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● PDV D'AMÉLIA ●
Des fins rayons de soleil viennent chatouiller mes paupières encore fermés. Je vois rouge mais tout s'éclaircit peu après que mes yeux se soient ouverts. Je me les frotte pour améliorer ma vision et sans surprise, je me découvre dans cette chambre d'hôpital, allongée sur le sofa où j'ai pris sommeil.
Je dirige mon regard vers ma mère, elle est profondément endormie et cela me rassure grandement. Elle a dormi comme un bébé, je crois que le stress et la fatigue qu'elle a subi tout récemment ont eu raison d'elle au fil du temps. Mais je suis tellement heureuse que tout ça soit derrière nous maintenant.
Je me tourne vers le fauteuil où était supposé être mon père et là, je m'aperçois qu'il est vide. Mon père a dû descendre au cafétéria, le pauvre, il doit certainement avoir très mal après avoir dormi dans ces conditions.
Je suis attirée par le bout de papier déposé sur le coussin du fauteuil. C'est sans doute un mot qu'il m'a laissé avant de s'éclipser. J'attrape le bout de papier pour découvrir ses inscriptions.
"Je suis rentrée à la maison prendre quelques vêtements propres pour ta mère. Je reviens bientôt
Papa"
Je décolle mon regard du papier avant de me diriger vers la fenêtre pour admirer la vue qui s'offre à moi. Je me sens toute soulagée que les choses aillent enfin bien dans ma famille. Certes ce qui est arrivé à ma mère m'a beaucoup bouleversée mais j'essaie de voir le bon côté des choses, cela a permis d'unifier notre famille et je suis vraiment heureuse. Je souris toute seule sans vraiment comprendre la véritable raison. C'est une belle journée qui commence, je le sens tout au fond de moi.
Mon téléphone sonne, venant interrompre ce moment de joie que je savoure toute seule dans mon coin. C'est Damien Stuart (DS), un pote du quartier. Je suis vraiment pas "ami-ami" avec lui mais il cause bien avec moi et j'apprécie beaucoup sa compagnie. Je me demande bien pourquoi il m'appelle en ce matin. Je décroche assez rapidement pour couper cette curiosité avide qui me pique soudainement.
Moi : Allô, Ds !
Ds : Yo, Frangine ça va !?
Moi : Ouais tout va bien.
Ds : Ouff, ça me rassure...
Moi : Euh il y a un problème ?
Ds : Malheureusement oui... J'ai un truc urgent à t'dire.
Le ton inquiet dans sa voix attise encore plus ma curiosité. Je sors immédiatement de la chambre pour ne pas déranger ma mère dans son sommeil.
Moi : Vas-y, je t'écoute, qu'est-ce qu'il y a ?
Ds : Le gars que tu m'as dit de retrouver, les keufs sont après lui. Il s'est sauvé mais il est traqué de partout. J'ai peur qu'il ne vienne à toi, sois vraiment prudente.
Mon sang se glace. Je suis comme perdue entre incompréhension et peur. Un terrible pincement vient tourmenter mon cœur en furie pendant que plusieurs interrogations s'acharnent sur mon esprit embrumé.
Moi : Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi il est...
Avant même que je ne finisse ma question, la communication avait coupé. Je décolle mon téléphone de mon oreille, un peu confuse alors qu'une voix tonitruante vient perturber le peu de calme qui restait encore en moi.
??? : Salut Amélia !
Je me tourne à cette voix masculine que je reconnais immédiatement, alors que je tremble quasiment de peur. Mes yeux tombent sur lui, Dixon Murray. J'ai comme l'impression que mon cœur a cessé de battre, un terrible effroi me plonge dans un univers de frisson dans lequel je ne sais me sauver.
Dixon : Tu pensais peut-être être la seule à être capable de retrouver les gens dans leur petite cachette... Bah tiens, je me demande bien pourquoi t'es ici en fait.
Sur le coup, je suis comme fusillée par une terrible douleur dans ma poitrine. Je pense à ma mère, à ce que ce fou peut lui faire. Il doit déjà savoir pourquoi je me retrouve dans cet hôpital.
Je tremble encore de plus belle dans cette désillusion, une désagréable sensation qui me monte à la gorge. Mes yeux s'attardent sur ce qu'il essaie de dissimuler dans sa veste en cuir. C'est un pistolet automatique que j'entrevois indiscrètement.
Mon cœur se met à battre encore plus vite qu'à la régulière. La panique gagne peu à peu chaque cellule de mon corps mais je reste comme figé par la stupeur ou je ne sais quelle autre émotion qui se déverse sur moi.
