Ame Shiroi Hoshi - Chapitre 2

Tous avaient les yeux rivés sur les écrans qui flottaient au dessus de leurs têtes. Attendant la suite de la vidéo qui avait commencé à côté du cratère Stella.

Des milliers de paillettes étaient en train de s'assembler au creux du cratère, le caméraman semblait retenir son souffle. Petit à petit, les étincelles volantes se collèrent les une aux autres, dessinant quelque chose. Chaque personne présente dans la salle était clouée sur place, observant la suite des évènements. Les paillettes volantes se fixèrent les unes aux autres, semblant dessiner quelque chose qui ressemblait à un corps humain. Quand cela fut sur qu'il s'agissait d'un corps, l'assemblée fut prise d'un frisson et retint encore plus son souffle. Mark et Jude se crispèrent, observant la suite de la scène. Un visage se dessina, puis les jambes, les bras, le torse. Puis tout explosa dans une lueur blanche et aveuglante. L'écran resta blanc pendant quelque seconde. La foule commença à parler et à faire un brouhaha sans nom, voulant savoir ce que cela signifiait. Puis, la scène fut de nouveau visible. Au creux du cratère reposait un homme. Il était recroquevillé sur lui-même. Curieux, la personne tenant la caméra descendit prudemment dans le cratère. Derrière lui, une voix de femme lui cria d'être prudent et de faire attention. Il s'approcha lentement en essayant d'entrer en contact avec l'homme allongé par terre.

- Vous allez bien ?

Aucune réponse. Il s'approcha encore un peu plus. L'homme était vêtu entièrement de noir, une longue écharpe de la même couleur était étalée derrière lui. Il remua légèrement et leva la tête, révélant enfin son visage. Mark laissa échapper un cri de surprise et sentit ses jambes trembler sous son corps. Ce fut Jude qui l'attrapa et l'empêcha de s'écrouler par terre. L'homme avait des yeux noirs profond un peu bridé et des cheveux blonds clairs tirant sur le blond qui étaient coiffés en pique et s'élevait vers le ciel. Il ressemblait trait pour trait à l'ami de Mark et Jude mort dix ans plus tôt. Il ressemblait parfaitement à Axel, Axel tel qu'il aurait été dix ans plus tard. Un corps adulte fin et svelte. Il se releva lentement, observant son environnement.

- Vous allez bien ? répéta de nouveau le caméraman.

Le sosie d'Axel tourna la tête vers celui qui venait de lui parler. Il semblait surpris qu'on lui adresse la parole. Comme si cela faisait des années qu'il n'avait pas entendu une voix humaine. Il écarquilla les yeux et ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Laissant un grand vide entre les deux hommes.

- Vous...vous ne pouvez pas parler ? demanda le caméraman.

Axel fronça les sourcils et, avec lenteur, il se dressa sur ses deux jambes. Il ne semblait pas très stable et mis quelques secondes à trouver son équilibre. Puis, une fois plus sur de lui il fit quelques pas et regarda le monde qui l'entourait. Comme un nouveau né. C'est à ça que Mark pensa. Il lui fit penser à un enfant venant juste de naître, mais avec un corps d'adulte. Puis, il reporta de nouveau son attention sur l'autre homme présent. Il fit un pas puis disparu soudainement du champ de vision de la caméra, arrachant un cri de surprise à l'homme et à l'assemblée présente dans le quartier militaire. Le caméraman tourna dans tous les sens et fut surpris de constater que le jeune homme était en haut du cratère, à côté de sa petite amie.

- Qu'est ce que ! s'écria le caméraman qui courut pour remonter tout en haut.

Axel observa le monde autour de lui, il ne montra aucune émotion face à la vie aride qui entourait le cratère. Par contre, il sembla fasciné par les hauts bâtiments qui se dressaient quelques kilomètres plus loin. Un sourire se dessina sur son visage blanc, puis, d'une puissante impulsion sur ses longues jambes, il partit à une vitesse fulgurante. Disparaissant du champ de vision de la caméra et de toutes les personnes présentes. Puis, la caméra filma le sol et l'écran devint noir. Un vacarme de folie résonna dans le hall du quartier général militaire. Mark avait besoin d'air, sinon il menaçait de s'évanouir. Avec le soutien de Jude ils bravèrent la foule et sortirent à l'extérieur. Le brun prit une grande inspiration et laissa l'air frais entrer dans ses poumons. Il s'appuya sur ses genoux pour garder son équilibre et resta dans cette position quelques minutes. Jude resta à côté de lui, silencieux. Il était lui aussi troublé par ce qu'il venait de voir, mais il était beaucoup plus fermé que Mark sur les sentiments. Il cacha donc ce qu'il ressentait derrière un masque d'impassibilité et laissa son ami reprendre ses esprits. Une fois que le brun eu à peu près reprit ses esprits il se releva et ses yeux se perdirent dans le vague.

