III. Ouverture des hostilités
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Vendredi 2 septembre 1977
Poudlard
Père, Mère,
J'ai bien reçu votre colis ce matin et je vais m'atteler de ce pas à la lecture de cet ouvrage que je sais fascinant; le Professeur Flitwick nous l'avait déjà recommandé à plusieurs reprises ! Je n'avais pas encore trouvé le temps de le lire, mais nous n'avons eu qu'une journée de cours et ainsi n'avons pas encore trop de travail pour ce week-end. Au moment où je vous écris, il est plus de onze heures et j'ai déjà terminé les quelques devoirs que mes professeurs m'ont donné.
Mais avant, une nouvelle plus importante, que j'ai appris hier et qui, je pense, mérite votre attention : Sirius Black, l'aîné d'Orion et Walburga Black, ne vit plus chez ses parents depuis le début du mois de juillet, et a même été renié de la famille. J'étais surprise d'apprendre cela hier, dans le train, qui plus est par des camarades de Serdaigle qui n'ont aucun lien - à priori- avec cette famille ! J'eus peur que nous ne fûmes laissés de côté, auquel cas je tenais à vous en informer. J'ose espérer que cela n'est qu'une mauvaise communication entre les Sacrées.
Ici, tout reste très tranquille, comme toujours. Poudlard est un endroit formidable, je suis triste de le quitter à la fin de cette année. L'ambiance ici est toutefois assez morose, les nouvelles de meurtres et de disparitions de cet été concernaient quelques familles d'élèves d'ici. Certains de mes camarades de Serpentard ne m'inspirent guère confiance, ils se pavanent dans le château en clamant partout que la magie noire est leur domaine de prédilection, et je les ai entendus tout à l'heure parler du "Seigneur des Ténèbres"... J'ai bien peur que Vous-Savez-Qui se soit trouvé de nouveaux partisans...
Sur une note plus légère, j'ai un nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal, Mr. Gideon Prewett. Il est intéressant, nous avons eu notre premier cours avec lui aujourd'hui et il est très pédagogue. Les fameux élèves de Serpentard dont je vous parlais plus tôt le méprisent, car il serait un traître à son sang. Personnellement, je préfère faire fi de cela, je pense que vous me comprendrez. Ses fréquentations ne peuvent, à mon humble avis, que multiplier ses horizons et son savoir sur tous les sujets possibles, ce qui est primordial chez un professeur. Je préfère un bon éducateur à un homme "convenable". Ne jurer que par la pureté du sang, c'est se fermer des portes. Mais n'en dites rien à vos parents, Père, ils seraient tentés de me renier de la famille, moi aussi !
Mère a-t-elle des nouvelles de mon parrain ? Il n'a jamais répondu à mes dernières missives, et je ne sais même pas où il se trouve actuellement; parfois cet homme m'inquiète.
Je vous embrasse,
Aria
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Lundi 5 septembre 1977
Stonehaven, Aberdeenshire
Ma douce Aria,
Nous sommes ravis que notre cadeau te plaise ! Il nous a semblé que tu méritais de démarrer l'année sur une bonne note, en espérant que celles-ci coulent à flots durant ce premier trimestre ! Mais nous ne nous faisons pas de soucis concernant ton travail, tu as toujours été une élève excellente et nous savons que tu étudies avec sérieux.
Nous avons en effet entendu parler de la nomination du jeune Prewett à ce poste de professeur à Poudlard. Nous partageons ton avis, et t'encourageons à ne pas faire de différence entre les ascendances des personnes de ton entourage. C'est ce genre de différends qui a coûté à Walburga de perdre son fils Sirius, d'après nous.
Nous avons appris la nouvelle du départ de ce dernier peu avant août, nous pensions t'en avoir parlé. Pas d'inquiétudes, nous sommes toujours dans les bonnes grâces de tous; mais gardons l'œil ouvert : nous sommes visiblement plus souples que certains sur les traditions des Sacrées et il ne faudrait pas que cela nous porte préjudice.
