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ARIA AVAIT TOUJOURS PRÉFÉRÉ LES CACHOTS au reste du château; certainement car ils lui rappelaient sa salle commune où elle s'était toujours sentie à l'aise; et par extension, leurs murs de pierre lui rappelaient les murs de la cuisine chez elle, située dans les sous-sols, bien que l'atmosphère y régnant était plus chaleureuse. Il y avait toujours une casserole ou une marmite mijotant dans un coin, et les étagères aux murs regorgeaient toujours d'ingrédients et d'épices en tous genres; caractéristiques qu'elle retrouvait dans les cachots de potions de Poudlard : elle avait un peu l'impression d'être chez elle. Elle aimait aussi cette matière car elle y excellait, ce qui lui avait valu dès son arrivée à Poudlard les faveurs de son professeur et directeur de maison, Horace Slughorn. Elle avait vite intégré le fameux club de Slug, aux côtés d'Evans et de Rogue, tous deux également très doués en Potions. Slughorn, après leur premier cours lors de leur première année, s'était écrié avec ravissement en examinant leurs travaux qu'il n'avait jamais eu une classe avec autant de joyaux. "Deux émeraudes et un rubis, n'est-ce pas fantastique ?!".

Il était vrai qu'Aria, grâce au club de son professeur, fréquentait Evans depuis plusieurs années, et elles avaient été préfètes toutes les deux en même temps ces deux années précédentes. Elles n'étaient pas particulièrement amies, surtout qu'Aria voyait en elle sa plus grande rivale dans cette école; mais leur relation restait relativement cordiale. Mais elle ne savait finalement pas grand-chose de sa vie privée; seulement ses méthodes de travail qu'elle avait étudiées avec soin durant toute leur scolarité, et ses notes en général.

- J'espère que t'es fière de m'avoir comme partenaire, tout le monde tuerait pour être à ta place !

Potter la regardait, son immense sourire fendant toujours son visage, inconscient du fait qu'Aria éprouvait à ce moment précis une très grande envie de l'étriper. Slughorn, qui faisait un tour de salle afin de noter les duos de travail, s'écria avec bienveillance en s'approchant de leur table :

- Ah, Miss Justice, en voilà une bonne nouvelle ! C'est une très bonne idée de tester le travail en paire, je sais que vous préférez être seule mais il n'y a pas de raison que vous et Mr Potter ne puissiez apprendre l'un de l'autre. C'est une très bonne initiative, cinq points chacun !

Alors qu'il s'éloignait, Aria ne savait plus si elle devait être heureuse ou énervée, mais se dit que si cette situation apportait des points à sa maison et la confiance de son professeur, elle allait faire en sorte que cela ne se retourne pas contre elle. Inspirant un bon coup, elle décrocha un sourire froid à Potter.

- Ne te jette pas tant de fleurs Potter.

Elle regarda autour d'elle et s'aperçut que plusieurs élèves regardaient encore dans leur direction. Cela n'était pas commun de voir Aria partager sa table avec quelqu'un, encore moins avec un Gryffondor, et bien moins encore avec James Potter. Elle remarqua qu'Evans se retournait de temps à autre vers eux également, les sourcils froncés.

- Bon Potter, dit-elle en baissant le ton, je sais que tu penses que je peux t'être utile dans ta conquête d'Evans, mais honnêtement je ne sais pas pourquoi tu t'acharnes, je ne sais rien d'elle.

Potter avait appuyé ses coudes sur la table et posé son menton sur ses mains jointes. De loin, on aurait pu croire qu'il priait ou qu'il admirait sa partenaire.

- Justice, tu en sais tellement plus que moi !

Il se redressa et commença à énumérer toute une liste de sujets en comptant sur ses doigts.

- D'abord, je ne suis pas dans le club de Slug et de ce fait je ne sais pas vraiment comment est Lily en société.

Aria leva les yeux au ciel à cette remarque.

