Chapitre I
• • • Mercredi 3 février 257, Zone Interdite, Sud-Est d'Arianna • • •
« Elimar, Día, promettez-nous de prendre soin d'elle et de l'élever comme votre propre fille, implora une femme au visage d'ange barbouillé de larme en regardant le nourrisson que son mari tenait dans ses bras.
– Nous vous le promettons, répondit la dénommée Día.
– Nous viendrons lui rendre visite le plus souvent possible, mais ne lui dites jamais la vérité à propos de nous, nous ne voulons pas qu'elle soit mise en danger, dit l'homme en donnant le nourrisson à la belle Día.
– Vous pouvez compter sur nous, nous prendrons soin de votre fille comme si c'était la nôtre, lui répondit Elimar. »
La femme en pleure tourna le dos à ses amis et commença à rejoindre son cheval.
« Encore merci pour tout ce que vous avez fait pour nous, dit l'homme en lançant un sourire triste à Día et Elimar. »
L'homme rejoint sa compagne, se mit en selle et le couple partit au grand galop. Ils disparurent dans le froid mordant de cette nuit d'hiver, laissant derrière eux le fruit de leur amour interdit.
• • • Mardi 2 mars 273, amphithéâtre de l'Académie de l'Est • • •
Quelques centaines d'élèves étaient réunies sur les chaises disposées dans un très grand jardin. Devant cette assemblée, un homme dans la quarantaine. Directeur de cette Académie, il déclamait son long discours à l'attention des nouveaux et des anciens élèves. Quelque part au milieu de cette mare d'élèves à moitié assoupis, se trouvait Engill. Cette jeune fille, avec son teint de porcelaine, ses longs cheveux presque blonds cendrés, presque gris et son regard d'améthyste intriguait les autres. Dans cette Académie, presque tout le monde se connaissait, puisque tous étant des enfants de la noblesse, ou au moins de la bourgeoisie. Mais personne n'avait jamais entendu parler d'une si belle jeune femme.
Après de longues minutes de parole, le directeur Thomas de Lyonnès invita ses élèves à se rendre dans leurs dortoirs respectifs. Engill obtenu une chambre au cinquième étage, qu'elle partage avec Amélia d'Arianna, une amie d'enfance et accessoirement princesse du royaume d'Arianna où Engill arrivait pour étudier. Les deux jeunes filles partageaient un passif assez mouvementé, tantôt meilleures amies, tantôt pires ennemies. En ce moment, elles étaient d'ailleurs en froid, ce qui n'enchantait pas Engill qui n'aspirait qu'à passer ses trois prochaines années d'études tranquillement. Elle apprit par la suite que la chambre était attribuée pour toutes les études, ce qui l'enchantait encore moins.
Le bâtiment était joliment façonné et formait un U. La petite cour séparant l'aile des filles et celle des garçons arborait de merveilleux spécimens floraux. Quelques bancs étaient dispersés dans le jardin, une petite mare d'un côté, un kiosque paisible de l'autre, une majestueuse fontaine d'où sortait une eau cristalline au centre. Bref, un cadre féérique.
Engill monta à sa chambre. Elle était constituée d'une grande pièce à vivre, ainsi que de deux pièces qui servaient de chambres et d'une salle de bain. En ouvrant la première la première chambre, elle tomba nez à nez avec Amélia.
« C'est donc avec toi que je vais partager ma chambre, lança Amélia d'un petit air hautain.
Oui, répondit Engill avant de refermer la porte d'un coup sec. »
Elle se dirigea vers la seconde pièce. Elle installa sa grosse malle sur son lit et pris soin de rapidement sortir et organiser ses affaires. Elle avait rendez-vous à dix heures avec toutes les autres premières années pour visiter le campus. Une fois les dernières décorations posées et son uniforme enfilé, elle prit le temps de se regarder dans le miroir : elle arborait une chemise blanche au liserés bleus et aux détails dorés, un corset serre-taille bleu océan, ainsi qu'une jupe bleue nuit et une paire de bottes blanches et dorées. Elle accrocha l'insigne qui comportait son nom à sa chemise. La jeune fille laissa la veste pendue sur sa chaise de bureau, les premiers jours de printemps étant assez chauds pour sortir sans. Compris dans son uniforme, elle avait aussi une jupe d'équitation, ainsi qu'un long manteau de fourrure, les deux aux couleurs de l'école. Elle descendit dans le jardin pour patienter, et fût vite rejoint par Angelica. Angelicka était une petite personne, aux traits enfantins. Ses cheveux bruns méchés de caramel et ses yeux vairons verts et marrons rajoutaient un côté féérique à ce personnage haut en couleur. Tête brûlée, elle n'hésitait pas à parler et réagir à chaud, sans penser aux conséquences.