J'ai d'ailleurs eu vent de drôles de choses sur Athelstan Jr. lors de ma partie de chasse avec mon frère de ce dimanche. Il aurait rejoint les rangs de Tu-Sais-Qui, en sais-tu quelque chose, peut-être par William ? (Tu lui transmettras nos baisers, d'ailleurs.)
Comme je l'écrivais plus haut, nous avons beau ne pas être en désaccord entier avec les idées de nos amis et proches, ce mage noir dont je tairai le nom nous semble dangereux. Fais attention à toi et ne t'approche pas trop de ce groupe dont tu nous as parlé; on ne sait jamais.
Quant à Elphias, il nous semble qu'il a quitté l'Asie il y a peu; nous lui écrirons afin qu'il te contacte. Tu sais comme il peut être tête en l'air...
Nous te souhaitons une belle rentrée et t'embrassons,
Percival & Vega Justice
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Mardi 20 septembre 1977
Londres
William,
J'espère que tout se passe bien en cette nouvelle année à Poudlard. Je vis à Londres depuis quelques jours, même si le Manoir est très agréable, c'est ici que les vraies choses se passent.
Bien que tu sois à Gryffondor, rien ne t'empêche de servir notre cause en t'infiltrant parmi les adorateurs de ton vieux gâteux de directeur ! J'ai toujours de grands espoirs pour toi, William, après tout, tu as toujours été celle que je préfère de notre fratrie.
Savais-tu que ton camarade Sirius Black avait été renié de sa famille ? Je ne voudrais pas qu'il t'arrive la même chose : garde en tête que tout ce que je te dis depuis toutes ces années est dans ton intérêt. J'ose espérer que ta crise d'adolescence touche à sa fin, et que tu auras très vite les idées plus claires.
Bien à toi,
Athelstan Justice Jr.
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LE REGARD FROID et la baguette collée contre la joue de son interlocuteur, Aria prit enfin la parole, la voix tremblante de colère.
- Bon, maintenant tu vas m'écouter, sombre idiot. Je suis l'héritière d'une des plus puissantes familles de sorciers au monde, et, tout comme mon prestigieux rang l'attend, j'ai de l'ambition. Vois-tu, pauvre décérébré, je serai Ministre de la Magie dans quelques années, car c'est ce à quoi je suis destinée. Je ne suis ni ton amie, ni ta bonne, ni ta mère et ce n'est pas à moi de nettoyer les bêtises que ton ânerie provoque. Mais toute ta personne me donne envie de te gifler jusqu'au sang donc je vais nettoyer et ranger cet affreux capharnaüm que tu as créé, et tu vas vite t'en aller avant que je ne t'étripe. Également, ce que l'on va faire désormais, c'est que l'on va s'ignorer cordialement afin que le cerveau de ma précieuse personne ne s'abrutisse pas aux côtés d'un ignare tel que toi, et je saurai être clémente lorsque tu viendras ramper à mes pieds pour me servir mon jus de citrouille au Ministère, car tu n'auras rien trouvé d'autre à faire de ta vie, car tu es stupide. Vu ?
L'ignare susmentionné hocha vivement la tête, et, ennuyée d'avoir affaire à des gens pareils, Aria baissa sa baguette avec une moue de dégoût et lui fit signe de déguerpir. Il ne s'attarda pas et partit en courant, manqua de déraper en tournant dans le couloir, et fut bientôt hors de vue.
Aria soupira longuement et essuya le bout de sa baguette avec sa robe. On a pas idée d'être aussi empoté. Elle examina sa baguette et recommença à l'essuyer avec vigueur. On a pas idée de suer autant, aussi.
