Chapitre 4
Je ne comprenais pas ce qu'il venait de se produire, en quatre ans, jamais, j'ai eu le quelconque flash-back. En jetant les débris de verre dans la poubelle, je rangeais le balai et la pelle dans un placard tout en essayant de ne pas penser à ce que je venais d'apercevoir. En quittant la cuisine afin de passer dans le salon, j'aperçus la brunette assise en pleine discussion avec le chien, cette dernière s'exclamait :
— Heureusement que toi, tu es gentil, ton maitre a un sale caractère, j'espère que tu seras jamais aussi mauvais que lui.
En me postant derrière le canapé, je m'exclamais alors vers cette dernière :
— Tu sais qu'il ne va pas te répondre ?
— Je m'en doute, mais au moins lui, il m'écoute et il ne me balance pas des verres en pleine face!
— Roh, ne recommence pas avec ça, d'ailleurs, j'ai vu quelque chose, enfin, j'ai eu un flash-back assez bizarre.
— C'est cool.
— Tu t'en fiches ?
— De toute évidence, tu ne comptes pas m'en dire plus à ce que je sache ?
— Je comptais t'en parler, mais si tu le prends ainsi, et bien oui, je vais me taire.
Face à ses propos, je préférais quitter le salon et monter me prendre une douche, je ne savais pas pourquoi je m'obstinais à tenir une discussion avec une telle personne. Je ne connaissais rien d'elle et je n'avais même plus envie d'apprendre à la connaitre, elle disait de moi que j'avais un mauvais caractère, mais c'est plutôt elle qui en avait un. Me voilà énervé contre une fille dont je ne connaissais même pas le prénom, il fallait que je cesse tout cela. De toute façon, demain, elle irait voir Artus et je la laisserais avec lui, elle trouvera la raison de sa venue dans ce monde et je reprendrais ma petite vie de mon côté.
Arrivé à l'étage, j'accédais à la salle de bain, j'ouvris la porte de la douche italienne et allumait le jet d'eau. Je laissais les gouttes d'eau chaude pénétrait dans mon cuir chevelu, ces dernières glissaient le long de mon corps. En posant mes mains sur le carrelage en face de moi, je basculais ma tête vers le sol de la douche, les yeux fermés, tout en recevant l'eau du micro de douche. Des dizaines de questions me survinrent en tête, des interrogations dont je n'avais pas de solution, cela me rendait anxieux. Depuis que j'ai abandonné l'idée de trouver ma fin heureuse, je ne m'étais plus inquiété de quoi que ce soit, je n'avais plus de source de stress, je me sentais simplement vide d'émotions. J'avais arrêté de ressentir quoi que ce soit et depuis que cette fille a fait son entrée dans ce monde et dans ma vie, je ressentais à nouveau des émotions. Que ce soit de la peur, de l'inquiétude, de la colère et même de la joie. J'ignorai si c'était le dirigeant qui avait mis cette fille sur mon chemin ou bien le destin qui en avait décidé ainsi, mais elle m'apprenait à nouveau à vivre.
Je ne pouvais ne pas penser à ce que je venais de voir, j'étais l'agresseur, j'étais ce gars qui balançait cette vaisselle dont un bon repas se trouvait à l'intérieur. À qui je m'adressais ? Qui était la personne ayant préparé ce festin ? Tout ce que je voyais était l'acte que je commettais. Des sanglots se faisaient entendre près de moi accompagné de cris, c'étaient les cris d'une voix tremblante, mais surtout la voix d'une fille. Pourquoi voir ces images ? Et si cet homme, c'était vraiment moi ? Je ne pouvais pas y croire, je n'étais pas le genre de gars à commettre cet acte de violence. Cela ne me ressemblait pas, ce flash-back était juste là pour me déstabiliser. Soudain, une pensée assez néfaste apparu. Et si cette fille n'étais autre que la fille que j'hébergeai sous mon toit. Je ne pouvais pas imaginer cela, je ne pouvais imaginer qu'on puisse faire du mal à une fille aussi belle et douce que cette dernière. L'imaginer souffrir m'affaiblissais, je ne savais pas pourquoi je ressentais cette envie de la protéger de quoi que ce soit, moi qui avais tendance à ne pas me préoccuper des autres. Depuis que j'étais dans ce monde prison, j'avais vu de nombreuses choses se produire sous mes yeux et pourtant à toutes ces fois cela ne me touchait pas autant que pour elle.
