16.
Dina agita la main envers cette bande d'amis, qui la lui rendit, souriant. Elle se sentait puissante. Elle se sentait revivre. Autrefois, elle n'aurait jamais osé. Elle ne savait même pas ce qui l'avait poussé à se rendre dans cet endroit dont elle ne connaissait même pas l'existence. Pourtant, la voilà, agitant la main à une bande d'inconnu. Elle engagea la conversation se voulant amicale.
- Salut !
- Coucou ! Lui dit un brun qui la regardait depuis un bon moment déjà.
- Alors, vous vous amusez bien ?
- Comme on ne s'est pas amusés depuis une éternité !
Elle leur sourit, et continua de danser les observant tour à tour. C'était une bande d'amis classique. On ne pouvait les différencier d'un autre groupe. Ils étaient composés de deux filles et trois garçons. Elle pouvait aisément remarquer que deux d'entre étaient ensemble. Il se tenait la main et se regardaient avec des étoiles dans les yeux. Leur couple n'était pas plus vieux que quelques semaines, pensa-t-elle. Pourtant, ils devaient se connaître depuis bien longtemps supposa Dina, à leurs gestes intentionnés l'un envers l'autre et la façon qu'ils avaient de se toucher. Elle jeta un coup d'œil aux trois autres. Ils riaient de la danse de l'un d'entre eux. Celui-ci continua de danser de la même manière, au plus grand plaisir de ses deux autres amis.
- Alors ? Tu es toute seule ici ? Demanda celui qui amusait la galerie.
- Malheureusement... Je cherche un peu de compagnie.
- Tu es au bon endroit alors ! lui dit une blonde en lui lança un clin d'œil.
- Merci, lui répondit-elle. Vous n'avez pas envie de vous posez quelques instants ? Demanda t-elle en indiquant la table de libre.
- Pourquoi pas, dit le dernier du petit trio, un brun qui se donnait des allures de mauvais garçon, qu'il n'était d'ailleurs sans doute pas.
Ils partirent donc s'installer. En avançant, Dina jeta un coup d'œil à sa bande. Néanmoins, sa bande d'un soir. Ils l'observaient sans pourtant comprendre un mot de ce qu'elle disait. Elle leur sourit, sans savoir s'ils allaient le remarquer et se retourna vers les trois amis. Ils continuaient à se chamailler, très à l'aise devant un personne qu'ils ne connaissaient pas du tout.
- Vos deux amis là-bas ne sont pas venus ? demanda t-elle en les pointant du doigt.
- Non, être en couple, c'est toute une occupation, dit le brun en riant.
- Ne fais pas attention à Joe. Juste un indécrottable célibataire. Sinon, moi c'est Evelyne, et toi ?
- J-Jeanne, inventa Dina.
- Et moi c'est Baptiste, dit le blagueur de la petite troupe.
- Enchanté, leur dit-elle avec un sourire chaleureux. Vous formez une joyeuse bande d'amis.
- Merci, répondit la jeune femme. Qui va sans doute se diviser très bientôt...
- Pourquoi ? questionna t-elle dans un élan de spontanéité la surprenant elle-même.
- Pour les raisons classiques je suppose... Tu sais, l'éloignement, les amours, les études. Enfin un mélange de tout ça.
- Ne dis pas ça Evelyne. On n'est pas amis depuis le collège pour rien, dit Baptiste.
- C'est différent, Baptiste. On a plus treize ans. On en a vingt maintenant.
- C'était censé être une soirée pas comme les autres, soupira Joe.
- Si, dit Evelyne en souriant à Jeanne. Alors, raconte-nous un peu ta vie.
- Oh, tout ce qui a de plus banal. A un détail près...
- Lequel ? Demanda Joe curieux.
- Oh, ça va sans doute vous paraître bizarre, étrange. Voire même effrayant.
- Sans doute pas plus effrayant que les danses de Baptiste, plaisanta Evelyne.
- Je ne sais pas... Je...
- Ne t'inquiètes pas, nous ne te jugeons pas.