La jeune fille se massa les tempes. Elle savait qu'elle était allée beaucoup trop loin dans son discours, qu'elle avait été odieuse, incroyablement hautaine et irrespectueuse. Elle était fatiguée. Et le fait d'être entourée à longueur de temps de sombres idiots n'arrangeait en rien son manque de sommeil. Le mois de septembre avait défilé à une vitesse folle, et avant même qu'elle n'y prenne garde, les douces brises d'été avaient laissé leur place aux averses d'automne. Les arbres se teintaient de tons chauds, et les jours raccourcissaient à vue d'œil. Aria se sentait toujours patraque à cette période de l'année. Elle ne savait pas trop pourquoi. Sa camarade de dortoir Evelyn Tewn, très portée sur l'astrologie et la divination, et lui maintenait année après année que cet état léthargique dans lequel elle sombrait à chaque automne était dû à son signe lunaire et à l'alignement des planètes le jour de sa naissance. Ce n'était pas qu'Aria ne croyait pas en ce qu'elle disait, mais c'était trop nébuleux pour elle : elle préférait se référer aux faits, aux choses tangibles.
Elle contempla le bazar que ce satané Pettigrow avait causé dans la réserve à ingrédients de leur professeur de potions, et soupira, de mauvaise humeur. Heureusement, il n'y avait rien qu'un ou deux sorts de nettoyage et de classification ne sauraient arranger. De quelques tours de poignets, Aria rétablit l'ordre chamboulé par le Gryffondor, et sortit de la réserve en prenant soin de bien refermer la porte derrière elle. Elle avait toujours été étonnée du fait que Pettigrow fasse partie de la bande de Potter; il lui avait toujours semblé faire un peu tache au milieu de ses trois camarades plus vifs et avenants que lui. Il avait moins de répartie, plus de difficultés scolaires, et se retrouvait toujours dans une position de suiveur. Il ne semblait jamais prendre d'initiatives de lui-même, la preuve avec ce qu'il venait de se passer...
Slughorn, leur professeur de potion, lui avait confié au beau milieu du cours la mission d'aller chercher en vitesse, dans ce qu'il appelait son « placard aux merveilles » (qui n'était qu'une simple apothicairerie de secours), plusieurs réassortiments d'ingrédients dont les élèves allaient manquer. Aria était en avance dans sa préparation, et avait sauté sur l'occasion de se rendre utile alors que sa potion reposait pour un quart d'heure dans son chaudron, conformément aux indications de son livre de potions. Cependant, James Potter, ce fabuleux spécimen des Gryffondors ayant classe avec elle, avait très lourdement insisté pour que Pettigrow l'accompagne, afin de l'aider à porter les bocaux. Il avait avancé l'excellent argument que voici : "De toute manière, Professeur Slughorn, Peter ne sert pas à grand-chose par ici. Je fais tout, tout seul, depuis tout à l'heure." En prononçant ces mots, il avait pris soin d'éviter le regard outré de son ami et lui avait donné un coup de coude, ressemblant à un rappel à l'ordre.
Déjà qu'Aria ne supportait pas de travailler avec quelqu'un lorsqu'elle préparait des potions, qu'on lui impose un boulet alors qu'elle n'avait rien demandé à personne et qu'en plus de tout cela, James Potter soit l'instigateur de cette situation; ne lui plaisait absolument pas. Elle ne savait pas pourquoi Potter lui avait collé son ami aux basques, et se disait que cela n'augurait rien de bon. Ainsi, lorsque les gestes patauds de son camarade firent s'éclater au sol trois rangées entières d'ingrédients divers et variés, Aria crut qu'elle allait le crucifier sur place. Elle était fatiguée, de mauvaise humeur, énervée et cette catastrophe en plus était la cerise sur un gâteau déjà beaucoup trop chargé.
Lorsqu'elle revint enfin en classe avec les produits demandés, Pettigrow et ses amis étaient rassemblés dans leur coin, à parler avec empressement. Aria passa devant eux, et jeta un regard noir à Pettigrow qui cessa aussitôt de sourire et baissa la tête, tout penaud.
Alors que la jeune fille s'asseyait près de son chaudron, elle entendit les trois amis de l'élève pataud s'inquiéter de son changement d'humeur. Les surveillant du coin de l'œil, elle reprit la préparation de sa potion. Les quatre garçons la regardaient maintenant avec mépris tout en murmurant entre eux avec empressement. Aria esquissa un sourire. Comme s'ils lui faisaient peur.
