(I) 27. ce sourire est pour moi
✧ ✧ ✧
- MA MANIÈRE D'AGIR ? tenta Aria.
Elle essayait de gagner du temps en jouant l'idiote alors que les rouages paniqués de son esprit s'activaient.
- Déjà, Justice, tes fréquentations de ces derniers temps laissent à désirer. Tu traînes un peu trop avec ta cousine, elle te fait côtoyer des personnes indignes de ton rang.
- Indignes de mon rang..., répéta Aria en un soupir las.
- En plus de ça, tu nous as un peu coupé la chique pendant notre attaque de Pré-au-Lard, et c'est vraiment loin d'être acceptable, continua Rosier. La moindre des choses serait de soutenir tes pairs.
- Ouais, d'ailleurs t'as raconté quoi au vieux cinglé ? T'as cafté ? demanda Wilkes, inquisiteur.
Rosier tendit la main vers lui, comme pour l'intimer de se calmer, mais regarda tout de même Aria, attendant sa réponse.
- Je n'ai rien cafté du tout, Wilkes. J'aurais pu, en revanche, mais parce que je respecte mes pairs, je n'ai rien dit. Dumbledore vous soupçonne déjà, j'en suis presque sûre.
- Ah ouais ? demanda Rosier, agressif.
- Évidemment, Rosier, enfin ! s'exclama la jeune fille. Vous êtes loin d'être discrets, toute l'école sait que vous vous intéressez à la magie noire et que vous avez pour but de rejoindre les rangs de Vous-Savez-Qui.
Rosier ne trouva rien à répondre, alors il soupira pour se donner de la contenance.
- Quoiqu'il en soit, reprit-il le ton glacial, tu devrais vraiment faire attention à tes actions. Le Seigneur des Ténèbres s'intéresse de très près à ta famille, en ce moment, ton cousin est un de ses plus proches alliés, et il ne serait pas contre grossir ses rangs avec un peu plus de Justice. Ne fais pas déshonneur aux tiens.
Aria eut l'impression qu'une lourde pierre venait de tomber dans son estomac. Elle avait donc la confirmation qu'Athelstan Justice, le frère de Will, était bel et bien un mangemort. Elle eut presque envie de vomir. Rosier sembla le remarquer, car il ricana.
- Ne me dis pas que tu n'étais pas au courant, Aria. Ce n'est qu'une question de temps avant que le reste de ta famille le rejoigne. Tu comprends, vous êtes des gens si influents, que le Maître serait très heureux de vous avoir à ses côtés. Vous seriez d'une grande aide pour notre cause.
Elle ne répondit pas, furibonde. Sa main serrait avec force sa baguette, tandis que son corps entier tremblait de colère et de dégoût.
- Ah oui, reprit Wilkes de sa voix désagréablement nasillarde, tu devrais peut-être le dire à ta cousine, qu'elle est la prochaine sur la liste du Maître. Il pense qu'avec ses fréquentations, sa position peut être prometteuse... Pour espionner.
- Oui, renchérit Rosier avec un sourire mauvais, on a pas trop envie de le faire nous-mêmes, tu comprends, on aime pas trop fréquenter les traîtres à leur sang.
Le sang d'Aria ne fit qu'un tour, et elle pointa sa baguette vers la gorge de son interlocuteur.
- Comment as-tu appelé Will ? murmura-t-elle.
- Traître. À. Son. Sang, martela Rosier sur le même ton.
- Tu dépasses les bornes, Rosier, cracha Aria.
Elle leva sa baguette et s'apprêta à lui lancer un sort, tandis que les quatre sortaient leurs propres baguettes en ricanant.
Tout se passa en un éclair. Elle leur lança plusieurs sortilèges informulés tout en parant les leurs avec un charme du bouclier puissant. Elle réussit à toucher Wilkes et Jawbbes, dont la peau se recouvrait lentement de furoncles douloureuses, mais un sort de McFiery la frôla et elle sentit une coupure se former sur sa joue, et des gouttes de sang glisser vers son cou. Une blessure facile à soigner qu'elle ignora sur le moment. Mais elle n'eut pas le temps de répliquer. Car une force invisible, qui n'émanait pas d'elle, venait de se mettre à attaquer les quatre Serpentard.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Rosier, qui se mettait à paniquer.
Aria, tout aussi surprise que lui, ne le montra pas ; mais se mit à sourire d'un air qu'elle voulait tranquille et croisa les bras.
- Je ne fais rien du tout, Rosier.
Les quatre garçons étaient poussés les uns sur les autres, on tirait leurs vêtements, leurs cheveux se mirent à pousser tout seuls et leurs jambes semblèrent subir un sortilège de danse endiablée. En même temps, Aria leur lança à tous un sort de Babillage, afin qu'ils ne puissent lancer de contre-sort. Incapables de tenir correctement debout ou de faire cesser les maléfices, ils prirent tous la fuite. Rosier lança un regard mauvais à Aria, tandis qu'ils disparaissaient vers leur salle commune.
