VII. De la neige en automne
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LES ARBRES DE LA FORÊT INTERDITE s'étaient teintés de tons orangés depuis plusieurs semaines, et certains d'entre eux perdaient déjà leurs feuilles. Mais les pins, en surnombre, n'ôtaient pas le mystère et l'obscurité propres à cet endroit près duquel Aria passait chaque fois lorsqu'elle allait ou revenait des serres de Botanique. Son exemplaire de Mille Herbes et Champignons Magiques sous le bras, la jeune femme se hâtait de rentrer au château sous la pluie fine de cette fin de mois d'octobre. La nuit tombait déjà et elle n'avait aucune envie de se trouver aux abords de la Forêt alors que le jour disparaissait.
Ne regardant pas où elle allait, trop occupée à mettre sa capuche pour éviter que ses cheveux ne soient trempés, elle percuta de plein fouet quelqu'un qui s'était arrêté sur le même chemin sinueux qu'elle avait emprunté. Elle perdit l'équilibre et glissa à terre, son livre volant à quelques pas d'elle. Alors qu'elle bataillait avec sa cape pour se relever, on lui tendit son manuel et une main pour l'aider à se remettre sur pieds. Face à elle, honteuse, se tenait une Serdaigle de septième année, du nom de Marlene McKinnon. Aria et elle étaient en Botanique et en Potions ensemble, mais elles ne s'étaient jamais parlées.
-Est-ce que tu vas bien ? Je suis désolée, j'étais en train de refaire mon lacet, pour ne pas tomber justement, et finalement c'est toi qui te retrouves à terre...
- Oh, euh... balbutia Aria en tentant de reprendre contenance. Pas de soucis, ça arrive à tout le monde.
Aria était couverte de terre et d'herbe mouillée, mais était trop sonnée pour s'énerver contre la rousse aux yeux rieurs face à elle. Elle se lança un sortilège de nettoyage informulé, et sa cape et ses chaussures firent peau neuve en un clin d'œil. Puis elle reprit sa route, McKinnon marchant à ses côtés.
- Woah ! s'extasia la Serdaigle. Je savais que tu étais douée, mais pas à ce point ! Tu m'impressionnes ! C'est quel sort ?
- C'est juste un Recurvite, ce n'est...
- Ah mais oui forcément ! la coupa sa camarade, qui ne semblait pas avoir sa langue dans sa poche. Tu maîtrises déjà les sortilèges informulés ?!
- Oui, c'est...
- C'est dingue ! J'ai trop de mal avec ça moi, je sais qu'on va le voir en cours mais c'est si classe de savoir déjà le faire !
- Euh...
Aria ne savait pas quoi dire ou faire : cette McKinnon était un véritable moulin à paroles; et elle n'arrivait pas à placer une seule phrase dans la conversation. Malgré tout, elle dégageait une aura de sympathie qu'Aria avait du mal à ignorer.
- Je m'appelle Marlene McKinnon, lui dit-elle en lui tendant la main, on ne s'est jamais parlé il me semble.
- Aria...
- Justice, je sais, tu es la cousine de Will !
- Oui, effect...
- J'adore Will, elle est trop marrante ! Mais on a plus beaucoup de cours en commun, c'est un peu dommage. Toi aussi tu fais partie du club des Chasseurs de Trésors ?!
C'était la première fois qu'Aria entendait parler d'un tel club.
- Non, qu'est-ce que c'est ?
- Ça vient juste d'être créé ! Par un ami à moi, Luca Watercastle, je ne sais pas si tu le connais. Il joue au poste de gardien pour Serdaigle !
- Ah, non je ne...
- Moi non plus je fais pas partie du club, mais Luca m'a dit que Will était intéressée. Ils risquent pas d'être beaucoup, c'est une passion particulière, la chasse aux trésors, mais quand on est passionné par quelque chose, autant partager ça avec quelqu'un d'aussi passionné que soi ! Tu as des passions, toi ?