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- Oh, allez, tu vas pas rester enfermée à la bibliothèque toute la journée ! Il fait super beau dehors, c'est tellement rare pour un mois d'octobre !
Cela faisait maintenant un bon quart d'heure que William sautillait autour de sa cousine en la suppliant de l'accompagner faire un tour en balai. Aria, qui n'avait rien demandé à personne, avait initialement prévu de se plonger dans ses devoirs pour toute la matinée, mais depuis le petit-déjeuner, il n'y avait rien à faire : elle ne pouvait faire un pas sans que Will ne tente de lui faire dévier son chemin.
- Et tu fais jamais de sport ! T'es aussi blanche que Nick Quasi-Sans-Tête, j'te jure que certains matins la ressemblance est flagrante !
Aria jeta un regard outré à sa cousine, qui lui rendit un énorme sourire.
- T'inquiètes t'es quand même belle ! Mais tu ressembles à un fantôme.
Aria s'arrêta net et Will se posta devant elle, les bras croisés, son Brossdur dernier cri voletant à ses côtés. La Gryffondor fronça les sourcils.
- Ari, tu m'avais promis qu'on passerait plus de temps ensemble cette année...
- ... Si j'étais à jour dans mes devoirs et révisions, la coupa Aria. Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui, je suis désolée Will.
Aria eut un pincement au cœur en voyant la mine déconfite de Will. Les deux cousines, malgré leurs différences, avaient un point commun : elles se sentaient toutes deux terriblement seules dans leurs dortoirs respectifs. Aria avait du mal à porter de l'intérêt à toutes les conversations de ses camarades de chambre, qu'elle ne portait pas particulièrement dans son coeur, et Will passait trop de temps à vagabonder et voler pour correspondre à l'idéal féminin auquel aspiraient certaines de ses comparses de Gryffondor. Les études comme le sport aliénaient les deux jeunes filles au sein de leur propre maison, ainsi elles avaient décidé, durant l'été, de passer plus de temps ensemble.
- Je suis sûre que tu révises quelque chose qu'on a même pas encore vu en cours, maugréa Will.
- Eh bien... rougit Aria. Techniquement, ce n'est pas faux.
Alors que Will commençait à arborer un sourire triomphant, Aria s'empressa de poursuivre :
- Mais j'ai besoin de revoir les notions principales pour pouvoir avancer un peu et maîtriser plus rapidement la pratique. Tu sais, les cours de sortilèges de cette année sont très compliqués !
- ...Mais on ne les a pas encore vus en cours ! rugit Will, exaspérée. C'est bon, tu m'énerves ! Je vais aller voler toute seule, t'as gagné !
Elle s'éloigna, furieuse, en marmonnant des phrases incompréhensibles. Aria, qui était à quelques mètres seulement de la salle d'étude, hésita. Après tout, peut-être pourrait-elle déroger à ses propres règles, pour une fois ? Comme pour faire pencher la balance en la faveur de Will, un timide rayon de soleil apparut à ses pieds, à travers la fenêtre du mur en face. Aria inspira un grand coup, fit demi-tour et se dirigea vers les cachots, en direction de sa salle commune.
Une pointe d'excitation grandissait en elle : c'était la première fois depuis longtemps qu'elle baissait sa garde et décidait de sortir s'amuser un peu alors qu'elle avait du temps pour travailler. Pour se rassurer que cette décision était sage, elle se dit qu'un bon bol d'air frais lui aérerait les méninges et que cela ne pouvait être que bénéfique pour son travail. Et puis, de toute manière, elle aurait tout l'automne et tout l'hiver pour rester enfermée à préparer ses ASPICs.
