37.

Amélia était rentrée dans sa chambre. Elle lisait un livre que sa colocataire lui avait conseillé. Cette après-midi avec Zoey l'avait d'abord mise en colère. Elle avait explicitement précisé à Andrew qu'elle ne voulait pas qu'il se mêle de ses affaires, et lui, malgré tout l'avait fait. Ce n'était pourtant pas de la faute à Zoey, alors Amélia avait écouté ce qu'elle avait à lui dire. Elle était étonnée de savoir toute la tristesse qu'avait accumulé Zoey dans son coeur. Elle ne s'était jamais douté qu'elle s'en veuille à ce point la concernant. Elle n'accusait personne de son changement de comportement. C'était elle-même qui avait décidé de devenir comme cela et elle assumait entièrement. Lui parler et mettre les choses au clair avec elle lui avait fait du bien, quoiqu'elle n'avouerai jamais cela à Andrew. Elle lui en voulait tout de même pour les démarches qu'il avait entreprit. C'est à ce moment que Tamara rentra dans la chambre. Elle portait un tablier de service et ses cheveux étaient attachés en un haut chignon désordonnée.

- Amélia ! Quand est-ce que tu es rentrée ?

- Il y a deux heures. Comment s'est passé ton travail ?

- Beaucoup plus difficile que d'habitude. D'où mon état, dit-elle en pointant des taches de café sur son chemisier. Il y avait un monde fou aujourd'hui ! Et il n'y a avait que la femme du patron en cuisine, moi en tant que serveuse et le patron à la caisse. C'était horrible ! J'ai couru tout le week-end, et quand je suis rentrée hier, je n'ai même pas eu le temps de réviser, j'étais bien trop claquée, alors j'ai fait que de dormir. Et vous, vous avez fait quoi ?

- Andrew m'a emmené dans un endroit surprise !

- Et c'était où cette fois ? Encore un endroit exceptionnel je suppose, dit-elle en s'asseyant sur le lit d'Amélia.

- Pas vraiment. Ton odeur est un mélange de transpiration et de café.

- Ah oui, c'est la dure vie d'une serveuse. En plus, il y avait pas mal de clients énervés ! Subir tout ça pendant deux jours, quelle horreur ! Ça nous a étonné quand même, il n'y a jamais autant de monde. Je me demande qui nous a fait un coup de pub. En tout cas, même si c'était fatiguant j'ai pu tripler mes pourboires. Normalement, pendant les week-end, je gagne environ trente euros de pourboire, et là, je viens de gagner cent euros !

- C'est vraiment géniale. Ça valait le coup.

- Ah oui, totalement ! Mais du coup, c'était quoi la grande surprise qu'il t'a préparé ?

- Tu te rappelle de mon ancienne meilleure amie Zoey dont je vous ai parlé la semaine dernière ?

- Oui, je me rappelle que tu avais parlé d'elle. Eh bien quoi ?

- Il m'a emmené la voir.

- Attends ? Mais... Comment a t'il pu la contacter ? Et savoir que c'était exactement cette Zoey là dont tu nous parlait ?

- Aucune idée. C'est Andrew.

- Mais... Tu ne nous avait même pas donné de nom de famille ! C'est hallucinant. Je me demande si ce mec ne travaille pas pour des agents secrets.

- C'est vrai que ça ne m'étonnerai même pas.

- Et donc, tu es allée lui parler ?

- Oui. J'étais réticente au début. Mais bon, il m'a pratiquement obligé. Et puis, une part de moi voulait aller la voir, prendre de ses nouvelles. Même si je ne lui parle plus en ce moment, elle a compté pour moi. Et puis, on ne s'est pas séparé en de mauvais termes. Elle m'a dit qu'elle s'en ai toujours voulu.

- Voulu ? Pourquoi ça ?

- De m'avoir abandonné quand les choses ont mal tourné pour moi. Mais, elle a été là pour me soutenir dans les moments les plus durs. Je n'ai jamais considéré ça comme de l'abandon. Même moi à sa place je me serai éloigné. J'étais devenu quelqu'un de pas vraiment fréquentable.

- Ah tiens, ça a changé maintenant ? dit Tamara en s'esclaffant.

- Tamara qui fait de l'humour. Voyez-vous ça !

- Et tu es énervé contre Andrew ?