Aria n'avait jamais rencontré quelqu'un avec un débit de paroles si élevé, et, estomaquée, aucun son ne sortit de sa bouche.
- Je suis désolée, rougit McKinnon. Je parle beaucoup quand je suis stressée.
- Pourquoi es-tu stressée ? lui demanda Aria en fronçant les sourcils.
- Eh bien, répondit-elle d'un air embarrassé, tu es assez intimidante comme fille. Je n'avais jamais osé aller te parler jusqu'à aujourd'hui, et pourtant, j'adore parler, et tu m'intriguais beaucoup, tu sembles être très solitaire mais en même temps tu passes beaucoup plus de temps avec Will cette année, donc je me disais que peut-être tu étais un peu plus accessible qu'avant, et puis on part l'année prochaine alors il faut bien se lancer parfois, et... Par Merlin, je suis vraiment désolée, je suis une vraie pipelette !
Aria éclata de rire, et McKinnon la suivit.
- Pas de soucis. Moi, je ne parle pas assez, on se complète assez bien.
- Bien vu ! s'écria McKinnon.
Elles entrèrent dans le château, et évitèrent de justesse Peeves qui s'amusait à lancer des bombabouses aux élèves venant s'abriter de la pluie dans les allées de la cour intérieure. Elles firent le chemin jusqu'aux escaliers ensemble. Aria apprit que McKinnon était en spécialité Botanique et Sortilèges, afin de devenir médicomage à Sainte Mangouste. Aria l'aimait bien, elle eut l'impression en lui parlant de la connaître depuis toujours. Elles croisèrent quelques personnes sur leur chemin, qui les dévisagèrent avec des yeux ronds.
- Mais enfin, qu'est-ce qu'ils ont tous ? demanda la Serdaigle à haute voix.
- Je ne sais pas, répondit Aria en haussant les épaules. Généralement je suis seule, c'est peut-être ça...
- Oh, je vois.
Aria se garda de dire que c'était probablement parce qu'elle était à Serpentard, et que les vert et argent n'avaient vraiment pas les faveurs des autres élèves ces derniers temps. Elles arrivèrent au pied des escaliers.
- C'est ici que nos chemins se séparent, Aria. Tu restes là pour les vacances ?
- Normalement non, Will et moi allons les passer chez mes parents à Stonehaven.
- Moi non plus, je reste pas. Je suis dégoûtée de ne pas passer Halloween ici, mais c'est tellement tendu en ce moment avec tout ce qu'il se passe que je préfère rentrer profiter un peu de ma famille.
Aria détourna le regard. Bien qu'elle n'y soit pour rien, elle eut l'impression face à elle d'être en partie responsable de la guerre qui se préparait lentement. Après tout, sa famille étendue faisait partie des protagonistes principaux. En voyant son air gêné, McKinnon posa une main sur son épaule.
- T'inquiètes, je suis pas comme Sirius Black, je vois bien que t'es pas comme eux. Les puristes se remarquent à des kilomètres à la ronde. Toi, t'as pas l'air d'être comme ça. Sinon j'aurais jamais eu envie de te parler !
Aria rit face à sa franchise.
- On se voit en Potions demain ! lui lança McKinnon, un grand sourire aux lèvres, avant de monter les escaliers.
Aria resta un instant au pied de ceux-ci, avant de s'élancer à sa poursuite.
- Eh, McKinnon !
La Serdaigle ne sembla pas l'entendre. Elle monta quelques marches de plus.
- McKinnon ! Marlene !
Celle-ci se retourna, surprise.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Euh, si tu veux... commença Aria, essoufflée. Si tu veux, je peux t'apprendre. Les informulés, je veux dire. Je sais qu'on les verra en cours dans quelques mois mais si jamais tu as envie d'essayer avant tout le monde...
Le visage de Marlene s'illumina.