La directrice du dortoir, Madame Ellior, emmena les premières années à la visite du bâtiment et du campus. Elle leur présenta d'abord le petit salon du dortoir des filles, salle où toutes les filles pouvaient se retrouver de sept heures à vingt-trois heures, puis le grand salon, accessible aux mêmes horaires, et par tout le monde, puis le petit salon du dortoir des garçons. Elle les emmena ensuite à la bibliothèque, un gigantesque édifice qui détenait le record de plus grande bibliothèque du royaume. Suivirent les serres, les terrains d'entraînement, les écuries, puis les amphithéâtres. Engill nota juste l'emplacement de l'amphithéâtre et les ateliers des cours de couture et stylisme.
La visite terminée, Amélia s'approcha de la jeune fille aux yeux violets et de son acolyte. Amélia était assez grande, avec de grands yeux bleus aux tâches vertes, de longs cheveux blonds comme l'or et ondulés.
« Bon, je te propose qu'on passe à autre chose, Lili. Nos broutilles d'enfants n'ont plus lieu d'être maintenant. »
Engill fit mine de réfléchir, puis dans un sourire, sauta au cou de la princesse.
« Pas de soucis, Amé. Je suis contente de retrouver ma meilleure amie !
- Moi aussi Engill, dit-elle en lui rendant son étreinte. Viens, je vais te présenter à mes amis ! »
Les trois jeunes filles se rapprochèrent d'un groupe de personnes.
« Tout le monde, laissez-moi vous présenter Engill frà Frelsislandi et Angelica de Lyonnès, ce sont des amies d'enfance qui viennent d'un petit village au sud-est d'Arianna ! Lili, voici Alexiandre, Ciel, Karl, Tahys, Jude et Mélodie. »
Alexandre avait une tignasse mal peignée, châtain avec des mèches blondes et des yeux marron pétillants de malice. Il était élancé et respirait l'énergie et la bonne humeur. Ciel, aussi grand qu'Alexiandre, possédait des cheveux brun chocolat coiffés en arrière et des yeux bleus ciels, ainsi qu'une cicatrice au sourcil. Karl, le plus grand de tous, possédait de longs cheveux noirs, des yeux mordorés, une peau noire, et une barbe. Il était imposant, avec ses épaules larges et sa mâchoire carrée. Tahys, le plus petit, avait les cheveux bruns coupé très court, et les yeux lui aussi mordorés. Il était de carrure moyenne et semblait être le plus posé de tous. Jude possédait une chevelure rousse parfaitement peignée ainsi que des yeux verts. Il était très fin, possédait une peau très pâle parsemée de légères tâches de rousseurs sur nez. Sur ce dernier reposait d'ailleurs une paire de lunette rectangulaire lui donnant un air dur. Et Mélodie avait de jolis yeux bleus, presque gris, pétillants, ainsi qu'un carré court noir, et portait des lunettes. Elle semblait timide, mais la gentillesse transpirait de ses yeux.
« Original ton nom, entama Ciel avec un sourire moqueur.
- Original ton prénom, répliqua Engill avec le même sourire moqueur.
- Angelica, tu t'appelles comme le directeur ? s'enquit Tahys.
- Oui, je suis issue d'un orphelinat tenu par le frère du directeur, Elclare de Lyonnès. Au fait, vous êtes dans quelle filière ?
- Je propose qu'on continue cette discussion en se rendant à la cantine, dit Alexiandre.
- Je suis en Seconde, en Droit et Administration, répondit Tahys.
- Première année de Chevalerie, continua Ciel.
- Terminale Forgerie, enchaîna Karl.
- Première année de Cuisine, dit Alexiandre.
- Deuxième année de Botanique, dit Mélodie.
- Première année de Magie de combat, continua Amélia.
- Et Engill et moi sommes en première année de Couture et Stylisme ! »
Tous attendirent la réponse de Jude, mais celui-ci resta silencieux, le nez plongé dans un bouquin.
« Euh ... Jude ? appela Engill.
– Hum ... dit-il sans détourner les yeux de l'ouvrage.
– Tu fais des étu- elle coupa court à sa phrase, le temps de déchiffrer la couverture de l'ouvrage. Tu es en Magie ? dis-je surprise.
