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●PDV DE MÉLANIE ●
Je referme derrière moi après une longue et apaisante expiration. J'ai dû quitter la chambre où se trouvait Myra parce que son père voulait lui parler en privé. J'ai dit à Myra que je devais rentrer vu que j'ai laissé la maison vide, sans surveillance. Elle n'a pas trop insisté à cause de la fatigue qui prenait déjà ses yeux d'assaut.
Je suis vraiment ravie qu'elle m'ait pardonnée, ça m'enlève un poids sur les épaules. Reste plus qu'à arranger les choses avec Jamie et Amélia.
Avec Amélia, ça peut encore se faire rapidement car je la connais, elle est plus compréhensive. Mais avec Jamie, je doute fort qu'il puisse me pardonner aussi facilement. J'ai vu dans ses yeux ce que je représente maintenant pour lui et cela me fait terriblement mal.
Je ne cherche plus à gagner son amour, je sais déjà que c'est perdu d'avance. Tout ce que je veux c'est qu'il me pardonne, je veux l'entendre dire avant que je m'en aille d'ici.
Myra veut que je reste mais je ne suis pas à mesure de la promettre cela. Elle pense que Jamie a besoin de moi, je ne sais pas comment je pourrai l'aider alors qu'il est aussi furieux contre moi.
Elle m'a aussi parlé du père de Jamie. J'ignorais qu'il était de retour. En fait, je ne le connais même pas, il a quitté le quartier alors que je n'étais encore qu'un bébé et donc son visage m'est inconnu.
Selon Myra, Jamie ne supporte pas sa présence et c'est compréhensible après tout ce qui s'est passé. Mais le monsieur semble sincèrement regretter ses actions du passé comme me l'a dit Myra. Jamie est complètement troublé par tout ça et c'est en partie la raison pour laquelle il est si agressif.
Je pense plutôt que c'est Myra qui devrait l'aider à surmonter tout ça mais j'ai comme l'impression qu'elle ne voit plus sa vie au-delà de cette nuit et ça m'inquiète beaucoup. Je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit, ça me tuera moi aussi. Je ne veux surtout pas la voir baisser les bras ainsi, il faut qu'elle lutte pour sa vie, pour sa famille et ses amis que nous sommes. Elle n'a pas le droit de nous abandonner de la sorte.
Je suis désormais sur le couloir, prête à me tirer et rejoindre ma chambre, même si je sais que je ne trouverai pas de sommeil à cause de Myra. Elle est constamment dans ma tête, je ne fermerai pas l'oeil de la nuit tant qu'on ne m'aura pas confirmé qu'elle se porte bien. Je vais prier pour elle afin que son opération se passe bien, c'est tout ce que je peux faire pour le moment.
Je lève mes yeux face à moi et c'est là que je m'aperçois qu'Amélia est à l'autre bout, accompagné d'un garçon. Je suis prise de honte pour ce qui s'est passé hier. Elle doit certainement me détester encore plus parce que j'ai mis en danger sa vie, celle de sa mère et de ses amis. Je me sens ignoble, sale, répugnante. Qui voudrait encore de moi après tout ce que j'ai fait ? C'est vrai que Myra m'a pardonnée mais j'estime toujours que je ne le méritais pas.
Amélia arrive enfin à ma hauteur, elle scrute minutieusement mon regard dans le moindre détail, sans dire un seul mot. J'ai l'impression que cela dure des heures. Je m'attarde moi aussi sur elle, je vois cette fille qui était prête à tout pour me défendre, cette fille qui me gavait d'amour, cette fille qui ne faisait rien sans pour autant m'en parler et m'impliquer. Elle faisait toujours tout pour me rendre heureuse.
Comment j'ai pu la perdre de vue ? Comment j'ai pu être aussi bornée ?
C'est vrai qu'après le départ de mon frère, j'ai dû perdre la tête mais je pense que j'ai poussé le bouchon un peu trop et voilà les conséquences : Ma meilleure amie se retrouve sur un lit d'hôpital à cause de moi. Je suis une personne nuisible et ça ne m'étonnerait pas si Amélia décide de se défouler sur moi à cet instant.
Amélia : Salut Mélanie.
J'hésite un moment avant de répondre.
Moi : Salut Amélia.
Amélia : Qu'est-ce que tu fais encore ici ? dit-elle de la façon la plus calme possible.
Moi : Je suis restée prendre des nouvelles de Myra, Dieu merci elle va bien. J'ai réussi à parler avec elle.
Amélia : Je suis ravie de le savoir... Et ton bras, ça va ? ajoute-t-elle en fixant le pansement autour de mon bras.