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Ses longs cheveux blonds voletaient autour de son visage alors qu'elle descendait à vive allure les sentiers rocheux derrière l'école. Il faisait beau, mais le vent était froid, sec, et piquait ses joues; Aria était contente d'avoir mis un pull. Après ce qui lui sembla être un véritable parcours du combattant, elle arriva enfin au terrain de Quidditch, et se faufila dans les gradins tandis que quelques élèves s'amusaient à se lancer un Souafle dans les airs. Visiblement, Will n'était pas la seule à avoir eu l'idée de profiter de cette journée ensoleillée : avec elle volaient deux Serdaigles, un Gryffondor (à en voir ses acrobaties ridicules, cela semblait être Potter tentant, comme à son habitude, d'amuser la galerie - ce qui était toujours une cause perdue d'avance d'après Aria), et trois Poufsouffles. Pas de Serpentards, mais c'était loin d'être étonnant. Tout autour du stade, d'autres groupes d'élèves de tout âge s'étaient donné le mot pour venir regarder leurs amis jouer au Quidditch, ou profiter du soleil qui tapait directement sur les gradins pour y faire un somme ou lire un livre.
Aria observait avec attention sa cousine jouer à son sport favori, lorsqu'elle sentit une main s'abattre sur son épaule; et une odeur désagréable de cigarette froide envahir ses narines.
Plissant le nez, Aria se retourna vers le propriétaire de la main qui n'était autre que Sirius Black, flanqué de ses fidèles acolytes Remus Lupin et Peter Pettigrow. Aria les appelait parfois par les surnoms que ses camarades de Serpentard leur affublaient, respectivement "Le renégat", "Le balafré" et "Petit-gros". Même si elle trouvait ces surnoms réducteurs, les nommer de la sorte dans son esprit l'aidait à ne pas trop leur accorder d'importance, au cas où ces noms sortiraient tout naturellement dans une conversation avec des Serpentards et qu'elle soit accusée de tentative de fraternisation avec l'ennemi en ne les dénigrant pas. La jeune fille trouvait tout cela bien ridicule, mais les Serpentards qui menaient la maison cette année semblaient être des Mangemorts en puissance et Aria préférait s'éviter tout ennui et rester bien sagement dans les rangs. De plus, Severus Rogue faisait partie de ce groupe de septièmes années idolâtrant la magie noire, et il était bien connu que le jeune homme haïssait tout ce qui touchait de près ou de loin à ce groupe de Gryffondors en particulier. Si elle ne voulait pas avoir toute sa maison sur le dos, autant jouer la carte de la prudence.
Voyant qu'après une bonne poignée de secondes, Black ne semblait pas vouloir décrocher un mot ni enlever sa main de son épaule et que derrière les deux autres faisaient semblant de s'intéresser aux joueurs en l'air; Aria leva les yeux au ciel en soupirant.
- Mon épaule t'aurait-elle offensé, Black, pour que tu la gardes en otage de la sorte ?
- Ha ha, répondit-il sarcastiquement. Je réfléchissais juste à comment j'allais rester civilisé et faire passer mon envie folle de faire se rencontrer ma main et ton visage.
- Oh, fit Aria en se retournant vers le terrain pour reporter son attention sur sa cousine, quelqu'un a marché dans une bouse de dragon ce matin.
Black descendit deux marches pour se poster juste devant elle.
- Là c'est un peu embêtant Black, ironisa-t-elle, je ne vois plus rien.
- Je m'en fous, Justice, j'ai deux mots à te dire et je veux que tu m'écoutes.
Agacée par ses manières d'enfant gâté, Aria le regarda droit dans les yeux avec insolence. Il se contenta de faire craquer les doigts de sa main droite, ce qui horripila Aria au plus haut point.
- Je t'écoute, Monseigneur, insista-t-elle.
- La prochaine fois que tu traites Peter de cette manière, tu le paieras très cher.
- Je ne sais pas de quoi tu parles, répondit Aria en toute honnêteté.
- Le cours de potions ? La réserve de Slug ?
Aria plissa les yeux, ne comprenant toujours pas où il voulait en venir. Puis son regard se tourna vers le Peter en question ("Petit-gros, Petit-gros" se répéta-t-elle) et la lumière fut.