- Il y a quelqu'un dans ma tête. Il me dicte ce que je dois faire, ce que je dois dire, dit-elle en se prenant la tête entre les mains. Il n'est pas tout seul... Parfois...Parfois il peut y en avoir quatre ou cinq. Mathilde, Laure, Iris, Daniel, et... et Alexandre. Ils sont méchants avec moi. Ils me chuchotent plein de choses dans la tête. Je ne m'entends même plus penser. Ils... Ils me font faire des choses horribles. Je ne veux pas les faire. Vraiment pas. Mais vous voyez, des fois, ils y arrivent par je ne sais quel moyen. Tenez. Prenez mardi par exemple. Je me suis endormie. E lendemain, je me réveille. Et je retrouve une fille chez moi. Une petite fille. Sept ans. A peine. Elle pleurait. Elle avait des marques de blessures. Je lui ai demandé si c'était moi qui lui avais infligé tout cela. Elle m'a répondu que oui. Je... Je n'avais pas d'autres solutions. Il fallait que je la fasse disparaître. C'était moi ou elle, vous voyez ? Alors je les ai obéis. Les voix dans ma tête. C'était la cinquième petite fille. Quand je leur demande pourquoi ils font ça, ils me disent parce qu'elles sont méchantes. Mais elles ne sont pas méchantes, hein ? Mais alors, ça explique pourquoi personne ne veut me parler... Alors ils sont tous méchants ! Peut-être qu'Alexandre a raison finalement. Non, non. Il ne faut pas que je commence à penser comme eux. Ils me font vraiment peur vous savez ? Moi j'ai peur d'Alexandre. Comme tout les autres. C'est le plus cruel. Alors tout le monde l'écoute, vous voyez ? Parce que sinon, gare à nous ! Mais vous êtes mes amis maintenant ! On partage nos secrets ! Je cherchais des amis depuis longtemps. Alexandre a finalement accepté. Parce qu'ils ne fait confiance à personne. Mais si vous êtes méchants... gare à vous ! Dit-elle en éclatant de dire. Hein ? Vous êtes mes amis, hein ?
Elle était à deux doigts de tout leur avouer, et de leur dire que ce n'était qu'une mauvaise plaisanterie. Au fur et à mesure du récit elle inventait des détails, essayant de rendre tout cela de plus en plus sordide. Et ils u avaient crus. Comment ne pas y croire après tout. A moins qu'ils l'ont pris pour une folle. Et c'était probablement le cas. En tout cas, Dina venait de se découvrir un don pour jouer la comédie. Ils s'étaient levés, s'excusant pour chercher à boire. Et les avait salués poliment tout en sachant qu'ils ne reviendraient jamais. Elle se sentait un peu coupable d'avoir gâché leur soirée de retrouvailles, mais bien trop contente de l'effet qu'elle avait produit pour s'en soucier pleinement. Il fallait qu'elle joue un personnage. Et qu'elle trouve une idée. Et vite. Alors voilà. Sans doute un peu tiré par les cheveux. Mais cela avait bien fonctionné après tout.
Elle retrouva les autres attablés, qui attendaient tous des explications de sa part. Elle leur raconta en détail et leur décrit leurs réactions, un sourire aux lèvres. Les visages des trois amis s'étaient peints d'émotions différentes. D'abord de la curiosité quant à ses propos, de l'incompréhension, puis de dégoût. Elle ne s'étonnait pas beaucoup de leur réaction. Pourtant les maladies mentales l'avaient toujours intéressée, elle. C'est d'ailleurs pourquoi elle s'était lancée dans des études mentales pour plus tard se spécifier dans la psychanalyse. Objectif qu'elle voulait à tout pris atteindre. D'une certaine manière, elle voulait aussi défendre ces personnes. Ecartés de la société alors même qu'ils n'avaient rien fait. Aucune chance de montrer leur vraie valeur. Un peu comme elle finalement. Bon, évidemment, les deux cas étaient extrêmement opposés. Mais Dina aimait tout ce qui était « différent », « anormal ». Tout ce qui la définissait en somme. Tout ce qu'elle avait laissé la définir, sans même s'en rendre compte.
C'est sans doute cela qui l'avait inspiré. Elle s'était lancé sans même savoir ce qu'elle allait bien pouvoir leur dire. Ils l'avaient tous écoutés, étonnés du récit qu'elle venait de leur faire. Ils ne la pensaient sans doute pas capable d'autant de cran. Et pourtant ! Ils avaient tous intérêt à chercher un très bon secret, surtout après ce que venait de faire Dina.
- Je suis surpris Dina, avoua Scar. Et saches que je suis très rarement surpris. Et je le dis encore plus rarement.
- Encore un bon point, je suppose, répondit-elle.
- Encore un bon point. Pourquoi parler de cela en particulier ? Demanda-t-il.
- Je ne sais pas. Il faut avouer que ce sujet m'intéresse particulièrement. Alors, à qui le tour ? Demanda-t-elle en changeant radicalement de sujet.
- Bonne questions. Alors, qui se lance ? Questionna Scar.
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