41.
Elle était en cours de physique, l'écoutant d'une oreille. Depuis quelques jours, l'intérêt qu'elle portait pour les cours s'étaient éteints. Elle n'arrêtait pas de penser, et de ressasser de nombreux souvenirs. Depuis qu'elle avait parlé à Andrew de Scar, elle était assaillie de souvenirs. Elle se souvenait d'un jour où ils étaient restaient chez lui, à parler de tout et de rien. Cela leurs arrivaient lorsqu'ils étaient tous les deux sous l'emprise de stupéfiant. Elle se souvenait vaguement de ces conversations, mais celle là lui était resté en mémoire. Peut-être parce que c'est la première fois qu'elle avait réussi à lui parler, sans qu'ils passaient leurs temps à s'embrasser ou dans son lit.
- Dis-moi, qu'est-ce que tu ressens pour moi ? Lui demanda t-elle.
- Qu'est-ce que je ressens pour toi ? Euh... Bonne question.
- Non, sérieusement. Réponds moi.
- Je t'aime.
- Vraiment ?
- Ouais. Vraiment.
Elle sourit. Elle savait bien qu'il mentait et qu'il ne disait cela que pour en finir avec ces questions. Malgré tout, le fait d'entendre ces mots de sa bouche la comblait. Elle l'embrassa donc, mais il ne réagit pas. Elle poussa un soupir et s'assit à côté de lui, les yeux dans le vague.
- Je me suis toujours demander un truc.
- Qu'est-ce qu'il y a Scar ?
- Qu'est-ce qu'il y a après la mort ?
- Bonne question. On le saura que lorsque le moment sera venu je pense.
- Paradis, enfer ?
- Peut-être.
- Tu penses que tu irais où toi ?
- Aucune idée, je ne cherche pas vraiment à savoir. J'essaye rarement d'y penser.
- Je pense que j'irai en enfer, dit-il calmement. En supposant qu'on reste dans l'idée qu'il y a un enfer et un paradis.
- T'as à l'air plutôt à l'aise avec cette idée...
- Ouais, à quoi bon jouer au saint ici sur terre ? C'est pas comme ça qu'on va évoluer. Pour gagner de l'argent, pour se faire un nom ici sur terre il faut mentir, voler et faire des choses illégales. Et ça, la plupart des gens n'ont pas le courage de le faire.
- Je ne pense pas. Pas mal de gens ont réussi en étant bon.
- Et ils sont bons parce qu'ils le sont vraiment, ou bien parce qu'ils espèrent gagner des points quelque part ?
- Je ne sais pas. C'est à eux qu'il faudrait le demander. Je suppose que certains le sont vraiment. Fondamentalement bon.
- J'en doute fortement. Personne n'est ni tout blanc ni tout noir. Et de nos jours, c'est rare de croiser un bonne personne. Fondamentalement bon. Tu sais, repris t'il après une pause, tout le monde se pose des questions sur la vie après la mort. Moi aussi d'ailleurs. Mais il y a une question beaucoup plus important que je me pose.
- Laquelle ?
- Qu'est-ce qu'il y a avant la vie ?
- Dans quel sens ?
- Eh bien, avant notre naissance. Qu'est-ce qu'il y a ? Le néant ? C'est tellement... tellement obscur ! Est-ce qu'on renait ? Il y a tellement de chose qui se passe avant notre naissance ! Et nous dans tout ça ? Où est-ce que nous sommes ? Dans le vide ? On n'existe pas ? Mais c'est quoi cette notion ? J'ai du mal à le concevoir. Nous sommes juste... un entre deux. La vie est un entre deux.
- Je t'avoue que je me suis jamais vraiment posée la question...
- On est bien déchirés, hein ?
- Complètement... À tel point qu'on se pose ces questions. Enfin... Oublie.
Soudain, elle sentit qu'on lui secouait l'épaule. C'était Tamara qui l'appelait depuis une bonne minute. Le cours était fini et elle ne l'avait même pas remarqué.
- Mais à quoi tu pensais ? Le cours est fini depuis au moins cinq bonne minutes !
