(I) 25. baisers (en)volés
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- T'AVAIS PRÉVU QUELQUE CHOSE de particulier ce matin ?
- Hm, pas vraiment... Enfin, je devrais travailler parce que j'ai pris du retard dans mes révisions depuis quelque temps, et aussi j'aimerais bien aller à l'infirmerie voir les deux élèves mais je ne sais pas si c'est possible... Et j'aimerais bien parler à Will, je ne l'ai pas vue depuis hier après-midi, elle doit être inquiète, je...
- Oh, Aria, relax...
Benji avait posé ses mains sur les épaules de la jeune fille et la regardait avec inquiétude. La fraîcheur de cette matinée transformait leurs souffles en buée, et une brise glacée les faisait frissonner. En voyant que la Grande Salle se remplissait, Aria et ses amis avaient jugé préférable de couper court à leur petit-déjeuner afin d'éviter les questions trop indiscrètes concernant l'attaque de la veille. Marlene s'était empressée d'aller chercher McGonagall afin de s'enquérir sur la tenue ou non de leur groupe de soutien ; et Benji avait proposé à Aria de faire un tour dehors, malgré le froid. Ils étaient allés en vitesse dans leurs dortoirs pour prendre de quoi se couvrir et s'étaient retrouvés à l'entrée de la cour intérieure. Ils n'avaient fait que quelques pas lorsque Benji l'avait stoppée.
- Hem... dit Aria en fronçant les sourcils. Je vais bien, tu sais, c'est juste que j'ai des choses à faire...
- Oh, rougit Benji en la relâchant.
Il alla s'asseoir sur un des bancs de la cour, Aria sur ses talons. Elle était un peu perplexe.
- Désolé, sourit-il. C'est juste que tu m'as fait assez peur hier, en fait...
- Je comprends... soupira Aria en s'asseyant près de lui. C'est très étrange, c'est la première fois que ce genre de choses m'arrive.
- T'as jamais fait de crise d'angoisse avant ?
- Était-ce une crise d'angoisse ? réfléchit-elle à haute voix. C'est vrai que ça y ressemblait assez. Je n'arrivais plus à respirer, j'ai eu l'impression que la foule se resserrait autour de moi, j'ai été comme absente pendant une bonne demi-heure...
- Tu pleurais aussi.
- Oui...
- N'importe qui aurait pu réagir comme ça après ce qu'il s'est passé.
- Tout est arrivé si vite, je n'ai pas vraiment eu le temps de réfléchir sur le moment, mais après coup... Je pense que tout m'est tombé dessus sans que je le réalise. Je t'assure que les voir tous deux étalés à terre, blancs comme la mort, c'est...
Sa voix se perdit dans sa gorge. Benji frissonna.
- J'ose même pas imaginer.
Aria resta muette pendant quelques instants, perdue dans ses pensées. Trop de choses se bousculaient dans son esprit depuis la veille, et elle sentait qu'elle aurait besoin d'un moment seule avant la reprise des cours le lendemain pour faire le point, auquel cas elle sentait l'implosion arriver. Elle commençait lentement à comprendre la situation que vivait Evans depuis le début de l'année. Trop de choses à penser. Et c'était le naufrage qui guettait. Elle n'enviait pas vraiment sa position. Du coin de l'œil, elle sentit que Benji la regardait, mais fit semblant de ne pas le remarquer. Cette attention qu'il lui portait avait beau lui faire tourner la tête, c'était quand même très agréable.
Elle se sentait à l'aise avec lui. Évidemment, elle était particulièrement gauche et savait que ses joues étaient beaucoup plus rouges que d'ordinaire, mais il se dégageait de ce garçon une telle bienveillance qu'elle savait que quoiqu'elle dise ou fasse, elle ne serait pas jugée. Benji n'allait pas décortiquer ses moindres gestes ou paroles pour la décrédibiliser par la suite. Et tout semblait doux avec lui...
- Aria ?
- Oui ?
Elle se tourna à nouveau vers lui, et il détourna le regard, comme gêné.
- C'est peut-être pas trop le moment pour ça, et j'suis désolé si t'as l'impression que je précipite les choses ou quoi...
