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● PDV DE MÉLANIE ●

Je savoure ce bon verre d'eau en fixant la rue qui se dévoile à travers la fenêtre. Je me serais bien servie du vin ou du whisky mais les policiers me gardent à l'œil. "Je ne suis pas encore à l'âge de prendre de l'alcool" disent-ils. Si seulement ils savaient...

Mon père n'est pas à la maison comme toujours depuis quelques temps, et j'avoue que c'est tout à mon avantage. Je ne veux surtout pas qu'il sache ce qu'il s'est passé ici aujourd'hui, la plainte contre Dixon et tout le reste, même si j'ai d'un côté peur que ce détraqué le retrouve et qu'il lui fasse du mal. Dixon est un fou, il peu facilement s'en prendre à mon père, je sais qu'il en est capable.

J'avais promis à ce crétin qu'il allait payer pour tout ce qu'il m'a fait. Si il était ne serait qu'un peu intelligent, il aurait dû prendre en considération mes mise en garde, je l'avais prévenu qu'il était loin de savoir de quoi je suis capable.

J'espère vivement que la police va le retrouver et de cette façon, je serai en mesure de tourner enfin ce sombre chapitre de ma vie.

Les policiers m'ont demandée pourquoi j'ai gardé toutes ces preuves avec moi alors que je pouvais le faire couler bien avant. J'ai dû les mentir en disant que j'avais peur de lui mais en réalité, j'ai toujours pensé qu'il me serait d'utilité un jour. Mais depuis que j'ai vu Myra et Jamie hier entrain de s'embrasser, j'ai dû changer mes plans. Porter ce fou une seconde de plus sous mon aile n'avait plus de sens. C'était un fardeau de trop à supporter, mon esprit risquait de sombrer dans la folie à force de tout encaisser.

Je finis mon verre d'eau avant de la ranger dans l'armoire, chassant toutes ces pensées. L'un des policiers sensés assurer ma sécurité, débarque dans la cuisine, un grand sourire flanqué sur ses lèvres.

Le policier : Bonne nouvelle, nous l'avons retrouvé !

Un sourire victorieux vient étirer mes lèvres. Je peux enfin respirer après des heures d'inquiétude. Savoir que ce détraqué était dans la nature ne m'offrait aucune assurance, j'avais constamment peur.

Moi : Dieu merci !... Et où l'avez-vous retrouvé ?

Le policier : Il a voulu s'en prendre à une jeune femme, une certaine Amélia Diaz. Des coups de feu ont retenti dans l'enceinte de l'hôpital, Dieu merci personne n'a été touchée.

Je suis comme foudroyée par cette nouvelle. Je ne sais pas ce qui m'arrive mais une grande peur s'est emparée de moi lorsque l'agent de police a parlé de fusillade. C'est vrai que je déteste intensément Amélia mais sur le coup, j'ai peur qu'il lui arrive malheur. Je ne pourrai jamais supporter si elle avait trouvé la mort à cause de moi. Au bout d'un court instant j'étais comme perdue dans mes sentiments, les moments nostalgiques entre elle et moi me sont revenus à l'esprit et je me suis rappelée de la fille qu'elle était avant cette stupide guerre. Je me sens d'un coup dégoûtée par tout ce que chacune de nous a dû faire pour ne pas perdre la face devant l'autre. Une grande honte m'envahit.

Moi : Et qu'est-ce que faisait Amélia dans cette hôpital ? dis-je l'air inquiet.

En fait, je l'étais très sincèrement. J'étais inquiète pour Amélia, je voulais être vraiment sûre qu'elle était bel et bien en sécurité.

Le policier : Vous la connaissez ?

Moi : Oui, euh c'est une amie.

"Amie" c'est un mot bien lourd que ma bouche vient de sortir. Je n'espérais plus jamais le dire lorsqu'il s'agit d'Amélia mais faut croire qu'une partie de moi s'attache encore à elle, à notre amitié.

Le policier : Il paraît que sa mère est hospitalisée raison pour laquelle elle se trouvait sur ce lieu.

Une autre nouvelle qui vient me secouer. Je suis prise par une terrible effroi. La mère d'Amélia est comme ma seconde mère. Elle s'est toujours comportée comme une mère envers moi même après qu'Amélia et moi soyons en froid. Elle n'avait pas pris position pour sa fille, elle était restée impartiale face à cette situation, nous aidant à surmonter toutes les deux ces durs moments.

