II. Le renégat

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ARIA POUSSA SA GROSSE VALISE dans le filet à bagages et retomba sur la banquette, exténuée. Cette malle se faisait de plus en plus lourde chaque année. Enfin... Cette année était la dernière. Une année décisive. Encore une fois, elle allait se battre avec la rouquine de Gryffondor, Lily Evans, à qui aurait la meilleure moyenne générale. Mais cette année-ci, elle n'allait pas se laisser faire. Elle allait redoubler d'efforts pour être la meilleure. Son objectif ultime ? Devenir Ministre de la Magie, comme son illustre ancêtre Artemisia Lufkin, première femme à être devenue Ministre de la Magie au dix-huitième siècle.

C'était pour cela qu'il lui fallait être la meilleure sous tous les aspects. Au niveau du travail, donc, elle tentait tant bien que mal de battre Evans chaque année. Au niveau relationnel... c'était plus compliqué. D'abord, elle n'aimait pas trop se mêler aux gens. Ils l'ennuyaient. Personne n'était fichu d'avoir une culture générale digne de ce nom. Ils bavassaient tous à propos de leurs familles et de "mon père connaît untel", "ma mère a été chez machin", et rien ne pouvait plus ennuyer la jeune Justice. Elle ne s'amusait réellement qu'avec sa cousine William, et s'entendait globalement assez bien avec une de ses camarades de dortoir, Evelyn Tewn. Les deux autres filles qui dormaient avec elle avaient un penchant de petites pestes et elle avait vite su en première année qu'il ne valait mieux pas s'en approcher trop. Mais Aria savait à quel point les relations étaient importantes pour un poste au Ministère, aussi tâchait-elle d'être courtoise avec tout le monde, toutes maisons confondues, autant que sa condition de Serpentard lui permettait. Ce qui n'était pas gagné, ces dernières années : les autres maisons avaient tendance à éviter les Serpentards.

Elle attacha ses longs cheveux blonds en une queue haute et sortit son manuel de Défense Contre les Forces du Mal de septième année ainsi que deux autres livres complémentaires sur certains points du programme. Aria avait déjà lu le manuel deux fois; pour avoir bien sûr une longueur d'avance sur tout le monde, mais aussi parce que le programme était quand même incroyablement intéressant, cependant le chapitre sur les enchantements défensifs de masses inanimées était très compliqué et nécessitait, selon elle, un travail approfondi. C'est ainsi qu'avant même que le train ne soit parti ni entièrement rempli, elle s'était déjà mise au travail. De toute manière elle n'attendait personne car n'était proche de personne, à part peut-être de sa cousine Will qui allait certainement rester avec des Gryffondors durant le trajet. Aria ne se considérait pas comme solitaire, mais plutôt indépendante. Elle avait besoin d'être seule pour travailler correctement, mais elle ne restait pas non plus comme cet abruti de Rogue, un septième année de sa maison, toujours isolée dans un coin. Elle savait aller vers les autres lorsqu'il le fallait, en surmontant son ennui et en tâchant de participer à la vie commune.

Peu à peu les wagons se remplissaient, de plus en plus de monde passait devant le compartiment de la jeune fille. Les plus jeunes qu'elle n'osaient pas entrer, ainsi Aria s'attendait à voir tôt ou tard débarquer des septième années dans son compartiment. Cela n'y manqua pas. Un groupe de filles de Serdaigle vint s'installer à ses côtés. Après l'avoir saluée brièvement; les quatre filles se mirent à papoter tandis que le train démarrait. Aria tenta de se concentrer sur ses livres, en vain. La conversation des Serdaigles, qui avait dérivé sur les derniers potins, semblait sacrément intéressante.

- Vous savez pas quoi ? avait demandé une petite brune, qui se dandinait d'impatience sur la banquette, jubilant d'annoncer ce qu'elle savait à ses amies.
- Quoi ? demanda une grande blonde maigrichonne aux lunettes immenses qui lui donnaient des yeux de hibou.

La petite brune, qui s'appelait Kristel Alexander, prit un air ravi et se pencha vers ses amies. Puis elle ajouta, d'un air de conspiration :

- Sirius Black a passé les vacances chez James Potter.
- Ah, répondit une troisième fille du nom d'Alexia Jones, comme tous les étés non ?

Kristel sourit d'un air victorieux.

