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● PDV DE JIM ●

Quelques heures plus tôt, dans la nuit précédente...

Moi : Tu crois pouvoir rentrer seule ?

Amélia : T'inquiète ça ira.

Moi : Okay, sortons dans ce cas, je veux te laisser au rez-de-chaussée.

Amélia : C'est pas la peine de me raccompagner jusqu'en bas.

Moi : Comme tu veux alors.

Je referme la porte après elle. Je me retourne en soufflant profondément, les yeux fermés. Quelle sacrée journée !

En réouvrant mes yeux, c'est le visage de ma mère que je vois apparaître devant moi. Elle ne m'accorde même pas un moment de répit, m'enchaînant avec une question.

Ma mère : Elle a quoi comme problème ?

Moi : Oufff M'man, j'ai vraiment pas la force de parler de ça.

Ma mère : Okay c'est comme tu veux.

Je laisse passer un brin de secondes. Ma mère a sorti un paquet de chips des achats qu'elle a faite, ce qui m'a rappelé un sujet poignant que j'attendais d'aborder avec elle.

Moi : M'man ?

Ma mère : Oui mon chéri ?

Moi : Où vous êtes-vous croisés avec Mr summers ?

Ma mère : Qui, Philippe ? Oh j'avais oublié de te le dire. Il travaille au bâtiment voisin du mien. On se croise trop souvent... Il m'a dit qu'il vient d'une mission de 3 jours.

Moi : Oui je sais, Mélanie me l'a dit l'autre fois.

Un silence crispé s'installe durant un bon moment. Seul le bruit des chips écrasés par la parfaite dentition de ma mère arrive à en faire véritablement de ce moment un.

Ma mère : Pourquoi cette question ?

Moi : Quoi ?

Ma mère : Je demande pourquoi t'as posé cette question. Tu sous-entends quoi en me la posant.

Moi : Je sous-entends rien du tout. C'était juste une question.

Ma mère : Einh ! fait-elle pour insinuer qu'elle ne croit pas un seul mot de ce que je dis.

Moi : C'est quoi ce "Einh" ?

Ma mère : Rien du tout.

Moi : Tu peux parler à qui tu veux, passer ton temps libre avec qui tu veux, ça me dérange pas.

Ma mère : Je savais que c'était ça que cachait ta question. Ça t'a pas trop plu de me voir avec Philippe, n'est-ce pas ?

Moi : Oui je dois l'avouer que sur le coup, ça m'a un peu irrité mais ç'a vite passé... Et arrête de l'appeler Philippe, ça sonne vraiment pas bien.

Elle rigole un bon moment avant de se ressaisir.

Ma mère : Et tu t'es imaginé quoi d'autre ?

Moi : J'ai aucune envie de continuer cette conversation.

Elle se met de nouveau à rigoler avant que la ligne fixe sonne. Elle décroche rapidement avec un grand sourire comme toujours.

Ma mère : Allô !

??? : ...

Ma mère : Oui c'est bien moi. Qui c'est ?

??? : ...

Elle écarquille grandement les yeux, son visage est comme paralysé par la peur, la surprise ou je ne sais moi quoi.

??? : ...

Ma mère : Oui oui oui, je suis toujours là. Faites-le monter.

Elle depose le téléphone puis s'effondre quasiment sur le canapé. Ses mains tremblent, j'ai comme l'impression qu'elle étouffe. Mais Qu'est-ce qui se passe ? C'était qui on téléphone ? Et Qu'est-ce qu'il ou elle voulait à ma mère ?

Moi : Hey hey. Tout va bien Mam, c'était qui au téléphone ?

Toc toc toc.

Quelqu'un est à la porte. Ma mère est comme paniquée en entendant cela. Elle est toute pâle, je ne comprends rien là. Elle m'indique du doigt d'aller ouvrir. Je suis comme un peu pris par deux courants, je reste indécis. Ce n'est que lorsqu'elle a dû insister que je suis allé ouvrir mais j'ai tout de suite regretté de l'avoir fait.

La personne qui se présente face à moi me laisse figé comme une statue. Je fond dans une profonde colère quand je vois son visage apparaître de l'autre côté de la porte.

Il est grossièrement vêtu d'une veste en cuir qui sent légèrement la transpiration, un T-shirt rouge, un jeans bleu et des bottes en cuir. Ses cheveux mal soignés sont cachés par une casquette rouge alors que sa barbe touffue lui fait ressembler à un broussard.

Les images de lui dans ma tête ont été emportées au même moment que mes jeunes souvenirs. J'ai l'impression de me retrouver face à un étranger. Un étranger que je ne veux surtout pas voir autour de nous.

