● PDV DE MYRA ●

C'est avec un cœur rempli des remords qu'Amélia débute le long récit tumultueux qui était à la base de ce gros malentendu. Ses mots sont sincères autant que ses larmes. J'ai foi que tout s'arrêta aujourd'hui, que cette rancune qui s'envenime de jour en jour depuis presque trois ans, prendra finalement fin.

Mais certains signes semblent annoncer le contraire. J'ai comme ce mauvais pressentiment qui veut assiéger mon cœur et l'emporter dans un vent de désespoir.

Je suis heurtée de voir que la franchise d'Amélia ne semble avoir aucun effet sur Mélanie. Son visage n'a pas fendu une seule seconde aux propos émouvants de la jeune métisse qu'elle a appris à connaître depuis l'enfance.

Amélia : C'est Dixon qui a tout manigancé, c'est lui qui nous a séparées, pleure-t-elle à genoux.

Des curieux se sont rapprochés en voyant la scène. Mélanie ne dit toujours pas un seul mot, demeurant toujours aussi impassible. Même pas un semblant de larmes ne brille dans ses yeux de hiboux. Serait-elle aussi cruelle ? Je n'arrive pas à cerner ce comportement assez étrange alors que j'ai toujours cru la connaître dans le moindre détail.

Amélia : Je suis vraiment désolée d'avoir bousillé ta vie, celle de ton frère et même de ton père. Tu peux me traiter de tous les noms mais s'il te plaît Mélanie, je veux t'entendre dire que tu me pardonnes, continue-t-elle toujours en pleurs.

Mélanie : T'as finie ? sort-elle sans le moindre ressenti.

Je reste là en spectatrice, figé par la cruauté qui s'échappe de la langue de Mélanie Summers. Comment peut-elle être aussi insensible !? Aussi cruelle et sans-coeur ?

Mélanie : Premièrement, je m'en fous royalement de ce que tu ressens en ce moment, qu'il soit sincère ou pas, j'en ai rien à cirer. Et deuxièmement, j'ai toujours su que c'était Dixon qui était derrière ce coup.

J'écarquille les yeux. Elle est sérieuse ? Mais pourquoi n'a-t-elle pas...? Je ne comprends plus rien moi !

Amélia a l'air étonnée, c'est aussi le cas pour Jim. Pourquoi Mélanie a gardé ça pour elle ? Elle aurait pu faire la paix avec Amélia depuis longtemps, elle aurait dû la comprendre et se mettre à sa place. Je ne reconnais plus ma meilleure amie là, elle n'a jamais été aussi sombre, aussi malicieuse.

Elle me détaille un moment de façon audacieuse. Je dénote un semblant de rire qui s'accroche à ses lèvres.

Mélanie : Tu te rappelle du jour où tu m'as parlée du garçon qui tournait autour de moi le jour de ce fameux bal de fin d'année ?

Oui c'est plus évident maintenant ! J'ai parlé de mes soupçons à Mélanie quelque temps après ces événements mais elle n'avait pas trop envie d'aborder le sujet alors j'ai dû abandonner.

Mélanie : J'avais tout de suite compris que c'était lui qui avait tout organisé. Je suis allée le voir et on a réglé ça.

Moi : Pourquoi t'as gardé ça pour toi ? Pourquoi t'as rien avoué à Amélia ? Vous auriez pu faire la paix depuis longtemps. Pourquoi t'as fait ça ?

Mélanie : Bah parce que j'en avais envie et de toute façon ça n'aurait rien changer au final. Elle avait déjà détruit la vie de mon frère et elle devait payer pour ça.

Moi : C'est pas toi Mélanie, j'y crois pas ! Comment tu peux être aussi cruelle !?

Mélanie : C'est bel et bien moi ma très chère Myra.

Une très grande déception envahit mes yeux. Ma meilleure amie, celle que je considère comme une sœur, celle pour qui j'ai quasiment tout fait pour la voir heureuse, la voir victorieuse d'une bataille que je croyais être juste. J'ai détesté Amélia pour elle, j'ai toujours cru que je me battais du bon côté, que je me battais pour la justice alors qu'en réalité c'était pour la vengeance. Mélanie m'a bien dupé moi aussi.

Jim : T'es vraiment une méchante personne, Mélanie. Je suis si déçu de toi. C'est Amélia qui avait raison, je croyais te connaitre mais je me rends compte que je t'ai jamais connue.

Mélanie : Rien de tout ce que vous direz ne changera ma position. Tu peux donc cracher tout ce que t'as dans ton cœur, ça changera absolument rien.

Amélia était restée silencieuse à fixer Mélanie sans comprendre ce qui lui a pris de faire cela. Mélanie me sourit une fois de plus en me fixant.

