15. Zed Singh

- En tant que votre agent de service et de communication en chef, je suis le mieux placé pour vous informer qu'il nous faut trouver un moyen de mieux relayer les informations de notre groupe, et le meilleur moyen pour cela me semble être d'ouvrir une chaîne YouTube.

- D'accord l'agent de comm, on te laisse faire, alors, avait lancé Sarah.

- Euh... C'est tout ? Pas de discussion ?

Zed avait rit. Sasha s'attendait tellement tout le temps à ce qu'on le contredise et qu'on accroche pas à ses idées qu'il était surpris quand on le faisait.

- Bah oui, avait confirmé Mya. Ça me paraît logique, niveau marketing. Et puis on peut faire quelques affiches, pour faire un peu de pub à notre chaîne.

- On s'appelle Âmes Perdues ? Avait demandé Cléo. Ça me paraît le plus logique.

- Yep, je pense qu'on va faire ça, avait répondu Sasha.

Les Âmes Perdues étaient dans leur salle de répétition - qui était leur salle de CDI, on l'oubliait trop souvent - en train de discuter de leur future présentation sur scène au lieu de répéter, comme ils auraient dû le faire. Mya avait sa tête sur l'épaule de Sarah, visiblement en train de déprimer. Elle avait quitté son copain, mais ça ne s'était pas très bien passé. Cléo se morfondait que Diane soit toujours aux abonnés absents, Sasha avait la tête sur les cuisses de Zed qui lui caressait les cheveux, et Anastasia les regardaient envieusement. La déprime régnait en maître dans la pièce.

- D'ailleurs, c'est pas l'anniversaire de Sarah demain ? Avait demandé Cléo.

- Tu t'en es souvenue ? S'était étonnée la concernée.

- Évidemment, pour qui tu me prends ?

- On se fait un truc à son anniversaire, comme pour Zed ? Avait suggéré Mya. 

- T'es pas du genre à proposer des sorties d'habitude, toi, s'était étonné Zed. Un truc a changé ?

- Le fait que je suis plus avec mon frère, clairement. Je pense qu'il flippe trop pour appeler la police et signaler ma disparition. Ça va juste devenir un peu galère au moment où mon responsable légal devra se présenter aux réunions parents-profs mais au pire j'improviserai à ce moment-là. En tout cas, maintenant que je suis chez Sarah, j'ai jamais été aussi libre, zéro vannes.

- Et elle m'aide à supporter mes petites soeurs, avait ajouté Sarah sur le ton de l'humour.

- D'ailleurs, avec ton frère ? Avait enchaîné Cléo.

- Il m'évite, avait soupiré la brune. J'ai essayé de lui parler, mais rien.

- Je témoigne, avait confirmé Mya.

Sa copine avait soupiré.

Quand elles étaient revenues à l'école, la semaine dernière, Mya et Sarah avaient annoncé qu'elles sortaient ensemble. Celle qui avait été la plus surprise par cette information, c'était sans aucun doute Cléo. Zed se doutait que la jeune fille aux cheveux roses finirait par craquer, mais Cléo était toujours dans son idée que Mya utilisait Sarah. On ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.

- Mya, toi et moi on est tellement des squatteurs, s'était marré Sasha. Je squatte chez Zed, tu squattes chez Sarah.

- C'est pas limite si c'est un entraînement à la vie de couple, avait plaisanté son interlocutrice.

Sasha n'avait rien répondu, il s'était juste réinstallé plus confortablement sur les cuisses de Zed. Celui-ci commençait à les sentir chauffer. Son ami faisait probablement ses gestes en complète amitié, et il était content qu'il se sente assez en confiance pour faire ça avec lui. Le seul problème, c'était que le garçon en voulait plus, beaucoup plus, et il s'en voulait d'en vouloir plus. C'était un sacré cercle vicieux.

- Du coup, avait dit Zed, pour en revenir au sujet principal, aka l'anniv de Sarah.

