Chapitre XIV
Je reste silencieuse quelques instants, ne sachant pas quoi répondre, mais en voyant l'expression de Thomas, j'en déduis qu'il sait déjà ce que je vais dire, il sait que je vais accepter. Je souffle longuement et bois cul sec mon verre avant de secouer la tête. Bordel, avec tout ce qui s'est passé, je n'ai pas vraiment eu le temps de penser à ce genre de choses.
- Il me faut plus de temps pour répondre, finis-je par dire ce qui fait soupirer Thomas
- Je ne peux pas t'en accorder plus que ça. J'ai besoin de ta réponse maintenant, je ne t'ai pas laissé 36h pour rien. réplique Thomas ce qui me fait froncer les sourcils.
- C'est bien la première fois que je t'entends dire que tu n'as pas le temps quand il concerne cette branche.
- Comme je te l'ai dit Amélia, les choses ont changées depuis que tu es partie, soupire William. Ce n'est pas pour rien que je suis là. Je ne cesse de te le répéter, j'ai besoin de toi à mes côtés, sinon, nous ne serions pas venu te déranger.
- Justement, c'est ça que je ne comprends pas. Pourquoi avoir besoin de moi ? Tu es un formateur tout aussi bon que moi, et il ne me semblait pas que dans cette branche la rapidité était obligatoire. Alors pourquoi ?
- Parce que tu es la seule qui puisse le faire rapidement. Avec toi les progrès sont rapides. J'essaye d'entraîner ces jeunes, mais, ils n'avancent pas, ils restent sur leurs acquis, et il faut que ça change, et vite. continue William ce qui me fait lever les yeux au ciel.
- Mais pourquoi rapidement ? On a toujours pris notre temps, pourquoi est-ce que ça change maintenant ? soufflais-je, agacée de ne pas avoir de réponse plus précise que ça.
- On te l'a dit, les choses ont changées depuis que tu es partie, continue Thomas.
- Mais bordel de merde, quelles choses ? Donnez-moi une réponse claire et précise et peut-être que je finirais par vous répondre ! Vous savez que j'ai besoin d'avoir toutes les informations pour prendre une décision ! raille-je en posant brusquement mon verre sur la table, leurs énigmes commencent sérieusement à me taper sur le système.
Thomas et William s'échangent un regard puis Lennie s'y met aussi. Pour que cette fouine soit au courant, alors c'est que l'entreprise doit avoir de sacré soucis, ça n'augure rien de bon. Après un long silence, à les voir s'échanger les regards ils finissent par m'observer et Thomas finit par me répondre.
- Comme tu l'as deviné, je t'avais demandé de démanteler cette branche de la société si tu t'en allais, et aujourd'hui William en est le nouveau responsable. A l'époque, je n'en n'avais plus l'utilité, et elle apportait plus de problèmes qu'elle n'en résolvait, mais quand tu es partie, tout à changer
- Mais encore ? soupirais-je, je crois que je n'aurais pas ma réponse avant demain matin au vu de la vitesse à laquelle ils vont.
- Tu te souviens de la mission de cette branche ? demande William en se pinçant les lèvres alors que je le regarde comme s'il était débile.
Ne pas savoir à quoi servait ma propre branche ? Je ne suis pas stupide, je m'en souviens très bien, c'est même à cause de ça que j'ai dû la démanteler.
- Instaurer la paix entre les différents "clubs" de la ville, et contrôler leurs activités. Mais quand je suis partie, chacun avait son secteur, c'est pour ça que Thomas m'a demandé de la démanteler, parce qu'il n'y en avait plus besoin, et que ses activités illégales étaient nuisible pour la société en elle-même.
- C'est ça, à l'époque, elle ne servait plus à rien, déclare Lennie en soupirant légèrement ce qui me fait froncer les sourcils, je crois qu'en fait je n'aurais jamais ma réponse.
- En fait, on s'est rendue compte que la raison pour laquelle les clubs restaient calmes et dans le rang, c'est parce que tu étais la responsable des opérations. Tu étais un peu comme leur bête noire, et ils avaient peur de toi. On l'a vite compris et on a fait en sorte qu'ils pensent que tu étais toujours avec nous, continue Thomas avant de se pincer les lèvres.
Je me souviens de ça aussi, je me souviens que personne ne me refusait quoi que ce soit, et je me souviens aussi que j'aimais cette sensation de pouvoir que j'avais sur la ville. Les clubs me laissaient tranquille, et ils savaient aussi que je ne leur ferais rien tant qu'ils se tenaient à carreau. C'était la bonne vieille époque.
- Les clubs ont fini par savoir que tu étais partie, et rapidement, ils ont commencés à se rebeller, et l'anarchie régnaient à nouveau dans la ville, la police était à nouveau corrompue, et on a été obligé de reformer la branche. Mais ils savaient que ce n'était plus toi, alors ça ne les a pas calmé, bien au contraire, avoue William ce qui me fait me pincer les lèvres, ça explique pourquoi il est là aujourd'hui.
