Partie 6
—Mia, on va dans la même direction.
Furieuse, je me tournai vers Mico.
—Toi, je te retiens avec ton véto ! Comment t'as pu en plaisanter !
—J'ai prévenu Thibault.
C'était encore pire à mes yeux. C'était de sa bouche que le petit frère avait eu ses certitudes. De la personne pour laquelle je m'intéressais. Horrible !
—Tu n'aurais pas dû !
Comment Thibault avait-il dû se sentir ? Aussi misérable que moi en ce moment ?
—Il avait déjà parlé du baiser à Eva.
Son calme me le fit détester. Ils avaient monté cette machination derrière mon dos et Mico trouvait la situation totalement normale.
—Tu ferais mieux de te taire, tu ne fais que t'enfoncer !
—Mia, tu veux bien te calmer ? Passer tes nerfs sur moi ne sert à rien.
—Tu as mal agi, me justifiai-je.
—Tu es énervée contre toi, pas contre moi, ni les autres.
Je le détestai définitivement de me comprendre. Les poings serrés, je poursuivis ma route sans plus prêter attention à lui. Il soupira et me suivit sans essayer de m'adresser la parole. J'eus de la peine pour lui lorsqu'il se stoppa devant la maison de mon père. Je rentrai en claquant la porte et changeai d'avis la seconde suivante en sortant à nouveau. Mico n'avait pas bougé d'un pouce. Je me plantai devant lui, le regard braqué sur ses chaussures.
—Bon, d'accord. Tu as raison et je suis désolée. Je me sens juste trop stupide.
C'était déjà bien assez compliqué d'admettre tout ça.
Derrière moi, je crus entendre la porte se rouvrir.
—C'est pas grave. Tu as besoin de réaliser.
Je hochai la tête, puis il me fit une pichenette sur le front.
—Fais pas cette tête. Thibault t'en veut pas.
Je soupirai.
—Je vais rentrer réaliser tout ça dans mon lit, assurai-je.
—Ok, me sourit-il.
Mes lèvres aussi s'étirèrent un peu. Je le saluai et me dirigeai vers la porte, manquai de frôler l'arrêt cardiaque. Mon paternel se tenait devant la porte, les sourcils froncés.
—Bonjour, M. Park.
Mico l'avait déjà vu, ce bougre ! Mon père lui prêta à peine attention.
—Mia ? chuchota-t-il.
—Je vais m'en remettre, assurai-je avant de m'engouffrer dans la maison.
Ma mission était à présent de me morfondre dans mon lit.
#####
—Ça va mieux ?
A 21 heures passées, tandis que je remontais après le dîner, Mico me téléphona. Il devait avoir un radar, car le timing était parfait.
—Je ne vais pas non plus pleurer pendant trois jours. J'ai encaissé la nouvelle, je repars.
Mico rit à l'autre bout du fil, sans rien ajouter.
—Wow, tu m'as vraiment appelée juste pour ça ?
Un autre signe, non ?
—Evidemment. Ça s'appelle prendre des nouvelles, Mimi.
Je grimaçai à ce surnom, qui était aussi le sien au passage. Enfin, venant des enfants de zéro à six ans.
—Mimi, ne me cherche pas, lui rétorquai-je.
—Je n'oserais pas ! plaisanta-t-il.
Le silence revint. Ni lui, ni moi n'aimions les appels. Je devais admettre qu'entendre sa voix était satisfaisant, mais j'avais besoin d'un visuel pour pleinement suivre la conversation. En attendant, j'entendais sa respiration à l'autre bout du fil et je m'en contentais parfaitement.
—Je suis sûr que tu souris, lança Mico.
—Ah oui ?
—Tu souris toujours quand il y a des blancs.
—Et toi ? m'enquis-je.
—Je souris parce que tu souris.
—Trop facile ! râlai-je.
Puis l'on toqua à ma porte et je décidai raccrocher lorsque mon père franchit le seuil de ma porte. Il semblait vouloir me dire quelque chose depuis lundi, sans parvenir à se lancer. J'avais bien remarqué ses coups d'œil lors des repas et ses pas qui rebroussaient parfois chemin le soir venu, devant ma chambre. Peut-être qu'avoir fini un peu plus tôt ce jour-là lui avait finalement donné le courage qu'il lui manquait. Ou le fait que j'étais en pleurs devant la maison.