- Ensuite, je ne vais que très rarement à la bibliothèque, car bien sûr je suis un homme très occupé...

Sa diatribe fut coupée par un rire qu'Aria n'avait pu retenir.

- Pardon Potter, mais le terme « homme » n'est pas le plus approprié te concernant.

Elle avait parlé un peu fort, et quelques élèves autour d'eux se mirent à rire. Derrière elle, elle entendit soupirer avec agacement. Se retournant, elle vit que Black faisait équipe avec sa cousine. Cette dernière la regarda en haussant les épaules, d'un air désolé. Black considérait Aria d'un air ennuyé.

- Quoi encore, Black ? s'impatienta Aria.

Avant que son meilleur ami ne puisse répondre, Potter attrapa Aria par le bras, la forçant à se retourner vers lui.

- Non, Justice, Patmol, pas maintenant s'il vous plaît. C'est un moment crucial !

Aria tiqua en entendant le surnom par lequel il appelait Black.

- Patmol ? commença Aria. Qu'est-ce encore que ce surnom ridi...
- Chut, l'interrompit-il en posant un index contre sa bouche.

Aria fit un bond en arrière, la mine dégoûtée; ce qui déclencha à nouveau quelques rires autour d'eux. Elle rougit légèrement, peu habituée à être celle qui amuse la galerie.

- Par la barbe de Merlin, maugréa-t-elle, il va falloir que tu respectes mon espace vital si tu veux ressortir de ce cours avec tous tes membres en bon état de fonctionnement.

Voyant le sérieux avec lequel elle venait de le menacer, Potter déglutit simplement et lui fit un sourire crispé, incertain. Derrière eux, Will éclata de rire.

- Je ferais gaffe si j'étais toi, James, le taquina-t-elle.

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À sa grande surprise, Aria avait apprécié ce cours de potions. Certes, Potter était dans ses pattes et la harcelait de questions sur Evans ("Elle prend quoi comme dessert au club en général ? Et est-ce qu'elle a déjà parlé de moi ? Et est-ce qu'elle utilise la plume d'Augurey que je lui ai offert à Noël pour ses révisions ? "); mais il s'avéra être un excellent partenaire de Potions, adroit dans son travail malgré les âneries qu'il débitait en continu. Aria savait que Potter n'était pas mauvais élève, il était même assez doué dans beaucoup de domaines, mais son comportement laissait souvent à désirer, d'où ses constants avertissements et ses nombreuses heures de retenue. Malgré le fait qu'elle lui rappelle constamment qu'Evans et elle étaient loin d'être proches et qu'elle n'avait aucune information particulière à lui communiquer; il haussait les épaules avec assurance. Aria eut parfois la sensation que le Gryffondor avait autre chose derrière la tête, qu'il l'avait suivie et la harcelait à moitié pour d'autres raisons que simplement en savoir plus sur Evans; mais elle aurait été incapable de dire quoi et finit par conclure qu'elle avait mal interprété le comportement du jeune homme.

À la fin des deux heures, il avait remballé ses affaires, fier de leur travail, et avait vite rejoint son groupe d'amis en lui promettant que leur prochain cours ensemble serait fantastique. Aria n'était pas très joyeuse à l'idée de réitérer l'expérience, mais son directeur de maison lui avait accordé cinq points supplémentaires à la fin de la classe pour la féliciter de son travail d'équipe, et Aria pensa que c'était peut-être un mal pour un bien, finalement. Will, quant à elle, lui assura qu'elle avait rarement autant ri dans un cours de Potions, car les réactions de sa cousine aux questions et remarques de Potter étaient, selon elle, hilarantes. C'était l'avis de quelques autres étudiants qui suivaient le cours, optionnel selon la carrière qu'ils envisageaient après Poudlard. Ainsi, toutes les maisons étaient confondues, et Aria eut la surprise de voir quelques Pouffsouffles (auxquels elle n'avait jamais réellement parlé) et Serdaigles lui sourire timidement en sortant de la salle. Les quelques personnes de sa maison partageant ce cours l'avaient simplement regardée de travers; mais ils n'oseraient jamais rien lui dire, son nom de famille seul imposait le respect.

