Crabe
Harry avait longuement réfléchi, pesant le pour et le contre, avant de parler à Voldemort. Il avait demandé à ce que les attaques contre les moldus cessent - quelque part, il trouvait injuste qu'ils soient des victimes d'une guerre qu'ils ne comprenaient pas, incapables de se défendre - et il avait eu la surprise de voir que la Gazette n'avait plus mentionné de raids sur les villages moldus.
Les Mangemorts semaient toujours la terreur dans les villes sorcières, il y avait toujours des victimes bien que moins nombreuses qu'auparavant. Harry avait dû se résigner, comprenant que la guerre qui faisait rage ne pouvait pas cesser d'un claquement de doigts.
Idéalement, il aurait aimé que tout cesse, que Voldemort oublie ses prétentions et laisse les choses suivre leur cours. Mais le mage noir s'entêtait, apparemment ivre de pouvoir.
Si au début Harry aurait pu jurer que le but de son ancien ennemi n'était que de prendre le pouvoir, après quelques jours près de lui à l'observer, il commençait à discerner une logique dans toute cette folie.
Voldemort haïssait les moldus parce que des enfants sorciers étaient maltraités.
Il ne voulait pas de sang-de-bourbe, persuadés qu'ils amenaient leurs habitudes moldues dans le monde magique au détriment de coutumes ancestrales. Pire encore, il craignait que la magie ne disparaisse, à force d'être diluée par le sang moldu.
Le mage noir lui avait cependant promis que Hermione ne serait pas blessée de sa main. Il lui avait posé beaucoup de questions sur la jeune fille - sa soif de connaissances, ses résultats exceptionnels - puis il avait semblé pensif. L'adolescent ne s'était pas posé plus de questions sur cet intérêt soudain puisqu'il avait l'assurance que Hermione ne serait pas pourchassée comme d'autres. Après tout, la sécurité de ses amis était le plus important.
C'était peu après cette conversation que Harry avait pris conscience que Sirius était toujours en danger.
Aux yeux du monde magique, il était toujours un fugitif. L'évadé d'Azkaban, le dangereux repris de justice. Personne n'avait cru Harry quand il avait juré en troisième année que le rat de Ron avait été toutes ces années un animagus, le traître responsable de la mort de ses parents.
Personne n'avait cru le jeune homme quand il avait juré que c'était Queudver qui avait conduit le rituel visant à redonner un corps au Seigneur des Ténèbres.
En repensant à l'attaque des détraqueurs qu'il avait subi pendant l'été, il en vint à craindre que Sirius ne soit attrapé et embrassé immédiatement par une de ces sinistres créatures.
Et puis, un matin sa peur était devenue tellement envahissante qu'il avait craqué.
- Je veux que tu fasses innocenter Sirius, Tom.
Voldemort n'avait même pas frémi à l'énoncé de son prénom tant détesté. Il avait pris l'habitude que le gosse ne l'appelle comme ça, après tout, et il s'y accommodait. Autant que de la présence envahissante du jeune homme, de ses exigences - jamais pour lui-même toujours pour les autres.
Il leva un sourcil vaguement amusé, en observant l'agitation du jeune homme. Le mage noir avait bien évidemment compris ce que voulait Harry, mais il fit comme s'il ne voyait pas de quoi il voulait parler.
Harry grogna vaguement et plissa les yeux.
- Je ne veux pas que Sirius soit arrêté de nouveau.
- Et bien, Black est à l'abri ici.
- Je veux qu'il soit innocenté. Qu'il puisse sortir et vivre normalement s'il en a envie.
Après un dernier regard de défi, l'adolescent était reparti, et Voldemort était resté pensif. Il avait noté le regard inquiet du jeune homme et son air suppliant, et malgré lui, il s'en était ému.
L'après-midi même, le Mage noir avait pris sa décision et il envoya un elfe chercher Harry et Sirius. A leur entrée, le Mangemort agenouillé face à son Maître poussa un couinement terrifié et se redressa les yeux écarquillés.