- Il est vivant, murmura-t-il pour lui-même.

- Il semblerait, répondit Jude, même si..., hésita-t-il.

- Même s'il semble différent, termina Mark. Je l'ai vu, ses yeux ne sont pas pareils. Comme si, comme si...

Il ne pu pas terminer, sa gorge était nouée par le chagrin et il du faire un énorme effort pour refouler ses larmes. Il devait retrouver Axel. Il devait le voir. Jude posa une main réconfortante sur son épaule et la serra légèrement. Mark le regarda, les yeux emplis de chagrin.

- On va le retrouver, lui promit Jude, mais pour le moment il faut se concentrer sur notre travail. D'accord ?

- Oui, chuchota Mark en ravalant des sanglots avec difficulté. Je comprends.

Les deux amis entrèrent de nouveau dans le bâtiment, espérant que le vacarme ce soit calmé. Désillusion. Il semblerait au contraire que la panique, car c'était le mot juste, était encore plus présente. Les écrans étaient toujours présents et montraient d'autres vidéos. Au total, huit vidéos étaient en cours de visionnage. Mark eu l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac. Le même phénomène qu'ils avaient pu observer avec Axel étaient en train de se reproduire à chaque cratère du monde entier. Des hommes considérés comme mort étaient en train de revenir à la vie. Chacun semblait dans le même état qu'Axel, perdu et désorienté. Mais tous présentaient aussi des particularités inhumaines. Par exemple, le garçon qui venait d'apparaître au cratère de Paris avait la capacité de faire léviter des objets autour de lui. Un garçon aux magnifiques cheveux blonds et aux yeux verts émeraude pétillants de joie et de plaisir. Mark regarda éberlué les écrans diffusés les images ressemblant à tout point à celles qu'il avait observé quelques minutes auparavant.

- Viens Mark, le pressa Jude qui l'entraîna de force à leur repaire. On ne pourra pas réfléchir avec tout ce bruit. On va se poser tranquillement et on discutera de tout cela autour d'une tasse de café.

Mark hocha la tête et suivit son ami comme un zombie. Il était encore trop bouleversé par ce qu'il venait de voir. Jude le fit asseoir sur un siège et alla lui faire couler un café bien fort. Lui-même était bouleversé, mais ne le montrait pas. Pendant quelques secondes, il n'y eu que le bruit de la machine à café ainsi que le liquide noir coulant dans le verre. Il ajouta un sucre et le donna à Mark qui le saisit et le porta immédiatement à ses lèvres. Il but entièrement la boisson amère et lança son verre dans la poubelle. Il se lécha les lèvres et son regard se perdit dans le vague. Il ne redescendit sur terre que grâce à son téléphone qui sonna brutalement. Brisant le silence pesant. Le brun fouilla dans la poche de sa veste d'une main tremblotante et retira l'appareil qui continuait de chanter une musique sans parole. Le visage de Nelly apparaissait sur l'écran et il appuya sur le petit téléphone vert pour décrocher.

- Allô ma chérie ?

- Tu as vu la vidéo sur Youtube ? hurla-t-elle dans son oreille d'une voix stridente qui explosa les tympans du brun.

- Oui, je l'ai vu, fit platement Mark, on en parlera ce soir si tu le veux bien.

Elle resta silencieuse, sûrement surprise de la réaction insensible de son mari. Puis, elle murmura un petit « d'accord » et raccrocha, déçu. Mark abaissa sa main et posa son portable sur la table en face de lui avant de déclarer.

- Repasse-moi la vidéo s'il te plait.