En redressant ma tête, j'ouvris les yeux, en passant mes mains dans mes cheveux, je pris du savon afin de me savonner les cheveux. J'avais certes des pensées néfastes, mais il m'arrivait également d'en avoir qui savait me satisfaire, du style imaginer un jour être proche de cette fille. Elle avait certainement le don de m'énerver, mais je ne pouvais cesser de penser à elle, je savais que je ne devrais pas, il fallait que je pense à moi avant tout. Mais je n'y pouvais rien, cette fille ne me laissais pas indifférent.
En sortant de la douche, j'attrapais une serviette que je mis à la taille, je pris une seconde serviette pour la passer dans mes cheveux. En l'enlevant, mes cheveux étaient tout ébouriffés, je les coiffais à l'aide d'un peigne afin de garder une structure. Tout en les poussant vers l'avant de mon crâne, je posais le peigne dans le but de finir à la main. En passant une main sur la buée qui s'était accumulée sur le miroir à cause de la vapeur présente, je pris mes vêtements d'une main et me rapprochait de la porte en saisissant la poignée. Au même moment, je tombais nez à nez avec la brunette qui se baladait avec une tasse à la main, cette dernière restait figée face à mon torse-nu dont des gouttes d'eau dégoulinaient encore dessus. Elle remontait son regard vers mes yeux bleus, tout en la dévisageant, d'un air moqueur, je m'exclamais :
— Tu te rinces bien l'œil ?
— Non, je ne faisais rien de cela, je me suis fait un thé et pour revenir à la chambre, tu as ouvert la porte simultanément.
— Ouais, je vais essayer de te croire.
— Met un tee-shirt toi aussi, cela évitera de poser mon regard sur ton torse !
— Je suis sûr que cela ne te dérange pas de me voir ainsi, c'est juste que tu ne veux pas le reconnaitre.
Tout en s'avançant vers ma chambre, elle me jetait un dernier regard rempli de gênance, cette dernière fermait la porte derrière elle. Tout en passant ma main dans mes cheveux, un léger sourire se dessinait sur mes lèvres, je m'avançais face à la porte de la chambre en toquant. La brunette m'ouvrit en me demandant :
— Tu reviens à la charge pour me montrer ta musculature, cela ne m'intéresse pas, je tiens à te le dire.
— C'est bien d'avoir des rêves, je t'informe que c'est toujours ma chambre et que mes vêtements se trouvent ici, lançais-je en ouvrant entièrement la porte.
Je m'avançais vers mon placard, l'ouvrit en attrapant un tee-shirt noir, un jogging de la même couleur et un sweat-shirt gris. Je sentais son regard se posait sur moi, elle était sans doute en train de regarder les courbes de mon corps, elle pouvait dire ce qu'elle voulait, je savais que la vue ne lui déplaisait pas. Je refermais les portes du placard tout en prenant mes vêtements d'une main, elle passait son regard sur le sol en faisant mine de contempler le parquet. En lui jetant un regard avant de passer la porte, je m'adressais à cette dernière :
— Ne t'en fais pas, je ne compte pas me changer ici.
— Il manquerait plus que ça !
Je lui adressais un de mes sourires remplis d'insolence, elle levait les yeux en l'air et s'allongeait sur le lit. Je ne savais pas ce qu'elle ressentait, mais j'aimais bien la provoquer, cela m'amuser.
