Prologue
Welcome to my self-destructive world
Some will drink, smoke and drug their way out of reality
I chose a peaceful path into oblivion.
Daily routines can kill one's soul,
The repetition will dull your senses,
You'll just end up an empty shell, a walking corpse with no purpose.
Living without living is as good as being dead.
J'ai eu droit à un réveil assez brutal aujourd'hui. C'est comme si je m'étais levé après 7 ans de léthargie et que je voyais pour la première fois la tonne de poussière d'ennui qui a envahit ma vie. Mon quotidien a vampirisé ma jeunesse, ma liberté, ma joie de vivre, mes principes, mes rêves... Je me sens telle une coquille vide. J'étais en mode automatique jusqu'à aujourd'hui, mais maintenant que je m'en suis rendu compte, je n'ai plus les moyens d'ignorer que ma vie est plus barbante que la rediffusion d'un épisode de Derrick.
Living without living is as good as being dead.
Je me suis mise à écrire en rentrant, comme si rédiger mes mémoires était une chose inéluctable. J'ai sentis qu'il était l'heure du bilan alors voilà : Je m'appelle Krystal, j'ai 33 ans, je suis marié depuis 7 ans, sans enfant, je suis bibliothécaire et aujourd'hui je me suis rendu compte pour la première fois à quel point ma vie craint du boudin ! Et le pire est que c'est moi qui l'ai voulu ainsi.
Je pense qu'en refaisant en pensé le chemin qui m'a mené jusqu'à ce que je suis maintenant, je pourrais démarrer d'un bon pied pour créer une meilleure « future moi ». Les traces écrites de mes erreurs passées m'aideront peut-être à éviter de céder à mes impulsions destructrices à l'avenir. Et puis, loin de toute considérations philosophiques et de la noblesse d'âme, j'ai juste peur d'oublier et de continuer ma vie, telle une chorégraphie apprise par cœur : Metro, boulot, dodo, métro, boulot, dodo, métro, boulot dodo...
Le temps passe, les vies s'effacent, les mots seuls perdurent pour que le souvenir soit perpétué. Je crois que les sensations sont encore si vives en moi qu'il serait pur folie de ne pas tout faire pour les conserver loin de l'usure du temps. Ces moments où j'ai vraiment vécu semblent s'éloigner sans que je n'ai la chance de les retrouver.
Ce sont peut-être là les pensées sombres d'une femme vieillissante et déprimé de devoir fêter le nouvel an seule... Une nouvelle fois ! A quoi ça me sert d'être marié, si c'est pour finir mes soirées seule avec ma télé ? Je n'ai que 33 ans, ma vie n'est pas encore finie que je sache !
De la même manière qu'une nouvelle année s'offre à moi, à la fin de mes mémoires, je m'offrirais une nouvelle moi, remodelé sur l'ancienne. New & Improved.
Je vie en couple, depuis 8 ans mais je ne peux pas me souvenir de la dernière fois où mon mari et moi nous sommes parlé pour nous dire autre chose que : « Passe moi le sel », « Je ne rentrerais pas ce soir » ou « N'oublie pas d'acheter du papier toilette, on n'en a plus ». Il m'a dit qu'il travaillait ce soir, alors je suis seule avec mon bon petit repas pour une personne et mon Champagne, à fêter avec mon écran plat géant, la fin d'une année morose à souhait. La seule chose qui me fasse plaisir est de savoir que mon époux a tout de même prit le temps de me mentir, il doit encore penser que ce mariage en vaut la peine...
Au programme de ce soir, Arthur refait sa même émission de fin d'année sur TF1 pour la je-ne-sais combientième fois et à bien y réfléchir cela doit bien faire 6 ans que je suis toujours au rendez-vous pour la voir. Tu parle d'une téléspectatrice fidèle !
Si j'étais moins paresseuse, je me serais prise un amant, juste pour avoir une raison de lever mon popotin du canapé.
La preuve de ma vie pathétique est la trace de mes fesses imprimée dans notre canapé en cuir blanc. (Note à moi-même : brûler ce fichu canapé et chercher un passe-temps qui n'implique pas de rester assise derrière un écran)
Mon époux est assurément avec sa maîtresse, probablement son assistante, mais ça ne me dérange pas plus que ça, je n'ai jamais été très doué pour tout ce qui est relationnel. C'est aussi bien qu'il ait trouvé quelqu'un pour subvenir à ses besoins de ce côté là. De toute façon, notre vie sexuelle se résume à une même position, un jour par semaine, pour un temps déterminé, sans préliminaires comme des robots : le missionnaire dans notre chambre tous les mercredis soir pendant 5 minutes.
