36.

Le vendredi soir, Amélia était partie fumer une cigarette. Fumer la rassurait. Elle savait pourtant que la cigarette plaçait un voile sur ses problèmes, permettant de les oublier. Même si ce n'était que pour un court moment, elle ne pouvait s'en détacher. Même pour un court instant elle avait besoin d'oublier sa vie. Alors ses poumons en pâtiraient ? Soit. Elle pouvait avoir le cancer ? Soit. Tout pour oublier. Le cerveau humain était bien sélectif. Il ne retenait vraiment que ce qu'il voulait. Alors pourquoi le sien n'oubliait-il pas les mauvais moments ? Elle était bien maudite jusqu'au bout. Pensive, elle ne vit pas Andrew s'approcher tel une ombre comme il avait l'habitude de faire.

- Quoi ?

- Pourquoi tu fais la tête ?

- Je ne fais pas la tête, dit-elle.

- Si, tu le fais. Tu le fais constamment.

- Et alors ? Ce n'est pas comme si tu allais y changer quelque chose ! aboya t-elle.

- Je suis sûr que dans les trois longs mois où tu vas être ici, je réussirais à te faire voir la vie d'une autre manière !

- Bonne chance à toi.

Elle se demandait souvent pourquoi il cherchait tant à la fréquenter et à la changer. À faire d'elle une personne meilleure. Une bonne personne. C'était des choses qui échappaient à sa pensée. Andrew était le genre de personne qui voyait du bon chez tout le monde. Y compris ceux qu'ils disaient ne pas apprécier. Parce que c'était dans sa nature. C'était ce qu'il le faisait lui-même. Ce trait de caractère la faisait sourire, mais lorsqu'il s'attaquait au cas « Amélia », elle lui disait tout de suite de se préoccuper de ce qui le regardait. Elle appréciait énormément Andrew contre tout attente, mais elle détestait qu'on s'occupe d'elle comme un cas social. Elle détestait d'ailleurs qu'on s'occupe de ses affaires, que cette personne soit son ami ou non.

Amélia et Andrew marchaient dans les rues de Paris comme à leur habitude, une glace à la main malgré le froid qui était encore présent. « Rien de tel qu'une bonne glace pendant l'hiver », avait énoncé Andrew avec un air philosophique. Amélia ne posait plus aucune questions à Andrew quant à leur destination, laissant peu à peu le mystère prendre place. Elle savait bien que malgré tous ses efforts, il ne lui divulguerai aucune information lui permettant de deviner le lieu où ils allaient se rendre. Elle marchait donc tranquillement le laisser la guider. Elle avait d'ailleurs l'impression qu'il ne savait pas lui même où ils se rendaient, mais Andrew sous ses airs calme et tête en l'air avait une grande motivation derrière ses yeux. Il était presque comme une personne avec plusieurs personnalités pensa Amélia. Un moment elle le voyait rêveur, complètement perdu dans ses pensées, presque comme un petit garçon fragile ayant besoin qu'on le protège, et un autre moment elle le voyait fort et puissant avec ses cheveux en bataille. Sa motivation et ses traits se lisaient sur ses traits fins. Elle avait l'impression que c'était le juste mélange entre la fragilité d'un petit garçon et la puissance d'un homme. Elle se sentait même parfois désarçonner face à lui. Et Amélia était très rarement désarçonner.

- Bon, on est bientôt arrivés !

- Comment ça ? Je ne vois qu'une avenue où il y des maisons...

- Oui, c'est le principe.

- Mais... Je ne comprends pas. Je pensais qu'on aller à un endroit pour visiter le lieu.

- C'est tout comme.

- Bon, je te fais confiance. J'espère que c'est pas un plan foireux.

- Mais non ! T'inquiètes.

- Merci, ça me rassures encore plus.

- Mais pourquoi tu es si méfiante ? Allez viens rentre, c'est cette maison là, dit-il en désignant une maison.

Il se dirigea vers cette maison et sonna. Amélia resta en retrait, dubitative. Qui allait donc sortir de cette maison ? Connaissait-il vraiment les occupants de cette maison ou n'était-ce qu'un canular de mauvais goût ? Cependant elle voyait très mal Andrew faire ce genre de blague. Elle haussa donc la tête, curieuse de voir qui allait apparaître. Surprise, elle vit un visage familier apparaitre devant l'embrasure de la porte. Elle mis quelques secondes à la reconnaître. « Oui ! C'est Zoey ! Ton ancienne meilleure amie ! ». Amélia en resta pantoise. Comment avait-il fait pour la recontacter ? Etait-ce bien Zoey ? En la regarder de plus près, c'était effectivement bien son ancienne meilleure amie. Ses traits beaucoup plus enfantins d'il y a quelques années s'étaient affinés. Elle avait coupé ses cheveux bruns qui lui arrivait au bas du dos pour en faire un carré plongeant. Ce changement lui donnait un air beaucoup plus femme.

- Qu'est-ce que c'est ce que cette merde ? Cria Amélia.

- Eh bien... C'est Zoey.

- Non ! Je sais très bien que c'est elle. Ce que je voulais dire, c'est : qu'est-ce que ce plan bourbier ?