– Oui, en deuxième année répondit-il d'un ton froid.
– Comment as-tu deviné ? s'enquit Tahys.
– Sur la couverture du livre, c'est de l'elfique, répondit la jeune fille aux yeux améthyste. Et vous vous connaissez comment ? questionna-t-elle.
- On a tous grandit au château, car nos parents y occupent tous un poste, expliqua Karl. »
Ils s'installèrent à table et une multitude de serveurs apparût pour poser les plats. Engill et Angelica ne se sentirent pas à l'aise d'être servit comme des nobles, n'ayant pas l'habitude. Mais l'école, n'accueillant que des nobles et des bourgeois, devait répondre à certains standards pour maintenir son image.
« Tiens, je me suis toujours posé une question, entama Alexiandre en changeant totalement de sujet, si l'elfique existe, pourquoi les elfes n'existent pas ?
– Ils ont existés jusqu'à la Période Noire, où l'Amarynthe les a reconnus comme hérétiques puisqu'ils ne croyaient pas en la Sainte Mère, mais en plusieurs Eprits, expliqua Engill.
– Je n'avais jamais entendu parler de cette histoire. Comment sais-tu ça ? me demanda KaraL.
– Mon village a beau être petit, il possède une grande bibliothèque regorgeant d'ouvrage presqu'aussi vieux que la Sainte Mère. Avant, de nombreux peuples différents des humains existaient. Mais pendant la Période Noire, ils ont tous péris ou les plus chanceux ont réussi à s'enfuir par la mer, mais on n'en a plus jamais entendu parler. Quant aux livres renfermant les preuves de leurs existences, et comme presque tous les livres, ils ont brûlés. Quand la paix est arrivée, les humains ont peu à peu oubliés l'existence de ces peuples. Cependant, mon village et sa bibliothèque ont été préservés, et nos livres renferment les derniers témoignages de l'existence de ces peuples.
– Woah ... T'es une mine d'information sur patte, toi ! lança Alexiandre.
– Un peu oui, rigola-t-elle.
– Engill ?
Oui Mélodie ? Et au fait, vous pouvez m'appeler Lili, souria-t-elle.
– Je me demandais, le violet de tes yeux est naturel ?
– Oui, c'est une mutation génétique assez rare de ce que l'on m'a expliqué. »
Ils continuèrent à discuter joyeusement tous ensemble, excepté Jude toujours plongé dans sa lecture. Une fois le repas fini, ils remontèrent dans leurs chambres se changer pour s'habiller de manière plus confortable. Engill enfila une robe blanche sans corset et redescendit discuter dans le Grand Salon pendant une petite heure, sans Jude.
Au fil des discussions, Engill et Angelicka apprirent que Ciel et Alex se connaissaient depuis petits et venaient du même village. Tahys et Jude étaient amis depuis qu'ils avaient douze ans, ils se sont rencontrés à la petite école. Et Karl était le cousin de Tahys, même si, à part leurs yeux, ils ne se ressemblaient pas du tout.
Engill remarqua au fur et à mesure des discussions, que beaucoup de regards étaient tournés vers eux. Une des filles qui les regardaient avec insistance prit les devants et vint à leur rencontre.
« Euh, excusez-moi. Amélia, je peux vous parler ?
– Bien sûre !
– Voilà, j'aurais aimé savoir si vous cherchiez une dame de compagnie pendant votre temps ici, s'enquit la jeune fille, toute timide.
– C'est gentil de proposer, mais je n'en cherche pas. J'ai déjà mes amis.
– Oh d'accord. »
La fille retourna à sa place.
« Ça t'arrive souvent d'avoir ce genre de propositions ? s'enquit Angelicka.
– Tout le temps, et quand ce n'est pas ça ce sont les propositions de mariage ... soupira la plus grande blonde.
– Moi aussi j'ai plein de filles à mes pieds ! s'exclama Ciel, fier comme un coq. Après tout je suis l'héritier de la Magistrature de la Guerre. Et en plus j'ai la classe en tant que Chevalier.
– Calme toi, on est quasiment tous héritiers de magistratures ici, dit Karl. »
Après encore presque une heure à discuter et rigoler, ils remontèrent tous dans leurs chambres respectives. Amélia et Engill se dirent bonne nuit, et rentrèrent dans leurs chambres. La dernière défit les tresses qui entourait son crâne et entreprit de peigner sa longue chevelure. Elle lui arrivait désormais en-dessous des fesses. Elle retira ensuite ses bijoux, puis se détailla un peu dans le miroir. Elle était fine et pas très grande. Son corps légèrement musclé contrastait avec l'air fragile que la couleur diaphane de sa peau donnait. Cette peau parsemée de cicatrices lui rappelait les nombreux entraînements à l'épée avec son père et ses frères. Elle n'était partie que depuis deux jours, mais ils lui manquaient tous terriblement.