En retournant dans la salle de bain, pour m'habiller, j'en profitais pour me contempler dans le reflet du miroir. Je repensais à ce que Sam m'avait dit un peu plus tôt concernant Jenny. Il craignait que je perde à jamais mon humanité, à force d'être déçu et brisé de l'intérieur. J'avais rencontré Jenny, il y a deux ans, c'était une jeune femme de vingt-et-un ans, un peu plus petite que moi en taille, blonde, aux yeux bleu azur. Elle avait un sourire contagieux, elle était si attentionnée, cette dernière était décédée d'une chute en escalade. Elle était arrivée dans le monde prison, tétanisé, apeurée. En la voyant, Sam m'avait demandé de l'aider, ce que j'avais accepté, car en la voyant, je me voyais moi lorsque j'étais arrivé ici pour la première fois. Je l'avais donc pris sous mon aile, je l'avais aidée et hébergée également. J'avais tout fait pour l'aider et pour trouver son affaire inachevée, quitte à m'en oublier. Au fur et à mesure du temps, on s'était rapproché, on en avait même oublié le but de nos présences dans ce monde prison. On était bien ensemble, beaucoup de personnes nous enviait à ce moment-là, je me sentais bien et je pensais réellement que Jenny était ma fin heureuse. Jusqu'au jour où sa fin heureuse a fini par la retrouver, soudainement un portail lumineux s'était ouvert, je compris qu'il s'agissait de son affaire. J'étais resté figé face à cette scène qui avait été applaudi par beaucoup de passants. Ce jour, là, je m'étais promis de plus m'attacher à qui que ce soit, il fallait que je retourne à l'évidence, j'étais mort, je ne pouvais pas avoir le droit au bonheur ou à l'amour. J'ignorais qui j'étais auparavant, mais la vie avait décidé de me condamner sur tous les niveaux. Depuis ce jour, ma vie avait un parfum d'amertume, de noirceur et de solitude...
En sortant de la salle de bain, je me dirigeai vers le rez-de-chaussée, en jetant un coup d'œil sur l'horloge du salon. Cette dernière indiquait vingt-deux heures, pris par la fatigue d'être debout toute la journée, je préparais mon plaid et m'allongeait dans le canapé du salon. En fermant les yeux, je sentis une présence à mes pieds. En jetant un coup d'œil, j'aperçus le golden retriever s'apprêtant à s'allonger à mes pieds. Tout en le caressant, je fermais les yeux immédiatement, essayant de dormir ne serait-ce une ou deux heures lorsque soudain, je me fis appeler à l'étage :
— James ?! Tu peux venir s'il te plait ?
Tout en râlant, je me levais en direction de la chambre, après avoir monté les marches de l'escalier, j'arrivais devant la porte de la chambre dans laquelle m'attendais la brunette. Cette dernière, tout en me regardant droit dans les yeux, me murmurait d'une voix douce :
— Tu peux dormir avec moi ?
— Pardon ? Lançais-je en ayant mal entendu.
— Oui, c'est ma première nuit ici, je ne veux pas la passer seule, je t'en prie.
— T'es vraiment chiante comme fille ! D'accord, mais je ne dors pas dans le même lit que toi, m'exclamais-je en allant chercher des oreillers et un matelas.
— Merci !
En revenant dans la chambre avec le matelas, elle avait emprunté un de mes tee-shirts assez large de couleur bleu marine. Elle rentrait dans la couette de mon lit tout en tapotant l'oreiller, j'éteignis la lumière suite à cela. Le golden retriever m'ayant suivi, s'installait près de moi, tout en posant ma tête sur l'oreiller, je fixais le plafond. La brunette éteignit la lampe de chevet tout en prenant une grande expiration. Elle murmurait :
— Merci d'avoir accepté.
— Il n'y a pas de quoi, maintenant dors !
Je l'entendis bouger dans tous les sens, à la recherche de la position idéale. Puis, elle se mit à changer ses oreillers de place, le regard fixant le plafond, je soupirais et m'exclamais :
— Tu as fini de bouger ?!
— Désolée.
En me tournant vers le mur, je n'entendis plus aucun bruit, le moment idéale pour fermer les yeux. J'étais fatigué de cette journée à devoir m'occuper de cette jolie inconnue, soudain, elle me questionna :
— Tu fais comment pour pouvoir dormir ? Je n'y arrive pas, cette situation me fait si peur, me dire que je suis probablement morte, je ne peux pas dormir sur mes deux oreilles, James.