Moi : Oui ça va, je n'ai pas mal.
Un léger moment de silence s'écoule alors que chacune de nous deux fuit le regard de l'autre.
Moi : J'ai appris pour ta mère. Je suis vraiment désolée Amélia, je te jure que je ne savais pas que ce fou de Dixon allait débarquer ici, crois-moi s'il te plaît. Je croyais que la police allait l'arrêter dans son domicile mais il a réussi à leur échapper, je suis vraim...
Amélia : Je te crois Mélanie.
Cette phrase réussit à faire naître sur ma peau des milliers de frissons. Elle est libératrice, c'est comme si un poids très lourd m'est ôté de mes épaules. Comment fait-elle pour être ainsi ? Pour toujours savoir surprendre les gens lorsqu'ils s'attendent le moins ?
Amélia : Je n'ai pas voulu te croire dans le passé et regarde là où nous en sommes. J'ai longtemps sombré dans les remords car j'estimais que j'avais été injuste envers toi ce soir là. Si tu savais combien je regrette de ne pas t'avoir cru cette nuit là, s'emporte-t-elle en pleurs.
Les larmes sortent aussi de mes yeux. Ses paroles ciblent mon cœur et je ne peux rester insensible. Elle a toujours su trouver les mots justes à chaque situation. C'est la raison pour laquelle je l'ai toujours admirée, même lorsque je la détestais. Elle a en elle cette assurance qui fait que quoiqu'il se passe, elle trouve toujours une solution, un moyen de s'adapter et de trouver une certaine paix, chose que j'ai été incapable de faire jusque-là.
J'ai toujours cru que je trouverai ma paix une fois que je l'aurais fait payer tout le mal qu'elle m'avait fait, mais en réalité, il m'aurait suffit juste d'oublier, de pardonner et de passer à autre chose. Je ne l'apprends que maintenant alors qu'Amélia l'avait déjà compris depuis le début.
J'ai été immature durant tout ce temps, je me suis accrochée à quelque chose que je croyais être juste mais en réalité, ça ne l'était pas. Il aura fallu que beaucoup de gens souffrent pour que je me rende enfin compte que j'étais sur la mauvaise voie. Si seulement j'avais vu loin depuis le début, tout ceci ne serait pas arrivé.
C'est sans doute mon châtiment pour toutes mes actions du passé. Ces remords me hanteront toute ma vie, j'en suis sûre.
Amélia : Tout est de ma faute, pleure-t-elle.
Moi : Non c'est plutôt la mienne, dis-je en m'y mettant moi aussi.
Amélia : T'as réagi naturellement, je t'avais fait du mal, je méritais amplement toute cette souffrance que tu m'infligeais.
Moi : Toi aussi t'avais réagi naturellement. C'est pas facile de digérer le fait de voir sa meilleure amie sur le même lit que son p'tit ami. Certes, je n'approuve pas la manière dont tu t'y es prise mais moi aussi j'aurais voulu me venger si j'étais à ta place.
Nous pleurons toutes les deux face à face avant de finir dans les bras l'une de l'autre. C'est vraiment étrange et en même temps merveilleux. Je n'espérais plus la prendre dans mes bras. J'avais presque oublié comment, être dans ses bras était agréable. Son odeur m'avait manqué, cette étrange sensation que je ressentais à chaque fois qu'elle était près de moi a refait surface. J'ai retrouvé ma sœur, ma jumelle, la moitié qui me manquait pour que ma vie retrouve son équilibre.
Après que ce moment d'euphorie soit passé, nous retrouvons assez de calme pour pouvoir parler ouvertement l'une de l'autre.
Amélia : Il y a une chose que je n'arrive toujours pas à comprendre. Pourquoi t'as protégé ce fumier de Dixon tout ce temps ?
Je prends une grande inspiration avant de soupirer bruyamment.
Moi : Je voulais l'utiliser contre toi. Je ne savais pas comment mais j'espérais que ce crétin se montrerait utile. Mais une fois que j'ai pris du recul, je me suis rendue compte que j'agissais en mal. Il fallait que je me débarrasse de lui, de ce fardeau. Il fallait que je le livre à la police. Je suis désolée Amélia, je n'avais pas vu loin.
Amélia : Au moins tu t'es rendue compte de ton erreur et c'est une bonne chose.
Elle me prend de nouveau dans ses bras et je pleure encore un bon moment. Nous restons ainsi durant des longues minutes avant que je ne me décide de partir enfin.
Moi : S'il te plaît, tiens-moi au courant lorsque l'opération de Myra va commencer et lorsqu'elle sera terminée.
Amélia : Je ne manquerai pas... Au revoir.
