Chapitre 11

— Alors petite Julie, tu leur as dit ?

— Mémé, je t'ai déjà dit que je ne pouvais pas ! Maintenant si tu le permets, j'aimerais rêver d'autre chose. C'est un peu redondant de te voir à chaque fois !

— Ça fait quand même dix ans que tu ne m'as pas vue je te ferais dire !

— Bien essayé, mais ça remonte seulement à la nuit dernière.

— Tu sais très bien ce que j'ai voulu dire ! Tu l'aimes ta petite mémé ?

— Oui...?

— Alors dis leur !

— Je ne peux pas !

— Pourquoi ça ?

— Parce que je suis coincée chez un vampitrouduc qui veut pas me laisser rentrer à la maison tant que je l'ai pas aidé à accomplir sa stupide prophétie.

— Tu peux y aller pendant qu'il est au lycée.

— Bien sûr mais... Attends,  comment tu sais ça ?!

— Tu sais l'hypothèse du vaudou n'était pas si insensée que ça...

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit la nuit qui suivait celle où on a parlé de ça au lieu de me répéter vaguement que je devais t'aider ?

— Parce que c'était amusant de te voir te surchauffer les méninges en pensant devenir folle.

— Telle petite-fille telle grand-mère, je suppose.

Je réfléchis quelques secondes et reprend soudainement, comme si une ampoule, que dis-je, un lampadaire s'était allumé au dessus de ma tête.

— Attends... Si ce truc de vaudou est vrai... POURQUOI TU VAS PAS LES VOIR DIRECTEMENT ?!

— TU CROIS QUE J'AI PAS ESSAYÉ ?! Ils me croient pas ces imbéciles. Il préfèrent prier et aller dans des sites débiles de soit-disant explications de rêves. Je me suis dit qu'une fille qui vit avec des vampires serait plus susceptible de me croire sur parole.

— D'accord, admettons que je te croie. Je ne vois pas ce qui te retient de rentrer à la maison le leur dire directement au lieu de passer par mes rêves. Je suis prête à parier qu'il me croient tout aussi morte que toi.

— Maxence leur a dit que tu étais en mission, sans donner de détails.

— Parce que tu connais Max ? Bah parfait, il a qu'à leur dire puisqu'il est libre de ses mouvements, LUI !

— Tu crois que c'est aussi simple ?

— Je ne vois pas pourquoi ça ne le serait pas.

— Réfléchis bon sang. Pourquoi tu crois que je joue les fantômes dans tes rêves presque toutes les nuits ?

— J'en ai strictement aucune idée. N'oublie pas que l'hypothèse du subconscient qui n'accepte pas ta mort trotte toujours dans mon esprit. Arrête de soupirer !

— Ceci n'est pas un rêve, Julie. Je dois faire quoi pour que tu arrête tes bêtises et me croie une bonne fois pour toutes ?

— Je ne sais pas. Honnêtement...

— Moi je sais ! Je parie que tu ne savais pas que pendant son enfance ta mère avait une peluche appelée Grougri.

— Non mais...

— Voilà, c'est réglé ! Demain matin tu l'appellera et quand elle confirmera cette information tu seras forcée de me croire.

— T'es drôle ! Comment je fais sans numéro ? Vladimir a détruit mon téléphone !

— Tu ne connais pas par cœur le numéro de ta mère ? fit-elle faussement horrifiée, cette nouvelle génération je vous jure...

— Mémé...

— C'est le [pour des raisons de probabilité qu'un petit malin appelle ce numéro et qu'il soit effectivement attribué, nous préférons le censurer. Signé, la direction.] Appelle vite ! Tiens, une autre preuve que ce n'est pas un simple rêve.

— D'accord. je soupire, Raconte moi ce qu'il s'est passé. Qu'on en finisse !

— Pour résumer, il y a dix ans, je suis bel et bien partie en voyage.

— Pour aller où ?

— Je ne l'ai dit à personne.

— Ah bah bravo ! T'imagines si tu t'étais perdue ?

— Arrête de me couper ! Je ne l'ai dit à personne parce que je ne le savais pas.

— Comment ça ?

— La brochure parlait d'un voyage gratuit pour Seniors à destination inconnue.

— Et bien sûr tu ne t'es pas méfiée !

— Mais enfin Julie, du gratuit, ça ne se refuse pas !

— On croirait entendre l'oncle Picsou. T'imagines si c'était arrivé pendant la deuxième guerre mondiale ? Ce que c'aurait pu être ?

— Oui bah je ne suis pas juive. Et ne parle pas de malheur !

— Mais...

— Tu vas me laisser finir, oui ?

Je hoche la tête, boudeuse.

— Merci. Je suis donc partie au point de rendez-vous indiqué sur la brochure. Il s'agissait en fait d'une croisière "surprise" le but étant que nous ne connaissions les différentes destinations qu'après être descendus du bateau.

— Elle est où la couille ?

— Ton langage !

— Oui bah tu vas pas me faire croire que ce fameux voyage a duré dix ans.

— Mais non, ne sois pas ridicule. Tu as ajouté trois ans de trop.

— Sept ans ?!

— Je vois que tu sais compter. N'oublie pas que c'était une croisière pour Seniors, donc plus lent que d'habitude. On restait aussi plus longtemps dans chaque pays que nous visitions. Sans parler du fait que nous avions souvent besoin de changer de cap, et des petits soucis survenus en cours de route...

— Vous avez visité combien de pays au juste ?!

— Je ne sais plus. Oh, on a aussi séjourné quelques temps au beau milieu de nulle part. C'était magique ! Bon, le trajet était un peu long, mais qu'est ce qu'on s'est amusés !

— Combien de temps ?

— Rhôh tu en demandes trop au vieil esprit de ta grand mère ! Commment veux-tu que je me souvienne des détails d'il y a six ans ?

— Donc elle est finie, là ?

— La quoi ?

— Ta prétendue croisière de rêve !

— Oh mais elle l'était. Et oui, c'est malheureusement fini.

— Bah alors pourquoi tu ne reviens pas ?

— M'as tu au moins écoutée ? Je viens de te dire que la croisière de rêve édition Seniors avait duré sept ans ! Pas dix !

— Je croyais que...

— Eh bien tu crois mal ! Bref, à la fin de cette croisière de rêve, il me fallait rentrer. Je suis d'abord allée saluer Vérone qui avait parié que je ne reviendrai pas vivante de ce voyage. DANS LES DENTS ! J'ai gagné soixante balles.

— Mémé !

— Quoi ? Elle a même rajouté un petit bonus parce qu'aucun des passagers avec moi n'avait trépassé.

— Mémé...

— Bref, dit-elle en se raclant la gorge, Je suis sûre que tu meurs d'envie de savoir ce que ta chère grand mère a foutu ces trois dernières années.

— Plus ou moins oui...

— Eh bien, tu vas rire. commence-t-elle en partant dans les aiguës.

Je crains le pire.

— Je me suis plus ou moins dit que j'allais investir ce que j'avais gagné au Casino.

— Tu t'es laissée avoir par l'appât du gain ?

— Mais enfin ! Qui donc peut résister à Vegas ?

— PARCE QUE T'ÉTAIS À LAS VEGAS ? Rassure-moi, t'as rien fait de pire que de jouer aux jeux d'argent, hein ?

— Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas.

— Voilà qu'elle se met à citer du David LaFarge...

— Qui ?

— Personne !

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