Jude ne cacha pas sa surprise, il ne pensait pas qu'il voudrait revoir ce moment. Mais, il ne refusa pas. Il tapota sur sa tablette, fit apparaître un écran et lança la vidéo qui montrait la renaissance de son meilleur ami. De nouveau, son cœur se serra quand il vit le visage perdu du blond qui semblait bien vivant. Qui semblait en forme. Son corps était bel et bien celui d'un adulte, il était bien plus grand qu'il y a dix ans. Frôlant certainement le mètre quatre vingt dix. Son visage était plus fin et plus adulte. Comme s'il n'était jamais mort. Mark observa les moindres détails de la scène, cherchant un indice, une indication. Quelque chose qui pourrait l'aider à comprendre ce phénomène. Mais rien, nada. Il n'y avait plus aucune traces des paillettes dorés qui étaient apparus et avaient formés son corps. La porte claqua alors, faisant sursauter Mark qui était concentré. C'était Eva qui semblait de fort mauvaise humeur. Il faut dire, le brun ne l'avait jamais vraiment vu avec le sourire. Elle descendit les escaliers en faisant claquer rageusement ses talons sur les marches de métal, son manteau claquant derrière elle. Ses yeux verts lançaient des éclairs et Mark sembla même entendre un grondement de mécontentement quand elle aperçut la vidéo en cours de diffusion.

- Éteignez-moi cette supercherie ! cracha-t-elle en allant s'asseoir à l'opposé du brun.

- Cette supercherie ? répéta Mark incrédule.

- Oui ! Vous ne voyez donc pas que cela n'a aucun sens ? Ce sont juste des petits malins qui s'amusent à diffuser des images truqués sur internet. Sûrement pour attirer notre attention et faire parler d'eux.

- Je ne suis pas d'accord, fit sèchement Mark qui ne lui parlait jamais de cette manière habituellement.

Choqué, elle tourna la tête vers lui et ses sourcils noirs se joignirent en une seule ligne.

- Pardon ?

- J'ai dit, que je n'étais pas d'accord, répéta Mark sur le même ton.

- Et comment pouvez-vous savoir cela ? demanda-t-elle d'une voix dédaigneuse.

Mark mit sur pause et montra de l'index le visage d'Axel du doigt, ses larmes menaçant de refaire surface à tout moment. Un mélange de rage, de colère, mais aussi de joie.

- Cet homme, siffla-t-il entre ses dents, je l'ai vu mourir il y a dix ans. Désintégré par l'étoile Stella. Il était mon meilleur ami et a préféré sauver ma vie plutôt que la sienne. Alors, je t'interdis de dire qu'il s'agit d'un trucage !

Il avait levé la voix au fur et à mesure sans vraiment s'en rendre compte. Eva en resta bouche bée. Ses yeux émeraude passaient de Mark à Axel sans s'arrêter. Elle semblait avoir du mal à digérer l'information. La bouche sèche et pâteuse, elle réussi à articuler.

- C'est impossible.

Avant que Mark ne lui relance une remarque cinglante Jude préféra intervenir pour éviter une querelle inutile.

- Ce n'est pas le moment de débattre de ce sujet, fit-il calmement, nous devons nous concentrer sur notre mission principale. N'oubliez pas que, vrai ou pas, ces vidéos vont provoquer un remous sans précédent dans le monde. Beaucoup d'histoire, de ragots, de mensonges vont se tisser autour de ça. Il faut donc que nous soyons prêts. Notre travail est de prévoir et de faire de notre mieux pour protéger le plus de monde possible. Compris ?

Mark et Eva hochèrent la tête, mais cela ne s'arrêterait pas là, ils ne cessaient de se lancer des regards noirs. Jude était étonné de voir son ami réagir ainsi, mais il passa au dessus et fit de son mieux pour revenir à leur travail premier. Le soir venu, Mark quitta la salle dès que dix neuf heures sonna. Il ne pouvait plus rester enfermé à faire semblant de travailler et de réfléchir. Il lui fallait de l'air, de l'oxygène. Il gravit les marches et traversa le couloir en quelques enjambés. Il ouvrit la porte, le hall était plus désert que ce matin, mais il y régnait tout de même une certaine effervescence qui ne se calmait jamais. Sans perdre un instant, le brun se dirigea vers la sortie et poussa les battants de portes avec force pour se frayer un chemin vers la sortie. L'air frais du soir pénétra ses poumons et lui donna une nouvelle bouffée d'énergie. Le vent lui picota les yeux et il sentit ses larmes revenir. Quelle mauviette il était dit donc. Il s'essuya avec ses manches et descendit les marches. Jude le suivait, à quelques pas derrière lui. Mark héla un taxi, salua son ami, et grimpa dans la voiture qui venait de s'arrêter à côté de lui. Il donna son adresse et se laissa tomber contre le fauteuil, relâchant petit à petit la pression qui était entassée sur ses épaules. Il tourna la tête vers la vitre et regarda, d'un air las, les bâtiments de la ville défiler devant ses yeux. Comment Axel réagirait-il en arrivant dans une ville semblable à celle-ci ? Mark était partit de sa ville natale après l'accident et avait emménagé ici avec ses parents. Désormais, il y vivait avec Nelly, dans un petit appartement qui leur suffisait pour vivre tranquille. Il passa une main fébrile dans ses cheveux et ne se rendit même pas compte qu'il était arrivé. Il paya la course et sortit rapidement. Il entra dans l'immeuble et prit l'ascenseur pour arriver plus vite chez lui. Il ressentait le besoin de retrouver Nelly, de se faire réconforter et de parler de tout ça. Ou bien juste de pleurer. Il n'y avait qu'avec elle qu'il pouvait vraiment se livrer et dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Quand il entra, il sentit l'air chaud de la maison et une bonne odeur de cuisine lui chatouillait les narines. Il ferma la porte doucement et alla dans la cuisine discrètement. Sa femme était aux fourneaux, en train de s'affairer à la préparation d'un gros poulet fort appétissant. Il s'approcha d'elle à pas de loup et passa ses bras autour de sa taille menue en déposant un baiser dans son cou. Elle sursauta légèrement et un petit sourire s'afficha sur son visage d'ange.

