Tu m'as dit,
Je vais te raconter une histoire.
J'ai secoué la tête, encore, pour te faire taire.
Je vais te raconter une histoire, tu m'as répété, plus fort.

J'ai dit, oui.

Tu as dit, je commence.
Alors, tu m'as effleuré de tes premiers mots.
Et j'ai regretté mon oui, qui déjà mourrait sur mes lèvres salées.
Salées par les regrets,
et par la honte.

Mais tu as parlé :

"On observait nos propres ombres.
On se comptait sur les doigts de la main,
On était pas un grand nombre,
Mais c'était déjà bien.

On savait qu'on prenait des risques.
C'est peut-être pour ça que mon père s'est mis à ma hauteur.
À ce moment là, c'était l'heure :
Des adieux
Des "je t'aime"
Des aveux
Des dilemmes.

Mais Papa n'avait que trop conscience des circonstances.
Papa a sortit de sa poche une feuille de papier.
Papa créait en cadence,
Il lui pliait les angles, à son étrangeté,
Papa a alors déposé, dans une main
qui dansait
Une cocotte de papier, qui dans ses doigts voguait.

Puis, avec des yeux sérieux que je ne lui connaissait pas, il m'avait murmuré :
- Amelia, tu es grande. Tu vas marcher.
- Oui, j'avais répondu."