Aria sentait son rythme cardiaque s'accélérer. Est-ce qu'il essayait... de lui faire une déclaration ? Il s'approcha légèrement d'elle, un peu fébrile. Quant à elle, elle se perdait dans ses yeux chocolat.
- Oui ? répéta-t-elle en un murmure.
Elle avait l'impression d'avoir le cœur au bord des lèvres, et elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Est-ce que c'était vraiment en train d'arriver ?
- Je sais... Qu'on se connaît depuis pas très longtemps, mais ça fait vraiment un moment que je t'ai remarqué, tu sais...
Il bredouillait et cherchait ses mots, se mordait les lèvres avec appréhension. Elle le trouvait absolument adorable en cet instant précis. Le vent faisait frissonner ses cheveux blonds, le bout de son nez était rougi par le froid, mais un rayon de soleil illuminait son visage, faisait pétiller ses yeux. Elle remarqua quelques discrètes taches de rousseur sur son nez. Aria avait l'impression qu'elle était face à la huitième merveille du monde.
- Ah oui ? l'encouragea-t-elle d'une petite voix.
- Oui, mais... T'es difficilement approchable, rit-il nerveusement.
Elle lui fit un sourire contrit.
- En fait, j'ai déjà essayé de te parler avant cette année... Je crois pas que tu t'en rappelles. C'était juste avant les vacances de Noël, l'année dernière.
Elle se figea. Est-ce qu'il venait de dire... l'année dernière ?!
- C'était à la bibliothèque, continua-t-il, j'étais avec des copains et t'es arrivée, tu t'es installée à ta table habituelle, et je suis venu te parler...
Aria était sans voix, touchée et profondément surprise à la fois. Depuis tout ce temps... ?
- Je t'ai demandé un truc vraiment stupide, parce que je savais pas quoi te dire, un truc du style si tu savais où c'était la section histoire de la magie...
- Oh...
- T'as été très sympa avec moi, hein, mais mon stratagème a pas trop fonctionné, j'ai pas réussi à continuer la conversation, rit-il. Donc je suis allé dans la section Histoire de la magie comme un abruti, alors que j'avais rien à y faire. En plus, juste après, Sirius est arrivé et c'est parti en drame, comme toujours avec vous deux...
La simple mention du nom de Black fit se rembrunir la jeune fille.
- Et du coup j'ai pas trop cherché à aller plus loin, après. J'aime beaucoup Sirius et je voyais bien que votre... Relation était super compliquée, et en même temps même si vous vous détestez vous passez votre temps à vous courir après...
- Pardon ? demanda Aria, sur la défensive. On ne se court pas après...
- Non, éclaircit Benji, dans le sens où... Vous pouvez pas vous empêcher de vous chercher pour vous engueuler. C'est bizarre. Comme si vous étiez des aimants, un peu.
Aria ne lui répondit pas. Elle n'aimait pas du tout la tournure que prenait cette conversation. Pourquoi se mettait-il à lui parler de Black, tout à coup ?
- Mais, dit-elle en fronçant les sourcils, je ne comprends pas bien ce qu'il vient faire dans tout ça...
- Ehm... Disons que, à cause de vos rapports... particuliers, j'ai un peu eu l'impression pendant un moment que vous finiriez ensemble.
Aria ouvrit de grands yeux et l'observa avec inquiétude, comme s'il avait perdu la raison.
- Jamais... Mais... C'est...
Ses mots semblaient trébucher dans sa bouche, et ne parvenaient pas à sortir de manière cohérente. Elle ne savait pas quoi dire tant cette théorie la surprenait.
- Ça t'a vraiment jamais traversé l'esprit ?
- De... moi et lui ?!
- Oui.
- Jamais... Il fait de ma vie un enfer !
Benji hocha la tête, comme soulagé. Aria se leva pour se dégourdir les jambes, et réfléchir un peu. Que l'on puisse penser cela la surprenait. Elle se rendit tout à coup compte qu'il ne devait pas être le seul à voir les choses de cette manière... Et si elle s'était trompée depuis le début, et que depuis tout ce temps l'école entière ne faisait qu'attendre qu'ils se jettent l'un dans les bras de l'autre ? Est-ce que Will était au courant ? Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Elle essaya de s'imaginer le couple qu'ils feraient avec Black, mais ne put s'empêcher de rire nerveusement. C'était vraiment une idée ridicule.
