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● PDV D'AMÉLIA●

J'entends mon téléphone sonner dans ma poche. C'est sans doute Clay qui veut qu'on aille faire un tour. Il veut que nous puissions célébrer le fait qu'on sorte ensemble. C'est vraiment bien pensé de sa part, surtout après ce qui vient de se passer avec ce bâtard de Dixon. J'ai vraiment envie de me changer les idées.

Je sors mon téléphone et je vois afficher "Mme Ross" sur l'écran. C'est notre voisine, je l'aide souvent à faire certaines tâches parce que je sais qu'elle habite seule et elle n'a personne pour lui venir en aide. Je crois qu'elle a certainement besoin de moi en ce moment.

Moi : Allô Mme Ross.

Mme Ross : Allô ma fille ! débute-t-elle d'une voix tremblante.

Moi : Tout va bien ? Votre voix...

Mme Ross : Moi ça va. C'est... C'est plutôt ta mère, elle a fait une crise cardiaque, elle est maintenant à l'hôpital.

Moi : Quoi ? Co-co-co-comment... ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Mme Ross : Une grande dispute entre elle et ton père a éclaté, tout le voisinage a été alerté. Nous sommes donc allés voir pour essayer de calmer un peu les choses et c'est là que nous l'avons trouvé allongée sur le plancher.

Moi : D'accord, j'arrive tout de suite.

J'abaisse lentement mon téléphone après que Mme Ross ait raccroché. Je me sens toute bizarre, toute vide et toute faible. Ma mère, qu'est-ce qu'elle a ? J'espère qu'elle va bien, j'espère que rien de mal ne va lui arriver. Je suis prise dans l'affolement, la panique. Je tremble comme pas possible.

Jim et Myra tentent de comprendre ce qui m'arrive. Je vois leurs regards inquiets qui s'accrochent au mien en le scrutant dans le moindre détail. Ils attendent toujours que je leur explique ce qui m'arrive mais j'ai vraiment pas la force de le faire. En plus, ils sont assez troublés par leurs propres problèmes ainsi que l'histoire entre moi et Mélanie, je ne veux surtout pas leur en rajouter encore mes propres problèmes familiaux.

Moi : I-Il faut que je parte tout de suite, on se voit plus tard.

Myra : Mais attends... Qu'est-ce que t'as ? Où vas-tu ?

Je me presse d'aller monter dans le premier taxi que je vois, ignorant sa question.

Je n'ai plus du tout les idées en place, seul le nom de ma mère tourne en boucle dans ma tête. Je ne sais pas ce que je vais faire si quelque chose de mal devait lui arriver.

Mon téléphone sonne de nouveau, c'est Clay cette fois-ci. Je lui informe ce qu'on vient de m'annoncer en pleurs. Il me demande l'adresse de l'hôpital, je le lui dit tout de suite. Il me promet d'être là, ce qui me rassure un tout petit peu.

J'arrive enfin à l'hôpital. J'ai la tête qui tourne et j'ai l'impression qu'une force extérieure me tient debout et me traîne jusqu'à la réception.

Je me renseigne sur la chambre où ma mère est placée, elle est juste un peu plus devant, en suivant le corridor en diagonale. Je cours aussi vite que je le peux et j'aperçois mon père et Mme Ross devant la salle d'urgence.

Toute la rage que j'ai gardé au fond de moi depuis toutes ces années s'est transformée en une roche solide que je ne peux plus porter. Je dois vider mon sac et dire tout ce que je pense tout bas depuis ces années.

Je vois mon père qui s'avance vers moi avec une grande honte dans les yeux. Mon visage se ferme. C'est à cause de lui que ma mère se retrouve ici, c'est sur lui que je compte me défouler. J'en ai marre qu'il nous traite comme si nous étions des vieilles chaussettes sales. Il n'a pas ce droit là.

Mon père : Ma chérie,...

Moi : T'AS AUCUN DROIT D'ÊTRE ICI. C'EST A CAUSE DE TOI QUE MAMAN EST DANS CET ÉTAT. DÉGAGE D'ICI  AVANT QUE JE N'OUBLIE QUE T'ES MON PÈRE !

Mme Ross : Calme-toi ma fille.

Moi : TU NOUS TRAITES COMME SI NOUS SOMMES LA CAUSE DE TOUS LES MALHEURS QUI T'ARRIVENT. J'EN AI MARRE DE T'ENTENDRE TE PLAINDRE TOUS LES JOURS.... S'IL ARRIVE QUELQUE CHOSE À MA MÈRE, JE TE JURE QUE TU VAS REGRETTER DE M'AVOIR LAISSÉ VIVRE JUSQU'À CET ÂGE.