Je ne peux pas lui reprocher d'avoir une maîtresse, pour autant que je sache, ce mariage se résume à de la collocation. Aucun de nous deux ne prend vraiment plaisir à l'acte sexuel ou à la vie de couple, mais aucun de nous deux n'est prêt à l'avouer à l'autre, donc on continu machinalement. Celui qui parle des problèmes doit être celui qui en porte la responsabilité et nous sommes tous deux des lâches... Un couple très bien assorti, vraiment ! Sans parler de nos égos... Mais comment avons-nous pu finir par nous marier ? C'est un grand mystère que mes mémoires m'aideront à comprendre, avec un peu de chance.
Pendant qu'il tente d'attiser la flamme de sa passion pour une autre, je joue le chien de garde auprès des nombreux appareils qu'il s'est acheté pour éviter les discussions quand nous sommes seuls tous les deux. Dans notre petit loft, il y a cet énorme écran plat 3D qui mange pratiquement tout l'espace du salon, avec toutes nos consoles de jeux vidéos, le lecteur DVD blu-ray et cette énorme collection de DVD que moi seule ai eu l'honneur de visionner, et puis il y a notre cuisine suréquipé dessiné pour me pousser à être inventive en cuisine. Après mes nombreux échecs d'invention culinaire, nous avons fini par déduire que la cuisine n'était pas mon « truc ». De la même façon que la fidélité n'est pas le sien. Comme je suis la seule à toujours être à la maison, je suis en définitive la seule à profiter de ses jouets.
Je m'étais habitué à tout ça, à ce décor de maison de poupée, à ce vide sidéral malgré toutes nos possessions...
Rien ne rempli autant une maison qu'une vie de famille et c'est ce que je voulais au début... Des enfants ? Ce n'était jamais "le bon moment" pour en avoir d'après lui et après avoir tenté en vain de le convaincre d'essayer pendant 2 ans, j'ai finis par me faire à l'idée que nous n'en n'aurions pas. Des animaux ? Il est allergique ou il prétend l'être. Je devrais peut-être mettre des poils de chat dans ses costumes pour vérifier si c'est vrai (Note à moi-même : me procurer des poils de chat).
Il aurait fallu que nous soyons au moins là l'un pour l'autre, mais comme je l'ai déjà écris, je ne suis pas très doué pour ce qui est relationnel et après la façon dont nous avons « fini » par être ensemble, même si « l'amour » s'est évaporé entre nous avant même d'avoir bien pu se développer, l'idée de la séparation semblait juste embarrassante.
C'est là le problème d'avoir des égos et un orgueil aussi démesurés que les notre. Nous sommes juste restés ensemble pour éviter d'admettre que nous avions été stupides de nous être imposé cette relation dès le départ. Je suppose que nous attendions que l'autre ait le courage d'avouer que notre couple était une mauvaise idée, cependant la routine de nos vies a enseveli toute envie que nous avions de trouver mieux ailleurs. Même lui avec ses écarts conjugaux je doute qu'il ait le cran de me quitter pour une autre. Nos habitudes ont la peau dure et pour lui je suis confortable maintenant.
Ce qui m'a poussé à l'éveil, c'est la réalisation que j'avais vieillis et qu'il y avait eu une ellipse narrative dans ma vie, durant laquelle rien n'avait changé ou avancé. Aujourd'hui je me suis aperçu que le présent était maintes fois devenu passé et que je m'étais encrouté dans une situation que j'aurais préféré être temporaire. J'ai su un jour comment ma vie devait débuter, je n'avais pas prévu qu'elle continu comme l'électrocardiogramme d'un cadavre.
Il était 16h47, je venais de finir mon boulot, encore une longue froide journée à classer des périodiques et vérifier l'état d'avancement de la moisissure dans la réserve _ qui mérite d'être rénové cela dit en passant, mais nous allouer un budget supplémentaire n'est absolument pas la priorité de la mairie apparemment... Enfin bref !