Benji se leva à son tour et vint la rejoindre, embarrassé.
- Je me suis rendu compte ces derniers mois que je m'étais trompé, de toute manière. Vous êtes... Trop différents. Vous n'arrivez pas à vous comprendre.
Elle ne comprit pas pourquoi, cette constatation la blessa. Aria regarda son interlocuteur sans savoir quoi lui répondre. Cela ne lui plaisait pas qu'il lui dise si elle et Black se comprenaient ou pas. C'était quelque chose qui ne les concernait que tous les deux...
Et là, alors que Benji se tenait devant elle et qu'il lui prenait la main, Aria vit la pénombre d'un couloir, des mèches noires qui se balançaient doucement au rythme du rire grave d'un garçon aux yeux gris, des lèvres qui s'étiraient en un sourire presque enfantin...
- Mais... J'ai l'impression qu'on se comprend, toi et moi.
Elle revint immédiatement à la réalité, et, un peu perdue, vit le visage du Serdaigle s'approcher de plus en plus du sien. Elle n'arrivait même plus à penser. Son esprit et son corps semblaient être deux entités distinctes, alors qu'elle se demandait pourquoi elle pensait à Black, elle sentit son corps s'avancer de lui-même vers Benji. Ses yeux se fermèrent...
- Aria !
Tous deux sursautèrent, et le monde autour d'eux qui semblait s'être évaporé reprit vie en un claquement de doigt. Tout à coup, Aria prenait à nouveau conscience de la brise d'hiver qui lui caressait les joues, des pavés irréguliers de la cour intérieure, du brouhaha lointain des élèves profitant de leur jour de repos. Elle n'eut qu'une seconde ou deux pour reprendre ses esprits, car Will fonçait vers elle avec empressement, ses boucles brunes désordonnées voletant autour de son visage.
- Ça fait des heures que je te cherche, je t'ai pas vue au dîner hier et ce matin au petit-dej ! Je m'inquiétais pour toi, heureusement que ces idiots t'ont vue hier soir histoire de me rassurer un minimum... Mais t'aurais pu m'écrire quand même...
Aria n'écouta pas le reste des reproches de sa cousine, tandis qu'elle regardait dans la direction des idiots dont elle parlait. James, Remus, Black et Pettigrow avançaient dans la cour. Remus était occupé à replier avec précaution un vieux morceau de parchemin. Mais il remarqua que le regard d'Aria était posé sur ses gestes et il s'empressa de le faire disparaître dans une poche de sa cape. Étrange...
- On vous dérange ? demanda James, l'air joyeux.
Au vu des visages cramoisis de Benji et Aria, la réponse était évidente. Will se rendit vite compte de la situation et murmura un "désolée" à sa cousine. Benji bafouilla quelques mots et James éclata de rire. Il passa un bras autour de ses épaules et continua, toujours aussi joyeux :
- Désolés les amoureux, mais sa majesté Will ici présente était en train de vriller parce qu'elle avait pas vu sa précieuse cousine depuis...
Il regarda sa montre.
- ... Depuis presque vingt-et-une heures, voyez-vous cela.
- T'es étrangement très joyeux, James, observa Benji.
- Mon cher ami, c'est tout à fait exact ! s'écria le brun à lunettes.
- Disons qu'il a... Passé une bonne soirée, expliqua Remus avec un sourire.
- Et qu'on en a entendu parler toute la nuit, continua Pettigrow un brin ennuyé.
Automatiquement, les yeux d'Aria cherchèrent ceux de Black. Est-ce qu'il avait raconté à James qu'ils étaient dans le couloir aussi, la veille ? Probablement pas... À sa grande surprise, Black lui fit un bref début de sourire puis reporta son regard vers James. Il n'avait rien dit à ses amis.
Et Aria, contre toute attente, eut envie de garder cet instant particulier pour elle toute seule aussi. Comme un secret.
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Je sais qu'on veut du Sirius x Aria, mais chaque chose en son temps haha ! Et puis j'aime bien faire durer le suspense, alors voilà. 😇
Merci de me lire ♡
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