Il ne dit aucun mot, pleurant toutes les larmes de son corps. Mme Ross me fait asseoir sur un banc puis me tend une bouteille d'eau pour me calmer. Mon souffle est agressif, coupé de temps en temps par des faibles tremblements.

Je lève mes yeux devant moi pour m'apercevoir que Jim et Myra sont à l'autre bout du corridor, me fixant avec compassion. Ils ont dû me suivre derrière. Je crois qu'ils ont entendu tout ce que j'ai dit. J'abaisse de nouveau me yeux, les ignorant ou plutôt fuyant la conversation que je m'imagine avoir avec eux.

Myra vient s'accroupir face à moi me fixant sans dire mot. Je me sens toute faible et très fatiguée, donc je l'ignore presque car je sais ce qu'elle va me chanter. Mais contre toute attente, elle me prend dans ses bras et moi, prise dans l'émotion, je m'y délaisse comme une petite fille. Je pleurs toutes les larmes de mon corps, elle ne caresse les cheveux ne disant aucun mot. Je la remercie pour ça, je leur remercie à tous les deux de ne pas m'interroger sur ce sujet. C'est la dernière chose à laquelle j'ai envie de penser à ce moment.

Le docteur sort de la salle d'urgence en consultant des papiers entre ses mains. Je me lève subitement pour venir en sa rencontre.

Moi : Alors docteur, comment va-t-elle ?

Le Docteur : Tout va bien, elle se repose maintenant. Nous allons la transférer dans une chambre où vous pourriez la voir.

Moi : Oufff, merci docteur.

Le docteur : Ne me remercier pas, je n'ai fait que mon travail.

Je me sens soulagée. Je prends Myra dans mes bras, ensuite Mme Ross et enfin Jim. Je me sens toute légère, c'est comme si un grand fardeau vient de m'être ôtée de mon dos. Je n'aurais jamais imaginé ma vie sans ma mère, je veux dire si le pire s'était produit.

Clay débarque lui aussi sur le lieu, alors je pars l'embrasser sans me retenir. J'avais envie de le voir pour me sentir encore mieux. Son épaule est le plus réconfortant qui soit.

Mon père reste toujours en retrait et ça vaut mieux pour lui. Je ne suis pas prête à oublier tout ce qu'il nous a fait subir, il a de la chance que ma mère va bien. Bref, j'ai vraiment pas envie de m'embrouiller avec lui alors je préfère l'oublier pendant un moment.

Jim et Myra semblent se demander ce qu'il y a entre Clay et moi. C'est vrai je ne leur ai pas dit qu'on sortait ensemble, j'étais tellement débordée, leur relation à tous les deux, l'histoire avec Dixon et maintenant avec ma mère. Je n'ai vraiment pas eu l'occasion de leur en parler.

Ils nous félicitent Clay et moi et nous faisons pareil. C'est fou, nous formons deux couples adorables et heureux malgré que c'est une nouvelle de moins heureuse qui nous a rassemblés ici.

Jim reste discuter avec Clay alors que moi je m'en vais voir ma mère dans la chambre où elle est placée.

Je suis contente que leur relation soit détendue, je me sens plus apaisée de le savoir. Au début, Clay ne supportait pas vraiment la présence de Jim parce qu'il croyait que c'était mon copain. Et Jim quant à lui, il calculait même pas Clay, toujours entrain de penser soit à Mélanie, soit à Myra. Ce temps est derrière nous et c'est mieux ainsi.

Je ressors une heure après de la chambre, pendant que ma mère s'est rendormie. Elle a l'air bien, un peu fatiguée mais tout semble aller mieux. Nous avons parlé de mon père et elle m'a fait promettre d'arranger les choses avec lui, disons qu'elle m'a carrément harcelée pour que je le lui promette.

Clay discute toujours avec Jim et Myra elle, elle est allée raccompagner Mme Ross à la sortie, c'est vraiment bien pensé de sa part et je la remercie beaucoup. Elle revient tout de suite après, m'adressant un sourire sincère.

Myra : Alors, comment tu l'as trouvée ?

Moi : Elle va bien, je suis tellement contente.

Myra : Moi aussi je suis tellement contente pour toi.