Moi : Prend soin de toi et ne te fatigue pas trop.
Elle m'adresse un délicat sourire, s'accompagnant d'un geste de la main. Je disparais la minute qui suit, le cœur léger, un grand sourire sur les lèvres.
Trois années après, j'ai retrouvé ma sœur. Je ne sais quantifier la joie qui jaillit de mon cœur. La journée ne pouvait pas mieux finir.
J'ai comme une soudaine envie de crier haut et fort que je suis heureuse et enfin libre. Je me sens pousser des ailes, c'est une incroyable sensation de liberté, de délivrance et de bien-être.
Je décide enfin de quitter le lieu, le cœur apaisé. Je monte dans un taxi qui me dépose chez moi.
À l'entrée, je vois un véhicule garer devant la clôture et la porte d'entrée à moitié ouverte. Une grande frayeur s'empare de moi, je crois qu'il y a un cambrioleur chez moi !
Je ne sais pas si il faut que j'entre ou si il faut que je prévienne la police. Mais poussée par une sorte de curiosité, je me décide de voir réellement ce qu'il en est, avant de céder à la panique.
Je m'avance vers l'entrée aussi lentement que possible. Le rythme de mon cœur est effréné, tout mon corps tremble de peur. Je prends appui sur le seul côté libre de l'embrasure de la porte. Je jette un œil vers l'intérieur et je reste figée par le visage que je vois apparaître un peu plus loin.
Je laisse tomber mon petit sac à main, ce qui alerte la personne face à moi. Son visage se dévoile pleinement à moi, me montrant à quel point il est devenu méconnaissable. C'est lui, c'est mon frère, celui que j'aime plus que tout, mon sang. J'ignore si c'est un rêve ou bien si c'est la réalité, mais je préfère m'accrocher à ce que mes yeux et mon cerveau me renvoie.
Trois longues années que je n'ai plus revu son visage. Je croyais même avoir oublié à quoi il ressemblait. Je n'imaginais pas que nos retrouvailles seraient de la sorte, je n'espérais pas le voir poser de son propre chef ses pieds dans cette maison. Je pensais que c'était plutôt à nous d'aller le retrouver, je ne me suis jamais imaginée le contraire.
Maintenant qu'il est face à moi, je me remémore la raison pour laquelle il est parti et une grande honte m'envahit. Je baisse les yeux, m'attendant à une sanglante reproche que je n'ai jamais eu droit depuis tout ce temps passé, mais que je mérite amplement.
Travis : Salut Mélanie ! me dit-il d'une douce voix.
Je lève mes yeux vers lui, ravivée par cette voix suave. Je redécouvre ce joli sourire qui m'accueille et je me sens toute bizarre d'un coup. Je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part. Dans tous les scénarios que je me suis imaginée, je le voyais toujours en colère contre moi lors de nos retrouvailles. Je savais tout de même qu'une meilleure issue était possible mais c'était juste trop beau pour être vrai.
Travis : Je suis ravi de te revoir. Tu m'as beaucoup manqué sœurette.
Je ne sais quoi lui dire, je n'en reviens toujours pas qu'il puisse être là devant moi et qu'il me parle comme si de rien n'était, comme si il était tout simplement parti pour un long voyage et qu'il est maintenant de retour.
Il s'avance vers moi et me prend dans ses bras. Sans m'en rendre compte, je me mets à pleurer sans pouvoir m'arrêter. Travis me serre encore plus fort contre lui et moi je fais pareil.
Travis : Cesse de pleurer. Je suis là maintenant.
Moi : Mais qu'est ce... Pourquoi t'as décidé de revenir ?
Travis : Figure-toi que ce sont tes amis qui m'ont convaincu de revenir.
Moi : Qui ça ?
Travis : Bah Myra, Jim et Amélia. Qui veux-tu que ce soit d'autre ?
Moi : Ils ont vraiment fait ça !? dis-je toute étonnée.
Travis : Oui, ils s'inquiétaient beaucoup pour toi. Ils m'ont d'ailleurs raconté tout ce qui s'est passé, tout ce que t'as fait après mon départ.
Moi : Tu dois être déçu de moi je suppose, dis-je en baissant les yeux.
Travis : Oui je l'ai été au début mais j'ai très vite compris. J'ai surtout compris combien tu tenais à moi... J'aurais pas dû te quitter de cette façon là. Et je me sens en partie coupable de ce que t'es devenue après mon départ.
Moi : Tu n'as pas à l'être, Travis.
Travis : S'il te plaît Mélanie, cesse de t'en prendre à tes amis. Toute cette colère et cette haine que tu emmagasines ne t'emmèneront nulle part. Tu ne trouveras pas des amis en or comme eux, ailleurs. Ta colère voile ta perception des choses. Tu ne te rends pas compte de la chance que t'as de les avoir.