- J'ai remarqué que c'est toujours toi qui nous recentre quand on divague, avait rigolé sa meilleure amie.

- Et j'ai bien du mal à le faire si tu te remets à divaguer l'instant d'après ! Avait lancé Zed, passablement agacé.

Tout le monde avait rit, et il avait finit par se joindre aux rires aussi. C'était facile de penser à autre chose, quand il était avec les Âmes Perdues. Il avait l'impression d'avoir perdu son temps, ses premières quinze années sur terre, sans eux. C'était exaltant, d'avoir ce genre d'amis, ceux qu'on trouvait que dans les mangas. Un groupe d'amis qui te donnait l'impression de pouvoir tout faire. Le genre où, quand il manquait un membre, alors c'était comme si tout s'effondrait. Ils avaient un peu cette impression, en ce moment. Le manque de Diane se faisait ressentir. Elle avait beau ne pas être réelle, et ils avaient beau tous en avoir conscience, ils l'aimaient, de la manière illogique et irrationnelle avec laquelle on aimait un ami virtuel qu'on avait jamais vu.

Sa disparition, c'était un peu comme si cet ami virtuel se suicidait sans qu'on ait jamais pu le rencontrer. Ça faisait mal.

- T'auras dix-sept ans, c'est ça ? S'était enquis Sasha. Tu seras officiellement la plus âgée de la bande.

- Tu deviens une Mamie, s'était moquée Mya.

Sa petite amie lui avait tiré la langue. Elles s'étaient sourit. Quand elles se regardaient, on aurait dit que pour elles, le temps s'arrêtait, et que le reste des gens dans la pièce ne comptait plus. Zed avait jeté un coup d'oeil à Sasha. Celui-ci le regardait déjà. C'était la deuxième fois que ça arrivait.

Ne te fais pas de faux espoirs, Zed.

C'était plus fort que lui. Il ne pouvait pas s'empêcher d'espérer. En même temps, Sasha n'avait qu'à pas être aussi ambiguë avec lui ! Ça lui donnait des idées, après.

- Sarah, t'aimerais qu'on aille ou ? Avait demandé Sasha. Genre, ce qui te ferais plaisir.

- J'en sais rien. N'importe où ?

- Tu t'attendais sérieusement à une réponse ? Avait raillé Mya. Tu la connais, au bout d'un moment. 

- Tant que je suis avec vous, ça devrait aller.

Zed entendait ce qu'elle ne disait pas.

Depuis que je suis avec vous, tout me semble un peu plus supportable.

Il l'entendait parce qu'il le pensait aussi, tellement fort que ça faisait mal.

- Au pire on a pas besoin de faire un gros truc, on peut juste aller se poser au parc et voilà. On pique nique ensemble, on discute, on vit notre vie quoi. Et on ramène un cadeau à Sarah, évidemment, avait suggéré Cléo. Pas besoin d'un truc de dingue.

- C'est ses dix-sept ans quand même ! Avait protesté Sasha.

- Je veux pas faire un truc grandiose, avait expliqué la brune. 

- OK, bah on règle les détails par message ?

- Allez. Il se fait tard, faudrait qu'on se bouge.

- Ouais.

Zed avait - à regret - laissé partir Sasha de ses cuisses et s'était relevé. Il avait salué ses amis, et s'était dirigé vers l'arrêt de bus, accompagné de son ami et de sa petite soeur. Celle-ci avait récupéré sa trottinette, qui était accroché à un poteau, en chemin. Ce n'était pas vraiment la sienne, c'était celle de Zed quand il était petit, mais Anastasia la monopolisait.

- T'es sûre que tu veux pas rentrer avec nous ? S'était assuré le garçon aux cheveux bleus.

- Pas envie de tenir la chandelle, avait répliqué la jeune fille.

Les deux garçons avaient soupiré de concert.