En sortant du métro, marchant machinalement pour rentrer chez moi tout en évitant de me casser le cou à cause du verglas, je me demandais pourquoi j'avais dû travailler à la bibliothèque le dernier jour de l'année _alors que de toute évidence la réorganisation et l'informatisation des rayons aurait pu attendre jusqu'au moins après le 3 janvier_ quand mon regard s'est posé sur un jeune SDF. Il était à genoux à côté d'une pancarte sur laquelle on pouvait lire « L'argent ne fait pas le bonheur mais j'aimerais mieux pleurer au chaud ».
Le message avait attiré mon attention, l'ironie m'avait fait sourire, mais en voyant ça, le pauvre gars s'était levé et commençait à marcher dans ma direction, alors prise de panique _ ce n'est pas mon moment le plus glorieux _, j'ai fouillé mes poches à la recherche d'un peu de monnaie ou d'un ticket restau pour ne finir par trouver qu'un billet de 20 euros. Quand il est arrivé assez près pour que je puisse sentir l'odeur de sa crasse et sa sueur _ et dieu seul sait quoi en plus ! Quand on pense qu'une odeur est composée des particules de ce qu'on sent..._ je me suis dépêché de lui tendre le billet que j'avais en main.
Alors, je sais que c'est plutôt stupide, mais je suis un peu germaphobe _ ironique vue là où je travaille et la manière dont j'ai grandis_ et mon empathie est très sous développé, les gens sales ne sont vraiment pas ma tasse de thé !
Je ne donne généralement pas d'argent aux mendiants, mais en période de fêtes et dégoûté à l'idée de le voir se rapprocher dans son manteau militaire, le don s'est imposé à moi. Mon professeur de philosophie à l'université m'avait dit qu'un acte désintéressé n'existait pas parce que même mère Theresa avait tiré une satisfaction personnelle de l'aide qu'elle avait apporté aux lépreux, mais pour moi ce don n'avait rien de satisfaisant alors il avait peut être tort. Mes pauvres 20 euros !!!
Tout ça pour dire que le jeune était plutôt extatique devant tant de « générosité » et moi j'étais sonné par ma largesse quand débordant de reconnaissance, il m'a serré la main en me remerciant à profusion : « Merci ! Merci madame ! Merci, vraiment, dieu vous le rendra ! Merci ! Merci et je vous souhaite sincèrement de merveilleuses fêtes de fin d'année ! »
« Argh ! Madame ? Madame... Madame ?! »
Oui, je sais que je dois être la personne la plus froide de la planète, bien plus froide que cet hiver pour ne pas apprécier à sa juste valeur les remerciements et le simple bonheur qu'exprimait ce pauvre garçon, mais honnêtement, ce n'était que 20 euros pas 200 ! Il n'ira pas bien loin avec de toute façon. Moi, par contre, traversé par des sueurs froides, j'ai commencé à fouiller mon sac à main _ avec la main qu'il n'avait pas touché _ à la recherche de mon gel antibactérien tout en faisant mon possible pour ne pas courir jusque chez moi. Le contact m'a traumatisé ! En même temps le mot « madame » faisait écho dans mon cerveau comme une sentence définitive qui me donnait des vertiges.
Je me suis marié trop jeune pour réaliser mon passage de "mademoiselle" à « madame ». Ça avait été pour moi le chemin le plus court vers une « normalité » que j'avais attendu et désiré depuis ma plus tendre enfance. Cependant, m'entendre appeler comme ça « madame » de la part d'un jeune...
J'ai oublié ce que c'était que d'être jeune et de toute évidence, aujourd'hui je ne le suis plus.
Après m'être baigné dans mon gel antibactérien, je me suis observé de près dans le miroir de ma salle de bain et j'ai détesté ce que j'y ai vus. J'ai par conséquent pris la décision d'écrire. Sa voix résonne encore dans mon loft vide "madame"... Super façon de finir l'année !
Evidemment ce n'est pas la première fois que l'on m'appel « madame », mais je n'ai jamais semblé y porter attention, j'étais un zombie et les mots pour moi étaient juste du vent.
Daily routines can kill one's soul... but mine is not gone yet.
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Don't mind me...
Comme vous pouvez le voir, ceci n'est pas une fanfiction.
J'ai commencé cette histoire il y a 15 ans, j'essai de la reprendre ici pour me forcer à la finir.
N'hésitez pas à laisser des commentaires, je suis friande d'avis constructifs.
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