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● PDV DE MYRA ●
Jim et moi sommes finalement rentrés à l'appartement. Amélia a tellement insisté pour que nous déguerpissons de l'hôpital que nous avons dû céder. C'est une véritable folle cette fille et je suis vraiment contente que le sourire s'affiche enfin sur son visage, que ce lourd fardeau qu'elle a longtemps porté lui soit ôté. Elle mérite tant d'être heureuse comme elle l'est maintenant.
De mon côté, je commence à m'y faire avec les taxis et les bus à longueur des journées. J'avoue que c'est un peu chouette de rencontrer des visages inconnus et d'être emportée par toutes ces histoires et ces ragots qui circulent entre les rangées des bus. La présence de Jim m'apaise énormément, j'ai l'impression de vivre la plus belle période de ma vie.
Jim : A quoi tu penses ?
Moi : A toi bien sûr, je souris.
Il me le rend avant de déposer un baiser sur mes lèvres. Je ne m'en lasse plus, tous ces gestes et ses preuves d'amour qui me montrent ouvertement me font me sentir si spéciale, si unique et tellement irremplaçable à ses yeux.
Nous arrivons finalement à notre arrêt et nous descendons du bus, main dans la main. Jim passe sa main sur mes épaules et me colle à lui. Je le prends par la taille et nous nous dirigeons vers l'immeuble où nous logeons.
L'instant qui suit, mon sourire se dissipe. Je suis tout de suite interpellée par ce raffut qui vient depuis le hall du bâtiment. Dites-moi que ce n'est pas ce à quoi je pense ! Que ce n'est pas lui !
Je cours vers l'entrée après avoir reconnu une voix, celle de mon père. Non c'est impossible que ça puisse être lui ! Comment peut-il savoir que je suis ici !?
Je monte rapidement les marches puis pousse la porte en vitre. Je découvre à ma grande surprise mon père qui crie à la réceptionniste, ma mère qui essaie de le calmer et Mélanie qui croise ses mains en regardant la scène.
Mon père : LAISSEZ-MOI MONTER PARLER À MA FILLE !
La réceptionniste : Croyez-moi lorsque je vous dis qu'il n'y a personne dans l'appartement. Ils sont tous sortis.
Ma mère : Calme-toi chéri, regarde tout ce monde qui nous entoure, c'est presque un scandale que tu nous fais là.
Je suis surprise de les trouver ici, je n'en reviens pas. Comment sont-ils au courant que c'est ici que je suis ? Ça doit être encore un coup de Mélanie j'en suis sûre. Elle a l'air de se plaire en causant des ennuis.
Je suis extrêmement gênée par ce qui se passe devant moi, je veux tout de suite que ça s'arrête, mon père me colle la honte devant tout ce monde.
Moi : PAPA !
Tout le monde se tourne vers moi. Je vois le visage de mon père fondre dans une extrême colère, je ne l'ai jamais vu aussi furieux. Il doit certainement beaucoup m'en vouloir mais je ne céderai pas tant qu'il n'aura pas compris pourquoi j'agis ainsi.
Jim arrive enfin à ma hauteur, ne comprenant pas ce qui se passe. J'aurais préféré qu'il ne soit pas là, je sais que mon père va faire toute une scène et je ne veux pas que Jim assiste à ça.
Mon père s'avance vers moi. Il s'arrête à mi-mètre, me dévisageant avec colère. Je lui offre aussi mon regard le plus téméraire avant de voir s'abattre une terrible gifle sur ma joue qui fait basculer ma tête vers la droite.
Paff !
Un violent acouphène prend d'assaut mes oreilles après cette lourde gifle que je viens de recevoir. Le silence règne désormais en maître. J'ai comme l'impression d'être déconnecter de la réalité un bref instant, lancinée par la douleur autant physique que psychologique que me procure ce geste surprenant de mon père.
Ma main gauche vient caresser ma joue endolorie, c'est la toute première fois que mon père lève la main sur moi. Je suis en même temps surprise et légèrement en colère.
Jim tente d'intervenir mais avec ma main droite serrée autour de son poignet, je lui fais comprendre de s'arrêter. Je ne veux surtout pas que ça parte en vrille car je sais que tout comme mon père, Jim aussi est capable de s'enflammer pour un rien.
Mon père : C'EST A CAUSE DE CE GARÇON QUE T'AS QUITTÉ LA MAISON ? RÉPONDS-MOI !
Je reviens lui faire face toujours avec mon regard téméraire.
Mon père : JE ME SUIS DÉMENÉ POUR QUE TU NE MANQUES DE RIEN, POUR QUE TU AIES UNE BONNE ÉDUCATION ET CE DE CETTE FAÇON QUE TU ME REMERCIES ? EN TE JETANT DANS LES BRAS DE CE PROFITEUR !?