- Comme tu veux. On se voit à la maison, avait dit Zed.

Sasha avait embrassé sa soeur sur le front puis, le temps qu'ils arrivent à l'arrêt de bus, le bus était là. Ils étaient entrés par la porte de derrière. C'était devenu un rituel. Ils auraient pu poinçonner leurs tickets, ils en avaient, mais bon. Ils s'étaient installés sur les banquettes du fond, Sasha contre la vitre.

- Tu te souviens, en octobre, la première fois où on est rentrés ensemble de répétition ? Avait demandé celui-ci.

- J'ai l'impression que c'était il y a des années, avait chuchoté l'adolescent.

- Si j'étais pas rentré avec toi ce jour là, je serais pas allé chez toi, et donc j'aurais pas su comment m'y rendre. J'aurais été seul le soir où ma famille m'a jeté de chez moi. Tout a commencé ici, en fait.

- C'est ouf.

- Merci.

Le garçon avait dévisagé son ami comme s'il venait de réaliser qu'il était un alien.

- Pourquoi ?

- Pour tout. Tu t'en rends pas compte, mais t'as sauvé ma vie.

Zed avait sourit.

- Merci d'avoir sauvé la mienne.

***

Anastasia était en train de ronfler bruyamment sur le canapé depuis une heure, de même pour la mère de Zed, et les deux garçons étaient en train de lire dans leur chambre. Anastasia avait décalé sur le canapé, entre temps.

Zed avait soudainement détourné son attention de son livre, une idée qui lui semblait géniale germant dans son esprit.

- T'es fatigué ?

- Non.

- Cap ou pas cap ? Avait-il lancé à son ami.

- Cap ? 

- Sortir dehors là maintenant pour regarder les étoiles. On les voit super bien à cette période de l'année.

Sasha avait souri.

- Carrément cap, pourquoi tu demandes même ?

Zed lui avait souri en retour.

- J'suis fier de toi. Tu te mets à oser.

- C'est grâce à toi.

Son ami s'était fait violence pour ne pas rougir.

Ils avaient enfilé leurs chaussures et étaient sortis en essayant de faire le moins de bruit possible. Ni l'un ni l'autre n'était déjà sorti pendant la nuit sans l'accord de leurs parents, et c'était exaltant. Le goût de l'interdit.

Zed était sorti et s'était mis à courir sur le trottoir en respirant l'air frais de la nuit. Les milliers d'étoiles brillaient de mille feux. Le garçon prenait ça pour un signe d'espoir.

Sasha l'avait rattrapé en riant. Son ami voulait embrasser son sourire. Le châtain avait saisi sa main.

- M'accorderais-tu une danse ? On avait pas trop eu le temps de faire ça, à ta fête de Noël. Tu passais tout ton temps avec Sarah.

- Et toi, avec Mya.

- T'es jaloux ?

- Toi tu l'es ?

- Un peu.

- C'est mignon.

- Et toi ? 

- Carrément jaloux.

Sasha avait ricané. Zed lui avait fait une grimace et l'avait fait tourner sur lui-même. Il ne savait pas que c'était possible, que son ami sourit encore plus fort, mais il devait bien se rendre à l'évidence. Lui-même avait mal aux joues à force de sourire.

Les pas de danse de Zed était gauches, il dansait très mal, mais Sasha semblait s'en ficher. Il l'avait encore fait tournoyer, et il s'était arrêté si près de Zed que celui-ci avait entendu son propre cœur battre. Si Sasha l'entendait aussi, c'était la honte.

Leur exaltation retombait, mais leurs doigts étaient toujours entrelacés. Sasha avait louché sur eux, sans pour autant les lâcher. Il s'était penché, et avait embrassé leurs phalanges. Zed avait senti un frisson lui remonter tout le long du corps, et il n'était pas sûr que ça soit à cause du fait qu'il était en sweat au milieu du froid de l'hiver.