- Ah, répondit mollement Aria. Je n'y peux rien s'il est maladroit, c'est son problème et je n'ai pas à me faire punir, moi, pour ses idioties.
- Le problème c'est pas ça, c'est ton petit discours condescendant et odieux, il nous a raconté tout ce que tu lui as dit ! La compassion ou la tolérance, tu connais pas on dirait, pesta Black en croisant les bras.
- Si, s'impatienta Aria en se levant brusquement, mais envers des gens comme lui qui sont incapables de prendre leurs responsabilités et qui ne peuvent pas faire un pas sans avoir besoin qu'on les guide en permanence, ce sont des gens qui ne méritent pas ma tolérance ni ma compassion, parce qu'ils n'essaient pas d'arranger leur situation !
Ce mardi-là, juste après l'incident dans l'apothicairerie de Slughorn, Pettigrow était resté les bras ballants à côté du désordre qu'il avait causé. Il tournicotait sa baguette dans tous les sens; et cette dernière, sous l'anxiété de son propriétaire, émettait de petites étincelles rouges, ce qui n'arrangeait pas les dégâts. Sur le moment, Aria était dans le bureau attenant à la salle et trop occupée à faire autre chose pour prêter attention à ce que faisait le Gryffondor; mais après quelques minutes sans n'entendre aucun bruit, elle avait passé la tête à travers l'ouverture de la porte pour constater les dégâts. Pettigrow ne semblait pas réussir à sortir un mot face à Aria, dont l'agacement montait de plus en plus. Il restait là au milieu de ses bêtises, et la regardait à moitié hagard, à moitié apeuré. Il n'en avait pas fallu plus pour que la colère de la jeune femme explose.
- Mais tu t'entends parler ? tonna Black. T'es une personne odieuse ! T'es tellement enfermée dans ton petit esprit minable et coincé de bourge sang-pur que tu peux pas accepter que des gens soient différents de toi ! Tu réalises ce que tu lui as dit ?!
Il se lança dans une piètre imitation d'Aria, imitant grossièrement son accent écossais et en faisant des manières avec ses mains.
- Toi t'es que dalle, moi je vais être Ministre de la Magie, tu vas me servir mon café plus tard... À la différence de toi, Justice, tout le monde ne pense pas que la réussite se compte seulement sur le statut et le rang social, juste parce que t'as coché des petites cases qui te font rentrer dans le moule ! Tu portes mal ton nom de famille !
- Mais de quoi tu me parles ? cria Aria, abasourdie. Qu'est-ce que la valeur de mon sang a à voir avec cette histoire ? Cet abruti a renversé trois étagères remplies d'ingrédients dangereux au sol et est resté les bras ballants pendant dix minutes en attendant que je nettoie tout parce qu'il était visiblement incapable de le faire lui-même, ni même d'ailleurs de sortir un seul mot pour s'excuser ! Bien sûr que je me suis emportée ! Nous sommes en septième année, Pettigrow, il va falloir commencer à se prendre en main et arrêter d'attendre que l'on te materne en permanence !
Elle avait prononcé cette dernière phrase en s'adressant à Pettigrow, mais s'était vite retournée vers Black lorsqu'elle avait senti la baguette de ce dernier s'enfoncer dans son ventre. Sa fureur s'intensifia : mais pour qui se prenait-il, à la menacer physiquement de la sorte ? En un éclair, elle avait aussi pointé sa baguette vers Black, contre sa gorge, et le fixait de ses grands yeux bleus avec concentration.
- Je t'interdis de lui adresser la parole, vociféra Black, qui serrait le poing de sa main libre, ses yeux gris assombris par la colère.
- Je fais encore ce que je veux, Black, et s'il a un problème avec ma volonté de communiquer avec lui, qu'il me le dise lui-même plutôt que de m'envoyer son chien de garde !
Sans qu'elle ne comprenne pourquoi, il sembla décontenancé par ses paroles pendant une fraction de seconde. Il n'en fallut pas plus pour que la Serpentard réussisse à le désarmer et récupérer sa baguette par la même occasion. Elle ré-enfonça la sienne dans sa gorge et le tint en joue.