La jeune femme n'était pas habituée à ce qu'on lui témoigne autant de sympathie d'un coup, et exprimait ses doutes et sa surprise à ses camarades de dortoir, le soir même. Evelyn Tewn, la férue d'astronomie qui dormait dans le lit à sa droite; Dolores Graves et Pearl Shafiq, ses deux voisines d'en face, avaient attentivement écouté les derniers jours parsemés de James Potter qu'avait vécu Aria, et réfléchissaient à la question en silence.

- Il est Bélier, non ? demanda soudainement Evelyn.

Aria haussa les épaules et ignora la question alors que Pearl, après un échange de regards appuyés avec Dolores, prenait la parole. Sa famille faisait partie elle aussi des Sacrées et Aria la connaissait depuis longtemps, mais elles ne se côtoyaient jamais étant petites. Pearl était une belle jeune fille au teint caramel et aux yeux verts perçants, et Aria avait déjà entendu dire qu'elle était promise à Ewyn Nott, qui avait terminé Poudlard deux ans auparavant, depuis l'âge de cinq ans. Mais Pearl n'en parlait jamais : en parfaite sang-pur de bonne famille qu'elle était, elle restait très discrète sur sa vie privée; mais adorait se mêler de celle des autres. Elle était toujours la première à connaître les derniers ragots, et Aria la voyait déjà prendre des notes mentales sur tout ce qu'elle était en train de lui raconter, afin de le rapporter à tout le monde. C'était d'ailleurs à cause de Pearl qu'elle avait au fil des années pris un goût certain pour les commérages.

- Eh bien, dans un sens il faut peut-être prendre ça comme une opportunité. Bien sûr, l'attirance de Potter pour une sang-de-bourbe est vraiment inexplicable, mais tu peux quand même tirer des avantages de cette proximité.

Aria haussa un sourcil.

- Déjà, s'expliqua Pearl, tu as fait gagner dix points à Serpentard juste en faisant ta potion avec lui, non ? Sur ce plan-là, ce n'est peut-être pas une mauvaise idée de garder cette dynamique. Ça te fait bien voir par Slughorn, même si tu n'en avais pas forcément besoin, mais aussi par les autres professeurs.

Aria avait déjà pensé à tout ça, mais elle préférait sa tranquillité aux bonnes grâces des professeurs, grâces dans lesquelles elle se trouvait déjà depuis plusieurs années grâce à ses bonnes notes et son comportement.

- Mais aussi, ajouta Pearl en baissant d'un ton, on m'a dit que Tu-Sais-Qui en avait après Dumbledore, apparemment il monterait une armée contre lui. D'après... ma source, tout porte à croire que le vieux va aller chercher des suiveurs parmi les septièmes années, et on sait tous très bien à quel point il adore toute cette bande de Gryffondors. Peut-être que tu pourrais obtenir des informations utiles ?

Aria se rappela soudain de la raison pour laquelle elle parlait de moins en moins à Pearl : son fiancé était un mangemort notoire et elle partageait sans aucun doute ses convictions. Aria haussa à nouveau les épaules, peu convaincue, mais réalisa qu'elle n'aurait désormais plus le choix : il ne faudrait plus beaucoup de temps avant que la fameuse "source" (c'est-à-dire son fiancé) soit mis au courant de ce petit plan. Elle qui voulait rester éloignée du radar du mage noir qui recrutait de plus en plus d'adeptes, se retrouver mêlée à un plan de la sorte en était l'opposé exact...

Il fallait qu'elle trouve une solution, et vite.