—On peut parler ? se risqua-t-il.
—Oui, dis-moi.
Je me redressai sur mon lit tandis qu'il prenait place sur mon fauteuil et s'approchait de moi.
—Tu...
—Non, avant, c'était totalement autre chose que ta nouvelle femme. Thibault, le frère d'Eva s'est déclaré, c'est tout. Tu peux me parler sans crainte, lui souris-je.
Il prit une profonde inspiration avant de se lancer.
—Je sais que c'est difficile pour toi depuis septembre et qu'il y a davantage de tension à cause de Mico que vous avez l'air de vous disputer Amandine et toi.
Les larmes me vinrent immédiatement. Je redoutais ce moment depuis des mois, il semblait arriver désormais. Je savais que mon paternel n'était pas dupe et que l'ambiance en ma présence le pesait aussi. Il aimait profondément Carole et j'étais un problème dans leur relation. C'était logique qu'il me demande de restreindre mes visites pour le bien de tous. Ce n'était cependant pas ce dont j'avais envie. J'aurais peut-être dû le retenir, la seconde précédente. Après Thibault, je n'avais pas l'énergie nécessaire d'affronter le rejet.
—Je dois partir ? interrogeai-je.
Autant ne pas tourner autour du pot. Il était presque 22h, ma mère pouvait rapidement faire un détour par ici pour me récupérer.
—Quoi ? Pas du tout !
Il se saisit de mes mains pour les serrer dans les siennes.
—Ne t'imagine pas des choses pareilles ! me réprimanda-t-il. Je sais que tu viens pour moi et que tu fuis chez Mico pour passer le moins de temps avec elles. Alors, je voudrais que tu saches que si tu préfères ne venir que lorsque je suis là, pendant mes jours de repos ou mes après-midi libres, je ne t'en voudrais pas. Tu veux me faire plaisir en venant, mais tu as plus l'air de souffrir. Penses à toi aussi, à ce qui est le mieux.
—Vraiment ? Je suis pas obligée de partir alors ?
—Mais non, tu es la bienvenue ici. D'accord ?
Je hochai vivement la tête. Mon papa était génial !
—Et puis, tu sais, c'est toi que je soutiens pour Mico. Même si je ne suis pas tout à fait prêt à ce que tu sortes avec un garçon, je suis à fond avec toi !
J'eus un moment de doute et vérifiai avoir bien raccroché à l'appel. C'était le cas, ouf !
—Il t'a appelée, hein ?
Je hochai vivement la tête.
—Toi aussi tu as remarqué alors ?
—Pour qui tu me prends ? Je te connais depuis longtemps, j'ai bien vu que ça t'arrangeait de pouvoir être en tête à tête avec lui, avec ton petit sourire chaque fois qu'il t'effleure.
Je me transformai en tomates bien mûres, me demandant si j'allais réellement jusque-là.
—Détends-toi, je plaisante, s'esclaffa mon paternel. Mais il arrive à te faire resplendir très rapidement.
—Ça, je suis au courant. Moi, ce que je veux savoir c'est ce qu'il y a dans sa tête et là, c'est tout de suite plus compliqué, me plaignis-je.
—Prends de la distance alors. Tu connais le dicton ? Plus tu la repousses, plus elle s'accroche.
—C'est valable pour les garçons aussi ?
—Je sais pas, admit-il. Mais ça ne coûte rien d'essayer.
—Tu me suis dans mon plan farfelu ?
Mon sourire sadique le fit rire avant qu'il ne donne son accord. Je n'avais même rien encore dit !
—Demain, je rentre chez maman. Je lui dirai que je suis partie en avance et s'il vient ici, on dira que c'est un signe !
—Ah, l'adolescence. Si t'as envie d'essayer, je te suis.
Je hochai vivement la tête. Ce serait aussi une façon de me venger pour Thibault. Même si je comprenais que Mico ait gardé le silence, plaisanter à ce propos était mal venu. Il méritait une petite sanction.
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