- Et comment que j'ai envie ! C'est une trop bonne idée Aria !
- D'accord, dans ce cas, j'organiserai ça à la rentrée, si ça te va ?
- Ça roule ! J'ai hâte !
Elles se sourirent et Marlene continua sa route, guillerette. Aria, quant à elle, descendit vers les cachots. C'était la première fois depuis longtemps qu'elle se sentait si gaie. Marlene McKinnon semblait avoir la faculté de mettre n'importe qui à l'aise, et pour une fois, cela ne dérangeait pas Aria de baisser sa garde; ni de se mettre à proposer des cours particuliers de sortilèges inopinément à une quasi-inconnue.
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Le lendemain matin, Aria s'installa aux côtés de sa cousine en salle de Potions, une lettre que sa mère venait de lui envoyer à la main.
- Je suis désolée Will, mais nous allons devoir rester ici pour les vacances. Mes parents doivent aller régler un problème avec mon oncle Elphias, tu sais, mon parrain...
- Oh, tout va bien ?
- Oui oui, mais il arrive souvent qu'il se retrouve empêtré dans des situations rocambolesques. Là, mes parents doivent aller le chercher au Canada, pour une raison qu'ils ne m'ont pas expliquée, et ont décidé d'en profiter pour y passer deux semaines.
- D'accord, c'est pas grave ! On sera quand même toutes les deux pour Halloween, s'écria Will.
Slughorn entra en classe et tapa des mains, habitude qu'il avait prise quelques années plus tôt afin de faire taire le brouhaha ambiant, mais ses élèves étaient particulièrement silencieux ce matin-là.
- Oh, vous n'êtes pas très bavards, aujourd'hui ! s'exclama le professeur ventripotent.
- C'est parce qu'il manque des gens, Professeur, lui fit remarquer Lily Evans en levant la main.
- Mais, vous avez raison, ma chère ! réalisa Slughorn. Où sont vos camarades de Gryffondor ?
Evans haussa les épaules. En examinant la salle, Aria réalisa que la bande de Potter manquait à l'appel. Elle se tourna vers sa cousine, qui haussa également les épaules.
- Je crois qu'ils étaient partis voir Dumbledore, lui murmura-t-elle, mais je sais vraiment pas pourquoi.
Aria se demanda s'ils avaient fait une bêtise si grosse que cela leur avait valu d'avoir été convoqués chez le directeur. Mais tout à coup, la porte s'ouvrit et les quatre garçons entrèrent tranquillement dans la salle. Lupin alla porter un mot à Slughorn tandis que les autres allaient s'installer sur les dernières tables libres, tout au fond.
- Eh, Aria ! entendit-elle chuchoter derrière elle.
Elle se retourna, et un sourire s'installa sur ses lèvres : Marlene McKinnon était assise juste derrière elle, aux côtés d'une Pouffsouffle qu'elle ne connaissait que de vue.
- Oh, salut Mc... Marlene !
Aria se gifla mentalement : il fallait qu'elle arrête d'appeler tout le monde par leur nom de famille.
- Eh, dis, j'ai parlé de ta proposition d'hier à un pote, et il serait intéressé aussi ! Tu prends d'autres élèves ?
- Tu donnes des cours ? s'étonna sa cousine.
- Pas vraiment, enfin c'est une idée que j'ai eue hier...
- Elle va nous apprendre à lancer des sorts informulés ! la coupa Marlene avec excitation.
Lupin venait de rejoindre Black sur la table encore derrière, et sembla intéressé par la conversation. Aria, toujours tournée vers Marlene, aperçut Black derrière celle-ci qui levait les yeux au ciel.
- Tu... Tu sais lancer des sortilèges informulés ? lui demanda Lupin, incertain.
Il avait parlé assez fort, et plusieurs élèves se tournèrent vers Aria, qui sentit le rose lui monter aux joues.
- Eh bien, euh, oui, mais je ne pense pas être la seule à...