- Tu es loin de me faire peur, Black. Je te connais, je connais ta famille et je sais très bien où appuyer pour que ça fasse mal. Ne me cherche pas.
Il haussa un sourcil, moqueur, et croisa à nouveau les bras.
- T'as aucune idée de qui je suis et encore moins qui est ma famille. Si tu parles de ceux au Square Grimmaurd, je les connais pas. J'ai jamais fait partie de ces gens-là, moi.
Un sourire triomphant se dessina sur son visage lorsqu'il pensa avoir touché une corde sensible. Or, Aria n'en avait absolument rien à faire : les questions de richesse, de classe sociale, d'éducation élitiste et autres joyeusetés découlant de la prétendue pureté de son sang ne l'empêchaient pas de dormir la nuit. Elle n'allait pas passer sa vie à s'excuser d'être née avec une cuillère en argent dans la bouche; et tant qu'à faire, elle voulait en profiter un maximum afin de pouvoir régler les problèmes de l'intérieur plutôt que de tout envoyer paître et de se faire des ennemis inutiles. Somme toute, elle était assez d'accord avec Black sur le principe, mais comptait utiliser le pouvoir qu'elle possédait en tant qu'héritière d'une famille puissante pour changer les choses, à sa façon. Puis, elle aimait ses parents et s'entendait très bien avec eux, elle. Et surtout, ce n'était pas à Black de lui dire comment elle devait vivre sa vie, il n'était franchement pas le meilleur des exemples à suivre. Ce fut alors à son tour de lui parler sur le ton de la moquerie.
- Mais moi je n'ai absolument aucun problème avec ma famille, sombre idiot. Tous les sang-purs de la terre ne sont pas persuadés comme toi qu'ils vivent dans un enfer avec le diable en personne ! Je n'ai aucun problème avec tout ce que tu viens de dire; je n'y peux rien si ça s'est mal passé pour toi dans ta famille, mais tout va très bien pour moi et je ne vois absolument pas le rapport avec le sujet de départ ! Et en plus de cela, moi je ne viens pas embêter les gens en les empêchant de regarder un match de quidditch ou en cassant tout sur mon passage sans être fichu de ramasser après moi ! Je suis bien contente d'être une sang-pur si ça m'a donné un minimum d'éducation et de bonnes manières que vous autres n'avez visiblement pas !
Autour d'eux, plus personne ne bougeait et le silence était de mise : les quelques spectateurs dans les gradins proches du duo explosif avaient formé un cercle autour d'eux, tandis que les joueurs restaient suspendus à mi-hauteur, regardant avec intérêt la suite des événements. Aria s'éloigna de quelques pas, sa baguette visant toujours le cou de Black.
- Si tu n'as rien d'autre à me dire, Black, je vais m'en aller maintenant. Je ne suis pas un exutoire à mal-être, si tu as des problèmes dans ta vie, ce n'est pas de ma faute ni celle de tous les sang-purs vivant sur cette terre. Tu me traites d'intolérante, mais tu mets tous les gens que tu croies être comme ta famille dans le même panier sans penser une seule seconde au fait qu'on puisse penser différemment, même au sein d'une communauté aussi restreinte.
Elle lui renvoya sa baguette.
- Ce n'est pas moi le problème ici, Black, c'est toi.
Ce dernier ne répondit rien, furibond. Après une grande inspiration, Aria se tourna vers Pettigrow.
- Je te prie d'accepter mes excuses, si je t'ai offensé. Pour ma défense, je n'étais pas entièrement dans mon assiette ce jour-là, mais ça ne justifie certainement pas les mots ni le ton que j'ai employés à ton égard. Je te demande pardon.
Il acquiesça rapidement, en hochant la tête de manière frénétique et en se rapprochant discrètement de son ami aux cicatrices. Puis Aria fit demi-tour, descendit des gradins, et sortit du terrain.
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