Un rire satisfait flottant au bord des lèvres, Aria ramassa son sac qu'elle avait lâché un peu plus tôt. Elle se demandait qui avait bien pu l'aider, et en se relevant, inspecta les environs derrière elle. Il n'y avait personne. Mais en regardant à nouveau face à elle, elle vit que quelqu'un avait pris la place de ses camarades de Serpentard.
C'était Sirius Black. Elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il prit les devants.
- Ça va ? demanda-t-il en désignant sa propre joue.
Aria, sous le choc, porta la main vers la blessure, et voyant le sang qui tâchait la chemise de son uniforme, lança en un coup de main quelques sorts afin de réparer les dégâts. Pourquoi était-il là, lui, encore ?
- Oui, répondit-elle simplement, sourcils froncés.
- Cool, dit-il l'air détaché. J'ai cru qu'ils allaient jamais partir...
Il était un peu essoufflé, et s'alluma une cigarette. Aria comprit alors : c'était donc lui qui l'avait aidé.
- Pourquoi as-tu fait ça ? Et comment as-tu fait ça, d'ailleurs ? lui demanda-t-elle, agressive.
- T'aimes pas quand tu sais pas tout, hein ? dit-il en souriant. Tu pourrais déjà me remercier, quand même, ça serait la moindre des choses.
- J'étais parfaitement capable de me débrouiller seule, lui répondit-elle, butée. Comment as-tu fait ?
- Ouah, de rien, Justice, ça m'a fait plaisir, sincèrement.
Il resta planté devant elle, attendant qu'elle le remercie. Et elle le regardait, déterminée à avoir une réponse.
- Ça t'écorcherait vraiment la bouche de me remercier ? lui demanda-t-il.
- Merci, grommela-t-elle en regardant ailleurs. Alors, comment ? insista-t-elle.
Il ne répondit pas et se contenta de rire. Aria tenta de garder son calme, mais c'était plus fort qu'elle, il l'agaçait. Elle tapa du pied.
- T'as vraiment le comportement d'une enfant gâtée, observa-t-il.
Il tira sur sa cigarette, et Aria abandonna, pour le moment.
- Mais, qu'est-ce que tu fais là, d'abord ? Pourquoi n'es-tu pas au dîner ?
- Je pourrais te poser la même question.
- Je vais à la bibliothèque, répondit-elle sur le ton de l'évidence.
- Eh ben, moi, j'ai des choses à faire dans le parc, et c'est là que j'allais à la base, rétorqua-t-il évasivement.
- C'est un des chemins les plus longs pour aller au parc, surtout depuis ta salle commune. Le plus logique serait de passer directement par les portes d'entrée. Ce n'est pas interdit de sortir tant que ce n'est pas le couvre-feu, et puis...
- Non mais Justice, t'es au courant que j'ai le droit de prendre le chemin que je veux et que c'est pas tes affaires ? la coupa-t-il.
Aria soupira ; l'amorce d'une énième dispute la fatiguait déjà par avance. La jeune fille tourna alors les talons, et reprit son chemin vers la bibliothèque. Elle entendit Black souffler à son tour.
- Je suis la bande de Rosier et Lestrange depuis samedi, si tu veux tout savoir.
Intriguée, Aria stoppa net et se tourna à nouveau vers lui, un sourcil haussé.
- Me demande pas comment, je te dirai pas, dit-il précipitamment alors qu'il la voyait ouvrir la bouche.
Elle croisa simplement les bras, un peu agacée. Mais tenant à ne pas créer de dispute, elle resta silencieuse.
- À part ce soir, ils ont pas eu de comportement particulièrement dérangeant... continua-t-il, pensif. Enfin, sauf si tu prends en compte le simple fait de leur existence qui est tout particulièrement dérangeant, mais bon...
Elle esquissa un sourire. Il lui lança un regard gêné en écrasant sa cigarette à terre.
- Est-ce que... Ça va, toi ?
Aria le regarda sans comprendre. Depuis quand se souciait-il de son bien-être ? Il clarifia :
- Je veux dire, c'est pas trop compliqué ? Vu ce qu'il s'est passé à Pré-au-Lard, de garder le flou sur... tes convictions, tout ça... Sans énerver qui que ce soit ?
- Te rends-tu comptes que tu admets, pour la première fois depuis toujours, que je ne suis pas une puriste ? lui répondit-elle avec l'ombre d'un sourire. Je suis bien déçue que personne d'autre que moi ne puisse entendre cela.
Il haussa les épaules, comme gêné.
- Autrement, continua-t-elle, c'est en effet compliqué, comme tu as pu le voir. Surtout que ma camarade de dortoir, Pearl Shafiq, est fiancée à un mangemort. Et que sa meilleure amie Dolores Graves, qui partage également mon dortoir, est très proche de Rosier. Il ne serait pas très étonnant qu'ils doivent s'unir après Poudlard.