- Alors cette journée, pas trop éprouvante ?

- Si seulement tu savais, chuchota-t-il en posant sa tête sur l'épaule de la cuisinière.

- Je vois, je vais te faire un bon petit repas et on discutera après, dans le lit, promit-elle avec un clin d'œil.

Il hocha la tête et se recula pour lui laisser son espace. Il devrait attendre une heure ou deux avant de dire ce qu'il avait sur le cœur. Mais il se doutait que cela ne devait pas être facile pour elle non plus. Après tout, pendant longtemps elle avait voué un amour profond à son meilleur ami, sans jamais lui avouer. Quand il était mort, Mark avait été là pour la soutenir et l'aider à se remettre de cette perte. Puis, finalement, elle avait succombé à son charme et avait chassé le jeune adolescent blond de ses pensées. Préférant se tourner vers l'avenir. Ils se mirent à table et mangèrent en silence le repas préparé par la rousse. Mark prit son temps, profitant de ce moment de quiétude. Loin du stress du travail et des Akujins. Après le dîner, elle fit rapidement la vaisselle et le rejoignit dans le lit. Prête à l'écouter, elle se blottit contre le torse nu de Mark.

- Je n'arrivais pas à en croire mes yeux, avoua-t-il alors.

- Je m'en doute, moi non plus tu sais, chuchota-t-elle.

- Je me demande si tout cela n'est pas un rêve, que demain je vais me réveiller et que...je me rendrais compte que cette vidéo n'a jamais existé. Ça serait tellement plus facile.

- Moi, je souhaiterais que les dix dernières années soient un rêve. Que les étoiles blanches ne soient jamais tombés, que les Akujins ne soient jamais apparus et que..., sa gorge se serra, et que tout le monde soient encore vivants.

Sentant qu'elle allait éclater en sanglots, le brun enroula ses bras autour d'elle et la serra fort en lui murmurant des mots doux pour la calmer. Finalement, elle laissa couler ses larmes sans retenue et Mark ne tenta pas de l'arrêter, il fallait que cela sorte. Lui-même sentit des larmes couler le long de ses joues et se perdre dans les boucles de sa femme.Quand elle fut calmée, elle essuya ses yeux rougis du bout des doigts.

- La seule chose que je ne regrette pas, hoqueta-t-elle, c'est de m'être marié avec toi.

Ses paroles réchauffèrent le cœur de Mark et il déposa un baiser humide sur les lèvres de sa douce. Elle frissonna et se colla contre lui, profitant de la chaleur de son corps.

- Tu crois qu'il va bien ? demanda-t-elle finalement. Il avait l'air...perdu.

- J'ai eu la même sensation. Et j'en viens à me poser une question.

- Laquelle ? demanda-t-elle curieuse.

- S'il s'agit vraiment d'Axel. Je veux dire, certes il est son sosie physiquement, mais après, peut être que mentalement il s'agit d'une autre personne. Tu vois ce que je veux dire ?

Elle médita ses paroles quelques secondes puis, finalement, elle hocha la tête.

- Oui, je comprends. Mais ça, on ne pourra pas le savoir sans l'avoir vu. Sans lui avoir parlé.

- Oui, confirma Mark, mais Raimon est à des kilomètres d'ici. Impossible d'y aller comme ça.