- Oui. Je sais que c'est complètement paradoxal. J'étais vraiment content d'aller la voir et lui parler. Et j'aurais probablement jamais osé lui parler si il n'avait pas fait la démarche. Mais je lui en vaut d'avoir fait ça. D'avoir fouiné dan mes affaires et ma vie personnel.

- Tu sais, je ne pense pas qu'il ai fait cela méchamment. Il le fait parce qu'il t'aime bien. Prends ça juste comme un acte de gentillesse. Bon, ce n'est pas tout mais j'ai besoin d'une bonne douche !

- Je suis contente que tu dises ça, parce que je retenais ma respiration depuis tout à l'heure.

- C'est scientifiquement impossible.

- Crois-moi, je viens juste de le faire.

Le lendemain, comme à son habitude, Amélia était allée fumer pendant la pause de midi. Andrew choisit ce moment pour arriver et se mettre à côté d'elle.

- Qu'est-ce que tu essaie de faire Andrew ? Me sauver ?

- Non. Je respecte ma promesse.

- Écoute. Je ne suis pas une mission de charité, d'accord.

- Je ne te considère pas comme tel.

- Je ne veux pas t'impliquer dans mes histoires. Je n'ai pas un passif comme tout le monde.

- Tout le monde a un passif différent. Tu n'es pas unique sur ce point là.

- Arrête de jouer sur les mots, tu sais très bien ce que je veux dire.

- Et qu'est-ce que tu veux dire exactement ?

- Que je n'ai pas un passif tout rose. C'est tout. Toi, tu as une belle vie, toute rose et toute belle. Avec des idéaux, des valeurs. Sauf que tes idéaux et tes valeurs dans le monde, dans la vraie vie, personne n'en a rien à foutre. Ce qu'on attend de toi, c'est que tu fasses ce qu'on te demande. Et quand tu dérailles, tu deviens comme moi. Une fille à ne pas approcher. À ne pas parler. Un danger. C'est pour toi que je le dis. Reste dans ta petite vie bien tranquille. D'accord ?

- Non. Tout le monde n'est pas comme ça. Je t'ai faite une promesse. Et quand je fais une promesse, je finis toujours par la respecter. Toi écoute moi plutôt. On est pas tous là pour te vouloir du mal. Je tiens à toi. Et je veux ton bien. Sauf que là, tu n'es pas bien. Non, je ne te vois pas comme un acte de charité, ou un cas social. Je te vois comme une amie en détresse.

- Andrew, tu...

- Non. Souviens-toi juste de ça : je tiens toute mes promesses, dit-il en partant.

Pendant tout le reste de la journée, Amélia était d'une humeur massacrante. Elle n'avait adressé la parole à personne et elle rejetait même Tamara. Cette dernière n'insistait d'ailleurs pas trop, connaissant bien le tempérament explosif de son amie. Elle alla donc directement voir Andrew dans sa chambre.

- Vous vous êtes disputés avec Amélia ?

- Non.

- Tu lui as dit quelque chose qui ne l'as pas plu ?

- Elle l'a peut-être mal pris. Moi, je ne fais tout cela que pour elle.

- Elle a été d'une humeur de chien tout le reste de la soirée.

- Alors, elle l'a mal pris.

- Tu sais que je t'aime bien Andrew, mais abandonne tes idées. Amélia est comme elle est. Il y lui a fallu de nombreuses années pour forger cette carapace. Alors, je ne pense pas que c'est en quelques mois que tu vas réussir à briser cette carapace.

- Si, justement. Cette carapace n'est qu'un leurre. Elle se cache sous des pics et sa méchanceté factice. Elle est en vérité beaucoup plus gentille et douce que la plupart des personnes dans ce lycée.

- Abandonne Andrew...

- Tu me lance un défi Tamara ?

- Vous êtes beaucoup trop têtu. L'un comme l'autre. Je ne veux juste pas que vous vous fâchiez pour de bon.

- Ne t'inquiètes pas, ça n'arrivera pas. Merci Tamara, dit-il en souriant.

- Bon, eh bien, je retourne dans ma chambre.

Elle avait essayer d'arranger les choses, mais ils étaient tous les deux beaucoup trop entêtés. Elle se demandait bien si il allait réellement réussir à lui faire changer sa façon de voir les choses. Il ne restait plus que quelques moi de toute manière. Elle allait bien le voir par elle même. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top