Il resta un instant à réfléchir à ses paroles, les mains dans les poches de son blouson.
- Je comprends ce que tu vis, tu sais, lâcha-t-il tout à coup. J'ai juste décidé de me débarrasser de tout ça en choisissant Gryffondor en première année. Je comprends aussi que tu veuilles pas faire pareil, mais tu te compliques la vie, Justice.
Aria acquiesça, et se retint de parler davantage. Elle aurait pu continuer cette conversation et exposer toutes les raisons qui faisaient qu'elle restait dans cette impasse qu'elle se créait toute seule, mais n'avait pas la tête à raconter sa vie ce soir-là. Surtout à Black. Elle resserra son emprise sur la bandoulière de son sac et tritura la boucle d'argent qui servait à en régler la taille, pour s'occuper les mains.
- Tu crois que c'était cette bande-là qui a agressé Emily et Jacob ?
- Oui, j'en suis presque sûre. À un ou deux membres près, mais ils n'étaient pas plus de cinq dans la ruelle. Ils n'ont rien laissé paraître ce soir, mais j'ai mentionné le nom des deux enfants et ils n'ont pas relevé.
- Et, euh... commença-t-il à nouveau en se raclant la gorge.
Qu'il était bavard ce soir-là ! Aria oscillait entre la surprise et l'agacement. Elle n'avait pas prévu de rester aussi longtemps dehors et commençait à prendre froid. De la buée s'échappait de ses lèvres lorsqu'elle prenait la parole. Visiblement gêné, Black ne disait plus rien.
- Oui ? l'encouragea Aria avec mauvaise grâce.
- Tu crois que Regulus était dans le groupe ?
Il avait prononcé ces mots en un souffle, presque timidement, le regard ailleurs. Elle fronça les sourcils, légèrement peinée de le voir s'inquiéter pour son frère qui avait fait son choix depuis trop longtemps pour se rétracter.
- Je ne pense pas, lui dit-elle d'une voix qu'elle voulut rassurante. Il est toujours en retrait quand les autres font leurs magouilles. En revanche, il passe tout de même beaucoup de temps avec eux. Ehm...
Elle hésita à continuer, tant il la regardait avec appréhension, comme s'il redoutait ses mots.
- Il a beau ne pas être en première ligne lorsque ses amis jouent à leurs petits jeux de magie noire, je ne crois pas qu'il y ait de retour possible pour lui, Black.
Ce dernier détourna le regard et inspira fortement. La mâchoire serrée, il tapa nerveusement du pied quelques secondes, puis passa une main dans ses cheveux et secoua la tête.
- Okay. Merci, Justice.
Ils restèrent l'un face à l'autre sans savoir quoi dire, puis Aria décida d'amorcer à nouveau un départ. Mais alors qu'elle se retournait, Black prit une nouvelle fois la parole.
- Eh, Justice, tu vas y aller au club de duel demain ?
Aria était si surprise qu'elle en oublia de lever les yeux au ciel, comme elle le faisait habituellement une bonne dizaine de fois lors de leurs échanges. Suspicieuse, elle le jaugea un court instant. Qu'est-ce qu'il lui prenait, à tout à coup vouloir lui faire la conversation de la sorte ?
- Oui, je pense, dit-elle enfin.
- Cool, commenta-t-il avec espièglerie. On pourra enfin le faire, ce duel.
Aria laissa échapper un éclat de rire malgré elle, et Black lui sourit de plus belle.
- Cela me va, conclut-elle la tête haute.
Il lui fit un signe de tête puis s'en alla ; et elle l'imita, dans la direction opposée. Encore un moment inattendu avec Black, duquel elle ne savait que penser. Alors qu'elle longeait les couloirs vides en direction de la bibliothèque, elle ne put retenir un petit sourire surpris. C'était la première fois depuis une éternité qu'ils avaient une vraie conversation, exempte de toute joute verbale ou magique. En poussant les portes de son lieu de révisions, elle se rendit compte d'une autre, infime, minuscule petite chose. Un rien, juste un détail, certainement pas de quoi en faire un drame.
Mais... Il avait eu sur les lèvres un sourire semblable à celui qui habillait son visage, lorsqu'ils étaient tous deux cachés derrière l'armure quelques jours plus tôt. Un sourire franc, sympathique, vrai. Et c'était la première fois qu'il lui souriait consciemment de cette manière-là.
✧ ✧ ✧
Voilà, du Sirius x Aria, vous arrêtez de me crier dessus, maintenant ? 😭
Plus sérieusement, je suis désolée que Benji ne soit pas au goût de tout le monde mais au vu de la relation de nos deux nigauds, il va falloir un peu plus de temps pour qu'ils se rendent compte de quoi que ce soit... L'amour rend bête et aveugle, vous savez ? 😇
Bisous et restez chez vous !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top