Je repense à notre dernière discussion. J'étais au bord de la plage, complètement déprimée et désemparée. Elle m'a trouvée là, les mains qui voulaient arracher le cardigan que je portais en ce début d'automne. Elle essayait de me remonter le moral mais moi je me suis laissée emporter par la colère que j'avais pour sa fille. Je lui ai dit qu'elle n'était pas ma mère et qu'elle devait arrêter de se comporter comme tel.

Ça l'a profondément blessée, je l'ai vue dans son regard. Elle n'a pas pu dire un mot de plus avant de s'en aller...

Je ne peux pas rester indifférente face à cette nouvelle. Je dois la voir et m'excuser auprès d'elle. Je n'aurais peut-être plus l'occasion de le faire alors autant me lancer tout de suite.

Je sais qu'il y a une forte chance que je tombe sur Myra et Jamie mais je m'en fous carrément d'eux et même d'Amélia. Ce ne sont pas eux que je veux voir.

Je nettoie les jeunes larmes qui viennent se déposer sur mes joues, je suis passée de la guerrière dure que je m'efforçais de façonner à une fille émotive qui s'accroche à des beaux souvenirs du passé. Après tout, il n'y a pas grand-chose de bon dans cette triste vie du présent. C'est peut-être le moment pour moi de décrocher, de me libérer enfin de cette emprise dans laquelle je me laisse enchaîner, du moins c'est ce que je ressens sur le coup.

Un vent de positivité s'engouffre dans mes poumons pour refaire vivre ce corps longtemps plongé dans l'agonie.

Le seul moyen de me libérer c'est de mettre fin à cette souffrance, de pardonner, de tourner enfin la page et de repartir de l'avant. Je veux faire un grand pas pour trouver ma paix intérieure et je sais par où commencer.

Moi : Conduisez-moi à cet hôpital s'il vous plaît, Mr l'agent.

>>>

● PDV DE MYRA ●

Une sale ambiance règne dans l'hôpital. Personne ne dit un mot sur ce qui vient de se passer. Jim n'a pas sorti un seul mot après sa prise de tête avec son père. Je ne veux pas évoquer le sujet tout de suite, je préfère qu'il se calme un tout petit peu avant d'entamer une discussion avec lui.

C'est la première fois que je voie son père. Il faut croire que le destin ne veut pas que nous puissions faire officiellement connaissance lui et moi, mais je sais  que ce jour viendra. Je nourrit beaucoup d'espoir pour ma relation avec Jim et j'espère qu'on sera débarrassé de tous nos problèmes et qu'on pourra enfin profiter pleinement de tout ce qu'on ressent l'un pour l'autre.

Amélia est blottie contre Clay. Elle s'était calmée un moment mais elle a fini par replonger dans ce traumatisme après que Jim et moi lui avons parlé de tout ce que Mélanie a fait dans la matinée. Une profonde amertume était montée en elle, suivie d'une terrible colère. Elle en voulait à Mélanie d'avoir autant mis sa mère et nous en danger. Je suis tellement inquiète pour elle, elle était heureuse hier encore. Je ne comprends pas pourquoi la vie ne veut pas la laisser savourer ses moments de bonheur.

Ce qui est sûr c'est que Mélanie nous doit beaucoup d'explications, je ne comprends pas pourquoi elle éprouve du plaisir à détruire les autres. Je sais pertinemment qu'elle avait une idée derrière la tête en jouant cette carte et spécialement aujourd'hui. Je ne la pardonnerai jamais si j'apprends que c'est elle qui a conduit ce Dixon jusqu'ici à l'hôpital. Elle aura largement dépassées les bornes si c'est le cas. Je ne peux plus supporter qu'à cause de sa stupide vengeance, qu'elle fasse du mal à tout le monde. Ce n'était pas que la vie d'Amélia qu'elle a mise en danger aujourd'hui, c'est aussi la mienne, celle de Clay, de Jim, de son père et de tous les gens qui se trouvaient à l'hôpital à cet instant.

Je n'ai jamais eu autant peur de ma vie. Cette peur n'était pas pour moi, j'avais surtout peur qu'il fasse du mal à Jim. Avec tous les problèmes que je dois affronter, j'ai appris à dompter ma peur. Ma vie a toujours tenu sur un fil depuis un bon moment et la peur est devenue mon quotidien.

Penser à mon insuffisance cardiaque me fait palpiter non pas d'angoisse mais surtout de peur, de peur que Jim l'apprenne. Je me dis toujours que je dois le lui annoncer mais je me dégonfle la seconde d'après lorsqu'il apparaît devant moi. Je ne veux surtout pas gâcher ces instants de bonheur que nous vivons ensemble depuis deux jours. Je trouve que c'est un peu tôt de lui en parler, j'attends le bon moment lorsque tout sera beaucoup plus calme.