Elle enfila une chemise de nuit, et se coucha, les yeux rivés sur le portrait de famille qui trônait sur sa table de nuit. C'était son amie Freyja qui l'avait dessiné. Elle aussi lui manquait. Son royaume lui manquait. Elle avait le mal du pays et espérait que cela passe rapidement.
Elle finit par tomber dans les bras de Morphée.
La sonnerie du dortoir retentit, annonçant l'heure du levé. Engill sortit de sa torpeur immédiatement, et attrapa des sous-vêtements propres ainsi qu'un nouvel uniforme puis fonça à la salle-de-bain. Elle prit un certain moment à comprendre le fonctionnement de l'eau courante, mais fini par s'enfoncer dans son bain. Elle profita quelques instants de la chaleur de l'eau et se savonna avant de se rincer et sortir. Elle enfila ses vêtements, et alla se coiffer dans sa chambre. Elle prit une sacoche fournie par l'Académie, et y fourra toutes ses fournitures. Puis elle prit connaissance de son emploi du temps avant de descendre manger son petit-déjeuner.
Elle retrouva Mélodie et Karl. Engill se fit servir une tasse de thé tandis que ses camarades consommaient un liquide brun et très odorant qu'elle ne connaissait pas.
« Vous buvez quoi ?
- Du café ! C'est une nouveauté qui vient du Royaume d'Efin, répondit Mélodie. »
Tahys les rejoint sans rien dire. Il resta les yeux fixés sur sa tasse de café.
« Ah ne t'en fait pas, il est impossible de lui faire décrocher un mot avant au moins neuf heure du matin, expliqua KaraL en parlant de son cousin. »
Ils discutèrent tranquillement tout en mangeant leur petit-déjeuner, rejoints petit à petit par le reste de la bande jusqu'à ce que Karl fasse une remarque :
« Au fait, Amélia n'est toujours pas là ? s'étonna-t-il.
– Maintenant que tu le dis, je ne l'ai pas vu ce matin, je pensais qu'elle était déjà descendue, dit Engill l'air aussi étonnée que l'apprenti Forgeron.
– Cette idiote doit encore dormir, souffla Alex.
– Je vais la chercher ! m'exclamais-je me levant. Ce serait bête qu'elle soit en retard le premier jour, ria-t-elle. »
Elle remonta rapidement dans sa chambre. En ouvrant la porte d'Amélia, celle-ci put constater que cette dernière dormait encore. Elle s'approcha d'elle.
« Allez Amélia, réveille-toi t'es en retard ! »
Elle remua un peu avant d'ouvrir les yeux et de grogner.
« T'es en retard je t'ai dit alors bouge-toi ! la pressa-t-elle. »
Amélia sortit difficilement du lit. Pendant ce temps, Engill ouvrit son placard, attrapa son uniforme ainsi que des sous-vêtements, les lui fourra dans les mains et la poussa à la salle-de-bain. Elle en ressortit quelques minutes plus tard, les cheveux encore trempés, humidifiant sa chemise. La plus petite entreprit de rapidement coiffer sa camarade, celle-ci toujours dans les vapes. Elle avait profité des quelques minutes qu'avait passé Amélia à se laver pour lui préparer son sac, qu'elle lui mit dans les bras sans trop de considération. Engill attrapa sa main et la traîna jusqu'à hors de la chambre, jusqu'au self. Amélia engloutit tout ce qui lui passait sous la main, et se réveilla peu à peu, tandis que le self se vidait.