✧ 

Samedi 8 octobre 1977
Poudlard

Mon cher parrain,

Merci pour vos croquis et vos échantillons ! Je les ai mentionnées à ma professeure de botanique et elle m'en a parlé : ce sont en réalité des Arachnae Vivendis, et elles protègent généralement des nids de Noueux. Mais elles sont très dangereuses, la feuille que vous m'avez envoyée pour analyse avait rongé la quasi-totalité de votre lettre lorsqu'elle est arrivée ici. Votre hibou en a souffert, le pauvre.

J'ai pris soin de lui, mais il semble beaucoup vous en vouloir. Faites attention à vous, et à ce que vous envoyez !

Je vous embrasse,
Aria

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Le week-end arriva aussi vite que les pluies d'automne. Depuis la conversation qu'elle avait eue avec Pearl, Aria avait essayé, par tous les moyens possibles, d'éviter James Potter le plus possible. Fort heureusement, ils n'avaient que deux cours en commun : Potions et Sortilèges; de ce fait Aria se hâtait de rentrer dans sa salle commune sitôt les cours terminés, ou allait se cacher à la bibliothèque, lieu auquel Potter semblait allergique. Les cours de Sortilèges étaient quant à eux si compliqués en cette dernière année de leurs études qu'ils requéraient une très grande concentration; et depuis que Flitwick avait assigné des places aux quatres Maraudeurs à chaque coin de la salle de peur que groupés ils ne dérangent les autres élèves, Aria n'avait qu'à se placer à l'opposé de Potter et tout allait pour le mieux. Ce dimanche-là, après avoir passé la semaine à fuir l'énergumène ébouriffé comme la peste et en voyant le temps merveilleux à l'extérieur, Aria sut qu'elle pouvait être tranquille : son stalker ne raterait pas une occasion de passer la journée dehors, et elle décida de prendre du temps pour elle. Dans son esprit, cela signifiait qu'elle allait passer tout son temps libre à faire ses devoirs et des fiches de révisions; et Will avait vite fui sa cousine en prétextant un entraînement de Quidditch. Aria savait qu'elle n'avait pas entraînement avant plusieurs heures, mais ne pouvait pas trop lui en vouloir : elle n'était pas particulièrement amusante lorsqu'elle était plongée dans son travail.

Ainsi, elle avait investi sa table d'étude favorite à la bibliothèque, près d'une fenêtre en retrait des passages principaux; et y avait passé plusieurs heures. Elle avait réussi à terminer tous ses devoirs de la semaine et s'était même avancée pour ceux de la semaine suivante; puis elle s'attela à la constitution de fiches de révision. Elle commença par l'Histoire de la Magie, matière dans laquelle elle avait le plus de mal, car Mr Binns était un professeur incroyablement soporifique et l'atmosphère lourde de sa salle de classe n'arrangeait souvent rien. Elle ne connaissait personne qui parvenait à s'intéresser à ses cours, à part sa cousine Will, qui, contre toute attente, écoutait toujours passionnément le professeur fantôme et prenait ses notes de manière frénétique.

Quiconque connaissait un peu Will pouvait être surpris de la passion de la jeune fille pour l'Histoire de la Magie : elle passait son temps à voler sur son balai ou explorer le domaine de Poudlard et en revenait toujours avec des bleus et des égratignures. Will Justice était une casse-cou, qui avait de nombreuses fois été surprise à dépasser le couvre-feu ou à aller explorer la Forêt Interdite en pleine nuit; et avait été mise en retenue pour ces deux motifs parmi d'autres une bonne cinquantaine de fois durant toute sa scolarité. Aria était incapable de suivre sa cousine; tout d'abord car elle ne voulait surtout pas enfreindre le règlement afin d'avoir le dossier scolaire le plus limpide possible, et aussi car elle n'était pas très rassurée de se balader en pleine nuit dans des endroits aussi grands. Elle avait beau adorer le château, elle savait qu'elle n'avait marché que dans une partie émergée de l'iceberg et n'avait pas très envie d'aller explorer le reste de l'endroit (et n'en avait pas l'utilité). Et depuis que sa cousine lui avait confié avoir déjà cru entendre un loup-garou dans la forêt, elle n'était pas très rassurée à l'idée d'aller là-bas non plus.
Au vu des activités extra scolaires de Will, Aria avait toujours eu quelques interrogations quant à son adoration du cours d'Histoire de la Magie; jusqu'en fin de quatrième année où elle lui avait avoué vouloir devenir chasseuse de trésors. Et en y réfléchissant bien, elle avait réalisé que c'était le métier qui lui correspondait le plus, entre aventure et connaissances historiques, elle voyait tout à fait Will continuer sur cette voie.