Une montée d'agacement l'avait submergé, et il s'était écarté. Sasha n'avait pas semblé vexé, mais blessé, ça oui. Et peut-être aussi un peu déçu, mais Zed se faisait sûrement des idées. Il se faisait souvent des idées.

Il n'était sûr de rien. D'un côté, il avait l'impression que Sasha l'aimait bien, voire même un peu plus que bien. Il n'était pas assez idiot pour ne pas remarquer comment il se comportait. Mais une partie odieuse de sa conscience lui disait, mais bien sûr Zed, et puis quoi encore, un garçon aussi génial que lui, à qui tu plairais ? Tu prends tes rêves pour la réalité. Dans ses oreilles, ça résonnait, des "il est trop bien pour toi" des "t'essaies de te faire paraître original, avec tes cheveux bleus et ton orientation sexuelle que personne connait, tu pouvais pas être bi comme tout le monde ? T'essaies juste de cacher le fait que t'es affreusement normal. Personne ne voudrait d'un mec aussi normal que toi."

Il avait explosé.

- Honnêtement Sasha, ça commence à me gaver toute cette histoire, avait hurlé l'adolescent, assez fort pour que tout le voisinage l'entende.

Il s'en foutait. Il avait continué :

- Est-ce que je te plais où est-ce que tu agis comme ça avec tout le monde ? Je sais jamais ! Est-ce que je suis même spécial pour toi ? Ça me rend ouf. Tu sais à quel point j'ai envie de t'embrasser dès que t'es à moins de dix mètres de moi ?

Il avait marqué une pause, attendant une réponse qui ne venait pas.

- Non ? Eh bah maintenant tu sais.

Il était aussi essoufflé que s'il venait de courir un marathon. Il ne se rendait pas compte de la portée de ses mots, tellement il était énervé.

Sasha lui avait sourit doucement, tellement doucement que la colère du garçon avait fondu instantanément. Il aurait voulu se réfugier dans le cocon de douceur qu'était son ami, et y rester toute sa vie. S'en faire envelopper.

Zed voulait Sasha tellement fort que ça lui faisait mal.

Mon Dieu. Est-ce que c'est ça, être amoureux de quelqu'un ? Je ne veux plus jamais l'être. Plus jamais. En tout cas pas de quelqu'un d'autre que lui.

L'adolescent s'était rapproché de lui, et toutes les sirènes d'alarme au monde s'étaient agitées dans sa tête. Il avait prit ses mains dans les siennes et avait posé son front contre celui de Zed. Il avait fermé les yeux. Son ami s'était senti obligé de faire de même.

- Zed, avait-il chuchoté. Tu te souviens du jour où je suis arrivé chez toi au milieu de la nuit ?

- Évidemment.

Comment aurait-il pu oublier ?

- OK. Maintenant, tu te souviens du moment où tu m'as aidé à mettre des pansements et tout ?

- Oui.

- Tu te souviens que j'avais essayé de te dire quelque chose ?

- Je m'en souviens, ouais.

- Tu veux toujours le savoir ?

- Bien sûr.

La curiosité le rongeait.

- "Personne ne m'a jamais touché comme tu le fais." C'est ce que je voulais dire.

Zed voulait dire mon dieu, je t'aime tellement que j'arrive à peine à respirer là. Et c'est dingue parce que je te connais que depuis quatre mois.

À la place, Zed avait demandé :

- Comme quoi ?

- Comme si ça avait de l'importance si je me cassais. Comme si je valais quelque chose. Autant que n'importe qui d'autre. Comme si ma présence n'était pas juste une gêne pour l'univers. Et quand tu me touchait, j'avais mal partout dans le corps, mais c'était le genre de mal qui faisait du bien. Le genre où ta respiration se coupe mais t'aimes ça. C'est ce que je voulais te dire, la dernière fois. Personne ne m'a jamais touché comme ça. Personne ne m'a jamais fait ressentir ça. Zed, je suis tombé amoureux de toi au moment où tu m'as dis d'oser. Moi aussi, ça fait des mois que je veux t'embrasser.