« Ce n'est pas possible d'être aussi molle le matin ! pestais la plus petite. »
Elle ne répondit pas, se contentant de manger. Une fois son repas fini, elles sortirent rejoindre l'attroupement de secondes au moment où le directeur arrivait. Il indiqua à chaque classe de suivre leur professeur principal. La professeure de la classe de Couture et Stylisme se nommait Madame de la Rose. La classe ne comptait qu'une dizaine d'élève, uniquement des filles. Elle suivit la professeure jusqu'à un bâtiment au centre du campus, et rentrai dans une salle au dernier étage. Madame de la Rose prit la parole :
« Bonjour à toutes. Comme vous l'avez entendu tout-à-l'heure, je suis Madame de la Rose et je serais votre professeure principale pour le restant de l'année. Je vous enseignerais toute la théorie et la pratique de la couture, tandis que Madame Rimbard vous enseignera tout ce qu'il y a à savoir sur le stylisme ainsi que l'histoire de la mode. Comme vous pourrez le voir sur les emplois du temps que je vais vous distribuez, le tiers de vos heures sont en communs avec d'autres classes, pour l'histoire, le français, et les mathématiques, nous nous retrouverons dans le grand bâtiment qui se trouve juste derrière le nôtre. Les autres cours auront tous lieux dans cette salle. »
Madame de la Rose continua son monologue sur les règles dans son cours, ses attentes envers la classe, les objectifs de fin d'année, ...
La jeune fille assise à côté de moi se tenait droite comme un piquet, et semblait plus que mal à l'aise. Ses cheveux noirs corbeau étaient réunis en deux tresses lui tombant sur chaque épaule. Sa frange droite venait rencontrer ses grandes et rondes lunettes. Ses yeux étaient d'un magnifique bleu nuit. Angelicka était aussi dans la salle.
« Il semblerait que nous ayons fini en avance, exposa notre professeur. Je vous propose donc de faire un rapide tour de classe afin de nous connaitre un peu mieux. Vous, commencez je vous prie, dit-elle en montrant la blonde aux yeux mordorés.
– Je suis Anne d'Aléo.
– Brigitte d'Irvyi, continua une rousse.
– Je me nomme Engill frá.
– J-je suis Mélanie Vergara, bégaya ma camarade de table.
– Je suis Karine Vera, dit une fille au teint mat avec une voix pleine d'assurance.
– Je suis Nathalie Porobou, enchaîna une brune aux taches de rousseurs.
– J'suis Angelicka de Lyonnès, dit simplement la blonde.
– Je suis Apolline Naviberrai, termina une fille aux cheveux courts. »
– Bon appétit à toutes, nous nous retrouvons demain pour le début des vrais cours, sur ce bon après-midi, nous congédia le professeur. »
Les étudiantes lui souhaitèrent à leur tour un bon appétit et une bonne après-midi tandis qu'elles quittaient la salle. Angelicka rejoint Engill et les filles commencèrent à parler de tout et de rien tout en rejoignant leurs amis. Ils décidèrent tous d'un commun accord de prendre leurs assiettes et d'aller s'installer dehors. Mélodie avait même prévu une nappe de pique-nique. Ils s'installèrent tous en rond et discutèrent dans la bonne humeur.
« Au fait Engill, Angelicka, vous avez des frères et sœurs ? s'enquit Alex.
– J'ai quatre grands-frères, dont des jumeaux, répondit Engill.
– Et moi je n'ai pas de frères et sœurs de sang, mais je considère tous les enfants de l'orphelinat comme mes frères et sœurs, et je connais Lili et ses frères depuis si longtemps qu'ils font partis de ma famille pour moi, enchaîna Angelicka.
– Woaw, quatre grands-frères ! Tu ne dois pas t'ennuyer ! rigola Ciel.
– En effet, surtout avec les jumeaux qui sont de véritables farceurs.
– Et ils ont étudiés ici eux aussi ? continua Tahys.
– Non, ils n'ont pas fait d'études, ils ont appris leurs métiers auprès de mon père qui est forgeron.
– C'est étrange que la seule fille soit la seule envoyée faire des études, non ? demanda Jude, intrigué. »
– C-C'est parce que ma mère est très malade, elle ne peut plus travailler ni me former, je suis donc venue apprendre ici ! répondit Engill, très gênée. »
La question de Jude l'avait prise au dépourvu, elle ne pouvait expliquer la véritable raison de sa venue ici. Mais elle pensait s'en être bien sortie.
Jude, de son côté, restait sceptique quant à la réponse de sa camarade. Il sentait depuis le départ qu'elle cachait quelque chose. Comment une simple roturière avait pu intégrer cette prestigieuse Académie, et comment pouvait-elle connaître la Princesse du royaume. Aussi, d'où sortaient ce nom et ce prénom exotique ? Tant de question auquel il n'avait pas la réponse. Cette fille avait piqué son intérêt, et il se promit que, d'ici la fin de l'année, il aurait découvert son secret.
Ils passèrent l'après-midi dans le parc, profitant du soleil de début de printemps.