Aria ne parvenait pas à relire ses notes. Elle avait tant de mal à suivre les cours qu'elle s'assoupissait parfois au beau milieu d'une phrase, et se retrouvait avec des notes incomplètes. Elle avait déjà essayé de récupérer les parchemins de sa cousine, mais son écriture était illisible et Aria passait plus de temps à tenter de déchiffrer le cours qu'à réellement l'apprendre. De ce fait, la jeune Serpentard avait pris l'habitude de toujours relever le sujet du cours, de prendre le plus de notes possibles, mais de surtout, par la suite, aller lire quelques ouvrages sur le sujet afin de compléter ses notes à trous. Aria savait qu'elle perdait un temps précieux avec cette méthode, mais jusqu'alors elle avait assez bien fonctionné.

La jeune fille rangea ses affaires et décida de travailler depuis sa salle commune. Elle se rendit dans la section Histoire de la bibliothèque afin de trouver un ouvrage sur les conflits sorciers d'Egypte au Moyen-Âge à emprunter, lorsqu'elle entendit son nom dans une conversation.
Surprise, elle tendit l'oreille et jeta un œil entre les livres devant elle. Elle ne vit qu'une table occupée, par un garçon aux cheveux châtains et une fille aux cheveux roux, tous deux à Gryffondor. Lupin et Evans.
La jeune née-moldu semblait contrariée, tandis que son camarade souriait avec amusement.

- Ça te dérange tant que ça que James et Justice soient partenaires de potion ?
- Mais, protestait-elle en chuchotant, ce n'est pas que ça me dérange, c'est juste que je ne comprends pas ce revirement de situation.
- Ah oui, répondit Lupin en souriant de plus belle.
- Eh ben oui, s'impatienta-t-elle en tortillant sa plume entre ses doigts. Il passe de ne jamais lui parler et ne jamais lui prêter la moindre attention, à la suivre partout et passer tout son temps avec elle d'un coup ! Alors qu'avant..
- Oui ?

Aria n'avait jamais vu le réservé Lupin sourire aussi franchement.

- Avant, avant..., bafouilla Evans, le rouge lui montant aux joues. Avant ça n'arrivait pas, tout simplement.

Il y eut un court silence, durant lequel Lupin avait repris une rédaction, le sourire toujours aux lèvres, et Evans regardait dans le vide, contrariée.

- Je ne comprends pas pourquoi James se met à fréquenter une fille qui passe son temps à s'engueuler avec son meilleur ami, tout simplement.

Lupin releva la tête et répondit seulement :

- Tu appelles James par son prénom, maintenant ?
- Eh bien, euh..., balbutia Evans, prise au dépourvu. On est forcés de passer du temps ensemble avec les devoirs de Préfets-en-Chef, donc on s'est dit que c'était peut-être plus simple de faire ça.

Lupin hocha la tête et se replongea dans son devoir, tandis qu'Evans peinait à retrouver la concentration.
Aria finit par trouver le livre qu'elle cherchait et se disait qu'il n'y avait plus grand-chose d'intéressant à voir ici pour elle; lorsqu'un oiseau de papier, semblable à ceux qu'Aria avait l'habitude d'envoyer lorsqu'elle était préfète, se posa sur la table des Gryffondors.
Evans le saisit et le lut en un coup d'œil, avant de rassembler ses affaires en vitesse. Elle expliqua rapidement à Lupin qu'un élève de deuxième année avait la tête coincée dans le casque d'une des armures d'un couloir, et se hâta de sortir.