Je ne peux pas m'enfermer dans la chambre où se trouve ma mère, j'ai peur qu'il n'entre et la tue. Je sais qu'il en est capable. Aussi dur que ça peut le paraître, je dois le garder près de moi ou plutôt l'éloigner de cette chambre. Je sais qu'il va me faire du mal mais je préfère ça plutôt qu'il n'arrive malheur à ma mère.
Alors que je me tue avec mes pensées, il attrape fortement ma main, me traînant vers l'extérieur du bâtiment. Je n'oppose aucune résistance par peur que ce fou s'en prenne à ma mère mais je sens que je vais sévèrement le regretter.
Le rythme saccadé de mon cœur envahit ma tête, étouffant tous les autres bruits des alentours. J'ai l'impression de faire un aller sans retour, ce qui alimente encore plus l'angoisse qui grandit en moi.
Je pense à mon père, ma mère, Jim, Myra, Clay et je ne sais qui d'autre tellement je me sens perdue. Je ne les reverrai peut-être plus jamais. Cet instant de bonheur n'aura été que très court, le temps d'une journée ou même moins que ça.
Je suis tellement submergée par la peur que je n'ai pas eu le temps de me poser les bonnes questions : Pourquoi s'en prend-t-il à moi maintenant ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi est-il recherché par la police ? Qu'est-ce que ç'à avoir avec moi ?
Je comprends nettement mieux pourquoi Ds était aussi troublé au téléphone, mais il ne m'a pas tout révélé, je ne sais trouver les mots justes pour persuader Dixon de me laisser partir car j'ignore sincèrement la raison pour laquelle il est là.
Dixon : Viens par ici, crie-t-il, on a beaucoup à se dire toi et moi.
Il me traîne vers l'extérieur en prenant une sortie de secours qui donne sur un étroit tunnel toujours dans l'immense concession. Il veut passer inaperçu et ce chemin semble être pour lui le bon moyen de se sauver sans être vu.
??? : Amélia ?
Je suis comme foudroyée à l'entente de cette voix. Une terrible frayeur s'empare de moi, je vois Dixon dégainer son arme sous sa veste. Je retiens mes larmes qui remplissent l'intérieur de mes yeux avant de me tourner et d'affronter le regard de Clay qui me fixe avec une pointe d'inquiétude tellement visible.
J'agite ma tête pour essayer de lui faire comprendre qu'il doit se tirer avant que ce fou de Dixon ne lui fasse du mal, mais il a pas l'air de comprendre. Je m'en voudrais si quelque chose de mal devait lui arriver, ça me tuera. Je l'aime profondément et je ne veux pas lui causer malheur.
Mes actions du passé sont entrain de me rattraper petit à petit et je ne veux pas qu'il en paie le prix. Tout est de ma faute si on en est arrivé là, j'aurais pas dû humilier Dixon devant toute l'école, j'aurais pas dû tourner le dos à Mélanie, j'aurais pas dû détruire l'avenir de son frère. J'ai largement souffert pour tout ça et j'ai appris à encaisser les coups et à vivre avec. Mais je ne permettrai pas que les gens autour de moi souffrent à cause de mes erreurs.
Moi : Qu'est-ce tu fais ici ? demandé-je l'air un peu surprise.
Clay : C'est quel genre de question ça, rigole-t-il. On c'était dit hier qu'on se reverra le matin. J'espère que tu t'en souviens ?
Moi : Oui bien sûr... Euh je suis un peu occupée pour l'instant, tu peux m'attendre à l'intérieur.
Clay : C'est qui ce mec ?
Moi : Personne... Clay s'il te plaît Clay, va m'attendre à l'intérieur.
Clay : Pourquoi tu fais cette tête ? T'as vraiment l'air effrayé ! Tout va bien, t'es sûre ?
Clay détaille Dixon étrangement, je dirais presqu'il le trouve suspect du fait qu'il (Dixon) transpirait beaucoup alors qu'on est à peine huit heures du matin.
Clay glisse lentement sa main dans sa poche pour sortir son téléphone mais Dixon comprend immédiatement qu'il veut contacter quelqu'un, peut-être la police semble-t-il se dire intérieurement. Il sort son arme pour le pointer en direction de Clay et sur le coup, une terrible frisson immobilise l'intégralité de mon corps.
Tout est parti si vite, la balle qui fuse au bout du canon et moi qui me jette sur Dixon pour dévier sa trajectoire. Mon cœur s'arrête de battre alors que je suis la balle des yeux. Elle finit sa course sur un vieux montant en bois, à quelques centimètres de Clay. Un terrible acouphène vient s'attaquer à mes oreilles alors que j'essaie d'empêcher Dixon de porter un nouveau tir sur Clay.
