

Je soupirai avant de me dire que ce n'était pas bête, même si c'était blessant pour moi. Quelle confiance...

—Ouais, passons. C'est fait maintenant. Compte pas sur moi pour garder ma bouche fermée par contre.

—C'est mérité ! confirma-t-elle. Pour en revenir à la vidéo, ça va ?

—Mico me l'aurait dit s'il était... Bref s'il l'aimait plus que bien. Elle et moi, c'est épineux mais il me connait. Je crois.

—On s'en remet pas avec Nathan. On l'a découvert sur le groupe facebook de la classe.

—Elle a des contacts dans nos rangs ?

—Sûrement. Une vraie garce de la balancer ! Tout le lycée va être au courant maintenant.

Entendant ma mère m'appelait du rez-de-chaussée, je me mis en route vers l'étage du bas, tout en écoutant Eva s'agacer.

—Est-ce que c'est vraiment grave ? interrogeai-je.

Je ne comprenais pas quel préjudice envers Mico pouvait engendrer cette nouvelle. On le vannerait un peu, puis on oublierait.

—T'as vu la bombe ? intervint Nathan.

—Oh, bonjour le traître, répliquai-je d'abord.

J'étais presque arrivé au bas des marches. J'entendais la voix de ma parente. A qui parlait-elle ?

—Amandine est jolie, oui, mais en quoi ce serait un problème ?

—Jolie et hyper connue, Mia ! Dans son bahut, y'a pas un gars qui la connait pas.

Je m'arrêtai une seconde pour rouler des yeux. Elle était populaire, rien d'étonnant. Une fille parfaite, comment passer sans la voir ?

—Et ? relançai-je.

—Personne va lâcher Mico sur cette déesse.

Je m'imaginai une seconde la tête d'Eva face à ses propos et faillis rire. Seulement, en débarquant dans mon salon, je sursautai en lâchant mon portable.

—Qu'est-ce que tu fais là ? m'étonnai-je.

Mico conversait l'air de rien avec ma mère. Le fracas de mon téléphone rencontrant le sol pour la deuxième fois les fit bondir vers moi.

—Mia ? s'inquiéta ma parente.

Peut-être que j'avais l'air d'une extraterrestre avec mon regard fixe sur mon ami, la bouche ouverte.

—Ça va, j'ai juste cru voir un revenant.

—Tu ne me rassures pas, rétorqua-t-elle.

—Rien de grave, lui souris-je. Tu peux retourner travailler, il n'y a pas de problème.

Elle hésita encore une seconde, puis rejoignit son bureau.

—Je préviens juste Eva que tout va bien et je suis à toi.

Je ramassai les pièces de mon portable et les remis aux bons endroits. Je remontai dans ma chambre, sous le regard incertain de Mico qui mit un temps avant de me suivre.

«RAS, Mico a débarqué. Je te contacte plus tard.» envoyai-je à mon amie cachotière.

—Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? lâchai-je ensuite.

Je comprenais qu'elle l'ait pris par surprise ou même qu'il ait pu hésiter, pas qu'il ait gardé le secret.

—Ce n'est pas ce que tu crois. Je pensais qu'après ta blague, tu retournerais chez ton père ce week-end. J'ai été accueilli par Amandine, mais ça s'est arrêté là. La vidéo montre pas tout et...

Pourquoi était-il désespéré à ce point ?

—Pourquoi tu souris ? me lança-t-il.

—Parce que tu es très drôle à te justifier sur ta relation avec elle.

Au lieu de le rassurer, cela le dévasta encore plus !

—J'ai vu que c'était fait exprès. Je te demandais pas pourquoi t'as gardé pour toi tes sentiments, mais pourquoi t'as rien dit sur ce baiser. J'ai l'air d'être à ce point intraitable ?

—Ah !

Mais encore ? Lui qui était bien loquace tombait dans le silence de façon soudaine.

—Mico ?

—Est-ce que tu penses que je suis trop gentil pour être tombé dans un double piège ?

—Je pensais que tu avais changé à ce niveau-là.

—Faut croire que les habitudes ont la vie dure.

Il haussa les épaules.

—Explique du coup.

—Amandine m'a fait promettre de ne pas parler de ça et elle a posté la vidéo ce matin.

—Oh.

Trop bon, trop con, comme on dit ! Est-ce que la gamine aurait entendu ma conversation avec mon père ? Cela expliquerait son plan. Une fille un peu idiote et naïve n'aurait pas chercher bien loin et l'amitié aurait pu en prendre un sacré coup. Manque de chance pour elle, j'avais un peu plus confiance en Mico que ça. Tout le monde à le droit à l'erreur, hein ?

—Miss parfaite, elle embrasse bien ? le questionnai-je.

—Pourquoi on a cette conversation ? se lamenta l'invité.

Il devenait peu à peu rouge pivoine, c'était très amusant.

—Je t'ai répondu pour Thibault ! argumentai-je.

Il se tourna vers la sortie, prêt à s'enfuir. Je me mis à rire.

—Miss parfaite ne porte pas son surnom pour rien.

Je sifflai tandis qu'il se hâtait d'attendre la porte. Malheureusement pour lui, il ne m'avait jamais battue à la course. J'arrivai donc à l'entrée avant lui et le toisai, les bras croisés.

—T'as failli faire un malaise en me voyant et tu me retiens, là ? Vraiment ?

—Affirmatif !

—Et fièrement en plus ?

—Tu es trop mignon quand tu es gêné, ris-je.

—Bon, d'accord. Tu as le droit de te moquer, mais juste parce que c'est ma deuxième boulette cette semaine.

—Il va falloir te faire pardonner !

—Je suis venu jusqu'ici, un dimanche. Je suis tout pardonné, non ?

Je fis le compte dans ma tête : j'avais appris la nouvelle vers 13h30, tout comme lui supposai-je. Je n'avais pas donné de nouvelle jusqu'à 15h et il était arrivé vers 15h20.

—Oh, ça veut dire que tu es coincé jusqu'à dix-sept heures ?

—Je rêve ou ça t'amuse ? sourit-il.

Totalement. Mon nouvel amoureux avait fait tout ce chemin pour éviter un malentendu et c'était condamné à errer deux heures si j'avais refusé de lui adresser parole. Les signes se rassemblaient, bien sûr que j'étais ravie ! En plus, j'avais une heure et demie en sa compagnie. Mon dimanche était parfait.

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