Vaudou
En apprenant que Voldemort préparait une réunion de ses Mangemorts et que lui et ses amis seraient confinés dans leurs chambres par sécurité, Harry avait immédiatement vu rouge.
Sirius avait bien essayé de le calmer en lui disant que c'était l'affaire de quelques heures, qu'il y avait probablement une bonne raison pour que cet ordre soit donné, mais Harry était parti au pas de charge à la recherche du mage noir, sa magie s'agitant sous sa colère.
Il ne savait pas vraiment pourquoi il se mettait dans cet état pour ça : étant le leader des ténèbres, il était plutôt évident que Voldemort aurait à rassembler ses troupes de temps à autres.
Sauf que depuis quelques jours, Harry en avait assez de cette guerre. Il voulait pouvoir sortir librement, sans craindre que ceux qui l'acclamaient autrefois ne cherchent à le tuer...
Chaque jour de plus où la Gazette titrait au sujet de l'affrontement entre Voldemort et Dumbledore lui rappelait qu'il trahissait probablement la mémoire de ses parents, en s'associant avec leur meurtrier. Qu'il était protégé par l'ennemi à abattre, et qu'il commençait à l'apprécier.
Harry était soulagé du soutien inconditionnel de Sirius, et il avait parfaitement accepté les mots de réconfort de son parrain - que ses parents le voulaient en vie et en sécurité quelqu'en soit le prix. Mais il avait entendu tellement de fois parler du couple Potter héroïque, qui s'était sacrifié pour la lumière, que parfois il se demandait s'il ne devait pas accepter de mourir pour que tout cesse... La seule fois où il l'avait suggéré d'un murmure hésitant, Sirius avait paru sincèrement horrifié et lui avait fait jurer de rester en sécurité, près de lui.
Il entra comme un boulet de canon dans la pièce où Voldemort se trouvait le plus souvent, rouge de colère, pour se planter devant le sorcier occupé à lire. Voldemort soupira, d'un air résigné, et secoua la tête.
- Qu'y a t'il encore Harry ?
Depuis quelques temps, le mage noir se demandait si finalement le lien créé par Bellatrix n'était pas une punition pour ses actes passés. L'adolescent entrait régulièrement en rébellion contre lui, que ce soit au sujet de choses aussi triviales que les menus proposés par les elfes ou des attaques qu'il menait dans le monde magique. Tout était prétexte à contestation.
Voldemort était tout sauf un homme patient. Il prenait beaucoup sur lui, pensant à la puissance apportée par le gamin, à sa santé mentale retrouvée, mais parfois, il explosait... Et en ce jour, il n'avait pas la patience de supporter une énième récrimination.
- Je refuse d'être enfermé dans ma chambre pendant que tu seras en train de planifier des massacres !
L'espace d'un instant, les yeux de Voldemort redevinrent totalement rouges, alors qu'il serrait les poings pour s'empêcher d'étrangler le gamin impossible. Il respira profondément, se rappelant qu'il n'avait jamais été aussi puissant, et qu'il y avait encore beaucoup d'avantages à découvrir grâce à leur lien. Que le garçon était un atout, le garant de sa survie. Qu'il était un adolescent pénible dans toute sa splendeur et qu'il allait grandir, devenir un jeune homme moins colérique.
- Je ne suis pas sûr que te promener au milieu de Mangemorts qui ne sont pas au courant de la situation soit une idée très sage, Harry.
- Dis plutôt que tu ne veux pas que je sache ce que tu prépares, Tom !
Le mage noir grogna.
- C'est une simple réunion pour réaffirmer mon autorité ! Pas un espèce de rituel vaudou !
Harry ricana, nullement impressionné.
- Ouais les calmer à coup de Doloris ! Je connais tes méthodes. Et je connais aussi les ordres que tu as l'habitude de donner...