Je me découvre pour la toute première fois téméraire dans cette folie que j'ai engendrée. Cette pensée me replonge dans la triste réalité à laquelle j'essaie de m'échapper, je suis un monstre qui détruit tout sur son passage. J'ai failli tuer Clay tout à l'heure et prochainement ça sera peut-être le tour de Jim ou Myra ou peut-être encore une autre personne à qui je tiens.
Je sombre dans une sorte de dépression, j'ai l'impression qu'une voix intérieure me reproche d'être à la base de tout ce chaos. C'est vraiment horrible et traumatisant. Je tremble frénétiquement, je voudrais que ça s'arrête mais impossible même lorsque je me bouche les oreilles.
Clay se jette sur Dixon pour essayer de le neutraliser mais durant cette affrontement assez musclé, un nouveau tir s'échappe sur le feu de l'action. Je reste là en spectatrice, comme coupé de la réalité, pleurant toutes les larmes de mon corps. J'ai l'impression de ne plus avoir la pleine possession de mon corps, qu'il ne me reste plus que mes yeux pour observer pendant que tous mes autres sens se sont cachés, trop lâches pour affronter cette réalité.
Dixon prend maintenant le dessus sur Clay et l'enchaîne avec des coups au visage, sous mon regard impuissant. Il pointe son arme sur Clay alors que celui-ci est allongé sur le sol, incapable de bouger. Mon sang ne fait qu'un tour, je reste là toujours paralysée par l'enchaînement des événements.
J'ai l'impression que le temps s'est arrêté ou c'est plutôt moi qui suis perdue dans cette folie. Jim et Myra sont apparus face à nous comme par magie, je ne sais plus trop le moment où ils ont débarqué, j'ai comme l'impression d'avoir été ailleurs durant ce court instant.
Aussi étrange que ça puisse le paraître, je ressens comme un "boom" au fond de moi. Ils se sont jetés eux aussi dans la gueule du loup, Dixon ne va pas les louper, j'en suis certaine.
Je tremble de plus belle, tout ceci ne va pas bien finir, je le sens tout au fond de moi. Connaissant Clay et Jim, ils ne vont pas capituler et Dixon sera dans l'obligation de les éliminer. Cette horrible pensée réussit à elle seule à me mettre dans un état de panique incontrôlé.
Dixon : Ose faire un pas de plus et ce crétin meurt ! crie-t-il à l'encontre de Jim qui essaie d'avancer.
Ma langue est bien trop lourde pour articuler une seule phrase. Je suis prisonnière de cette déchéance à laquelle je suis l'auteure. Trop lâche pour me soumettre à la réalité que j'ai façonnée.
Dixon : Vous allez gentiment me laisser partir avec cette folle d'Amélia et je ne buterai pas ce pauvre con.
C'est la seule issue possible pour que mes amis s'en sortent indemnes, je dois me plier aux exigences de Dixon en espérant qu'il tienne parole, qu'il leur laisse la vie sauve. Je suis prête à courir tous les risques possibles pour les épargner mais j'ai surtout l'impression que Jim n'a pas compris que c'est fini, qu'il faut lâcher prise maintenant. Je vois dans ses yeux qu'il n'est pas prêt à renoncer aussi facilement. Dixon le comprend aussi et s'active à mettre la pression sur lui en tirant une nouvelle fois à terre, à quelques centimètres de Clay.
Jim : C'est bon ! Tu peux partir avec Amélia, personne ne va t'en empêcher.
Dixon : Mettez-vous contre mur, les mains en évidence.
Jim et Myra s'exécutent sur le champ, libérant ainsi le passage à Dixon. Il m'attrape par le bras en posant son arme sur ma tempe avant de la rediriger vers les deux autres collés au mur. Clay est toujours allongé à terre, ne pouvant quasiment plus bouger.
Nous avançons petit à petit lui et moi, son flingue toujours sur mes amis afin de les tenir à l'écart mais soudain j'entends un tir retentir. Dans un fragment de seconde, je me retrouve propulsée à terre, le visage fracassé sur le trottoir.
Suis-je morte ? Mais pourquoi je ne ressens aucune douleur ? Pourquoi j'ai l'impression d'être toujours en vie ? Si ce n'est pas sur moi que la balle a fini, qui donc a été touché ?
Alors que les interrogations fusent de partout dans ma tête, je vois Dixon me rejoindre sur le trottoir, la tête écrasée par une botte en cuir et les mains tirées vers le haut.