17 ans déjà qu'il est parti sans dire mot et le voilà qui refait surface comme si de rien n'était. J'ai comme une envie de lui sauter à la gorge mais le respect que j'éprouve pour lui, que j'éprouve pour ma mère, m'oblige à garder mon calme.

Lui : Salut mon grand. Je...

Moi : Qui est-ce que vous cherchez, monsieur ?

Ma mère : C'est bon Jim, arrête ça maintenant... Tu peux entrer James.

Je grince les dents en laissant passer le monsieur. Il n'a aucune valeur à mes yeux alors aucune raison de lui accorder une place qu'il ne mérite pas.

Il se tient devant ma mère qui lui fait signe de s'asseoir. Je reste là à écouter ce qu'il a bien à sortir comme raison de sa longue absence. Il est tout rempli de honte, n'osant pas regarder ma mère dans les yeux.

Lui : Salut, Evelyne. Je suis...

Ma mère : Qu'est-ce qui t'amène ?

Je n'arrive à comprendre comment ma mère fait pour garder son calme, pour ne pas lui crier dessus après tout ce qu'il nous a fait, après toutes les larmes qu'elle a dû verser à cause de lui.

Lui : Je voulais vous revoir au plus vite après tout ce qui m'est arrivé.

Ma mère : Pourquoi ne l'as-tu pas fait avant ?

Lui : Je ne pouvais pas, c'était impossible.

Ma mère : Est-ce que t'as au moins l'idée de l'enfer que j'ai vécu après ton départ ? Je t'ai pleuré pendant des années, j'ai cru qu'il t'était arrivé un malheur, j'ai même claqué mes économies pour engager un détective privé afin de te retrouver, pendant ce temps toi tu te trimballais peinard dans un coin ! Tu t'es même pas soucié de notre enfant, t'es parti sans dire au revoir, sans faire signe.

Lui : T'as parfaitement raison Evelyne. Je m'en veux d'être parti de la sorte, mais sache que si je l'ai fait, c'était pour vous protéger tous les deux.

Ma mère : Je savais que t'allais me la sortir celle-là.

Lui : Tu sais très bien quel genre de vie je menais avant de te rencontrer. Mon passé a fini par me rattraper et je ne voulais pas vous mêler à ces histoires.

Ses derniers mots semblent apaiser la colère de ma mère et cela m'étonne grandement. Qui était-il réellement avant de connaître ma mère ?

Lui : Deux ans plutôt avant de te rencontrer, j'avais volé une grande quantité de drogue à celui pour qui je travaillais. J'ai réussi à me tirer de ses filets et j'ai monté mon propre réseau. Tu sais très bien ce qui s'est passé après que je t'ai rencontrée.

J'écarquille les yeux en entendant cela. Il était donc un dealer ! Je suis le fils d'un dealer ! Comment est-ce possible ? Comment ma mère a pu choisir un dealer comme son compagnon !

Je comprends maintenant mieux pourquoi elle n'aimait pas parler de lui, pourquoi elle était obligée de me mentir à son sujet. Elle me disait toujours que c'était un homme bien qui travaillait comme agent immobilier.

Ma mère me fixe un court instant avec honte et regret. Elle doit avoir compris que j'ai tout capté. Elle doit s'en vouloir de me l'avoir caché mais moi je ne lui en veux pas à elle. Je trouve au contraire qu'elle a bien fait de rien me dire sinon je ne sais pas ce que je serais devenu si je l'avais appris plus tôt.

Ma mère : Venons-en à la suite, pourquoi t'es parti ?

Lui : J'ai dû partir parce que mon ancien patron était sur le point de retrouver ma trace. J'en avait fini avec cette vie mais mes erreurs du passé m'ont poursuivies dans ma nouvelle vie avec toi et notre fils. Je ne pouvais pas supporter de vous embarquer dans des problèmes que j'ai été le seul à déclencher. Voilà pourquoi je suis parti.

Ma mère reste silencieuse. Ce qu'avance ce monsieur semble tenir la route mais je suis tellement furieux contre lui que je ne veux croire à rien de ce qui vient de lui.

Ma mère : Pourquoi tu reviens aujourd'hui dans ce cas ?

Lui : Mon ancien patron était une personne peu compréhensif, il avait la gâchette facile. Je savais que si je tombais entre ses mains c'était la mort assurée et je n'avais pas du tout peur de cela. Ma seule peur était qu'il vous arrive malheur... La seule façon pour moi de vous protéger était de me livrer à lui, c'était le seul moyen pour qu'il arrête enfin de me chercher partout et qu'il ne découvre là où vous viviez. Mais avant ça, j'avais conclu un marché avec la police. Je leur ai promis de leur livrer mon patron en contrepartie, ils devaient vous protéger tous les deux quoiqu'il arrive. Ils ont tout de suite accepté ma proposition et leur opération a été un succès.