- Oh, à rien... On y va ?
Elle ses dirigèrent vers la cantine et prirent leurs repas. Andrew était déjà installé et les attendait en lisant un livre.
- Vous en avez pris du temps !
- C'est qu'Amélia était déconnecté de la réalité.
- Je pensais juste à quelque chose...
- Elle pensait à moi probablement.
Pendant tout le repas elle resta assez passive, ne répondant qu'aux questions qu'on lui posait par des hochements de tête. Elle se questionnait encore sur Scar. Que faisait-il ? Pensait-il parfois à elle ? Elle le voulait ardemment, mais au fond d'elle-même elle savait bien que son existence ne lui avait même pas traverser l'esprit. Elle poussa un soupir. Pourquoi était-elle si attristée ? Elle le savait bien en le rencontrant et en le côtoyant qu'il n'était pas un romantique, un éternel amoureux. Elle avait eu pourtant espoir de le changer, d'essayer d'en faire quelqu'un de meilleur. De le sauver d'une certaine manière. Quelle ironie, sachant qu'elle même était au fond du gouffre, main dans la main avec Scar se noyant avec lui. Les années passées lui ont appris une chose : elle n'avait aucune emprise sur lui et ne pouvait le changer. Cependant, cette emprise qu'elle pensait pouvoir avoir sur lui s'était mué en une emprise qu'il avait sur elle, comme si elle était sous son charme. Rectification, elle l'était bel et bien.
- Et donc, ce samedi on sort sur Paris ? Demanda Andrew.
- Qu'est-ce que tu as en tête ? Lui demanda Amélia.
- Moi ? Rien de spécial, pourquoi ?
- Écoutes, si c'est pour aller voir Scar, je refuse.
- Qui a dit qu'on allait le voir ?
- Je le sais. Je sens que c'est ce que tu mijotes.
- D'accord. Admettons que c'est vrai. Tu ne veux pas venir ?
- Non. Combien de fois je t'ai dit de ne pas te mêler de mes affaires ?
- Une centaine de fois ? Des milliers de fois ?
- Alors pourquoi tu continues ?
- Parce que je t'avais fait un promesse tu te souviens ? Trois mois me suffisent pour te faire changer ta vision de la vie. Transformer ton visage aigrie en un visage heureux.
- Je t'ai dit que je ne suis pas un petit oiseau à sauver...
- Écoutes, nous nous sommes fait une promesse. Alors, j'essaye de respecter ma part du marché.
- Si j'ai accepté, c'est pour que tu me laisses tranquille.
- Je m'en fiche de la raison ou des raisons pour lesquelles tu as accepté. Tout ce que je sais c'est que tu as accepté. Et je me dois de respecter ma promesse.
- Alors, faisons un compromis.
- Je t'écoute.
- Je veux bien aller voir Scar.
- Tu vois, on avance, du coup je...
- Seule, le coupa t-elle.
- Pardon ?
- Je te remercie pour tout l'intérêt que tu me portes, et toutes tes attentions. Mais il y a certaine choses que je dois faire seule. Et rencontrer Scar en fait partie. Je dois aller discuter avec lui seule. Je dois aller le confronter seule.
- Oui... Pardon. Je ne voulais pas te brusquer.
- Non, merci à toi. Je ne serais jamais allé de moi-même. Je sais que pour lui je n'existe même plus et il m'a déjà remplacé mille fois. Mais dans ma vie, il a occupé une place importante. Alors j'ai besoin d'aller lui parler.
- Bien dit Amélia, dit Tamara qui ne prononçait aucun mot depuis le début de la conversation.
- Merci.
- Pour ?
- Pour vos efforts. Pour m'accepter malgré tout.
- C'est tout naturel voyons !
- Tu comptes partir seule là-bas ?
- Oui, maman Tamara. Je suis grande tu sais.
- Je sais, je sais, mais... Je m'inquiètes un peu.
- Ce n'est pas un grand méchant. C'est plutôt le méchant flemmard.
- Ça me rassure un peu plus alors.
- Merci... mes amis.
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