- Sauvée par le gong, murmura Lupin.

Sans vraiment prendre conscience de ce qu'elle était en train de faire, Aria sortit de l'allée dans laquelle elle se trouvait et se dirigea vers la table où Lupin étudiait désormais seul. Elle s'arrêta en face de lui, et il leva la tête. D'abord surpris, il eut l'air embarrassé.

- Oh, je suppose... Que tu as entendu la conversation ?
- Oui, répondit-elle avec un sourire gêné en montrant son livre. La section des conflits moyenâgeux est juste à côté, donc...

Lupin ne dit rien et regarda le livre qu'elle lui montrait.

- Tu t'intéresses à ce genre de choses ?
- Pas vraiment, rit-elle, mais on a étudié ça en tout début d'année, et mes notes subissent de plein fouet mes difficultés de concentration dans ce cours, donc... Je me renseigne.

Il hocha la tête en riant et ils se regardèrent en silence, ne sachant pas quoi se dire. Aria ne lui avait que très peu parlé durant toute leur scolarité, même s'ils avaient eu l'occasion de se côtoyer lorsqu'ils étaient Préfets. Malgré cela, elle avait tellement eu de fil à retordre à cause de son groupe d'amis qu'elle l'avait vite mis dans le même panier qu'eux et n'avait jamais tenté de lancer une quelconque conversation. Mais depuis la rentrée, elle n'avait plus à se soucier de faire respecter le règlement aux étudiants de Poudlard, et n'avait pu s'empêcher d'observer que le comportement de Lupin différait légèrement de celui de ses acolytes. Il semblait beaucoup plus calme, plus travailleur, et plus humble surtout. En essayant de ne pas prêter attention aux cicatrices qui lui striaient le visage, Aria fixa son regard dans ses yeux d'un marron très doux, presque vert, et s'assit en face de lui. Elle reprit la parole, hésitante.

- Tu sais... Je ne voulais pas parler de la sorte à votre ami, Pettigrow. Je sais que tout ce que j'ai dit n'était vraiment pas correct ni juste; et j'en suis désolée, sincèrement.

Lupin ne répondit rien.

- Je sais que les Serpentards et les Gryffondors se vouent une haine cordiale depuis des centaines d'années, mais je ne voulais pas être la personnification des raisons de la mésentente entre nos deux maisons. J'espère que Pettigrow pourra passer l'éponge sur toute cette histoire.
- Pas de problèmes, répondit son camarade en souriant. Il est très facilement impressionnable, mais pas rancunier. T'imagines pas le nombre de fois où James et Sirius lui ont fait des blagues, et il leur en a jamais voulu.

Aria hocha la tête, un peu soulagée. Puis elle fronça les sourcils.

- En revanche, je suis désolée mais Black, je ne peux pas. Il m'exaspère.

Lupin rit doucement.

- Oui, je crois que c'est réciproque de toute manière.

Aria lui sourit franchement en haussant les épaules.

- Est-ce que tu sais combien de temps encore va durer le petit jeu de Potter ?

Lupin la regarda sans sembler comprendre.

- De me coller aux basques en permanence ? éclaircit Aria. Honnêtement, je ne vais lui être d'aucune utilité, je suis persuadée que même lui connaît mieux Evans que moi. Je ne sais pas pourquoi il s'accroche à ce plan, vraiment, c'est complètement idiot. Et j'ai beau lui dire, il ne m'écoute pas.