Je vois de l'empathie luire dans les yeux de ma mère. Elle a toujours voulu croire aux gens, à tout ce qu'ils lui disent du premier coup. Moi aussi je suis comme elle ou du moins j'étais comme elle. Avec ce que j'ai appris de Mélanie, je crois que je ne ferai plus aveuglément confiance à quelqu'un.

Ma mère : Qu'est-ce qui s'est passé après ?

Lui : J'ai été arrêté moi aussi mais ma peine était légère comparée à celle des autres, parce que j'avais aidé la police. J'ai quand même écopé de 30 ans de prison avec une possibilité de libération conditionnelle après 17 ans d'emprisonnement ferme. J'ai fait mes 17 ans et je suis présentement en liberté conditionnelle... Je n'ai pas voulu que tu saches ce qu'il m'est arrivé parce que je savais que ça allait te briser et surtout je ne voulais pas que mon fils grandisse en sachant que son père était en prison pour traffic de drogue. Je savais que tu étais une femme forte et que tu te relèverais vite si tu me croyais volatiliser dans la nature plutôt que de me savoir en prison, ça t'aurait anéanti... La première de chose que j'ai fait après ma sortie était de t'appeler, Evelyne, pour tout t'expliquer. Mais tu ne m'as même pas écouté et t'as raccroché.

Ma mère rougit en faisant la timide. Elle est de nouveau face à l'homme qu'elle a toujours aimé. Je crois que ç'a dû réveiller des vieux sentiments longtemps enfouis en elle.

Lui : Je ne vous demande pas de croire ce que je vous dit mais je veux surtout que vous compreniez pourquoi je n'ai pas pu être là pour vous. Je sais que vous avez vécu beaucoup de choses à mon absence, que vous m'avez probablement oublié et que vous ne voulez peut-être plus de moi dans vos vies, mais sachez que je suis prêt à offrir mon aide si vous le souhaitez.

Moi : NOUS N'AVONS PAS BESOIN DE TON AIDE MONSIEUR. SI T'AS FINI TON RÉCIT, LA PORTE EST DE CE CÔTÉ.

Ma mère : SURVEILLE TON LANGAGE LORSQUE TU PARLES À TON PÈRE, JIM !

Moi : CET HOMME N'EST PAS MON PÈRE. JE N'AI PAS DE PÈRE.

Ma mère : JE NE VEUT PLUS ENTENDRE TA VOIX !

Je reste silencieux. Je n'avais jamais vu ma mère aussi furieuse, encore moins contre moi.

Lui : Evelyne calme-toi. Je comprends sa frustration et je m'y attendais de toute façon. Il a raison, il est temps pour moi de m'en aller. J'espère sincèrement ne pas avoir gâché votre soirée.

Ma mère : Tu vas où ? Je veux dire t'as réussi à trouver un endroit où loger ?

Lui : Je dors dans un chantier où j'ai trouvé du boulot. C'est pas confortable mais c'est mieux que ce que j'ai connu lorsque j'étais en prison.

Ma mère : Tu peux rester avec nous. Nous avons une chambre de trop, tu peux t'y installer.

Je dévisage désagréablement ma mère, ne comprenant pas ce qu'elle vient de sortir.

Lui : Non, c'est pas la peine. Je ne veux surtout pas déranger.

Ma mère : Tu déranges personne.

Lui : Merci mais c'est non.

Ma mère : Okay, comme tu veux.

Il quitte la pièce en me regardant une dernière fois. Il espérait peut-être que je lui adresserai un dernier regard, chose que je n'ai même pas songé faire. Ma mère referme après lui puis revient me faire face. J'ai l'impression que ça ne va pas s'arrêter là.

Ma mère : Pourquoi tu t'es comporté de cette façon ? Pourquoi tu n'as pas cessé de lui crier dessus ?

Moi : M'man, ne me dit pas que tu crois aux sornettes qu'à sorti ce monsieur !

Ma mère : Tu ne le connaît pas, moi si. Nous avons vécu beaucoup de temps ensemble lui et moi, je sais reconnaître quand il ment et quand il dit la vérité.

Moi : Si tu pardonnes cet homme alors crois-moi que tu ne reverras plus jamais mon visage.

C'était mes dernières paroles. Je monte dans ma chambre et ferme à clé. Je m'allonge sur le lit pour essayer de me vider la tête.

◇◇ FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE ◇◇

Et voilà !

La fin de cette première partie du tome.

J'attends vos commentaires sur ce chapitre.

La deuxième partie est bouclée à 90%. Plus que quelques chapitres à écrire et ça sera la fin du premier tome.

Je compte commencer la publication de la deuxième partie dès la semaine prochaine.

Mais en attendant, continuez à voter et à commenter.

Bisous 😘😘😘

Bye 👋👋👋

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