11.

Amélia avait pris dans un sac à dos ses affaires nécessaires pour la nuit. Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Faire tout ce voyage pour un paquet de cigarette. Il fallait aussi dire qu'elle appréhendait la perspective de passer du temps avec Andrew. Elle ne le connaissait pas vraiment, mais une part d'elle-même se disait qu'il allait devenir une des personnes les plus importantes de sa vie. Cette étrange intuition qu'elle n'arrivait pas à chasser depuis la première fois qu'elle l'a vu. Elle se demandait bien pourquoi d'ailleurs. Il n'était physiquement pas son genre, et pas très attirant. Au niveau de la personnalité, elle ne le connaissait pas vraiment pour se faire une opinion fixe sur lui.

Impatiente, elle attendait au lieu de rendez-vous Andrew. Peut-être allait-il faire faux bond et n'allait pas venir ? C'était tout à fait probable. Pourquoi l'emmènerait-il avec elle, ne la connaissait que depuis une petite semaine ? Pourquoi l'emmènerait-il avec elle alors que les seules fois qu'elle lui a parlé c'était sur un ton sec et froid ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Elle pouvait continuer sur cette lancée très longtemps, mais se reprit et continua à scruter les environs en l'attendant.

C'était juste une personne qui voulait s'amuser. Il avait rencontré une fille qui lui semblait sympathique, et voilà tout. Pas de quoi se prendre la tête pour si peu et chercher les raisons à tout. C'était au moins la vingtième fois qu'elle se le disait, alors pourquoi continuait-elle encore à lui chercher des raisons ?

Il avait déjà vingt bonnes minutes de retard, pensa-t-elle une moue dubitative au visage. Et voilà. Encore un qui s'était jouée d'elle. Elle prit son sac à dos et s'apprêta à partir quand au loin, elle entendit quelqu'un l'appeler par son nom. Elle se retourna reconnaissant la voix et vit Andrew courir vers elle. Il arriva enfin vers elle tout essoufflé et s'excusa.

- Désolé, vraiment désolé, j'étais obligé d'aller récupérer mon téléphone chez la directrice et ça a prit plus de temps que prévu.

Elle le regarda avec une mine énervé au visage faisant au même moment froncer ses sourcils, prit son sac à dos et le mit sur ses épaules.

- C'est par où ?

- On doit marcher un peu et trouver l'arrêt de bus le proche et de là, prendre le train. Ne t'inquiète pas j'ai prit deux tickets.

- Et comment tu savais que j'allais venir ? Lui questionna-t-elle intriguée.

- Une intuition je suppose ?

- Et toi ? Tu n'as pas pris ton téléphone ?

- Non. Personne à appeler. Personne à prévenir de ma venue.

- Même pas des amis, ou ta famille, ou..., plus de questions indiscrètes, finit-il en apercevant qu'elle lui avait lancé un regard noir.

- Et comment tu connais cette personne à Paris ? Tu n'es pas un petit campagnard comme tous les autres ? Demanda-t-elle rompant ce silence qui n'était étonnement pas gênant.

- J'ai des contacts, dit-il sur un clin d'œil.

Après une dizaine de minutes de marches ils avaient enfin trouvés l'arrêt de bus. Fort heureusement pour eux, le prochain bus venait dans quelques minutes, de ce fait ils n'avaient pas à attendre très longtemps. Elle observa Andrew à la dérobé.

Malgré le fait qu'il parlait beaucoup et était d'un naturel très bavard, il ne confiait presque rien de sa vie. Il parlait pour combler le silence, qui maintenant ne les dérangeait plus, puisqu'ils étaient habitués à cela. Il parlait pour ne rien dire. Il parlait de la pluie et du beau temps. Pourtant, rien de personnel. Elle ne lui en voulait pas pour cela, étant elle-même une personne très réservé et très secrète qui détestait qu'on lui demande des questions sur sa vie personnelle.

Le bus était enfin arrivé, ils y montèrent et Amélia paya leurs places puisqu'il avait eu la gentillesse de lui payer sa place de train. Pendant qu'elle était en train de payer, Andrew avait cherché des places pour deux. Il y avait très peu de monde dans ce bus. C'était sans doute le seul bus de la ville. Elle rejoignit Andrew et prit sa place. Plusieurs minutes défilèrent dans ce silence qui leurs étaient devenus habituel, et même naturel.