- Prouve-le, lui ordonna alors Black, les bras croisés et un rictus aux lèvres.
Il ne la croyait visiblement pas. Mais quelle plaie, celui-là !
- Je n'ai rien à te prouver, Black, lui répondit Aria, agacée.
- Oh, si, allez ! lui demanda Marlene.
Des murmures se firent entendre autour d'elle. Aria regarda par-dessus son épaule. Slughorn était occupé à distribuer des échantillons de potions aux premières tables en vue de la leçon du jour. Elle réfléchit un instant et pensa tout un coup à un sort. Avec la fraîcheur et l'humidité des cachots, cela pouvait fonctionner...
Elle sortit sa baguette et l'agita en direction de Black. Soudainement, des petits flocons de neige se mirent à lui tomber dessus.
- Ha ha, génial ! s'esclaffa Potter, qui avait assisté à toute la scène de loin.
Black, quant à lui, eut l'air furieux, et secoua la tête pour chasser la neige de ses cheveux, mais en vain : elle tombait tranquillement sur lui sans qu'il ne puisse y faire grand-chose. Il agita sa baguette et marmonna plusieurs sorts qui n'eurent aucun effet, puis se mit à bouger dans tous les sens afin d'éviter les flocons qui le suivaient inlassablement; et les rires autour de lui redoublèrent. Marlene et Will riaient de bon cœur, et Aria sentit son cœur se gonfler de fierté.
- Lunard, enlève-moi ça ! chuchota Black avec humeur.
- Désolé vieux, lui dit-il alors qu'il tentait de contenir ses rires, mais si c'est ce que je pense, ça ne s'arrêtera que quand elle l'aura décidé.
Il avait désigné Aria d'un hochement de tête, et Black émit un grognement. Aria vit qu'il dirigeait sa baguette vers elle, mais Slughorn lui sauva la mise en arrivant près d'eux.
- Tiens, Mr Black, l'hiver vous a trouvé avant nous ! s'exclama Slughorn en riant. Si vous voulez bien ne pas me transmettre votre neige, je supporte mal les hivers au château...
Tout le monde se mit à pouffer de rire en voyant la tête dépitée de Black, qui ne s'attendait pas à cette réaction de leur professeur. Aria et Will s'étaient retournées en direction tableau afin de commencer le cours, et la Serpentard entendit distinctement Black dire à son ami :
- De toute manière, elle va pas tenir le sort aussi longtemps, il va bien falloir qu'elle se concentre sur autre chose au bout d'un moment...
Aria le regarda par-dessus son épaule, et lui offrit un sourire en coin, fière d'elle. Black tenait désormais un livre au-dessus de sa tête pour éviter de recevoir de la neige dans la figure, et regardait la jeune fille d'une manière étrange, qu'elle ne sut interpréter. Elle n'y porta pas grand intérêt et reporta son attention sur la leçon du jour.
À la fin des deux heures, Lupin avait formé de petits bonshommes de neige qu'il avait disposés çà et là sur leur table, les enchantant pour qu'ils se battent entre eux. Un joli amoncellement de poudre blanche s'était accumulé tout autour de Black, et lorsque Slughorn annonça la fin du cours, elle cessa enfin de tomber et disparut en un clin d'œil. En rangeant ses affaires, Aria eut droit à quelques compliments de ses camarades, et Marlene ne cessait de rire à cause de la tête que Black faisait. La Serpentard, qui avait réussi à faire tenir le sort durant les deux heures de cours, était épuisée. Fort heureusement, ils étaient libres jusqu'au déjeuner, et elle fut heureuse d'avoir ce laps de temps pour piquer un somme avant d'attaquer le reste de sa journée.
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La fin de la semaine était vite arrivée, et Aria s'étonnait de ne pas encore avoir subi de représailles de la part de Black. Mais lui et ses amis s'étaient étrangement tenus à carreau toute la semaine; Will disait que même Evans avait trouvé ça suspicieux, et qu'elle avait passé tout son temps à les suivre partout, au grand bonheur de Potter.