En le voyant, Sirius s'immobilisa et grogna sourdement.
- Queudver !
Voldemort resta silencieux, observant la scène d'un œil intéressé.
Harry comprenant ce qui se passait, agrippa sa baguette et la tendit en direction de Pettigrow, mais ne chercha pas à attaquer.
Comprenant qu'il n'aurait pas d'aide du mage noir, Queudver commença à s'éloigner en crabe, bégayant presque, cherchant à attirer l'attention - et la compassion de Harry - comme il l'avait fait autrefois, dans la cabane hurlante.
Mais depuis, le jeune garçon avait grandi, et avait eu le temps de prendre de l'assurance. Cette fois, il laisserait Sirius décider, et ne chercherait pas à le faire changer d'idée. Il avait tellement regretté d'avoir demandé à épargner sa vie, provoquant un désastre... Sirius capturé, puis le retour de Voldemort.
L'animagus fixa Voldemort un instant, furieux.
- Qu'est-ce qu'il fait là ?
Le Mage Noir fixa Harry avant de répondre.
- Votre filleul m'a rappelé que votre situation était toujours délicate au regard des incompétents du Ministère.
Sirius fronça les sourcils et jeta un bref regard à Harry, qui attendait, méfiant.
- Et donc ?
Queudver s'aplatit au sol devant Voldemort, qui le dévisagea avec répugnance. La larve à ses pieds le suppliait, attrapant sa robe pour lui répéter encore et encore qu'il serait à jamais fidèle. Qu'il ne l'avait jamais trahi. Qu'il lui avait offert sa main - sa chair - pour le ramener.
Sirius laissa échapper un ricanement amer, et Harry avança pour poser une main sur l'épaule de l'homme pour le soutenir. Volemort agrippa le bras de Peter Pettigrew, et posa l'extrémité de sa baguette sur sa marque des Ténèbres.
Puis, il se laissa aller dans son siège, repoussant le rat du pied, un rictus amusé aux lèvres. Sirius observait la scène, comme statufié, un air écœuré sur le visage, indécis.
Harry restait calme, modérant son tempérament de Gryffondor, curieux de savoir ce que le Mage Noir avait prévu. Il se doutait que ça avait un rapport avec son coup d'éclat du matin même, et il espérait qu'ils ne seraient pas tous la cible d'un petit jeu cruel.
Lorsque Lucius Malefoy entra à grands pas, il marqua une hésitation en voyant Sirius Black aux côtés de Harry Potter. Bien sûr, Severus l'avait plus ou moins informé de ce qui se passait, mais il y avait une différence entre apprendre que Black était aux mains de Voldemort et voir l'homme libre de tout mouvement faire face à son Maître de son plein gré.
Visiblement d'excellente humeur, son Maître lui fit un vague signe lorsqu'il s'inclina et il se pencha en avant.
- Cher Lucius, tes... entrées au Ministère vont m'être utiles une fois de plus. Peu importe le moyen, mais débrouille toi pour faire innocenter notre cher invité ici présent. Le nom des Black doit être lavé de tout soupçon... pour cela, le rat est à toi. Après tout, vous êtes liés par alliance, tu peux prétendre que tu voulais laver l'honneur de la famille de ton épouse. Je suppose que Narcissa comprendra l'intérêt de renouer des liens familiaux désormais.
Lucius ne put complètement cacher sa surprise, mais il acquiesça rapidement, sans tenir compte des geignements pathétiques de celui qui tentait encore de sauver sa misérable vie. Avant qu'il ne puisse se retirer, Voldemort le rappela, avec un rictus cruel.
- Oh Lucius. Ne me déçois pas. Les conséquences pourraient être déplaisantes pour toi et ta famille.
L'aristocrate déglutit et quitta les lieux en traînant Peter Pettigrew à sa suite, sans jeter le moindre regard à Harry Potter ou à Sirius Black - question de fierté.
Prompt de demain : yeux bleus
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