Jim : Hey, tout va bien ?! T'as vraiment l'air perdue dans tes pensées !

Moi : Oui ça va, t'inquiète, je souris pour dissimuler mes craintes.

Je lève enfin mes yeux devant moi et c'est là que je vois Mélanie à l'autre bout, accompagnés de deux policiers. L'expression de mon visage change, je ne sais pas trop pourquoi. Jim la fixe lui aussi, il y a que nous deux qui l'avons vu jusque-là et j'espère que ça restera ainsi car j'ai vraiment peur de la réaction d'Amélia si elle tombe sur elle.

Je me presse d'aller vers elle pour qu'elle s'arrête d'avancer vers nous. Jim me suit lui aussi et tous les deux nous arrivons à la même hauteur que Mélanie. Elle nous fixe tristement, je peux apercevoir des larmes roulées sur ses pommettes, je me demande bien pourquoi. Je pense que c'est encore l'une de ses ruses pour essayer de me berner une nouvelle fois. J'en sais suffisamment sur elle alors elle ne peut plus me surprendre à présent.

Moi : T'es venue vérifier si nous sommes tous bien morts, c'est ça ?

Mélanie : Comment tu peux penser ça de moi, Myra ! Commence-t-elle les larmes aux yeux.

Jim : Arrête de jouer à la fille innocente, tu ne convaincs personne.

Mélanie : Vous pensez peut-être que je suis entrain de vous jouer un sale tour ? dit-elle en sanglotant.

Moi : Et tu veux qu'on pense à quoi d'autre après tout ce que tu fais chaque jour ?!

Mélanie : Il ne vous a même pas traversé à l'esprit que je puisse venir ici pour essayer enfin d'arranger les choses ? Vous pensez toujours que je ne peux que faire des mauvaises actions, que je suis incapable de changer et d'enterrer la hache de guerre.

Un léger silence s'installe. Jim et moi nous nous échangeons un regard étonné.

Mélanie : Je venait ici avec beaucoup d'enthousiasme et d'optimisme mais je me rends compte c'était une mauvaise décision. J'espérais rencontrer la paix en franchissant la porte de cet hôpital mais je sais désormais que je ne la trouverais nulle part quoi que je fasse. Je serai et je resterai toujours la méchante à vos yeux, alors autant mieux jouer mon rôle à fond et le rester à tout jamais, finit-elle la voix tremblante.

Elle se tourne après ces mots. Je ressens comme une grande culpabilité me brûler l'intérieur de mon corps. Les paroles de Mélanie étaient sincères, je n'en doute pas. Elle voulait sincèrement faire la paix et moi j'ai tout foiré.

Moi : Mélanie, attends !

Elle n'a pas osé se retourner. Je la vois qui essuie ses larmes. J'essaie de la rattraper mais Jim m'en empêche.

Jim : Laisse-la s'en aller, elle ne t'écoutera plus.

Je pleurs ma sœur, elle est venue à moi et je l'ai rejetée. Je n'aurais jamais dû lui dire tout ce que je lui ai dit, j'ai cédé à ma colère et j'ai merdé. J'espère pouvoir rectifier mon tir le plus vite que possible.

Nous retournons vers Amélia et Clay, et dès notre arrivée, Amélia s'aperçoit qu'il y a un truc qui cloche avec nous.

Amélia : Pourquoi vous faites cette tête ?

Nous nous échangeons un regard Jim et moi avant de nous mettre d'accord pour leur avouer ce qui s'est passé.

Moi : Mélanie était ici.

Le visage d'Amélia fond dans une grande colère. Je ne l'avais jamais vue comme ça depuis que je la connais. Elle était pour la plupart de temps triste, c'est l'image qu'elle m'a toujours renvoyée avant que j'apprenne à la connaître. J'ai ensuite découvert une Amélia plus souriante malgré les coups durs de la vie. Elle a toujours été forte et n'a jamais voulu céder à la colère par crainte de refaire une bêtise comme la dernière fois. Mais là, ses nerfs sont à bout. Je la trouve tout de même forte parce qu'elle arrive à garder un certain calme, à sa place j'aurais pété un câble depuis bien longtemps.

Amélia : Qu'est-ce qu'elle voulait ?

Moi : Euh, apparemment elle était venue pour faire la paix.

Jim : Mais rien ne nous dit qu'elle était sincère.

Moi : Moi je crois qu'elle l'était.