— Et pourtant il faut que tu essayes, tu as juste à pas penser à ça !
— Mais dit moi, tu fais comment toi ?
— Je ne dors pas tout simplement.
— Mais c'est impossible ? Tout le monde doit dormir, ne serait ce juste pour pouvoir rêver.
— Rêver quand on n'a plus rien ? À quoi bon ? Je n'ai même pas des souvenirs à revisiter dans la nuit.
— Je suis désolée, je n'aurais pas dû dire ça, c'est si triste. Mais comment tu fais James ?
— Je passe généralement mes nuits à boire ou à me balader dans les rues du monde prison. Et quand je tombe de fatigue, je dors deux ou trois heures, seulement.
— Je suis si désolée...
— Ne le soit pas, c'est la vie.
— Tu ne mérites pas cette vie.
— Je souhaite cette vie à personne, pas même à mon pire ennemi, enfin bon, tu devrais essayer de dormir.
— James ?
— Oui ?
— De qui parlait Sam lorsqu'on était au bar ? Il parlait d'une certaine Jenny, qui est-ce ?
— Jenny ?
— Oui, c'est le prénom que j'ai entendu.
— C'est personne, ne t'en fais pas...
— Je n'en suis pas totalement sûre, s'il te plait, dit moi, c'est qui pour que Sam te mette en garde.
— Décidément, tu as de grandes oreilles ! C'est une fille que j'ai connue dans ce monde prison.
— Oh, tu as donc rencontré quelqu'un d'autre après moi.
— Je n'ai été avec personne d'autre avant, ne recommences pas !
— Désolée et donc où est cette fille ?
— Loin, désormais.
— Vous vous êtes séparé ?
— Disons qu'elle s'en est allée, elle a trouvé sa fin heureuse et est désormais en paix.
— Tu étais restée longtemps avec elle ?
— Oui, cela faisait quelques mois.
— Tu n'as jamais pensé que c'était ton affaire inachevée ?
— Si, je le pensais réellement, mais ce n'était pas moi malheureusement. J'étais content pour elle pour qu'elle ait trouvé son affaire inachevée, mais j'aurais espéré qu'elle me dise au revoir avant de me laisser seul.
— Elle ne t'a pas fait ses adieux ?
— Non, elle ne s'est pas retournée. Elle m'a abandonnée comme si je ne valais rien, comme si tout ce que nous avions vécu au cours de ses mois n'était que du vent. C'est ça qui m'a flingué.
— J'imagine que ta confiance en a pris un sacré coup ?
— Tu n'as pas idée, mais tout ça, c'était, il y a bien longtemps. Tu devrais dormir maintenant, il est assez tard. Demain, on se lève assez tôt, on ira voir Artus et comprendre ta venue dans ce monde.
— Merci James, je ne connais pas ta version de ce monde, mais j'imagine que c'est dur et assez contraignant de devoir s'occuper de quelqu'un alors que tu dois te concentrer sur ta fin heureuse. Je te remercie vraiment, je...
Ces propos me firent légèrement sourire, lorsque je n'entendis pas la fin de sa phrase. En me relevant, je l'aperçus, les paupières fermées, un nuage de douceur avait envahi son visage angélique. Je la couvrais entièrement en m'assurant de bien border le lit. Je ne m'étais jamais confié encore sur Jenny ou bien sur un quelconque autre sujet à qui que soit mis à part Sam. Je ne voulais pas me confier à elle, mais il se trouvait qu'elle avait un fort pouvoir de persuasion. Certes, cela n'avait pas enlevé ce mal-être enfui en moi, mais je me sentais un peu plus léger et mieux en m'étant confié à elle. Pouvoir enlever un peu de ce poids lourd que je gardais en moi depuis tant d'années me faisais tant de bien. Qui était cette fille venant de nulle part et voulant savoir tout sur tout ? Je redoutais de me rendre chez Artus demain, mais il le fallait pour avoir des réponses. Je me rallongeai sur mon matelas, en essayant de fermer les yeux afin de trouver un possible sommeil.
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