A moins que cela ne cache autre chose... Ajouta-t-elle dans sa tête. Elle avait déjà chassé cette piste lors de leur séance de Potions mais une intuition persistait en elle. Lupin sourit et se gratta l'arrière de la tête, gêné. Il évita son regard.

- Je sais, c'est vrai que c'est un peu étrange comme plan. Il a beau être brillant dans beaucoup de domaines, en amour il est vraiment nul. Et surtout, il est très têtu.

Puis il prit grand soin de regarder autour de lui, partout sauf en direction de la Serpentard. Elle soupira, comprenant qu'elle ne tirerait rien de plus de lui, et réfléchit à de possibles manières de se débarrasser de Potter en silence.

- Mais tu sais, reprit Lupin, j'ai l'impression que tu es vraiment utile en fait. Pas de la manière qu'on imaginait, mais tu as entendu ce qu'a dit Lily tout à l'heure ?

Elle ne répondit pas. Evans commençait à être jalouse, certes, mais si cette petite magouille continuait c'était peut-être la vie d'Aria qui serait finalement en jeu, et elle souhaitait éviter le plus possible de mourir jeune dans d'atroces souffrances. Car si elle refusait de donner des informations à ses camarades Serpentards en relation avec les Mangemorts, elle ne donnait pas cher de sa peau. Elle prétendit ne pas savoir de quoi Lupin parlait.

- Elle est jalouse ! triompha Lupin.

On entendit tout à coup un "Chut !" furieux de Mme Pince, quelque part dans la bibliothèque. Aria se mit à rire.

- Elle a une ouïe d'enfer cette femme.

Tous deux rirent de plus belle alors qu'un nouveau "Chut !", plus furieux encore, se faisait entendre. Lorsque leurs rires s'estompèrent, Aria regarda son voisin d'un air grave, et chuchota :

- Écoute, Lupin, je sais que le but de toute cette entreprise est de faire en sorte qu'Evans et Potter sortent ensemble, soit. Je sais que chacun à y gagner si nous menons à bien notre mission, pour ma part, je compte sur le fait que cette possible relation entrave encore plus les chances d'Evans de finir première aux ASPICs.

Lupin eut l'air amusé, mais Aria n'en tint pas compte et continua :

- Et, vraiment, j'ai beaucoup d'ambition, Lupin. Je veux être Ministre de la Magie, un jour. C'est pour cela que je dois réussir tout ce que j'entreprends, et ma carrière est en jeu à chaque instant de ma vie. Il faut que j'excelle partout.
- Je ne suis pas sûr qu'Harold Minchum ait été un élève excellent quand il était à Poudlard, et pourtant il est quand même Ministre aujourd'hui...
- Peu importe, le coupa Aria. C'est pour mon estime personnelle, j'ai besoin de savoir que je donne le meilleur de moi-même autant que possible. Seulement, il y a un petit problème dans toute cette machinerie.

Elle baissa encore plus la voix, forçant Lupin à se pencher vers elle.

- Je suis une sang-pur, à Serpentard. Je suis entourée de personnes connaissant très bien des ... mangemorts, ou souhaitant le devenir. Et... On semble penser autour de moi que Tu-Sais-Qui cherche à espionner Dumbledore et ses agissements; notamment via des indicateurs dans Poudlard même.

Lupin avait perdu tout sourire, et la regardait d'un air grave, buvant ses paroles.

- Tout le monde sait très bien que Dumbledore préfère les autres maisons à Serpentard, et en particulier ta maison. Et... Comme je suis une des seules élèves de Serpentard ayant des liens plus ou moins privilégiés avec vous depuis quelques jours, et depuis plusieurs années même avec Will, j'ai peur qu'ils ne se mettent à penser que je ferais une bonne espionne. Seulement voilà : j'ai tout sauf envie de jouer ce rôle. Je ne veux pas prendre part à cette guerre qui se prépare de cette manière, je n'ai pas l'intention de devoir choisir un camp au péril de ma vie dès maintenant, j'ai encore beaucoup trop de choses à accomplir avant de mourir.