Jim : Je ne vous permet pas de me traiter de profiteur, monsieur. J'ai juste ouvert ma porte à votre fille, ou bien peut-être que vous vouliez qu'elle se retrouve dans la rue !?
Mon père s'apprête à se jeter sur lui mais je m'interpose pour l'en empêcher. Il me fixe l'air étonné, n'en revenant pas de ce qu'il voit.
Moi : T'as dit ce que t'avais à dire, maintenant c'est à mon tour de parler.
Ma mère s'avance pour essayer de calmer mon père et ç'a l'air de fonctionner. Il recule d'un pas en me fixant désagréablement.
Moi : Tu me prends toujours pour une gamine de huit ans papa, à tes yeux je suis incapable de faire quelque chose toute seule ou de prendre une décision toute seule. Tu veux tout contrôler de moi mais moi je veux apprendre à voler de mes propres ailes.
Il laisse tourner ses yeux autour de la foule qui nous encercle. Je crois qu'il se rend compte du scandale qu'il vient de déclencher.
Moi : Tu l'as toi-même dit "Tu es le maître dans ta maison et tant que j'y serai, c'est toi qui sera aux commandes". Mais ici ce n'est pas chez toi et tu ne peux rien me dire ni rien me faire.
Il est tout rouge de colère après ce que je viens de dire. Ma mère est presqu'en larmes, je vois son regard qui a l'air de me supplier de venir avec eux. Elle s'avance vers moi puis me tient par la main. Je vois une larme solitaire jaillir de son œil gauche.
Ma mère : S'il te plaît Myra rentre à la maison avec nous, tu sais bien que cette maison ne vaut rien sans toi, me supplie-t-elle en sanglotant.
Mon cœur se remplit de remords, je n'aime pas voir ma mère dans cette état. Elle souffre beaucoup et c'est à cause de moi.
Ma mère : Je te promets qu'on va en parler, tes amis pourront venir te rendre visite si tu le veux, tu pourras sortir et faire ce que tu veux mais s'il te plaît viens avec nous... Tu sais très bien que tu dois être opérée d'ici deux semaines, tu dois venir avec nous.
Jim écarquille les yeux en attendant parler d'opération. La bombe vient d'être lâchée et je ne peux que constater les dégâts. J'aurais aimé le lui annoncer en personne lorsque le moment serait venu, lorsqu'on serait suffisamment calme et détendu mais malheureusement les choses se sont précipitées.
Il me fixe étrangement, en cherchant une réponse mais je préfère me tourner vers ma mère pour essayer de mettre les choses au clair.
Moi : Je ne retournerai pas dans cette prison tant que papa continuera d'agir de cette façon. Si il ne veut pas me respecter et respecter ma liberté, je ne remettrai plus jamais mes pieds dans cette maison.
Mon père fait un pas en avant. Il me détaille désagréablement avant de rompre son silence.
Mon père : A partir d'aujourd'hui tu es libre de faire ce que tu veux. Je n'ai plus de fille. Ma fille vient de mourir tout à l'heure, sous mes yeux.
Ces mots me transpercent profondément le cœur, une sensation indescriptible m'envahit. Les larmes me montent dans les yeux alors que ma bouche ne préfère pas rompre le silence où je suis plongée. Mon père vient de me renier devant tout le monde, sans le moindre remord. Une grande tristesse se dessine sur mon visage, je ne sais même pas exprimer ce que je ressens sur le coup.
Il se dirige vers la sortie suivis par ses gardes et Mélanie qui n'a pas sorti un seul mot depuis que je suis arrivée. Ma mère me fixe tristement encore un bon moment jusqu'à ce qu'elle se rende compte que ma décision est bel et bien prise et qu'elle ne peut rien faire pour la changer.
Elle rejoint les autres me laissant debout comme une statue face à la réception. Toute la foule qui s'est attirée se dissipe, il ne reste plus que Jim et moi. Il me prend dans ses bras puis peu de temps après, nous montons dans l'appartement.
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● PDV DE JIM ●
Je me pose à côté de Myra avec un verre d'eau à la main. Je le lui tends et elle sirote un coup. Elle continue de trembler en sanglotant et ça me fait terriblement mal de la voir ainsi.
Je sais qu'on a beaucoup à parler comme par exemple au sujet de cette opération que j'ignore totalement, mais je vais d'abord m'assurer qu'elle va bien, qu'elle reprenne ses esprits car je sais qu'elle est profondément troublée par ce qui vient de se passer.
Myra me fixe un moment avec insistance. Je décèle une certaine anxiété mêlée à de la peur dans son regard agité. Elle a l'air de se reprocher quelque chose ou plutôt qu'elle a peur que je ne découvre quelque chose qu'elle ne voulait certainement pas que j'apprenne. Ça doit avoir un rapport avec la soi-disante opération. Je fronce les sourcils pour essayer de deviner de quoi il peut bien s'agir mais rien ne fait la ronde de mon cerveau.