Il y avait ces personnes avec qui on se sentait obligés de parler pour combler un silence embarrassant, même si le fait de parler accentuait encore le malaise. Et puis il y avait ces autres personnes. Ces personnes avec qui un silence devenait même confortable. Ou il n'y avait pas besoin de parler. Aucun besoin de combler un vide. Leur seule présence suffisait. C'était ce que ressentait Amélia avec Andrew. Elle n'avait jamais ressentie cette sensation de confort avec quelqu'un. Elle ne dirait pas qu'Andrew était proche d'elle. Loin de là. Il ne connaissait rien d'elle. Et à l'inverse, elle ne connaissait rien de lui. Pourtant sa présence la rassurait. Ou alors, était-ce une présence quelconque à ses côtés qui la rassurait ?

Même avec sa meilleure amie, enfin, son ex-meilleure amie Zoella elle n'avait jamais ressentie cela. De son côté ressentait-il la même chose ? Ou était-ce quelque chose qu'elle seule ressentait ? En tout cas, il était hors de question qu'elle lui en parle ou qu'elle lui demande quoi que ce soit.

- Pourquoi tu as bien voulu que je t'accompagne ?

- Je ne sais pas. C'était l'occasion de ce connaître un peu.

- Et pourquoi tu voulais me connaître ? C'est assez clair que je ne veux parler à personne.

- Alors pourquoi es-tu venue ? Dit-il en lui retournant la question.

- Ça, c'était pour mes besoins personnels.

- Je vois ça. Tu ne peux pas rester sans fumer, dit-il plus qu'il ne demanda.

- C'est ce qu'on appelle une addiction.

Il sourit puis, se retourna contre la vitre coupant toute communication. Elle poussa un soupir, et mentalement, elle pensa à toutes les choses qu'elle devait faire. Tout d'abord, s'acheter des cigarettes. C'était la raison principale de sa venue. Puis elle irait visiter Scar. Lors de leur dernière rencontre, il lui disait assez clairement que cela ne servait plus à rien de se revoir et qu'il n'avait pas besoin d'une relation à distance. Mais elle voulait tout de même le revoir. Peut-être était-ce la seule personne qu'elle connaissait et qu'elle voulait passer du temps avec ? Même si elle ne savait pas exactement pourquoi.

* * *

Après une heure de trajet en train et une demi heure de trajet en bus (a verifier avec le taxi), ils étaient enfin arrivés à destination près de l'ami d'Andrew. Ils attendaient que ce dernier vienne les chercher. Quelques minutes plus tard l'amie d'Andrew vînt les chercher en voiture.

- Eh bah ! Ça fait un bon bout de temps qu'on ne se s'est pas vu !

- Ça fait plaisir de te voir vieux, répondit Andrew.

Ils se firent une accolade chaleureuse et Andrew présenta Amélia.

- Jonathan, je te présente Amélia, une... amie à moi, et Amélia je te présente Jonathan un ami de la famille.

Ils montèrent tous dans la voiture, et quelques minutes plus tard, ils arrivèrent chez Jonathan. Il habitait dans un appartement très bien situé à Paris. C'était étonnant qu'à un âge aussi jeune qu'il est déjà une aussi belle voiture, et un aussi bel appartement. Trois chambres comprises, s'il vous plaît ! Elle ne se plaignit pas et au contraire apprécia sa chance, mais surtout la chance d'enfin retrouver Paris, la ville qu'elle aimait.

Arriver chez Jonathan, elle regarda sa chambre, qui était très jolie et toute simple, digne d'une chambre d'ami. Par contre, ils devaient partager la salle de bain, ce qui en soit ne dérangeait pas vraiment Amélia, mais qui s'étonna pensa trouver des salles de bain pour chaque chambre.

Quelques minutes après leur arrivé, Jonathan qui avait laissé le temps Amélia de découvrir sa chambre, les invita au salon.

- J'ai invité mon copain au restaurant pour un déjeuner en amoureux, alors je ne vais pas être là de toute la journée, et même de toute la nuit, dit-il en faisant un clin d'œil. Donc je vous fais assez confiance, en tout cas toi Andrew pour que l'appart' soit nickel à mon arrivé. Bon, je vous laisse, il y a tout ce qu'il faut dans le frigo.

* * *

Il partit laissant Andrew et Amélia seuls. Andrew se retira dans sa chambre, laissant Amélia dans le salon. Quelques instants plus tard, elle rejoignit sa chambre. Elle s'allongea sur son lit et dormit pendant une heure ou deux. Elle se réveilla finalement avec l'intention d'acheter ce pourquoi elle avait fait tant de trajet : ses paquets de cigarettes. Elle partit dans la salle de bain, se lava la figure et toqua sur la porte de la chambre d'Andrew. Celui-ci n'avait pas dormi et lui ouvrit la porte. Elle lui annonça qu'elle allait acheter ses paquets de cigarettes.

