9.
Elle dormait. Mais cette fois-ci c'était pendant le cours de sciences. On était vendredi après-midi, il ne lui restait plus que quelques heures avant a fin des cours et le week-end tant attendu des élèves. D'une oreille distraite, elle écoutait la conversation de deux filles de sa classe bavardant pendant le cours.
- Ouais, du coup ce week-end j'ai prévu d'aller à Londres, et puis de rentrer à l'heure pour les cours.
- Londres ! J''ai adoré la visiter l'année dernière avec mes parents, j'adorerai y repartir.
- C'est vrai, il y a tellement de choses à voir et à faire ! Tu sais un de ces jours on pourrait y aller ensemble, ça serait sympa.
- Oui, c'est vrai ça serait vraiment sympa !
Untel allait à Londres, l'autre à Floride, encore un autre à Paris. Il semblerait que personne ne restait au pensionnat pendant le week-end. Allait-elle se retrouver seule ? Qu'allait-elle faire pendant deux jours ? Elle allait sans doute dormir toute la journée, et ne se réveillerait que pour manger, et puis se rendormirait. Elle se demandait bien ce qu'Andrew allait faire. Il allait sans doute jouer au golf avec ses autres amis de cet internat prétentieux. Ils avaient toutes des activités et des vies programmés à la seconde près. Chacune de leurs vies étaient programmées à la seconde près. Ils partaient tous à l'étranger visiter le monde et puis revenaient dans leur petit village de campagne ou tout le monde se connaissait. Ils racontaient leurs exploits mais en vérité n'avaient rien vraiment vu, n'avaient rien vraiment vécu ou même n'avaient rien vraiment expérimenté. Ils restaient la dans leur vie ou rien ne dépassait du cadre, se mariaient entre connaissance et restait dans un cercle très fermé. Ce genre de personne, Amélia les trouvait ennuyantes à mourir. C'était d'ailleurs une des raisons parmi tant d'autres pour lesquelles elle ne les aimait pas. Son père faisait partit de ce genre de personne. Avant qu'il ne rencontre sa mère. Et puis après sa mort il était redevenu ce genre de personne en exagérant le cliché au maximum de cet homme venant d'un milieu aisé.
Amélia avait envie de partir d'ici. Mais... Pour aller où ? Bien évidemment, elle pouvait aller chez elle, et rester avec son père. Cela serait inutile. Son père ne serait jamais là, allant même jusqu'à travailler pendant le week-end, ou alors il resterait chez eux et travaillerait pendant le week-end. Et l'autre moitié du temps, ils enchaineraient les disputes et les cris. Non merci.
Il n'y avait qu'une et unique chose qui la motivait pour rentrer chez elle : aller fleurir la tombe de sa mère. Amélia était persuadé que son père ne prendrait même pas la peine d'y penser. Il n'y avait qu'elle qui y allait tout les jours, et qui lui offrait des fleurs tout les jours. Son seul et unique effort était de se recueillir un instant, tout les jours sur la tombe de sa mère. Un instant qu'elle prenait pour lui parler, sachant pertinemment qu'il n'y aurait aucune réponse. Elle savait aussi que sa mère était morte, et qu'elle soit au paradis, réincarnée, ou autre elle savait qu'elle ne pouvait lui entendre parler. Pourtant un infime partie d'elle voulait que de là ou était sa mère elle l'écoute et la surveille. Même si elle était persuadé que si elle voyait l'état de sa fille à l'heure actuelle, sa mère préférerait mille fois se retourner dans sa tombe.
Cela faisait une semaine qu'elle n'était pas aller au cimetière et il lui fallait bien dire que cela lui manquait, et même plus encore qu'elle ne le pensait. Bien sûr, ce n'était pas en soi la présence de sa mère qu'il lui manquait. Sa présence lui manquait tous les jours et rien ne pouvait la remplacer, un trou béant qui ne voulait pas se refermer, s'agrandissant même de jour en jour. C'était plutôt le fait de se confier à quelqu'un qui lui manquait. Enfin, à quelqu'un... Et puis, c'était comme si sa mère qui était toujours là. Une présence toujours muette, mais une présence tout de même. Certains n'aimaient pas aller au cimetière, trouvant l'ambiance trop lugubre, quant à elle, depuis quelques années c'était devenu l'endroit qu'elle préférait.
A la sonnerie, elle était la première à se lever, et ramasser son sac et d'y jeter ses affaires en vrac. Elle courrait jusqu'au coin de la cour arrière, là ou elle restait habituelle pour fumer. Sa dose de cigarette avait soudain augmenté en l'espace de quelques jours, elle ne fumait plus cinq ou six cigarettes par semaine, mais par jour. Ses yeux étaient injectés de sang si elle n'avait pas la possibilité d'en allumer une. La nicotine avait remplacé à tout ce à quoi elle tenait. Ou du moins avait tenu.