Ce fut la phrase de trop et ils commencèrent à se hurler dessus, aussi furieux l'un que l'autre. Alertés par les cris, Severus et Lucius jetèrent un oeil dans la pièce. Si l'aristocrate blond était totalement stupéfait de voir quelqu'un tenir tête à son Maître de cette façon sans subir de tortures, Severus leva les yeux au ciel en marmonnant un "Potter" agacé, comme si ça expliquait tout.
Le maître des potions allait entrer et intervenir pour calmer les choses mais Lucius lui agrippa le poignet.
- C'est quoi ce bordel ?
Le langage vulgaire inhabituel de l'aristocrate tira un ricanement à Severus, et il haussa les épaules avec une moue blasée.
- Le sale gosse est allergique à l'autorité. Interdit lui quelque chose et il fonce comme un taureau furieux...
- Donc rien à voir avec le rituel de Bellatrix ?
Severus étira ses lèvres en un rictus moqueur. Bien évidemment Lucius avait peur d'être tenu pour responsable des erreurs de sa belle-soeur... et il n'oubliait pas que le grimoire utilisé provenait de sa bibliothèque personnelle.
- Je dirais que nous avons deux personnalités indépendantes et... à tendance colériques qui sont liées. L'agacement de l'un attise la colère de l'autre et vice versa. Tant qu'ils n'auront pas accepté pleinement la situation, et qu'ils ne seront pas vraiment... à l'aise avec ça, je pense que nous aurons quelques belles disputes à subir.
- Ils vont s'entretuer à force !
Severus observa les deux âmes soeurs qui se déchiraient âprement et il soupira.
- Raison pour laquelle je vais les séparer et envoyer le gosse voir son parrain et ses amis. Même si je déteste ce cabot plus que tout au monde, je dois reconnaître qu'il a le don de calmer le morveux et le ramener à de meilleurs sentiments.
L'homme en noir entra ensuite dans la pièce, en faisant voler ses robes comme il le faisait habituellement, attirant ainsi l'attention des deux hommes. Il n'eut pas la moindre réaction de recul au grognement de Voldemort et il ignora le regard noir de Harry.
Fixant l'adolescent, il prit sa voix de professeur, celle qui n'admettait aucune réplique.
- Potter ! Allez-donc tenir compagnie au clébard qui vous sert de parrain.
Le jeune homme montra les dents, et un instant, il fut sur le point de répondre vertement à l'homme. Cependant, il soupira et lança un dernier regard plein de colère à Voldemort en sortant de la pièce à grands pas rageurs.
Une fois qu'il fut sorti, Voldemort ferma les yeux et soupira, essayant d'oublier ses envies de violence pour s'apaiser. Severus cependant ne comptait pas en rester là.
- Potter est un adolescent paumé, qui essaie de s'adapter à une situation que peu de sorciers auraient accepté. Il est soupe au lait et têtu, et il ne craint pas les confrontations, comme tout bon Gryffondor je suppose. Cependant, Maître, vous êtes adulte, et je ne comprends pas pourquoi vous entrez dans son jeu...
Les yeux du Mage Noir rougeoyèrent et Severus pensa vaguement qu'il avait été trop loin et qu'il allait récolter un Doloris pour son franc-parler.
Cependant, Voldemort se détourna et il haussa les épaules avec lassitude.
- Je suis redevenu humain pour ce sale gosse, et il me reproche d'être encore ce fou sanguinaire. Je ne peux pas changer ma nature et devenir un gentil sorcier plein de bons sentiments !
- Maître... Si je peux me permettre...
Un ricanement sinistre l'interrompit et la voix grinçante de Voldemort lui répondit.
- Comme si tu ne te permettais pas. Parle qu'on en finisse...
- Peut être que ce n'est pas vous le problème, mais la situation. Il est écartelé entre la lumière et les ténèbres tant que la guerre perdurera.
Severus salua l'homme et sortit rapidement, laissant son Maître pensif.
Prompt de demain : Condamné à mourir
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