- Dés que j'ai acheté mon paquet je vais aller voir... un ami. Je vais sans doute rester dormir chez lui aussi.

Il acquiesça, intrigué. N'avait-elle pas dit qu'elle n'avait personne à prévenir de sa venue ? Bon, après tout elle lui avait fait bien comprendre de se mêler de ce qui lui regardait.

- D'accord. On rentre ensemble, ou tu rentres toute seule ?

- Je suppose que tu avais aussi réservé le billet de train et de bus pour le retour ?

- Oui.

- Alors c'est arrangé.

Elle repartit dans sa chambre et prit son sac à dos. Elle salua Andrew avant de partir et ils décidèrent leur heure de rendez-vous.

Après être partit de chez Jonathan, elle acheta des paquets de cigarette ans un bar proche du bus. On ne lui demanda pas de présenter sa carte d'identité. Elle faisait sans doute plus vielle. Puis elle prit le bus et se rendit jusqu'à chez Scar. Elle avait l'impression que cela faisait un an qu'ils ce n'étaient pas vu. Pourtant cela ne faisait qu'une petite semaine. Arriver devant chez lui, elle inspira un grand coup. Comment réagira t-il en la voyant ? L'accueillera t-il ou lui fermera t-il la porte au nez ? Sans doute la deuxième option. Elle se massa les tempes.

Mais quelle idée ? Mais quelle mouche l'avait-elle piquée ? Pourquoi était-elle venue jusqu'ici, tout en sachant pertinemment au fond d'elle qu'il n'allait jamais l'accepter ? Qu'il n'allait jamais l'aimer comme elle le souhaitera ? Mais pouvait-elle vraiment lui demander de l'aimer alors qu'elle m'aime n'éprouvait pas ces sentiments ? Alors que diable était-elle venue faire ici ?

Néanmoins, elle toqua tout de même à la porte, s'apprêtant à partir comme elle était venue. Pourtant, la porte s'ouvrit, et une grande blonde en sortit. Elle était effectivement, très grande. Sans doute un mannequin. Scar adorait les mannequins. Elle jugea Amélia pendant quelques secondes, puis partit. Amélia ouvrit la porte, et entra.

Sa vie avait totalement changé en l'espace d'une semaine. Pourtant, c'était presque ironique de voir à quel point certaines choses ne changeaient pas. Il y avait le même papier peint fleuri, totalement en décalage avec l'appartement bordélique. Ne faisant pas attention au désordre dont elle était habituée, elle enjamba les détritus et passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte, sachant que Scar était là. On était qu'en milieu d'après-midi, et elle connaissait assez bien Scar pour savoir qu'il était dans son lit, complètement défoncé et fatigué par une folle nuit qu'il a du passé.

Il y avait même pas un certains temps, elle aurait été avec lui. Complètement défoncé aussi. Elle ferma les yeux un instant. Etrangement, cela ne lui manquait plus du tout. Toutes ses soirées folles qu'elle avait passées ne l'intéressaient même plus.

- Scar ? Scar ? répéta-t-elle plus fort.

Celui poussa quelques grognements avant d'ouvrir doucement les yeux. D'abord, il plissa les yeux comme s'il n'était pas certain de ce qu'il avait vu, puis il les ouvrit en grand surpris de sa présence.

- Si ce n'est pas une surprise ça...

- Salut.

- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Tu n'es pas censé être dans ton internant, dit-il avec une moue moqueuse.

- On peut sortir le week-end, dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine, vexée.

- Wahou ! Quelle chance. Je ne pourrais jamais faire ça.

- Ouais.

- Bon, qu'est-ce' tu viens foutre ici ?

- Rien. Je me disais que je pouvais venir te voir, dit-elle en prenant un visage impassible

- Me voir ? demanda t-il en haussant un sourcil.

- Ouais. Ca te dérange ?

- Tu viens pour acheter quelque chose, ou... pour me voir ? Et en prononçant ses mots il eu un sourire espiègle.

- Pour te voir. Enfin, prendre des nouvelles quoi, dit-elle. Mais quelle idée l'avait prise de venir ici ?

- Puisque tu es là, autant s'amuser un peu ce soir, tu ne penses pas ?

Elle accepta à contre cœur, un faux sourire plaqué aux lèvres. 

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