Tout le château était chargé d'une ambiance électrique en ce vendredi soir : les vacances commençaient le lendemain, et certains élèves avaient déjà bouclé leurs valises à l'heure du dîner. Peu d'étudiants avaient prévu de rester à Poudlard, et les au-revoirs allaient bon train. Après le repas copieux qu'elles avaient ingurgité, Aria et Will se baladaient dans le château pour faciliter leur digestion, et venaient de croiser Marlene qui leur avait souhaité de bonnes vacances.
Elles étaient au premier étage et débattaient sur l'endroit où Aria allait tenir son cours dédié aux sorts informulés lorsqu'elles entendirent des éclats de voix qui semblaient provenir d'une salle de classe vide. Will se précipita vers la porte entrouverte afin d'y jeter un œil, tandis qu'Aria restait en retrait.
- Aria, c'est Sirius et Regulus ! lui murmura Will, les yeux ronds comme des soucoupes.
Intriguée, sa cousine se joignit à elle et regarda à l'intérieur de la classe. C'était une des salles d'Arithmancie dans laquelle elle venait toutes les semaines assister au cours de Mme Vector. Les deux frères étaient face à face; l'aîné assis sur une table, les bras croisés, tandis que son frère se tenait debout les mains dans les poches. Leur ressemblance était frappante, maintenant qu'Aria les voyait côte à côte.
- Wow, ils sont presque identiques, chuchota Will. Mais Sirius est plus beau, quand même.
Les garçons se tournèrent soudainement vers la porte, et Aria donna une tape sur la tête de sa cousine alors qu'elles se cachaient hors de leur vue. Elle mit un doigt sur sa bouche, mimant un "chut". Lorsque les garçons reprirent leur conversation, elles se réinstallèrent face à la porte.
- Pourquoi tu es si fatigué ? demanda Regulus.
- C'est pas tes affaires, lui répondit le Gryffondor avec humeur.
- D'accord, concéda-t-il en levant les mains.
Il se gratta l'avant-bras.
- Et toi, pourquoi tu te grattes comme ça ?
- C'est pas tes affaires, lui répondit sombrement Regulus. Pourquoi tu voulais me voir ?
Sirius mit du temps avant de lui répondre.
- J'ai oublié deux-trois trucs chez vous.
- Chez vous, tu veux dire...
- Au Square Grimmaurd.
- Sirius, soupira son frère, c'est aussi chez t...
- Non, c'est pas chez moi.
- Tu n'avais qu'à pas partir aussi précipitamment, si tu as oublié des affaires, tu peux venir les chercher toi-même.
- Hors de question. Toi tu y retournes demain...
- Je ne vois pas en quel honneur je ferais ça. J'ai quoi en échange ?
- En échange ?!
- Oui.
- En échange, tu seras miraculeusement protégé de la rencontre imminente entre mon poing et ton visage.
Regulus leva les yeux au ciel.
- Tu es vraiment ridicule, parfois. Et puis, comment sais-tu que je rentre pour les vacances ?
- Tu rentres toujours pour les vacances, en bon petit toutou à...
- Ne m'appelle pas comme ça, vociféra Regulus.
Le silence s'installa, les deux frères se faisaient toujours face, leurs visages fermés.
- Donc je suppose que c'est non ?
- Tu supposes bien, dis-donc.
- On a plus rien à se dire, alors.
- C'est ça, conclut Regulus.
Sirius se leva et se dirigea vers la porte pour s'en aller, mais son frère murmura quelque chose qui le fit se retourner d'un bond et sortir sa baguette.
- Comment tu m'as appelé ?!
- Mauviette. Tu me fais des menaces mais tu ne les mets même pas à exécution.
Regulus avait lui aussi sorti sa baguette.
