31.

Elles avaient enfin eu le temps de parler pendant le week end et de mettre les choses au clair entre elles. Tamara était très contente de savoir que leurs dispute leurs avait permis de comprendre qu'elles s'appréciaient réellement malgré leurs différences. Mais après tout, n'était-ce pas ça une grande amitié ? Faites de différents, pour mieux se réconcilier. Elles avançaient vers la classe tout en discutant. Elles étaient arrivées avec un peu d'avance avant que les cours débutent. Jade remarqua que leur duo s'était reformé. Elle ferma les poings de rage.

N'avait-elle pas prévenu Tamara ? Pourquoi ne l'écoutait-elle donc pas ? Était-ce trop demander ? Jade ne savait pas exactement ce qu'elle n'appréciait pas sur Amélia. Sa façon de se comporter, ses cheveux, son attitude. Probablement un tout. Jade n'aimait pas ce genre de filles, beaucoup trop sûre d'elle. Elle aimait qu'on l'écoute, qu'on la respecte. Mais par dessus tout, qu'on l'adule. Alors si une fille, qui sortait de nulle part venait et se fichait de sa présence, ça avait le don de la mettre hors d'elle. À la fin de la matinée, Jade décida donc de prendre Tamara à part.

- Tamara ?

- Oui ?

- Tu n'as pas compris ce que je t'ai dit la dernière fois ? T'as besoin que je te le répètes encore combien de fois encore, hein ?

- Écoutes, j'ai été bien trop apeuré pendant des années. J'ai écouté tout ce que tu m'as dit et j'ai fait tout ce que tu m'as demandé.

- Et donc ?

- J'en ai marre qu'ici, on soit tous à ta botte. Amélia est une fille géniale. Elle est sympa, drôle et intelligente. Et en plus de ça, elle t'acceptes comme tu es. Aucune leçon de morale, aucun jugement. J'ai longtemps cru que tu étais mon amie. Mais je crois que je me mentais à moi même en fait.

- Mais Tamara, qu'est-ce que tu racontes, dit Jade du voix plus douce. Bien sûr que nous sommes amies ! Et si je te dis ça, c'est parce que j'ai envie que tu as le meilleur. C'est ce qu'une bonne amie fait, elle te conseille.

- Non, Jade. C'est presque triste que tu ne sais même pas la définition d'une vraie amitié. Je ne dis pas qu'avec Amélia on en est à ce stade. Mais c'est une personne que j'apprécie beaucoup, et ce ne sont pas tes mots qui vont me faire changer d'avis. Ni tes menaces d'ailleurs. Je me suis rendue compte d'une chose aussi. Je méritais autant que toi d'être dans cette école. Alors ça ne marche plus avec moi. Au revoir Jade.

Sur ces mots, elle s'en alla vers le réfectoire laissant une Jade abasourdie.

Jade s'était donc dirigée elle aussi contre la cantine, en colère. Contre Amélia. Contre Tamara. Contre toutes celles qui ont voulu lui faire du tort. À elle et à sa réputation. Elle se demandait comment Amélia avait pu retourner le cerveau à Tamara. Une Tamara si docile, si naïve, si malléable. Elle avait fait de Tamara une de ses esclaves, processus qui avait pris plusieurs années. Et Amélia, avait détruit tout cela en l'espace de quelques semaines. Elle décida donc d'aller voir son frère, le seul qui pouvait l'aider à se calmer. Après avoir pris leur repas ensemble, avec quelqu'un de leurs amis, il s'isolèrent dans un coin pour pouvoir se parler entre eux.

Complices depuis très jeunes, ils avaient appris à connaître la moindre de leur gestuelle et de leurs significations. Leurs parents, n'avaient pas vraiment le temps de s'occuper d'eux. Il étaient eux-même affairés ailleurs, où ils travaillaient plus que nécessaire. Depuis tout petit, leurs mère avait fui son rôle, préférant gérer l'entreprise avec leurs père. Ils avaient eu un nombre incalculable de nourrice, de gouvernante. La plupart fuyait lorsqu'elles voyaient le comportement des deux enfants. Pourtant, à chaque réunion de famille, qui se déroulait pendant la période de fin d'année, lorsqu'ils voyaient enfin leurs parents, ils agissaient en enfant exemplaire : bienveillant, aimable, et doux. Des adjectifs qu'ils ne leur allaient pas tout le reste de l'année.

Ils n'y avaient donc pas de réel lien entre leurs parents et eux. Ils étaient en bons terme, comme deux amis qui se voyaient rarement entre eux et non pas comme des parents et des enfants. Les deux partis se contentaient d'ailleurs de cette relation. Ils n'avaient pas besoin de leurs enfants toute la journée dans leurs pattes et les enfants n'avaient pas besoin de la surveillance de leurs parents tous les jours. Alors, ils faisaient bonne figure à Noël, souriaient pour la photo de famille, et se séparaient pour le reste de l'année.