Amélia abaisse les yeux, cherchant à deviner ce que pouvait bien cacher la venue de Mélanie, mais sans succès.

Amélia : Et vous, qu'avez-vous fait ?

Moi : Euh, j'étais un peu sur les nerfs moi aussi après avoir frôlé la mort à cause d'elle alors je suis allée un peu fort avec elle... J'aurais dû l'écouter d'abord... J'ai merdé, continué-je en pleurs.

Amélia : Je te comprends Myra. A ta place moi aussi j'aurais craqué. Après tout ce qui s'est passé aujourd'hui, si elle s'était retrouvée face à moi, je crois que je l'aurais giflée sans hésiter.

Jim : Si elle était vraiment sincère alors attendons seulement que les choses se calment avant d'aller lui parler.

Amélia : Ça ne marche pas comme ça avec Mélanie. Nous lui avons donné une bonne raison de nous détester encore plus. Plus que jamais, elle va vouloir nous faire du mal parce qu'elle s'est sentie blessée. Elle est venue à nous et nous l'avons rejetée. Elle doit certainement nous en vouloir tous autant que nous sommes. Si sa guerre n'était au départ que contre moi, maintenant elle l'est contre nous tous. Nous devons trouver un moyen de la stopper.

Jim : Elle n'écoutera aucun d'entre nous. La seule personne qui peut la raisonner en ce moment c'est Travis mais on ignore tous où il est en cet instant.

Moi : Peut-être pas.

Ils tournent tous leur regard vers moi, les sourcils froncés.

Jim : Tu veux dire quoi par là ?

Moi : Je crois qu'on peut toujours savoir où il se trouve.

Jim : Comment ça ?

Moi : Quelques temps avant ton arrivée, Mélanie m'avait demandé de l'aider à retrouver son frère, du coup j'avais engagé quelqu'un pour le faire. Mais Mélanie avait finalement changé d'avis parce qu'elle avait peur de se confronter de nouveau à son frère. Mon gars avait continué ses recherches et je crois bien qu'il avait fini par le retrouver.

Je vois un sourire naître sur les lèvres de Jim. La nouvelle lui sans nul doute fait du bien.

Jim : Super ! dis lui de nous envoyer l'adresse, il faut qu'on parle tout de suite à Travis.

Ce sourire contagieux m'envahit moi aussi. J'ai cette impression que tout ira mieux maintenant, que Mélanie lâchera enfin prise sur sa vengeance. Qu'on formera un magnifique trio moi, elle et Amélia.

Mais si Jim et moi voyons les choses de façon positive et que nous ne cachons pas notre joie, Amélia me paraît plutôt triste. Elle s'est refermée sur elle-même comme ça l'a été le cas tout à l'heure après le passage de Dixon.

Moi : Tout va bien, Amélia ?

Je vois des larmes commencer à émerger de ses yeux longtemps humides.

Moi : Hey, qu'est-ce qu'il y a ? dis-je d'une douce voix, en attrapant son visage de mes mains.

Elle déglutit tout en sanglotant, avant de chercher à faire entendre sa voix.

Amélia : Et si Travis ne veut pas nous écouter ? Et si il ne nous aide pas ? Il est bien parti loin d'ici pour essayer de trouver une certaine paix, ça m'étonnerait qu'il veuille retourner juste pour nous aider.

Moi : Tout se passera très bien, je te le promets.

Amélia : Que se passera-t-il lorsque je me retrouverai face à lui ? Comment pourrais-je le regarder droit dans les yeux ?

Moi : Tu n'es pas obligée de venir avec nous tu sais. Tu dois rester ici pour veiller sur ta mère.

Amélia : Non, je dois venir avec vous. Je suis la seule à être capable de convaincre Travis de nous aider.

Je n'insiste pas car je sais que je ne réussirai pas à la faire changer d'avis. Nous nous levons tous les deux après une longue accolade. Le père d'Amélia débarque sur le lieu et celle-ci se presse d'aller l'accueillir et de tout lui raconter.

Je me délaisse dans les bras de Jim pour me laisser adoucir par sa chaleur bienfaisante. J'ai vraiment besoin de le sentir près de moi après tout ce qui s'est passé aujourd'hui. Il est le seul sur qui je peux m'accrocher.

●●●

Salut !

Aujourd'hui je vais pas trop parler. J'espère que le chapitre vous a plu.

On se retrouve très prochainement avec un nouveau chapitre !

En attendant, je vous souhaite de passer une excellente journée (soirée).

Bye 👋👋👋



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