- Oui, sauf que là... C'est parce qu'il cherchait un toit pour l'été.

Elle fit une pause, contente de son petit effet, tandis que les autres comprenaient lentement.

- Il a été renié des Black.

Aria fit tomber sa plume de surprise. Elle ne s'attendait pas à cela de sitôt. Elle pensait que cela serait arrivé après Poudlard. Les filles ne remarquèrent pas son trouble et poussèrent des cris étonnés.

- Et il paraît, continua la jeune fille, que sa mère était folle de rage contre lui, elle l'a effacé sur l'arbre généalogique de la famille.
- Mais qu'est-ce qu'il a fait ?
- Je ne sais pas, sûrement quelque chose de dingue.
- Pas étonnant de la part de Sirius, ajouta la quatrième des filles, une jolie brune aux yeux verts.

Aria lui jeta un coup d'oeil. Dorcas Meadowes. Elle avait eu une brève relation avec Black en cinquième année, et ayant été la seule à avoir pu atteindre le très désiré Sirius, elle faisait en sorte de le rappeler à la moindre occasion. On eût dit qu'elle seule connaissait réellement Black. Mais, d'après ce que William avait raconté à sa cousine, cette relation était à sens unique : il préférait largement passer du temps avec ses amis qu'avec sa copine. C'est pourquoi ils n'étaient restés ensemble qu'un mois, faisant ainsi de cette relation amoureuse la seule jamais connue dans la vie du fier Sirius Black.

Étant tous deux issus de familles de sang-purs, Aria Justice et Sirius Black se connaissaient depuis toujours. Les frères Justice, les pères de Will et d'Aria, étaient souvent invités à des célébrations mondaines réservées à l'élite de la communauté sorcière. Ces évènements rassemblaient ainsi toutes les familles de sang-purs fidèles aux valeurs traditionnelles, les "vingt-huit sacrées", et Aria avait souvent comparé ces soirées à des ventes aux enchères, où les enfants étaient présentés comme des bêtes de foire et mis en compétition les uns avec les autres en permanence.

Parmi toute cette hypocrisie mielleuse sous-tendue de discours puristes (elle avait le souvenir net d'une soirée chaude d'été où un homme de la famille Avery, soûl, s'était longtemps épanché sur la nécessité d'empêcher les nés-moldus de pratiquer la magie avant d'être finalement éloigné de la foule par un membre de sa famille); Aria, Will et Sirius s'étaient bien trouvés : tous trois s'ennuyaient ferme lors de ces soirées et durant leurs jeunes années, ils avaient passé des heures et des heures à jouer ensemble, explorant les lieux où ils se trouvaient, et inventant toutes sortes d'histoires fabuleuses lors desquelles ils devaient sauver le monde d'une menace terrible.

Généralement, Sirius avait le rôle du courageux Auror accompagné de sa partenaire de choc Will, tandis qu'Aria restait en arrière et prétendait résider au quartier général où elle détenait toutes les informations leur permettant de mener à bien leur mission. En un sens, Aria était éloignée de l'action mais redoublait d'imagination afin de créer des situations rocambolesques, tandis que les deux autres fonçaient tête baissée dans le coeur des problèmes. En repensant à cela, Aria prit conscience qu'ils étaient tous trois déjà très semblables à ce qu'ils étaient devenus, et que leur chemin était, tout compte fait, assez bien tracé dès l'enfance.

Peu à peu, cependant, Aria s'était éloignée d'eux. Elle était restée proche de Will car elle la voyait très souvent, mais Sirius et elle se parlèrent de moins en moins au fil des années, jusqu'à développer une sorte de mésentente cordiale, qui prit fin après leur troisième année à Poudlard. En quatrième année, sans raison particulière, ils ne s'adressaient plus du tout la parole et s'ignoraient royalement. Aria, en grandissant, ne voyait pas pourquoi elle avait continué pendant encore trois années à lui accorder de l'importance, alors qu'on ne le voyait plus que très rarement aux réunions des Sacrées et qu'il faisait absolument tout pour se faire détester des Serpentards et, par extension, des sang-purs. Cependant, comme elle avait été préfète lors de ses cinquième et sixième années, elle avait été de nombreuses fois confrontée à Black et sa clique, qui multipliaient les frasques au sein de l'école et ne semblaient pas être au courant qu'il y existait un couvre-feu. À force de toujours tomber sur ce petit groupe, elle et Black avaient recommencé à se parler. Non pas pour prendre des nouvelles l'un de l'autre ou pour renouer leur amitié longuement perdue, non. Ils ne manquaient simplement jamais une occasion de se disputer. Cela était un phénomène plutôt rare lors de la cinquième année, mais la sixième année avait battu tous les records en terme d'échanges explosifs. Toujours plus véhémentes, leurs disputes avaient fini par devenir une sorte de rituel au sein de l'école, auquel tous adoraient assister.
Il allait sans dire que l'auditoire du ô combien merveilleux Sirius Black était plus conséquent que celui de la riche héritière sang-pur de Serpentard.
Mais cela convenait à Aria. Au moins, on la laissait relativement tranquille.