La solitude. C'était ce qu'Amélia ressentait au quotidien depuis quelques années. Mais ce sentiment de solitude c'était considérablement amplifier en l'espace même de quelques jours. Elle avait toujours eu Scar. Evidemment, leur relation était de loin la plus belle ou même la plus romantique, mais d'une manière inexplicable Scar lui manquait atrocement. Pourtant ce n'était pas la personne la plus attachante, la plus drôle, la plus joyeuse, la plus drôle, ou même le petit-ami le plus présent ou fidèle. Mais par un caprice de son cœur, il lui manquait atrocement. « Le cœur à ses raisons, que la raison ignore. »
Elle poussa un soupir, ce n'était pas non plus un problème que les élèves de sa classe ne l'appréciait pas, elle en avait l'habitude, et aller même à faire tout pour. La différence, était qu'avant elle faisait peur, avant elle terrifiait les gens par son caractère, son attitude, son Histoire. Maintenant, ce n'était qu'une personne qui faisait pitié, ou que l'on regardait sans jamais vraiment la voir. Tout le monde avait entendu parler d'elle. C'était un internant assez petit en vérité, les rumeurs circulaient vite. Pourtant, à peine un regard et elle était déjà oublié. Cela faisait mal, encore plus que d'être prit pour un monstre. Mais étonnement, dans cette solitude, il n'y avait qu'une seule personne venant lui parler, sans arrière pensée ou envie de le juger sur quoi que ce soit.
Et cette personne était bien évidemment Andrew. Elle ne savait pas exactement ce qu'il lui trouvait. Une personne comme lui ne s'intéressait pas aux filles comme elle. Personne ne s'intéressait à elle de toute manière, alors pourquoi le faisait-il ? Sand doute qu'il voulait observer de près ce phénomène de foire, je vous présente la dénommée « Amélia ». Comme un singe dans un cirque, sortant invariablement du lot. Ou peut-être qu'il l'appréciait ? C'était trop rêvé, elle, avait rien fait pour mériter son attention. Elle restait froide, se contentant de l'écouter tout en continuant de fumer sa cigarette. Ses rencontres avec Andrew avaient-ils fait que sa dose de cigarette avait augmenté ? Ou était-ce le contraire, et que sa dose de cigarettes avant augmenté donc ses rencontres avec Andrew aussi ? C'était presque devenu un rituel pour eux, elle fumait, il parlait, elle écoutait. Et ce depuis près d'une semaine. Cet Andrew l'intriguait. Il n'était pas un fils à papa, et était vraiment très différent de tous les autres garçons de cette école.
Et pour la première fois depuis longtemps elle voulait apprendre à connaitre quelqu'un. A réellement apprendre connaître quelqu'un. Mais à cause de sa fierté, et l'image qu'elle voulait tant donné d'elle elle restait inlassablement froide et mystérieuse. Comme elle l'a toujours été et comme elle le sera toujours. Enfin ce fut un temps ou elle n'avait pas besoin de cette carapace pour se protéger des autres et se protéger d'elle-même. Ce masque qu'elle avait prit tant de temps à forger ne pouvait pas tomber dés qu'elle rencontrait une personne.
Fébrile, elle chercha dans son sac son paquet de cigarette et enfin arriver dans la cour arrière elle alluma sa cigarette et aspira un grand coup. Elle n'aimait pas particulièrement la campagne, l'accès à beaucoup de choses était restreint comme par exemple un cinéma, ou une boîte de nuit, enfin toutes ces choses que les jeunes aimaient faire. Mais elle aimait le paysage et calme qu'il y régnait en permanence.
Elle attendit patiemment qu'Andrew vienne, scrutant impatiemment les alentours. Deux bonnes minutes passèrent. C'était bizarre. Habituellement, il était toujours à l'heure, qu'il pleuve ou qu'il vente. Après tout, il était peut-être tout simplement en retard, son professeur avait peut-être continué son cours plus qu'il ne le fallait ? Ou il a eu un empêchement ? Il y avait trente six milliards de possibilités. Après dix minutes, elle éteignit sa cigarette à l'aide de son talon et le ramasser du sol pour ne laisser aucune preuve. Bien sûr qu'il ne viendrait pas. Pourquoi viendrait-il ? Ce n'était pas comme s'ils s'étaient donné rendez-vous ou programmé quoi que ce soit. Elle n'avait aucune raison de lui en vouloir, pourtant une partie d'elle, cette partie d'elle égoïste, lui en voulait. Elle pensait s'être fait un «ami », même si ce n'était qu'un grand mot, elle commençait à l'apprécier. Ses bavardages incessants, qu'elle n'écoutait qu'à moitié d'ailleurs lui manquait même un peu, même s'il elle ne le s'avouait pas à elle-même.
Elle ne savait pas même pas pourquoi elle lui en voulait exactement. Elle avait espéré pourtant. « L'espoir fait vivre », oui mais «L'espoir fait mal ». Espéré que quelqu'un s'intéresse à elle. Espérer que quelqu'un voulait la connaître. Pourtant depuis le temps elle devait le savoir depuis le temps que s'attacher à quelqu'un ne lui apportait que des malheurs.
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