Zed avait rouvert les yeux. Il avait regardé Sasha. Longtemps. Il avait des tâches de rousseur. Elles étaient belles. Il était vraiment beau. À l'intérieur. À l'extérieur. Partout. Zed n'avait jamais rencontré quelqu'un comme ça. Sasha avait le nez gercé, de l'acné, et un pieds qui rentrait vers l'intérieur. Ses cheveux prenaient une forme bizarre avec le vent, et sa peau était vraiment très pâle. Et pourtant, l'adolescent trouvait chacun de ses défauts magnifiques.

Zed savait ce que c'était, de crusher sur quelqu'un, mais pas de tomber amoureux. Il trouvait l'expression très bien choisie. Tomber amoureux. Il avait vraiment l'impression de tomber, parfois. De vaciller, déstabilisé, et de devoir se reprendre pour ne pas complètement se fracasser la tête contre le sol. Mais parfois, ça faisait tellement de bien.

Le garçon avait lâché prise. Il n'arrivait plus à se retenir. Il était complètement tombé dans le puits.

- Tu peux m'embrasser ?

Sasha avait déglutit difficilement. Son ami l'avait remarqué sans mal.

- T'as envie ?

Zed s'était mis à rire.

- T'as écouté ce que je t'ai dis, au moins ? Tu sais, Sasha, si tu veux pas je vais pas être fâché contre toi. Tu peux juste me le dire. 

- J'ai envie, c'est pas ça le problème, avait-il répondu nerveusement.

- C'est quoi ? Avait demandé Zed en haussant un sourcil.

Sasha avait fixé ses sourcils avec perplexité. Le garçon sentait qu'il se retenait de faire une remarque dessus. C'était honorable.

- J'ai jamais embrassé personne. Mais vraiment, personne de toute ma vie, même pas un smack. Je veux pas mal me débrouiller et que tu sois dégouté.

- Comment je pourrais l'être ? Avait rit Zed. Et au pire, tant pis. On recommencera jusqu'à ce qu'on aime tous les deux ça.

- Ça me paraît un bon plan.

- Tais-toi et embrasse moi.

Il l'avait fait.

Le meilleur, là-dedans, ce n'était pas le baiser en lui-même. D'accord, ce n'était pas désagréable, mais ce n'était pas non plus le retournement de monde auquel Zed s'attendait avec tous les shôjos qu'il avait lu. Le meilleur, c'était les mains de Sasha sur ses joues, son front contre le sien, leurs corps pressés l'un contre l'autre. C'était l'ensemble.

Zed ne voulait jamais arrêter.

Il s'étaient séparés l'un de l'autre, à cours de souffle.

- Wow, avait bégayé Sasha.

- Wow.

Ils avaient du mal à articuler.

- Je me suis pas trop mal débrouillé ? Avait balbutié le châtain.

- J'ai trouvé ça très bien, perso, avait répondu son guitariste. Ah, au fait. C'était mon premier baiser à moi aussi.

Sasha avait rougit violemment.

- T'as mal choisi ton premier baiser.

- Je crois que j'ai très bien choisi. Sasha Hikks, est-ce que tu veux sortir avec moi ?

Sasha avait cherché une approbation dans le regard de Zed avant de l'embrasser à nouveau. C'était un peu mieux qu'avant. Un tout petit peu.

- Évidemment.

Les garçons avaient levé leur tête et regardé les étoiles. On voyait la petite et la grande Ourse. Elles étaient tellement belles. Zed n'aurait su dire si à cet instant, Sasha ou les étoiles étaient plus magnifiques. Peut-être que Sasha était une étoile, que c'était ça, le secret.

Zed avait songé que cette nuit était la meilleure idée de cap ou pas cap qu'il ait jamais eu.

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