- Je pense qu'elle et toi avez des choses à vous dire.

- Je m'en fous ! Je t'ai dit de ne pas te mêler de mes affaires. Et toi, qu'est-ce que tu fais ? Tu te mêles de mes affaires. Qu'est-ce qui est compliqué à comprendre ?

- Et moi, je te l'ai dit. Je vais te faire voir la vie d'une autre manière.

- Il n'y pas d'autre manière. Il n'y a que celle-là.

- Non, il y en a des milliers ! Mais toi tu restes bloqué que dans une seule version de la vie.

- Tu deviens fou. C'est la seule explication que j'ai.

- Écoutez, vous voulez pas qu'on parle de tout ça au calme, à l'intérieur, demanda Zoey. S'il te plaît Amélia.

- D'accord. Mais écoute moi bien Andrew : toi et moi c'est fini.

- Parce qu'on était ensemble ? Fallait me prévenir plus tôt !

- Laisse tomber ton humour à deux balles.

- Bon, allez rentre.

Elle s'engouffra dans la maison. Un petit chien s'avança lentement. Amélia sourit : c'était le chien que Zoey et elle avaient acheté ensemble quand elles étaient beaucoup plus jeune. Elle avait complètement oublié l'existence de ce petit chien. Zoey les fit monter dans sa chambre et les fit s'asseoir dans son lit. Elle partit ensuite dans sa cuisine pour chercher de quoi grignoter. Amélia se tourna alors vers Andrew.

- Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ?

- Faire quoi ?

- Arrête de faire l'innocent.

- C'est pour ton bien.

- Il n'y a que moi pour savoir ce qui est dans mon bien.

- Non. Je suis ton ami, je te connais et je sais aussi ce qui peut te faire du bien.

- Arrête. Je te l'ai répété des milliers de fois. Je ne veux pas de ton aide. Je ne veux l'aide de personne.

- Rends toi à l'évidence Amélia. Ta vie est un bordel complet. Et ça me peine de te voir comme ça. Tu n'essayes pas de l'arranger. Tout ce que tu veux c'est être dans ton bordel et de continuer à accuser tout le monde autour de toi. Tu n'essayes pas de t'en sortir.

- Parce que tu ne t'es pas dit que je ne voulais pas m'en sortir ? J'aime ma vie.

- Non. Tu ne l'aimes pas. Et au fond de toi tu le sais. Accepte d'être aider..., dit-il après quelques instants de silence. C'est à ce moment que Zoey revint avec toute ses victuailles.

- Voilà, alors j'ai des cookies, du chocolat, du jus d'orange et du jus de pomme. Je ne sais pas vraiment ce que vous vouliez. Alors... J'ai tout pris.

- Merci ! Ne t'inquiètes pas, c'est parfait, répondit Andrew en prenant un cookie.

- Alors... Comment vas-tu Amélia ?

- Bien.

- D'accord. Et si tu veux savoir, je vais bien aussi.

- D'accord.

- Amélia... S'il te plaît, parle moi. Si tu as pris la peine de venir, tu devrais...

- Je ne dois rien du tout, la coupa Amélia. C'est lui qui m'a emmené ici. Contre mon gré. Si j'avais eu le choix, je n'aurais jamais fait le déplacement.

- Eh bien, peut-être que maintenant que tu es là, on pourrait parler ?

- Qu'est-ce que tu veux me dire ?

- Je... J'ai toujours eu ce poids en moi. Celui de t'avoir abandonné dans les moments difficile. Je regrette tellement ! Je me dis que si j'avais été là pour te soutenir, tu aurais peut-être tenu le choc. Mais moi je... je t'ai juste lâchement abandonné... Tout ça parce que tout le monde parlait de toi, tout le monde te critiquait. Et je ne voulais pas qu'on m'assimile à toi. C'étaient des idées débiles. J'étais ta meilleure amie. Je tenais à toi, j'aurais dû faire quelque chose. Je tiens à toi, alors quand il m'a contacté et m'a parlé de toi, j'ai tout de suite acceptée parce que cette situation dure depuis trop longtemps. Et que je m'en veux.

- Écoute, dis Amélia en se radoucissant légèrement, je ne t'en ai jamais voulu. Tu m'as beaucoup plus soutenu que n'importe qui depuis longtemps. Je te suis reconnaissante pour beaucoup de chose. Tu étais ma meilleure amie, ma confidente. Je suis même étonnée que tu ne m'as pas oublié !

- Comment t'oublier ? Dit-elle en souriant.

- Tu sais, j'étais contente que tu m'abandonne. Je n'avais plus besoin de me justifié auprès de personne, plus de compte à rendre. Plus de remarque comme « t'as changé, tu n'étais pas comme ça avant ». Mais tellement de fois ta présence me manquait ! Juste une oreille pour me confier. Mais quand je pensais à toi, c'était toujours d'une bonne manière. Si je ne suis pas déjà pire que je ne suis c'est grâce à toi.

Elles continuèrent de se parler tranquillement, et depuis longtemps Amélia était en paix avec elle-même. Renouer avec Zoey, malgré elle lui faisait du bien. Elle avait oublié à quel point son amie était drôle et attachante. 

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