- Donc vous avez besoin de moi pour qu'ils pensent que je suis revenue avec vous en gros ? déduisais-je en haussant les sourcils.
- Au début oui, c'était le but. On s'était dit que tu aurais accepté s'il s'agissait juste de jouer les têtes d'affiche du moment que ça ne te forçait pas à te mêler des choses pour lesquelles tu es partie, continue mon ami.
- Mais, pour justement être surs que tu ne reviendrais pas, ils ont entreprit de s'organiser pour te rayer du tableau de manière définitive, déclare soudainement Thomas.
- Toutes les menaces que tu as reçu depuis que tu es ici, c'est parce qu'ils ont réussi à te retrouver et qu'ils veulent tout faire pour t'éliminer, et ce, de la même manière que celle que tu utilisais avec eux, en jouant aux devinettes, poursuit William
- Donc en gros, vous êtes en train de me faire croire que tous les clubs de la ville où la société est placée se sont réunis et organisés pour se rebeller et essayer de me tuer ? On parle bien des mêmes clubs qui ne pouvaient pas passer une demie heure dans la même pièce sans qu'un d'entre eux n'en tue un autre ? riais-je avant de secouer la tête amusée, c'est impossible. Ne vous foutez pas de ma gueule s'il vous plaît, j'ai passé trop de temps parmi eux pour savoir que ça n'est pas arrivé.
- Au début, c'est ce qu'on pensait, mais en fait, ils ne se sont pas organisés, ils ont comme qui dirait...William marque une pause, comme s'il cherchait ses mots avant de hocher la tête. Ils ont fusionnés. Évidemment, certains refusent encore de se joindre à eux, mais pour la plupart, ils se sont unis. Ils ont compris qu'on les maintenait sous notre contrôle parce qu'on profitait des tensions qu'il y a entre eux.
- Je ne vous crois pas. Et les menaces que j'ai reçues jusqu'à maintenant, je les reconnais, je sais de qui elles viennent, et jamais ils n'auraient fusionnés avec les autres clubs.
- C'est normal, ils n'ont pas, tous ensemble, formés un nouveau club plus gros, ils ont fusionnés avec l'un qu'ils connaissaient déjà, les monarchistes, il leur ont promis que, quand notre société disparaitra, chacun pourra recommencer à faire ce qu'il veut comme il le désire. C'est eux qui te menacent actuellement, continue de m'expliquer Thomas alors que je me lève pour me resservir du vin, amusée.
- Je ne sais pas ce que vous essayez de me faire croire, mais ça ne marche pas. Les monarchistes n'auraient jamais pu promettre ça, et même s'ils l'avaient fait, les autres clubs, savent très bien que ce ne sont que des menteurs et qu'ils sont dangereux, soupirais-je en reposant la bouteille avant de venir me rassoir.
- Ils avaient un choix à faire entre eux ou nous. C'était comme choisir entre la peste et le choléra, mais ils ont finit par les choisir eux, tout simplement, poursuit-il
- Ne vous foutez pas de ma gueule s'il vous plait, je sais que jamais ça n'arrivera, j'ai passé suffisamment de temps avec eux pour l'avoir compris.
- A ton avis, pourquoi est-ce que nous sommes basés ici Amélia ? demande soudainement William ce qui me fait hausser les épaules
- Pour étendre le pouvoir de la société aux villes avoisinantes. Tout simplement. répondais-je sans vraiment y croire, ça n'a jamais été le but de Thomas, donc ça m'étonnerait mais je sais que ce qu'ils me racontent n'est pas vrai. Enfin, je crois...
- Non, parce qu'ils veulent te tuer, et qu'on essaye de te protéger. On a besoin de toi sur ce coup-là, et tu es la seule qui pourrait nous aider. Ils ont peur de toi, et tu serais plus en sécurité si tu revenais, tu le sais.
Je reste silencieuse quelques instants avant de les regarder tous un par un. J'avoue que j'ai dû mal à les croire, mais les faits sont là. Thomas est celui qui m'a demandé de démanteler cette branche, s'il a décidé de la remettre en fonction, c'est que la situation devaient devenir urgente. Si William est dans cette ville aujourd'hui, il y a très peu de chances que ce soit parce que Thomas veut étendre sa société, ça ne lui ressemble pas. Donc ça veut dire qu'il est plus que sérieux quand il dit qu'il a besoin de moi. Et pour que Thomas se déplace en personne pour savoir ma réponse, c'est que la situation presse. Se pourrait-il qu'ils me disent la vérité ?
Quoi qu'il en soit, j'avoue ne pas savoir comment refuser, ma ville est en détresse, il faut que je revienne pour les aider. Ils me le demandent, alors la situation doit être plus que préoccupante. Je finis par soupirer longuement secoue la tête, je n'en reviens pas, j'aurais tenu cinq mois.
- D'accord, j'accepte. finis-je par dire, une phrase déjà lourde de conséquence.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top