Champion

L'été de Harry avait été morne. Morne et triste.
Il faisait des cauchemars récurrents à propos de la mort de Cédric et du retour de Voldemort. Après plusieurs avertissements de son oncle - avertissements douloureux - le jeune homme avait commencé à se priver de dormir au maximum pour ne plus hurler dans son sommeil agité.

Et puis il y avait eu l'incident des Détraqueurs. Les créatures avaient clairement été envoyées pour lui nuire, et même s'il avait su se défendre, les conséquences avaient été désastreuses. Non seulement son oncle l'avait frappé une fois de plus pour avoir mis en danger son fils adoré, mais il avait reçu un courrier du Ministère lui annonçant son renvoi définitif de Poudlard pour usage abusif de la magie.

Le désespoir avait envahi Harry, et il était proche d'abandonner. Il ne supportait plus toute cette pression, devoir subir sa famille qui le haïssait, devoir faire face à un destin qu'il n'avait jamais demandé.
Sans l'arrivée d'Aurors - dont Maugrey Fol'Oeil - Harry aurait probablement fui. Au lieu de quoi, en colère et révolté, il les suivit.

Il découvrit Square Grimmaud et put se jeter dans les bras de Sirius, avec un sourire heureux. Son parrain lui avait manqué, terriblement. Il était l'espoir d'une vie meilleure, son ultime lien avec ses parents.
Ron et Hermione l'accueillirent avec le sourire mais Harry resta distant bien qu'amical. Il n'oubliait pas qu'il n'avait rien reçu de l'été, pas une lettre, pas la moindre nouvelle. C'étaient peut être les ordres de Dumbledore, mais ils avaient tous les trois pris l'habitude de désobéir, et Harry leur en voulait de ne pas avoir cherché à le soutenir.
Quand Ron commença à parler Quidditch, vantant les canons de Chudley qui allaient devenir les prochains champions selon lui, Harry tourna juste le dos pour s'éloigner. La colère bouillonnait en lui, dévastatrice et il préférait s'éloigner avant de craquer et de dire une parole malheureuse.

Sur le moment, Ron s'empourpra, vexé, prêt à se disputer avec Harry mais Hermione le retint, sourcils froncés.
- Laisse-le... Il a du passer un été pénible.


Jusqu'au jour de l'audience au Ministère, Harry se montra grognon et colérique. Il dormait mal, toujours perturbé par la mort de Cédric, et les cernes sous ses yeux noircissaient, attirant des regards inquiets de Molly et de Sirius.
Ron se tenait à l'écart, de mauvaise humeur, mais inquiet pour son meilleur ami. Hermione l'empêchait d'intervenir, d'aggraver les choses en confrontant le brun de front alors qu'il semblait sur le point d'exploser. L'atmosphère à Grimmaud était presque irrespirable, et tout le monde en venait à attendre la rentrée avec impatience pour un peu de répit.
Il n'y avait que Sirius qui pouvait encore communiquer avec le jeune homme, et Harry lui avouait parfois qu'il ne comprenait pas lui-même pourquoi il était autant enragé. Ce fut également à cette occasion qu'il avoua à son parrain la vie infernale chez sa famille moldue, et les coups réguliers de son oncle.
Ce fut l'occasion d'une dispute mémorable entre Sirius et Dumbledore. L'animagus en sortit furieux, n'ayant visiblement pas obtenu gain de cause. Cependant, il jura à Harry qu'il ferait le nécessaire quoi qu'il en coûte.


Arthur Weasley conduisit Harry à l'audience du Ministère.  Sirius était encore un fugitif recherché et il ne pouvait pas se montrer librement. Accusé d'avoir utilisé de la magie hors de l'école, il risquait de voir sa baguette brisée et d'être renvoyé de Poudlard. Le jeune homme comprit rapidement que c'était une vaste blague destinée à le museler : bien qu'il ait déclaré que les Détraqueurs avaient attaqué son quartier, il n'avait aucune preuve, et personne ne semblait décidé à le croire...
Dumbledore arriva en retard, et sans jeter un regard à Harry il le fit innocenter. Il fit venir sa voisine cracmolle qui témoigna de la présence des créatures dédiées à la surveillance d'Azkaban. Harry devait certes beaucoup au Directeur, mais il lui en voulait de le traiter comme un pestiféré. Comme un criminel. Ce fut donc le visage sombre qu'il fut ramené Square Grimmaud, la colère grondant toujours en lui.


Le reste de l'été passa à une vitesse folle. Bien qu'il soit plus colérique qu'avant, Harry se calma suffisamment pour se rapprocher d'Hermione et de Ron. Ils étaient loin cependant de leur complicité d'antan. Ses deux amis ne lui firent pas le moindre reproche, l'observant juste parfois d'un air pensif et triste.

Ils en avaient parlé tous les deux, profitant des moments où Harry s'isolait avec Sirius, et ils en étaient arrivé à la conclusion que Harry était perturbé par les articles diffamatoires de la Gazette sans compter la mort de Cédric et le retour de Voldemort. Un seul de ces évènements serait déjà dur à supporter alors l'accumulation devait être particulièrement compliqué à gérer pour leur meilleur ami.

Il y avait cependant une chose que Harry gardait pour lui, jalousement. Sirius savait qu'il revoyait la mort de Cédric, qu'il se sentait toujours en colère. Il avait même avoué le comportement de sa famille moldue, alors qu'habituellement il gardait le silence - honteux d'être incapable de se défendre face à des moldus... Il s'était refusé à avouer que certains cauchemars le rendaient nerveux. Il voyait ce que faisait Voldemort. Pas comme s'il était au dessus de lui, ou devant lui. Mais comme s'il était lui. Lui ou son ignoble serpent...
Harry en se réveillant en gardait une impression de malaise, un dégoût de lui-même pour avoir ressenti les émotions perverties du mage noir et une douleur lancinante au niveau de sa cicatrice.

S'il en avait parlé à ses amis, Hermione aurait pu lui dire qu'à chaque fois où il se mettait en colère, il frottait inconsciemment sa cicatrice. Il fallait bien connaître le jeune homme pour se rendre compte que ce geste était inhabituel. La lionne si perspicace aurait peut être fait le lien entre ces étranges cauchemars et le changement de comportement de Harry.

Mais Harry Potter avait été habitué depuis qu'il était petit à ne pouvoir compter que sur lui-même. Il avait grandi seul au milieu de ses moldus négligents, et il avait très rapidement intégré l'habitude de ne jamais demander d'aide.
Il avait également été habitué à être corrigé sévèrement pour toute chose étrange qui pourrait se produire autour de sa personne. Même s'il était un sorcier, la peur des coups restait profondément ancrée en lui, suffisamment pour le retenir de parler librement de choses étranges potentiellement importantes.

Et puis, ce fut la fin de l'été. Le jour du grand départ pour Poudlard.
Sirius insista pour les accompagner à la gare sous sa forme canine malgré le danger, et cette preuve d'affection manifeste donna le sourire à Harry et apaisa légèrement l'adolescent. Sirius lui fit jurer de le prévenir du moindre problème, même s'il pensait que c'était quelque chose d'anodin. Et parce que c'était Sirius, Harry promit sincèrement.

En grimpant dans le wagon où étaient ses amis, Harry pensa qu'il aurait aimé rester près de son parrain cette année. Il adorait Poudlard, mais tout avait changé depuis le tournoi des trois sorciers. Désormais, le danger était plus présent que jamais, et Harry craignait tout ce qui pourrait se produire au cours de l'année.


Prompt de demain : malédiction

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