Moi : Ça ne risque plus d'arriver frérot. Cette après-midi, j'ai réalisé combien j'ai été injuste envers eux. J'ai eu honte de mes actions irréfléchies, j'ai même failli causer la mort de plusieurs personnes juste parce que j'ai agi sans penser aux conséquences. L'une de mes meilleures amies est sur un lit d'hôpital en ce moment et c'est de ma...
Travis : Quoi ? Qui ça ? me coupe t-il.
Moi : Myra. Elle a eu une attaque juste après que j'ai semé la pagaille dans sa famille et que j'ai envoyé sa mère à l'hôpital.
Travis : Mon Dieu !... Rassure-moi qu'elles vont bien toutes les deux ?
Moi : Oui elles vont bien. Sa mère est dans un état stable et quant à Myra, elle est éveillé et en pleine possession de ses facultés. Bien qu'elle doit subir une intervention chirurgicale pour un problème cardiaque.
Travis : Elle vous en a parlé en fin de compte.
Moi : T'es au courant de ça ? Mais comment ?
Travis : Elle me l'a fait comprendre cette après-midi sans que les autres le sache. C'est d'ailleurs elle qui a le plus réussi à me convaincre de revenir.
Moi : Qu'est-ce qu'elle a bien pu te dire pour te faire changer d'avis ?
Travis : Elle m'a juste rappelé le sens de l'amitié et de la famille. Vouloir rester seul au monde avec ses problèmes est le dernier conseil que je donnerai à quelqu'un. J'étais perdu et ses paroles m'ont ramenée sur les bons rails.
Je souris après ses mots. Travis a pris un sacré coup de maturité, je ne reconnais plus le roi des crétins, le sportif bourré de testostérone qui faisait tomber toutes les filles du bahut. Je me demande encore ce qu'elles trouvaient toutes de spécial en lui.
Tout ce que je vois à présent c'est un mec tout droit sorti de la brousse, le visage crasseux, la barbe touffue et les cheveux plus qu'en bataille. Il schlingue la mort, maintenant que j'y prête attention.
Malgré tout, je suis ravie de le revoir, de sentir sa présence près de moi. Il me sourit et je le lui rends.
Travis : La première de chose à faire demain c'est rassembler tous tes amis pour réussir à faire la plus grande réconciliation que le monde n'ait jamais connu, dit-il d'un ton comique.
Moi : T'inquiète, dis-je avec un rire léger, j'ai déjà réussi à arranger les choses avec Myra et Amélia. Il me reste plus que Jamie, je baisse la tête en finissant cette phrase.
Travis : T'as déjà réussi le plus dur alors désespère pas.
Je lui souris agréablement avant de me lever du canapé où je me suis posée sans m'en rendre compte.
Moi : Papa va bientôt rentrer, je vais dresser la table pour trois, ensuite j'irai ranger ta chambre.
Travis : Te donne pas autant de peine, j'irai m'en charger tout seul.
Moi : Je tiens à le faire, Travis.
Travis : Mélanie...?
Moi : Quoi ? Je ne lâcherai pas l'affaire aussi facilement.
Travis : Okay, fais comme tu veux. Du moment que ça te fait plaisir et que mon lit est très bien fait, je ne lancerai plus aucune objection.
Nous rions tous les deux aux éclats avant de nous mettre à table. Nous avons attendu papa un long moment mais vu qu'il ne se décidait pas de rentrer, j'ai dû l'appeler pour savoir ce qu'il s'est passé. Il a essayé de me rassurer mais le ton de sa voix ne reussit pas à me convaincre. Je ne lui ai rien dit sur Travis pour qu'il puisse le voir de ses propres yeux et pour ne pas lui gâcher la surprise mais je commence à croire que j'aurais mieux fait de le lui dire au téléphone.
Il semblait avoir le moral à zéro lorsque je l'ai eu au téléphone. J'espère juste que le retour de Travis lui fera un grand bien.
Bref, je finis de ranger la chambre de Travis puis je rejoins la mienne après un bon bain. J'enfile ma tenue de nuit puis je m'allonge sur mon lit. Mes pensées se dirigent toutes vers Myra. Je crois que son opération a déjà débuté. Je croise les doigts que tout se passe bien.
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Hello !
Des avis sur ce chapitre ?
Je vous rappelle que c'est l'avant dernier chapitre. Plus qu'un pour fermer la boucle.
Prenez soin de vous et à bientôt pour la finale.
Bisous 😘😘😘
Bye 👋👋👋
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