14 - ornement
- Et donc, qui peut me dire ce que la définition de ...
Elle décrocha instantanément, et se pencha sur son cahier, un instant. Elle détestait vraiment les cours de géographie. C'était si barbant ...
Elle se saisit de son crayon, et commença à dessiner un visage, rapidement. Un visage, qui petit à petit ... prit la forme de celui de Maher.
Malgré elle, tout ce qu'elle dessinait en ce moment se rapportait soit à Lothaire, soit à Maher. Elle coula un regard en biais à Tim, qui prenait religieusement en note chaque mot du professeur. De profil, ainsi ... on aurait vraiment pu croire à une sorte de Maher en chair et en os. Les cheveux plus courts, le visage moins osseux, mais oui, il ressemblait beaucoup à Maher ...
Incroyable.
Et avant même qu'elle n'y pense, elle dessina l'entièreté de son personnage. Vêtements compris.
Elle adorait vraiment dessiner. C'était sa passion depuis qu'elle était toute petite. Depuis qu'elle avait appris à tenir un crayon entre les doigts. Mais jamais elle ne s'était autant amusée à dessiner quelqu'un que Maher. Elle était pratiquement devenue obsédée par son petit dragon. Et ... Lothaire aussi.
Lothaire, le chevalier perdu.
Anecdote amusante : jusqu'à il y a un mois, Lothaire n'existait pas.
En fait, Maher était censé récupérer Lysethea des bras d'un chevalier trop couard pour aller jusqu'au bout de sa mission.
Elle avait encore des croquis de la scène où le chevalier abandonnait Lysethea ...
Mais ...
Un soir, elle avait rêvé de Lothaire. Un brave chevalier, trahi par les siens, qui malgré tout nourrissait une loyauté inébranlable à sa patrie.
Son premier réflexe, à son réveil, avait été de le dessiner, de peur de l'oublier.
Et plus son visage prenait forme sous ses coups de crayon, plus son histoire devenait claire dans son esprit.
Et lorsqu'elle avait fini le tout premier dessin de Lothaire Rosario, elle s'était mise à pleurer.
Parce que maintenant, Maher et Lysethea ne seraient plus jamais seuls.
Et pour couronner le tout, elle se plaisait à dessiner et inventer leurs interactions. Bonus : ça plaisait aussi à ses lecteurs !
La veille, la révélation avait eu lieu : Lothaire avait appris qui était réellement Maher. Son espace commentaire avait été envahis de cœurs, d'émojis choqués, ou de cris de fangirls. Et parmi tout ça, quelques commentaires constructifs. Ah, qu'est-ce qu'elle aimait ses lecteurs ! Et Tim était directement venu la voir, ce matin, le regard pétillant. Sans doute ne s'attendait-il pas à ce que Lothaire l'apprenne comme ça. L'accueil que le chevalier avait reçu lui avait vraiment fait plaisir. Il était aimé, presque autant qu'elle ne l'aimait. Et même s'il n'avait que trente sept jours d'existence ... elle ne pouvait plus voir la suite de l'histoire sans lui.
Une fois Maher achevé, plus ou moins avec brio, elle se décala un peu en dessous, et entama un Lothaire. Un Lothaire qui serait apparemment dans des habits d'apparat. Sans doute à l'époque où il était encore à la Cour Royale ! Elle dessina un sourire confiant, des cheveux savamment coiffés, et ... Une cape. Une longue cape. Andréa adorait dessiner des capes, c'était plus fort qu'elle. C'était tellement ... élégant. Majestueux. Et ... Bah forcément attirant.
Mais au moment d'apposer ses finissions sur sa cape ... elle leva son crayon, songeuse. Quel motif dessiner ? Quel ornement ? Elle avait bien des idées, mais elle hésitait ... alors, comme toujours durant ces moments-là, elle laissa son regard se balader dans la classe. Sur le professeur, absorbé par son tableau. Sur Tim, qui prenait encore des notes. Sur Paul, qui faisait des origamis en papier pour Mélissa. Et ... sur Ophélie. Ophélie, qui écoutait le cours avec un ennui plus que remarquable, tapotant son ongle peint en violet sur sa table, au rythme des secondes égrenées par l'horloge de leur salle de classe.
Aujourd'hui encore, Ophélie avait un trait d'eyeliner absolument magnifique. Andréa lui enviait cette merveilleuse capacité.
En fait, elle enviait Ophélie tout court. En plus d'être d'une beauté absolument époustouflante, elle gardait une classe merveilleuse, en toute circonstance. Aujourd'hui, ses longues tresses étaient accompagnés de fils d'or. Comment avait-elle fait ? De minuscules anneaux gris, placés ça et là, apportaient un éclat argenté à sa chevelure sombre. Franchement, quelle beauté ...
Son regard dériva, lentement ... vers ses pendants d'oreilles. Et son sang ne fit qu'un tour. Des pendants d'oreilles, en forme d'épées. Des épées, à la lame entourée d'une sorte d'auréole ... Elle fut parcourue d'un long frisson. Elle avait trouvé le blason des Rosario !
Ni une, ni deux, Andréa retourna à son dessin, s'attelant furieusement à l'esthétique de la cape de Lothaire.
Des arabesques en haut ... Quelques broderies à gauche ... La pointe ici, la poigne là ...
Elle se retourna de temps en temps vers Ophélie, observant de longues secondes durant ses boucles d'oreilles, gravant dans son esprit ce à quoi elles ressemblaient, s'assurant que le design était bon ...
Et lorsqu'enfin, elle leva le crayon, rarement Andréa ne s'était sentie aussi fière d'un dessin.
Son Lothaire était magnifique. Et ça, c'était grâce à Ophélie !
Mais lorsqu'elle se retourna encore vers elle ... elle trouva son regard d'ébène braqué droit sur elle.
Andréa se retourna instantanément, rouge de honte, et elle espéra qu'Ophélie ne s'était pas rendue compte de son petit manège ...
Toutefois ... Ça valait mille fois le coup. La merveille qu'elle avait dessiné méritait même d'être coloriée. Peut-être la posterait-elle en bonus, lors de sa prochaine publication ? Elle avait hâte !
Et, doucement, elle rajouta quelques petits ornements, à sa cape, tout en bas. Quelques jolis brins de coutures ... qui lui rappelait des écailles.
Oui, maintenant, elle ne pouvait plus concevoir son histoire sans Lothaire.
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