Prologue

Des cris emplissaient l'atmosphère. Ils respiraient la détresse. Ils sous-entendaient des pertes. Ils étaient couplés aux larmes qui ruisselaient sur le visage des Eoladins.

Des rugissements les accompagnaient. Ils reflétaient l'épuisement. Ils insinuaient la mort. Ils étaient alliés aux fracas des épées qui virevoltaient dans l'air.

Les lames d'acier se teintaient de rouge. La terre baignait d'un océan rubis. Les murs étaient tapissés de peinture incarnate.

Comme des barques sur une mer écarlate, des cadavres jonchaient le sol. Des centaines, des milliers... La mort accomplissait son oeuvre, laissant derrière elle ceux dont elle s'était rassasiée.

La tristesse était l'émotion qui régnait sur le paysage ainsi que sur le coeur des Eoladins, mais la joie de la Mort et des vainqueurs détonnait dans ce paysage d'horreur.

Un mirifique contraste se peignait. Des morts et des vivants. Des vaincus et des vainqueurs. Du désarroi et de la joie...

C'est au milieu de ce tableau de guerre, qui refusait de déserter Astée, comme si le peintre de cette fresque y avait trouvé son foyer, qu'elle courait.

Elle courait, aussi loin que ses petites jambes le lui permettaient, aussi longtemps que ses petits poumons le lui autorisaient.

Les cris qui polluaient le ciel lui vrillaient les tympans.

Elle courait pour échapper au sort funèbre qui avait frappé ses frères. Ses soeurs. Sa famille.

L'odeur du sang qui saturait l'air gouvernait ses narines.

Elle courait, sans se soucier de ce qu'elle laissait derrière elle.

La vue des macchabés qui ornaient le sol lui retournait le coeur.

Elle courait, à travers un rideau de larmes, de cheveux d'albâtre, avec une seule pensée en tête.

S'échapper.

S'enfuir.

Disparaitre.

C'est ce que lui avait dit sa mère.

Elle s'était agenouillée devant elle, à sa hauteur et l'avait regardée dans les yeux. Son regard couleur éther avait rencontré son reflet puis elles s'étaient fixées.

La reine avait souri, un sourire où se ressentait tout l'amour qu'elle portait à sa fille. Puis ses lèvres avaient bougé, brisant ce moment de connivence pour ne sculpter qu'un unique mot.

Vis.



Un sentiment de soulagement envahit le corps épuisé de la fillette lorsqu'elle aperçut la porte du château. Derrière ses battants s'étendaient des forêts, des plaines, des étangs, des montagnes.

Dès qu'elle en aura passé le seuil, elle sera libre.

Une décharge d'adrénaline parcourra ses jeunes muscles devant cette perspective. Sa foulée s'allongea, son souffle s'écourta.

Et le feu l'encercla.

Des flammes. D'immenses flammes l'entouraient, l'empêchant d'atteindre son objectif. Elles étaient orange, rouges, bleues. Elles escaladaient les pierres qui constituaient les murs. Elles se délectaient des cadavres qui décoraient le sol.

La chaleur lécha la peau de la petite fille. Elle lui prit son air, la privant d'oxygène. Elle lui déroba ses dernières forces.

Soudain, tout cessa.

Les flammes reculèrent. Une douce brise vint chasser la chaleur et caresser la joue de la jeune fille. Des yeux céruléens apparurent en face d'elle. Un visage familier s'esquissa devant son regard. Un sourire réconfortant se dessina sur ces traits qu'elle connaissait par coeur.

    -     Ma petite Edelweiss...

    -    Maman, répondit la petite en reniflant.

Elle essayait de retenir ses larmes, de freiner leur ruissèlement sur ses joues rouges. Malgré la souffrance qui l'habitait, elle refusait que sa mère les voie. Elle ne voulait pas paraitre faible à ses yeux alors qu'elle était si forte et si belle. La digne descendante de la lignée des dragons Edelweiss.

    -    Je vais t'ouvrir la voie, ma dragonnette.

Les flammes, qui continuaient de se consumer, s'ouvrirent, dévoilant un chemin jusqu'à la sortie. L'échappatoire de l'enfant se révéla à ses yeux et elle reprit un peu d'espoir. Elle commença à avancer avant de se tourner vers sa mère, qui n'avait pas bougé.

    -    Viens avec moi, maman.

    -    Vas-y ma chérie. Je te rattraperai, je te le promets. Je t'aim...

Du sang gicla. Des geysers pourpre aspergèrent la fillette, recouvrant son faible corps d'un liquide poisseux rougeâtre. Ils teignirent les murs, toujours en proie aux flammes, d'une teinte vermillon. Un nouveau sang recouvra le sol, glissant jusqu'aux pieds de la petite fille.

Elle fixa cet océan qui s'étendait. Elle le fixa, paralysée par ce qui venait de se passer. Hypnotisée par cette couleur écarlate qu'elle n'avait jamais vu d'aussi près.