Myra : Je sais que t'es entrain de te poser mille et une questions au sujet de ce que t'as entendu. Au sujet de l'opération.
Moi : C'est quoi ça encore cette histoire ? demandé-je d'une douce voix. Pourquoi doit-on t'opérer ?
Elle me fixe tristement puis ajuste sa position sur le canapé avant de se lancer.
Myra : Il y a six ans, on m'a diagnostiqué une insuffisance cardiaque et depuis, j'ai suivi des traitements mais c'était sans succès. Le docteur Sylver, un ami de mon père a donc suggéré une transplantation cardiaque vu que les traitements sont inefficaces. Il s'est donc mis à la recherche d'un donneur compatible mais ç'a vraiment pris du temps. Ce n'est que récemment qu'il a contacté ma mère pour lui informer que l'opération aura bien lieu car il avait trouvé un donneur.
Mon visage se décompose face à elle et je crois qu'elle le remarque bien. Je n'arrive pas à croire qu'elle m'est cachée une telle nouvelle. Je me serais bien fâché contre elle mais sur le coup, je trouve que ce n'est pas la meilleure réaction. Elle ne va déjà pas bien et je ne veux pas l'enfoncer encore plus.
Myra : Je cours un grand risque si l'opération n'est pas un succès. Je risque de mourir Jim, sombre-t-elle en sanglots.
Je trouve assez de calme pour placer cette question qui m'irrite depuis tout à l'heure.
Moi : Pourquoi tu m'en as jamais parlé ?
Elle essuie ses larmes et baisse ses yeux pour éviter les miens qui s'enflamment déjà de colère mais qui restent néanmoins noyés dans une profonde tristesse.
Myra : Parce que je voulais que tu souffres moins si le pire devait se produire... Regarde-toi, je n'ai même pas encore subi mon opération que tu parais déjà abattu. C'est exactement ce que je voulais éviter, que ma situation rende tout le monde autour de moi triste. Ça me fait encore plus mal quand je vois ça.
Ses mots me font revenir à moi, je ne sais pas quoi dire face à cette situation. Je la prends juste dans mes bras. Elle pleure sur mes épaules et je l'avoue, ça me fait terriblement mal de la voir aussi vulnérable. Je reviens lui faire face en forçant un sourire pour la rassurer.
Moi : Tout va bien se passer, regarde je ne suis pas triste, tu vois !?
Elle sourit après mes paroles et commence à se calmer petit à petit. Un moment de silence s'écoule avant que je ne reprenne.
Moi : Qui d'autre est au courant ?
Myra : En dehors de mes parents, t'es la première personne à le savoir... Jim je voulais t'en parler mais je ne trouvais pas le bon moment. Je voulais surtout ne pas gâcher nos moments de bonheur et complicité, t'avais tellement l'air heureux et...
Moi : Je comprends, lui coupé-je. N'en parlons plus, tu veux ? conclus-je avec un sourire.
Myra : Oui, t'as raison.
Dring Dring !
Le téléphone de Myra se met à sonner, m'arrachant un sursaut.
Moi : C'est qui ?
Myra : Je sais pas.
Elle décroche après un moment d'hésitation.
Myra : Allô ?
??? : ...
Myra : Qu'est-ce qu'il y a, Mme Jillian ?
??? : ...
Myra : Quoi ? Comment... ? Où sont-ils ? Dans quel hôpital ?
??? : ...
Myra : Okay, j'arrive, dit-elle toute paniquée.
Elle raccroche en se levant directement du canapé. Elle a l'air troublée, en panique. Je crois qu'on vient de lui annoncer une très mauvaise nouvelle.
Moi : Qu'est-ce qu'il y a ?
Myra : C'est ma mère. On lui a tiré dessus à leur chemin du retour, dit-elle la voix qui tremble.
Moi : Quoi ? Mais comment... ?
Myra : Je n'en sais rien. C'était Mme Jillian, notre majordome au téléphone. J'ai vraiment pas de temps à perdre, il faut que j'aille à l'hôpital.
Moi : Okay, je t'accompagne.
Nous sortons tous les deux en trombe pour nous rendre à l'hôpital. Nous arrivons facilement à trouver un taxi et nous montons dans une grande panique.
Myra ne va pas du tout bien depuis qu'elle a appris la nouvelle. Une grande frayeur la plonge dans un profond silence. Son visage est tout pâle, elle a l'air de culpabiliser pour ce qui est arrivé à sa mère. Je l'entends maintenant fredonner une prière alors qu'elle tremble terriblement.
Je ne sais vraiment pas ce que je pourrais lui dire en ce moment, je n'ai vraiment pas les mots justes après tout ce que nous avons vécu au cours de cette journée. Je tiens juste sa main fermement pour qu'elle n'oublie pas que je suis là pour elle et que je ne la laisserai pas tomber.
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