Mélanie : Je te laisse encore une chance de te rallier à moi. En principe, je suis passée ici pour tenter d'arranger les choses avec Jamie mais je crois que ce n'est plus faisable... Je comptais passer chez toi après, mais tant mieux, je t'ai trouvée ici. Tu n'as rien à avoir avec cette histoire, voilà pourquoi je t'en veux pas. T'es quelqu'un de bien Myra, notre amitié est probablement la meilleure de chose qui me soit arrivée en ces trois ans, alors je veux pas que tout s'arrête ici.

Je souris en entendant ses propos. J'ai comme l'impression qu'elle me pose une condition.

Mélanie : Si tu refuses alors tu sais ce qui t'attends, conclut-elle en fixant Amélia.

Moi : Tu me connais très bien Mélanie, et tu sais déjà parfaitement ce qu'est ma réponse.

Mélanie : Très bien dans ce cas.

Elle tourne ses talons et disparaît. Amélia est toujours assise sur le sol. Jim la prend par la main et la reconduit à l'appartement. La journée défile sans que nous nous en apercevons, nous restons tous les trois dans le salon à réfléchir sur ce qui va se passer après, sans parler entre nous, chacun de son côté semble être occupé par ses propres tourments.

Moi je pense à comment je me suis laissée berner par Mélanie. Cela me pince terriblement le cœur. Elle nous a mentis à tous, moi, Jenny, Emma, Jessica et peut-être même Dereck, oui elle lui a aussi menti. Ils doivent tous être au courant, je ne peux pas laisser ce mensonge sillonner dans leurs têtes encore une minute de plus.

Jim conduit Amélia dans sa chambre. La pauvre, elle n'arrive même plus à se tenir debout toute seule. C'est sûr, ce n'est pas l'issue que elle espérait, que nous espérions tous d'ailleurs. Personne ne se doutait que Mélanie pouvait être aussi malicieuse et cruelle.

Jim revient au salon et s'assoit à côté de moi. Il est lui aussi perturbé par ces choquantes révélations mais il s'efforce de ne pas le laisser transparaître sur lui. Une légère brise vient rompre le silence qui nous a longtemps tenu compagnie.

Moi : Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?

Jim : Je ne sais pas. On devra peut-être trouver des preuves pouvant incriminer ce Dixon. N'importe quel élément qui le lie aux événements.

Moi : Oui mais ça fait presque trois ans déjà. Ça sera difficile à faire.

Jim : Oui t'as raison... Ou bien on pourrait le lui faire avouer. Sa propre parole équivaut à une preuve.

Moi : Oui pourquoi pas !

Toc toc toc !

Quelqu'un est à la porte. Ça doit être Madame Porter. Jim m'a prévenu qu'elle rentre souvent à cette heure. Il ouvre la porte et sans surprise c'est elle. Elle ne semble pas être seule. Mais attends ! C'est le père de Mélanie là ! Qu'est-ce qu'il fait ici !?

Mr Summers : Salut les jeunes ! Alors ça va ?

Moi : Oui Mr Summers et vous ?

Mr summers : Oui ça va ma fille. C'est gentil.

Jim s'efforce de sourire agréablement mais je vois bien que c'est pas naturel.

Mr summers tend un sac semble contenir des achats à Mme Porter qui lui sourit agréablement. Il semblerait qu'ils ont fait les courses ensemble après leur boulot à chacun.

Mme Porter : Merci beaucoup pour ton aide Phillippe. Je te revaudrai ça.

Mr Summers : C'est pas la peine. Je l'ai fait avec plaisir.

Il disparaît aussi rapidement qu'il est apparu tout en prenant le soin de nous saluer une dernière fois.

Je crois qu'il est aussi temps pour moi de m'en aller. Ma mère doit déjà s'inquiéter, je lui ai dit que j'allais pas traîner mais j'ai passé l'intégralité de la journée ici. Elle ne m'appelle pas parce que je lui ai dit de ne pas trop m'importuner pour des trucs banals. Je crois que je dois l'appeler pour l'apaiser un peu. Je le ferai une fois dans la voiture.

Moi : Je crois que c'est aussi le moment pour moi de prendre congé de vous.

Jim : Oh c'est vrai il se fait déjà tard.

Moi : Si tu veux, je peux raccompagner Amélia.

Jim : C'est pas la peine. Je vais m'en charger.

Moi : A demain dans ce cas.

Jim : Oui à demain.

On se regarde droit dans les yeux. Je me remémore de notre discussion du matin. Il sait désormais que je l'aime alors que moi j'ignore totalement ses sentiments pour moi. Il doit comprendre que je pense à lui en ce moment, vu la façon dont il me sourit.

Assez ! Je m'en vais pour ne plus avoir à rester figée devant son sourire envoûtant. Il referme doucement la porte après m'avoir souhaitée une bonne soirée.

Je monte dans ma voiture puis disparaît, après mon coup de fil à ma mère. Elle m'annonce que papa est de retour. Je suis vraiment aux anges après cette nouvelle. Je roule le plus vite que possible pour arriver à la maison et le revoir enfin.

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