Son arme tombe entre la faible distance qui me sépare de lui. Je suis comme soudainement reconnectée à la réalité, mes yeux arpente lentement l'individu qui vient de me secourir. C'est un homme qui nage dans la quarantaine, les cheveux bruns une barbe mal soignée et le visage presque assommé par les rudes épreuves de la vie. Il n'est peut-être pas comme les héros qu'on voit dans les films mais sa bravoure ne me laisse pas indifférente. Il neutralise Dixon le mettant hors d'état de nuire.
Je divague mes yeux autour de moi pour m'assurer que mes amis vont bien, surtout après ce dernier coup de feu dont j'ignore sa destination. Et Dieu merci, tous vont bien, façon de parler car mon Clay s'est bien fait amoché par ce brut.
Je lâche un Ouf de soulagement après que mon cœur s'est rassuré que le danger est loin derrière nous. Myra vient me serrer dans ses bras, Clay se relève de l'endroit où il était allongé et Jim s'avance vers le monsieur qui est venu à notre secours. Son visage devient tout colérique, ce qui pique un peu ma curiosité malgré le fait que je n'y prête qu'une légère attention.
Jim : Donc tu me suis maintenant ?!
L'homme : Je t'ai pas suivi, j'étais déjà au sein de l'hôpital lorsque j'ai entendu les tirs. Je suis venu pour voir si je pouvais apporter mon aide et c'est là que je t'ai trouvé.
Jim : Ça marche pas avec moi tes baratins. Je te remercie d'être venu à notre secours mais cela ne change en rien ce que je pense de toi.
L'homme : Pourquoi t'es si dur envers moi mon fils ?
Jim : JE NE SUIS PAS TON FILS !
Un silence glacial s'empare de la place. Sur le coup, je remarque alors cette petite ressemblance qui m'a échappé, entre Jim et lui. Tout est plus clair maintenant, je comprends nettement mieux. Myra et moi nous nous échangeons un regard étonné, nous devinons immédiatement de qui il s'agit. C'est son père !
Aucun de nous deux n'ose ouvrir sa bouche, c'est mieux que nous n'intervenions pas dans leurs histoires de famille. Mais malgré tout, je tiens à remercier la personne qui m'a tirée des griffes de Dixon, bien que je pense que ça ne va pas beaucoup plaire à Jim.
Les sirènes de la police résonnent à l'entrée du bâtiment, brisant ainsi le silence pesant qui refroidit la scène face à nous. Le père de Jim se retire lorsque la police arrive sur le lieu.
Moi : Attendez monsieur !
Il se retourne pour m'offrir ce triste visage mélancolique. Jim y est allé un peu fort à mon goût, il reste quand même son père malgré tout.
Je me ressaisie après que mes traumas soient passés.
Moi : Je vous remercie d'être venu à notre secours, vous avez risqué votre vie pour nous et je vous serai éternellement reconnaissante.
Il sourit légèrement en agitant sa tête positivement avant de se tourner vers les policiers pour faire sa déposition.
Je me tourne vers mes amis. Jim est toujours aussi furieux dans son coin, Myra me tient par la taille comme si je suis incapable de me tenir debout toute seule, et Clay s'avance vers moi, le visage en sang et plein des bleus. Je le prend dans mes bras, le serre très fort contre moi.
Moi : C'était vraiment stupide de ta part de te jeter ainsi sur ce fou. Et si il t'avait tiré dessus ? Tu sais combien ça m'aurait brisé ? dis-je en pleurant.
Clay : Je ne pouvais tout simplement pas croiser les bras et le laisser t'emmener. Et s'il t'avait fait du mal à toi, crois-tu que j'aurais pu vivre avec ?
Je le prends à nouveau dans mes bras, sanglotant de plus belle. Nous faisons nous aussi notre déposition avant d'être escorté par la police vers l'intérieur.
J'observe avec dégoût, pour la dernière fois Dixon qui se fait embarquer. J'espère très sincèrement que c'est la dernière fois de ma vie de croiser son regard. La prochaine fois (s'il y en a une) c'est moi qui le tuerai de mes propres mains.
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Salut !
Alors j'ai essayé de mettre un peu d'action dans cette histoire afin d'apporter de la chaleur et de la vivacité à cette deuxième partie qui est assez romantique à mon goût. C'est pas vraiment mon assiette mais je me suis débrouillée quand même et j'espère vraiment que ça vous a plu.
Bref, il ne reste plus grand-chose à raconter, on se dirige petit à petit vers la fin du premier tome.
Bonne journée (soirée) à vous, et à la prochaine ❤❤❤
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