Mes yeux se perdent sur ce qu'elle tient entre ses mains. C'est un reçu d'hôpital ! Elle a payé les frais d'hospitalisation de ma mère !?

Ma mère n'a plus payer  son assurance maladie depuis un bon moment déjà et c'était même le sujet de discussion entre mon père, Mme Ross et moi. Nous étions entrain de trouver un moyen de rassembler l'argent nécessaire qui correspondra à son séjour ici et aussi pour ses médicaments.

Je reviens croiser ses yeux d'étonnement mais elle détourne les siens en me voyant la fixer.

Moi : T'as payé les frais d'hospitalisation de ma mère !?

Myra : En fait, j'ai su que vous aviez des problèmes d'argent alors j'ai voulu aider, me sort-elle en baissant les yeux. Je suis désolée si tu l'as mal prise, je voulais juste...

Moi : Non, c'est pas ça, c'est juste que... t'aurais pas dû, on allait trouver un moyen.

Myra : C'est pas grave. Je n'ai quasiment rien fait et en plus je ne pouvais pas laisser mon amie traverser ce moment dur sans que je ne puisse lever mon doigt.

Moi : On est amies maintenant ? Je souris, les larmes aux yeux.

Myra : Bien sûr que oui. Depuis l'instant où j'ai réalisé que je m'étais trompée sur toi.

Je la prends dans mes bras et nous pleurons tous les deux, de joie. Je crois que j'ai trouvé une nouvelle sœur après Mélanie, même si j'aurais aimé que nous soyons tous les trois réunies.

Nous allons nous asseoir pour discuter calmement. Un grand sourire vient ajouter encore plus une touche de bonne humeur à cet instant magique.

Myra : Pourquoi tu ne nous avais pas dit que c'était le feu chez toi ?

Moi : Vous m'aidez déjà beaucoup dans l'histoire avec Dixon. Je ne pouvais pas vous demander d'en faire encore plus.

Myra : Tu nous déranges absolument pas. Nous sommes là pour ça, nous allons t'aider du mieux que nous pouvons Amélia.

Moi : Merci beaucoup Myra.

Myra : Je t'en prie.

Une nouvelle accolade vient raviver encore plus ce moment que je ne suis pas prête d'oublier.

Myra : Tu sais, mon père a récemment viré son banquier. Il est à la recherche d'un nouveau. Ton père lui il est l'un des meilleurs, il peut bien postuler pour le poste.

Moi : C'est déjà assez ce que t'as fait pour moi, je ne pourrai pas accepter que tu en fasses plus.

Myra : S'il te plaît Amélia. Et en plus, c'est pas comme si il allait être engagé du premier coup. Il va juste participer au concours et si il s'en sort bien, il sera engagé.

Moi : Okay, je lui en parlerai.

Nous partons rejoindre Jim et Clay là où ils sont assis puis ensemble nous allons au cafétéria de l'hôpital. Je suis si excitée que j'ai plus vraiment faim. Avec autant d'émotions en une seule journée, mon corps est tout simplement rassasié, il n'y a plus de place pour un truc qui vient de l'extérieur sauf peut-être un tendre baiser de Clay.

Jim et Myra s'en vont quelques heures plus tard et je reste papoter avec Clay, me collant à lui pour me sentir plus agréable. J'aurais aimé qu'il reste là avec moi mais il doit s'en aller parce qu'il commence à se faire tard et que les heures de visite sont largement dépassées.

Je lui fais mes adieux pour cette journée qui aurait dû être rien qu'à nous deux, même si j'ai quand même passé du beau temps. Il m'embrasse une dernière fois avant de filer.

Je rejoins ma mère dans sa chambre dans un grand sourire et j'en profite pour régler les choses avec mon père. Il promet de redevenir le père attentionné qu'il était avant. Je n'y ai pas cru au début, mais son regard m'a paru sincère, alors j'ai décidé d'oublier tout ce qui s'est passé.

Je me suis excusée au passage pour avoir haussé la voix contre lui tout à l'heure, je regrette sincèrement tout ce que je lui ai dit sous la colère et j'en profite même pour lui parler du concours dont Myra m'a parlé. Il me promet d'y réfléchir.

Après cette longue journée, je m'allonge sur la bergère installé dans la chambre où se trouve ma mère. Mon père dort sur un fauteuil d'une place placé à la droite du lit, sa tête inclinée vers le plafond. Je ferme les yeux et le sommeil m'emporte dans le pays des rêves où je me pose avec joie.

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Voilà pour le chapitre d'aujourd'hui !

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