Chapitre 12
— Et donc ?
— Après avoir amassé un joli petit pactole grâce à une stratégie dont j'ai le secret...
— Compter les cartes ?
— T'as bientôt fini de me couper ? Je ne répondrai pas à ta question. Bref, j'étais prête à partir quand un homme m'a accostée.
— Tu voulais rentrer ? Attends, t'as passé combien de temps à Vegas ?
— Je t'avoue que je ne m'en rappelle pas très bien. Laisse-moi finir mon histoire, tu veux ?
— D'accord... capitulais-je en levant les bras.
— Donc cet homme m'a proposé un emploi.
Une furieuse envie de faire un commentaire me vint mais je me retint, car j'avais compris que se faire couper la parole, ma grand-mère n'aimait pas trop ça. J'en avais assez fait.
— J'avais ramassé assez de flouz pour toute une vie, donc j'ai refusé sans même écouter son offre.
— Et c'était...?
— Une erreur.
— Si grave que ça ?
— En effet, cet homme s'est avéré être un psychopathe.
— Qu'est ce qui s'est passé ?
— Il n'a pas vraiment accepté mon refus et m'a plus ou moins enlevée. Pour être son esclave ! Tu te rends compte ? Bonjour le 21ème siècle ! Et je ne suis même pas noire !
— Mémé !
— Quoi ? Oh oui bien sûr, c'était raciste.
Je lève les yeux au ciel. Si ma grand mère avait été sur Twitter elle se serait fait descendre depuis belle lurette. D'ailleurs, ça fait longtemps que je me suis pas connectée, je me demande ce qui s'y passe.
— Oh, tu m'écoutes ?
— Ah pardon, tu disais ?
— J'aurais dû apprendre le sort qui empêche l'interlocuteur de se perdre dans ses pensées quand tu interviens dans son rêve... Donc je disais, tu m'imagine être esclave ? À mon âge ?
— Toi qui déteste faire le ménage...
— Brrr! Rien qu'y penser me donne la nausée. Il me faisait tout faire cet abruti ! Toutes les tâches des plus dégueulasses aux plus ingrates.
— Même les...?
— Oui. Même ça. Franchement ! Je suis trop vieille pour ces conneries !
— Et donc, là, tu es toujours captive ? C'est pour ça que tu demandes mon aide ?
— Quoi ? Mais non ! Ne sois pas ridicule voyons ! Je n'ai pas dépassé les deux semaines là-bas.
— Il t'a libérée alors ?
— Si ça avait été le cas je ne t'aurais pas dit que c'était un psychopathe. Non, j'ai profité de son A.V.C pour partir en douce. Heureusement qu'il n'a pas eu la lubie de me faire porter une tenue de soubrette, je ne l'aurais pas supporté, ça non !
— Un A.V.C ? Mais il avait quel âge ?!
— C'est marrant que tu dises ça parce qu'on a fêté ses 94 ans ensemble !
— Qu'est-ce qu'un homme de 94 ans foutait à la sortie d'un casino ? Et c'était quoi ce job qu'il t'a proposé ?
— Qui sait ? répondit-elle simplement en haussant les épaules.
— Tout compte fait, je ne veux même pas le savoir.
— Tant mieux parce que de toute façon tu n'aurais pas pu. Sauf si...
— Sauf si quoi ? osai-je demander en redoutant la réponse.
— Tu crois que le vaudou permet de communiquer avec les morts ?
— Je ne-
— Mais c'est fantastique ! Tu te rends compte du nombre de possibilités que ça offre ?! C'est génial !
— D'accord mais-
— Bon je te laisse te réveiller. Ton rêve fait déjà plus de 1500 mots.
— Hein ?
— Non, rien. Je vais utiliser ma méthode d'annulation préférée ! À savoir la...
—... méthode de réveil de Julie sans risques !
— T'es sûr que ça existe ?
— Une seule façon de le savoir... À trois on y va !
— Mais on est que deux là... Bon avec elle ça fait trois mais ça n'aurait aucun sens de la réveiller pour participer avec nous à la mission commando pour la réveiller.
Hein ? Je suis réveillée, là ?
Pas de doute. En ouvrant les yeux, c'est bien Vlad' et Gugusse que je vois penchés au dessus de moi.
— QU'EST CE QUE VOUS FAITES ? hurlai-je.
Comme d'habitude, j'étais d'une humeur massacrante au réveil. Surtout si je ne m'étais pas réveillée de moi-même. Mais là, c'était pire, parce que je n'aimais pas être confuse. Et je l'ai clairement été. Un court instant.
— Ah ! Je t'avais bien dit que ça puait la merde ton truc !
— Ah bah dis-donc ça avance bien ton langage.
— Ça va, je trouve qu'elle n'est pas trop remontée comparé à d'habitude.
— Bon les guignols, vous avez de la chance aujourd'hui. Je vais faire comme si vous ne m'aviez jamais réveillée et il vaut mieux pour vous que vous ne l'ayez jamais fait.
Surtout que je n'avais ni l'envie ni l'énergie de m'occuper d'eux.
— Mais on voulait...
— DEHORS !
Je n'étais vraiment pas d'humeur à supporter leurs enfantillages.
Je me retourne sur le côté, pensive.
Une fois encore, mémé, ou du moins celle que je vois certaines nuits, m'a prouvé que ce n'était pas de simples rêves que je faisais. J'appellerais bien ma mère pour confirmer, mais j'ai oublié le numéro. Ma grand-mère a certainement prévu cet oubli, et je dois avouer que sa petite mise en scène était plutôt convaincante.
Elle avait choisi exactement le bon moment pour disparaître et laisser place aux deux vampires avec lesquels je vis. Elle a même fait en sorte qu'ils complètent sa phrase ! Si ça c'est pas du vaudou ! Quoique... Ugh! J'en ai plus qu'assez de me creuser la tête !
De toute façon je me souviens de presque tous les détails et je ne me souviens pas d'un truc extrêmement bizarre que j'aurais trouvé tout à fait normal sur le moment. Donc ce n'était pas des rêves normaux. Voilà. Mystère éclairci.
Je me demande ce qu'elle fait en ce moment. Peut être en train de pratiquer du vaudou ? Elle avait l'air plutôt pressée de l'essayer sur un mort.
Avec tout ça, elle ne m'a toujours pas dit pourquoi elle quémandait mon aide depuis maintenant quelques semaines.
Qu'est ce qu'elle peut bien mijoter ?
Et puis zut ! J'ai mal à la tête à force de réfléchir. Foutu pour foutu, je sors mon téléphone. Commet ça, d'où est ce que je le sors ? Je t'en pose moi, des questions ?
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