- On pourrait prendre un week-end, proposa-t-elle.

- Nelly, je ne pense pas qu'il restera longtemps au même endroit.

- Oui, tu as sûrement raison, concéda-t-elle. Alors...on ne peut qu'attendre.

Ils soupirèrent en chœur et cessèrent de parler de ce sujet. Cela leurs faisaient trop de mal à tout deux. Ils restèrent donc dans les bras l'un de l'autre et finirent par s'endormir sans vraiment s'en rendre compte.

**

Un bruit infernal, un grésillement qui vrille les tympans et qui emplit sa tête. Une lumière agressive qui attaque ses yeux. Un homme inconnu qui s'approche de lui avec un étrange appareil à la main. Ses lèvres semblent bouger, essaye-t-il de communiquer ? Le revenant tente de l'imiter. Rien, il ne perçoit que le grésillement de son esprit. Puis, petit à petit, il perçoit d'autres bruits, d'autres sons.

- Vous ne pouvez pas parler ? 

Il sursaute alors et lève un regard inquisiteur sur l'homme face à lui. Il a entendu une voix. Une voix humaine. Il regarde autour de lui, du vide, rien. La mort. Il regarde alors ses mains, des cercles noirs sont dessinés autour du bout de ses doigts, à la jointure. Sans y prêter plus attention, il tenta de se lever. Ses jambes tremblèrent et il se fit violence pour tenir en équilibre. Le monde lui parait haut. Il tourne sur lui-même, lève la tête et aperçoit le haut du cratère. D'une simple poussé il se retrouve en haut, face au monde, à l'horizon. Il aperçut alors des grands bâtiments au loin, il pencha la tête sur le côté et sentit un étrange instinct surgir en lui. Il devait aller la bas. Il ne savait pas pourquoi. Il ne savait même pas ce qu'il y avait. En faite, il ne savait rien. Sa tête était vide, remplis d'un brouillard noir et épais qu'il ne pouvait dissiper. Alors, suivant ses pulsions, il se mit à courir, courir jusqu'à cet endroit. Il ne se préoccupa pas le moins du monde du couple qui était en train de le filmer. Il devait juste aller vers ce point, droit devant lui.

Vide, le silence. Il arpentait une rue, mais personne ne se trouvait dehors. La lune brillait désormais haut dans le ciel et il cligna des yeux en la regardant. Cette lueur était moins agressive que la première qu'il avait perçut. La lune, c'était ainsi que se nommait ce satellite naturel. Il ne savait pas d'où lui venait ce nom. Il le savait. C'est tout. Comme beaucoup de chose. Dès qu'il voyait un objet il était capable de mettre un nom dessus, une signification, un sens. Cela le rendait heureux, il n'était pas si vide que cela. Mais une chose le frustrait, il avait beau savoir toute ses choses, il y en avait une qui lui échappait encore. Lui. Il eu beau se regarder dans des vitrines, rien. Aucun déclic lui permettant de mettre à jour son identité. Il devait bien en avoir une pourtant. Sinon, que ferait-il dans ce monde ? Il se mordillait les lèvres, rageant contre son ignorance. Il continua de circuler dans la ville déserte, croisant parfois des ivrognes ou des femmes dans des tenues extravagantes lui proposant des choses qui lui paraissaient étrange et superflue. Puis, il s'arrêta devant une enseigne de magasin abandonné. Le nom de la boutique pendait piteusement contre la vitre. Curieux, il prit la plaque de bois entre ses mains. Il était capable de déchiffrer les inscriptions noté dessus. Encore une bonne nouvelle. Il lisait « La Taverne de Marco ». Il fronça les sourcils, le nom de la taverne sonnait en lui comme quelque chose de familier. Connaissait-il un Marco ? Peut être pourrait-il l'aider à lui rappeler qui il était. Imprimant ce prénom dans sa mémoire brouillé, il se jura de trouver cette personne. Même s'il ne se rendait pas compte de l'immensité du monde, il devait se raccrocher à cet espoir. Il se releva et une douleur parcourut alors ses doigts. Il baissa la tête et vit les cercles noirs à la jointure briller de milles feux et vibrer. Comme si ses mains étaient dotées d'une volonté propre. Il cligna de nouveau des yeux, il devait se rendre quelque part. Il leva alors la tête et laissa le vent soulever ses cheveux. Puis, il quitta la ville, suivant les pulsions qui animait son corps malgré lui. Se dirigeant vers une destination inconnue.

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