- Parce que tout bien réfléchi, sourit froidement Sirius, j'ai pas envie de toucher de mon poing la tête d'un apprenti mangemort.
Regulus lui lança un sort qui le manqua et alla s'écraser à quelques centimètres de la porte. Aria et Will avaient fait un bond et s'étaient écartées précipitamment, puis restèrent collées contre le mur pour écouter la suite.
- T'es même pas capable de viser correctement, se moqua Sirius. Qu'est-ce que ton Lord chéri va bien pouvoir faire d'un gamin qui sait pas viser ?
Il évita un autre sort de son frère; et lui en lança un qu'il réussit à parer de justesse. Regulus soupira.
- Je ne veux pas me battre avec toi, Sirius.
- Et c'est moi la mauviette ?!
Les deux filles entendirent des pas se rapprocher de la porte, puis s'arrêter.
- Non, mais nous avons des invités dimanche, et je ne veux pas que tu me défigures ou quelque chose du genre. Je dois être présentable, vu que je suis le seul héritier de la famille désormais.
- Si tu crois que j'en ai quelque chose à f...
- On reçoit les Justice, d'ailleurs.
Sirius renifla avec dédain.
- Pas les parents d'Aria, ceux de ta petite copine William.
Sirius ne répondit pas, et les pas vers la porte reprirent. Aria et Will, étonnées que leurs noms se soient retrouvés dans la conversation, ne réalisèrent pas tout de suite qu'elles étaient sur le point de se faire repérer, et prirent la fuite avec précipitation. Elles avaient atteint les escaliers et les montèrent en toute hâte, pour aller se réfugier au deuxième étage.
- "Ta petite copine William" ?! s'insurgea Aria une fois qu'elles étaient hors de vue.
- Eh, relax, tu crois pas que si je sortais avec Sirius Black tu serais déjà au courant ?!
Will semblait tout aussi étonnée qu'elle.
- Je sais pas pourquoi il m'a appelée comme ça... se demanda Will à haute voix.
- Vous êtes proches depuis qu'on est petits, remarqua Aria.
- Oui, mais bon. Ça se voit assez facilement qu'on est amis, non ?
Aria ne répondit pas. La perspective que Will et Black puissent être ensemble lui avait procuré un étrange sentiment au creux du ventre.
- Qu'est-ce que tu as ?
- Rien, enfin, je ne sais pas. Je crois que j'ai été secouée par cette fausse alerte.
Will l'observait, un petit sourire au coin des lèvres. Aria fronça les sourcils.
- Quoi ?
- Rien, rien.
Après un moment de silence, la Gryffondor reprit :
- Tu penses qu'il a passé le cap ? Regulus ?
- Mmh ? demanda Aria, qui observait les alentours.
- De... Devenir un mangemort..., termina Will en un murmure.
Aria la regarda d'un air grave, pensive. Probablement qu'il n'en était pas loin, dans tous les cas. Elle lui raconta l'incident dans la salle commune des Serpentards, comment la bande de Rosier avait traumatisé un animal sans défense, sa discussion tendue avec eux, puis enfin l'échange de regards entre Regulus et elle. Au fil de son histoire, Aria voyait le visage de sa cousine se fermer.
- Il ne manque plus grand-chose pour qu'ils essaient de s'en prendre à des élèves, conclut sombrement Will.
La Serpentard ne sut pas lui répondre, alors qu'un nœud se formait dans son estomac. Peut-être avait-elle raison, et dans ce cas, la situation atteindrait un point de non-retour... Après quelques instants, les deux cousines se dirigèrent prudemment vers les escaliers que Regulus finissait de descendre tranquillement, son frère déjà parti. Les Justice continuèrent leur balade en silence, toutes deux perdues dans leurs pensées.
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Encore un long chapitre. Est-ce que vous préférez ça ou des plus courts, autour de 2000 mots ? Personnellement, j'aime bien quand les chapitres sont longs.
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