Puis elle releva la tête et dégagea ses longues mèches blanches souillées par le sang de devant son visage. La première chose qu'elle vit fut les flammes qui avalaient le sol, s'approchant dangereusement d'elle. La deuxième fut l'enchevêtrement de vêtements qui flottait sur la mer de sang.

Des vêtements blancs, où était brodé un magnifique dragon.

Les habits de la reine d'Eoladin. Les habits de la protégée des dragons Edelweiss. Les habits d'une mère qui n'était plus...

Un bruit de claquement résonna entre les murs. C'était le choc entre le sol et les genoux de l'enfant. De la nouvelle reine.

Une explosion inaudible se fit entendre. Celui d'une larme en train d'éclater. De se briser.

Et un cri retentit. Un cri remplie de sentiment. De détresse. De douleur. Un cri qui sous-entendait une perte.

Puis un deuxième surgit. Un cri à réveiller les morts, un cri à s'en déchirer l'âme.

Ces hurlements horrifiques venaient de la jeune enfant. Ils partageaient sa peine au monde. Ainsi que sa souffrance. Car, pendant qu'elle contemplait le corps de celle qui lui avait donné vie, les flammes s'étaient approchées. Tout doucement, elles l'avaient léchée, de leur langue incendiaire.

Elles se délectaient de cette peau juvénile qu'elles marqueront à jamais. Elles se régalaient de ce festin qui s'offrait à elles.

La fillette souffrait le martyre. Pourtant, elle ne bougeait pas. Elle n'esquivait nul geste, les yeux toujours ancrer sur le cadavre de celle qui l'avait chérie. Elle ne voyait plus l'intérêt de vivre. Elle ne comprenait plus.

Pourquoi vivre alors que sa mère était morte ? A quoi bon si elle n'était plus là pour la guider de sa voix douce et maternelle ? Elle lui avait promis de la rejoindre, de la suivre.

Elle lui avait menti.

La fillette s'allongea sur le sol. Elle s'étendit dans la flaque de sang, étouffant ses cris de suppliciée. Puis elle ferma les yeux, pensant que ce simple geste lui permettrait de la réveiller. D'oublier cet affreux cauchemar.

Mais la souffrance qu'engendrait le contact des flammes avec sa peau était bien trop réelle.

La minime étincelle d'espérance qui vivait encore en elle venait de s'éteindre. Tout comme sa volonté de vivre...

    -    Je refuse de mourir, petite. Pas après tant d'année à avoir survécu. Alors tu vas me faire le plaisir de te relever et de t'enfuir si tu ne veux pas que ce soit moi qui le fasse. Et je peux te jurer que cela ne te fera pas du bien.

Une présence inconnue prit alors possession du corps brulé de l'enfant et le fit se relever. Cependant, la petite ne répondit pas. Sa gorge était asséchée par les cris qu'elle avait poussés. Ses lèvres étaient gercées par la chaleur ambiante. Son esprit était analgésié par la chaleur.

    -    Comme tu l'auras voulu...

Une nouvelle douleur s'instilla dans son corps. Un douleur qu'elle n'avait jamais connue. C'était comme si quelqu'un d'autre contrôlait son corps. Comme s'il voulait prendre une autre forme.

A travers la brume de souffrance qui lui recouvrait le cerveau, la fillette eut conscience que son corps s'allongea. Sa peau se résorba et des écailles immaculées apparurent. Ses cheveux disparurent pour laisser place à de majestueuses cornes. Son visage s'étendit et un museau se modela. Une gueule et des canines acérées avaient remplacé sa bouche et ses juvéniles dents.

Une unique chose fut épargnée par la transformation.

Ses yeux...


Ce fut à travers ceux-ci que la jeune fille vit l'homme arriver. Il était vêtu d'un ao-tafu, un habit de guerre que revêtait seulement les hauts Asténiens. Les seigneurs des différents royaumes.

Et celui-ci était rouge. D'un rouge feu. D'un rouge flamme. D'un rouge sang. D'un rouge guerre...

Où était brodé un magnifique dragon...








© 2024 Sélène Rivers


_____________🤗 BLABLA TIME 🤗____________

Heyyyyyyyyyy !

Comment ça va vous 🙃 ?

Moi, bahhhhh, comme quelqu'un qui vient de commencer une nouvelle histoire...

Je sais pas comment ça va se passer, comment le scénario va évolué, comment les personnages vont évoluer. Déjà que je galère un peu avec UTA alors 😅😅

Bon..... On verra bien!

C'est une nouvelle aventure comme diraient certain. Et je suis bien d'accord 😆😂

Enfin, bref.

J'espère que ce petit prologue vous aura plu ! Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Question ? Remarque ? Avis ? Critique ?

Sinon, bonne aprem' ! Et je vous dis à la prochaine fois (je ne sais pas du tout quand le chapitre suivant sortira mais guettez ou sinon, mettez ce livre dans votre bibliothèque ^^)

Sélène <3

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