Lupin, abasourdi par ces révélations, n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit; Sirius Black venait de débarquer de nulle part, gai comme un pinson.

- Mon p'tit Lunard, on te cherchait partout ! T'as fini de bosser, on va voir Corn...

Le jeune homme s'était interrompu brutalement en voyant la personne qui se tenait face à son ami.

- Je vous dérange, peut-être ?

Aria le regarda avec défi, et Lupin leva les yeux au ciel, ennuyé. Prédisant qu'une dispute allait probablement éclater, il commença à ranger tranquillement ses affaires.

- Qu'est-ce que tu as, Black ? Tu n'as jamais vu à quoi ressemble une conversation civilisée ?
- Remus, qu'est-ce que tu fiches à la même table que cette vipère ?
- Ton ami fait ce qu'il veut de sa vie, mêle-toi de tes affaires.
- Oh, mais justement, c'est mon ami, donc c'est mes affaires.
- Mais oui c'est évident, le monde entier tourne autour de ta petite personne en permanence, Black, tout te concerne, tout le temps !

Le ton de leurs voix commençait à monter, et les "Chut !" de Mme Pince semblaient se rapprocher d'eux. Lupin, précautionneux, se leva tranquillement et alla attendre le cataclysme appuyé contre une étagère juste à côté. Aria, quant à elle, était debout et rassemblait ses affaires : elle n'avait pas l'intention de rester à cet endroit tant que Black y était, cela dégénérerait à coup sûr. Il laissa échapper un ricanement.

- Tu fuis le conflit, comme une vraie Serpentarde.
- Que tu es grandiloquent, râla Aria en levant les yeux au ciel. Quand vas-tu cesser de faire de tout ce qu'il se passe dans ta vie un drame ?
- Et toi, quand est-ce que tu vas arrêter de parler comme une snob ?! T'as juste l'air prétentieuse quand tu parles comme ça, Justice, ça te rend encore plus coincée que t'en as déjà l'air !
- Vouloir bien s'exprimer c'est être coincée ?! Excuse-moi mais tout le monde ne pense pas que les cigarettes et les bottes en cuir de dragon soient si classes que ça, pour beaucoup tu as juste l'air incroyablement ridicule, mon pauvre garçon.

Black s'appuya de ses poings sur la table avec violence, il commençait à être réellement énervé. De son côté, Aria gardait la face, mais serrait les dents avec force.

- Tu te crois si intelligente, si exceptionnelle, avec tes manières et tes bonnes notes et tes habitudes de princesse pourrie-gâtée, c'est quand que tu vas enfin réaliser que...
- Je ne me crois rien du tout Black ! le coupa Aria avec véhémence. Arrête de rejeter tous les problèmes de ta vie sur moi, tu devrais aller en parler à quelqu'un, sérieusement !
- J'ai aucun problème dans ma vie ! tonna Black.

Aria sentit alors une grande force la pousser à vive allure vers la sortie de la bibliothèque. En une seconde, elle et Black étaient dehors, et Mme Pince, baguette en main, leur hurlait dessus de manière désordonnée. En tout, Aria comprit qu'elle avait fait perdre dix points à sa maison, et qu'elle était bannie de la bibliothèque pour le restant du mois. Horrifiée et folle de rage, elle sortit sa baguette et s'apprêta à lancer un sort à Black pour le faire payer de lui gâcher un des seuls plaisirs qu'elle s'accordait, mais Lupin s'interposa à temps.

- S'il vous plaît, vous deux, vous vous êtes déjà assez fait remarquer comme ça, non ? Allez, Sirius, on y va...

Ce dernier, qui avait aussi sorti sa baguette, suivit son ami à contre-coeur, jetant un dernier regard noir à Aria avant de disparaître au détour d'un couloir.

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Un très long chapitre que voilà ! Je m'emballe beaucoup parfois, haha. 
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