• • • Jeudi 4 mars 273, chambre 5-8, dortoir des femmes • • •
Le lendemain, Engill se leva très tôt et en profita pour aller courir un peu. Elle courut une bonne heure, puis retourna se doucher et se préparer. Elle avait un peu mal dormi, mais mis ceci sur le compte du stress des premiers cours. Elle allait partir quand elle se ravisa et alla réveiller Amélia. Elles descendirent ensemble déjeuner, la grande blonde toujours endormie, et furent rejointes par leurs amis petit à petit.
Engill commençait par une matinée d'histoire de la mode, et enchainait son après-midi sur les matières générales. Une journée entièrement théorique qui ne l'enchantait guère. Le soir, elle retrouva Amélia dans sa chambre juste avant d'aller manger, qui rentrait bien amochée d'un entraînement.
« Bah alors, on se fait botter les fesses ? rigola Engill qui était en train de faire ses devoirs.
– Arrête de rigoler et vient me soigner ! répondit Amélia, vexée. »
La petite aux cheveux cendrés aida la plus grande à retirer son armure de cuire. Elle découvrit multiple coupures et brûlures qu'elle soigna en un rien de temps avec sa magie. Engill n'était pas sensée maîtrisé la magie, n'étant qu'une simple couturière, mais elle l'avait tout de même apprise grâce à sa famille, eux d'origines elfiques. Amélia était bien sûr au courant des origines particulière de son amie, et savait qu'il fallait qu'elle tienne sa langue à son sujet.
Elles descendirent manger avec les autres.
Cette nuit-là, Engill fit un cauchemar. Elle voyait une cage de fer, dans laquelle était enfermée une femme. La femme semblait parler, mais la jeune fille n'entendait qu'un bruit sourd. Elle n'arrivait pas à bien distinguer la femme. En tout cas, cette situation l'angoissait. Elle finit par se réveiller en sursaut, couverte de sueurs glacées. La jeune aux yeux violets décida d'aller prendre un bain pour se réchauffer, puis alla se recoucher. Elle finit par se rappeler qu'elle faisait exactement le même cauchemar, petite, puis se rendormit, épuisée.
La fin de la semaine passa à une vitesse folle, Engill n'avait pas le temps de s'ennuyer entre les cours, les devoirs et ses amis.
• • • Samedi 6 mars 273, chambre 5-8, dortoir des femmes • • •
Engill se réveilla au moment de la sonnerie du dortoir. Elle attrapa quelques affaires, et partit dans la salle-de-bain. Elle pesta un certain moment contre les robes à corset, et en ressortit prête. Le soir d'avant, elle avait appris, par l'intermédiaire de Madame Grine, l'assistante du directeur, qu'elle avait un entraînement de prévu ce matin-là avec le directeur en personne. Elle descendit prendre son petit-déjeuner, et se rendit à l'endroit indiqué, une clairière loin des bâtiments et cachée par la végétation. Thomas l'attendait déjà. Ils se connaissait depuis qu'Engill était toute petite, étant donné que son frère, Damien, s'occupait de l'orphelinat du village le plus proche du royaume où vivait Engill.
En un claquement de doigt, cette dernière se retrouva changée en une armure de cuir, et ils entamèrent les entraînements. D'abord au combat rapproché, puis combat d'épée et enfin maîtrise élémentaire. Engill suivait ce type d'entraînement depuis sone enfance, ayant dû apprendre à combattre tôt pour défendre son pays. Autant elle se débrouillait bien, voire très bien dans toutes les disciplines, autant elle n'était vraiment pas douée en tir à l'arc, qui était son dernier entraînement. La matinée d'entrainements éreintant terminée, Engill regagna sa tenue du weekend et son dortoir où elle retrouva Amélia.
« Tu reviens de l'entraînement ? s'enquit Engill.
– Oui et toi ?
– Pareil.
– Tu t'entraînes seule ? s'étonna la grande blonde.
– Non, avec Thomas.
– Il faudrait qu'on s'entraîne un peu toutes les deux, ça me manque !
– Si tu n'as rien de prévu demain matin, pourquoi pas ! Bon, je vais à la salle-de-bain !
– Quoi ? Non j'y vais en première ! »
Les deux jeunes filles se chamaillèrent encore quelques minutes pour savoir qui irait se laver la première, et Engill gagna, non sans un sourire de triomphe. Une fois les deux lavées et changées, elles descendirent manger avec tout le monde.
« Tu t'es changée Engill ? demanda Tahys.
– O-oui ! Je me suis salie, rigola-t-elle gênée. »
Le reste de la journée se passa sans encombre.
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