- Pourquoi tu es en colère ? Lui demanda son frère.

- Toujours à cause de la même raison. À cause de la même personne.

- Ah ! À cause de cette... Amélia ?

- Oui.

- Oh ! Celle qui est ami avec Andrew d'ailleurs.

- Ils sont bien fait pour être ensemble ces deux là.

- Mouais. En attendant, lui aussi il me gave. À se réveiller tous les jours à pas d'heure et partir on se sait où.

- Ils mériteraient bien une leçon tout les deux.

- Qu'est-ce que tu prépares, ô soeur adorée ? dit-il ironiquement.

- Mais c'est toi qui va tout faire !

- Moi ?

- Oui. Tu vas simplement critiquer Andrew ce soir à la cantine. En face de tout le monde.

- Et donc ? Qu'est-ce que ça va faire ? Je le critique tous les jours.

- Oui, mais Amélia sera présente et va vouloir prendre la défense de son ami. Tamara aussi, va peut-être le défendre et...

- Attends, Tamara aussi est pote avec eux ?

- Oui, du coup, elle va le défendre aussi et la directrice va devoir intervenir. Sachant qu'ils ont déjà eu une sanction. La directrice va bien être obligé de les renvoyer, cette fois. Et pas qu'Amélia. Et cette si gentille Tamara n'aura pas d'autre choix que de me supplier de l'aider. 

- Toujours aussi machiavélique, n'est-ce pas ?

- On ne change pas les vieilles habitudes.

L'après-midi passa si lentement pour Jade, elle qui était si impatiente de pouvoir humilier Amélia. Elle n'avait qu'une hâte : être à ce soir. Heureusement, son voeu se réalisa bien assez vite. Des centaines d'élèves se rencontraient chaque jour dans le réfectoire de la cantine. Et au centre de toute ses personnes se trouvaient Jade et sa bande qui étaient en train de manger. Ils s'imposaient par leur posture et leur physique attrayant. C'était impossible de ne pas les voir dans ce réfectoire immense. Amélia et ses deux amis étaient quant à eux assis non loin, mangeant tranquillement leurs repas. Après le signal de Jade, Édouard cria le plus fort qu'il pu.

- Andrew ! Laisse plus traîner tes culottes dans la chambre d'accord ? C'est déjà dur de devoir cohabiter avec toi, alors...

Andrew ne répondit pas et continua de manger tranquillement, comme si tout ce que venait de dire Édouard n'avait jamais été prononcé. Beaucoup de personnes avait d'ailleurs rit devant la pique lancé par Édouard. Celui-ci ne s'arrêta donc pas.

- Bah alors ? Tu ne réponds pas ? Tu ne veux donc pas qu'on apprenne que tu portes des culottes ?

À ces mots, les rires fusèrent dans toute la salle et le bruit de fond s'éteignit peu à peu. Andrew ne réagissait toujours pas, comme à son habitude laissant son colocataire s'égosiller autant qu'il le pouvait. Cela ne lui apportait rien de dialoguer ou se disputer avec lui. Il ne comprenait pas la grandeur de la bêtise. Mais Amélia n'était pas de cette avis. Elle exécrait Jade et son toutou de frère. Elle ne comprenait pas d'ailleurs comment Andrew subissait ça tout les jours. Elle savait bien que ce n'était pas par peur qu'il ne se défendait pas. Pourtant, elle se leva et tonna d'une voix puissante « Qu'est-ce que tu veux ? ». Jade sourit en voyant la réaction d'Amélia. Exactement ce qu'elle escomptait. Son plan marchait comme sur des roulettes.

- C'est pas à toi que je cause, c'est à ton ami.

- Ouais, et moi c'est à toi que je cause. Ta gueule et va bouffer ailleurs on entend que toi.

- Hé ! Parle bien !

- Pas que ça à foutre. Vas emmerder les gens ailleurs.

- Commence pas à me chercher, ça va mal se passer.

Amélia se leva d'un bond et se dirigea lentement vers la table de Jade. Tout le réfectoire attendait ce qui allait se passer, un silence anormal régnant dans la cantine. Lorsqu'elle fut proche de la table, elle mis son poing dans la figure d'Édouard. Cela faisait du bien de se défouler et de pouvoir se battre contre celui qui n'arrêtait pas d'embêter son ami. Elle s'apprêta à lui remettre son coup de poing dans la tête mais deux mains l'agrippèrent : celles d'Andrew et Tamara. Quant à Édouard, trop apeuré pour se battre recula en criant « Viens voir si tu l'oses ». Tamara essayait de retenir son amie avec beaucoup de mal, celle-ci se débitant furieusement. Tamara lui demanda de se calmer et l'éloignait avec Andrew avec grande peine.  

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