La jeune fille s'était pendant longtemps demandé quelle était la raison pour laquelle Black et elle avaient tout à coup cessé de passer du temps ensemble dans leur jeunesse, et ce n'était qu'aux vacances de Noël durant sa cinquième année que sa mère, avant un dîner, lui avait rafraîchi la mémoire. Alors que Vega Justice préparait sa fille en lissant sa robe et bouclant quelques mèches de ses cheveux, elle avait évoqué des souvenirs des Noëls précédents, dont un en particulier qui avait intrigué Aria et fait la lumière sur toute cette affaire.

À ses sept ans, Aria avait été choisie par Walburga Black, la mère de Sirius, comme promise à son fils aîné. Vega Justice avait accueilli la nouvelle avec bonheur mais retenue, expliquant à Walburga qu'ils avaient encore une dizaine d'années pour préparer ce genre de choses, mais qu'elle était sûre qu'Aria et Sirius feraient un beau couple. La raison pour laquelle cette union avait été pensée si tôt était que les Justice et les Black étaient les familles de sang-purs les plus éloignées de tous en termes de liens de sang; ils étaient cousins au septième degré, donc pratiquement aussi proches que des étrangers dans les esprits des Sacrées.

Les deux familles étaient tenues, selon la tradition, de rapidement trouver le parti idéal pour leurs enfants, et Walburga avait jeté son dévolu sur la jolie Aria, petite poupée blonde aux yeux bleus. Mais Sirius, en apprenant la nouvelle, avait vite protesté, disant qu'il préférait largement Will parce qu'elle était plus drôle qu'Aria. Cette dernière avait réalisé, en entendant cette histoire, que c'était en effet depuis cet âge qu'elle ressentait un mépris inexpliqué envers Black, et avait été assez heureuse d'en connaître enfin la raison. Elle se demandait s'il se rappelait de cette histoire.
Elle cessa peu à peu de prendre des gants lorsqu'elle le réprimandait en tant que préfète, blessée dans son ego par les paroles de celui qu'il était à sept ans, et ne lésinait pas sur le retrait de points à son égard dès qu'il faisait un pas de travers. C'était ainsi qu'avaient commencé les fameux échanges explosifs dont toute l'école raffolait à présent.

Aria revint tout à coup à l'instant présent lorsque Meadowes révéla enfin sa théorie sur le départ de Black du domicile familial.

- Il a dû faire tourner ses parents en bourrique, à coups de bombabouses ou je ne sais quoi !

Aria laissa échapper un ricanement. Comme si la famille des Black reniait son fils aîné pour une histoire de bombabouses. Sentant les regards sur elle, Aria tourna la tête vers les Serdaigles.

- Qu'est-ce qu'il y a, Justice, tu le sais mieux que nous peut-être ?
- Bien sûr, c'est une Serpentard et une sang-pur, sa petite famille doit être au courant de ce genre de choses.

Outrée, Aria fronça les sourcils.

- Premièrement, Alexander, je n'avais absolument aucune idée de ce qu'il s'était passé chez les Black. Ensuite, ma maison est certes Serpentard, ma famille fricote peut-être avec des personnes que vous ne jugez pas fréquentables, mais il faut arrêter de mettre tout le monde dans le même sac. Enfin, je suis désolée de vous décevoir mais il est très peu probable que Sirius Black ait été chassé de chez lui à cause de ce genre de choses.

Les Serdaigles la regardèrent, peu convaincues. Aria leva les yeux au ciel, agacée.

- Les Black sont une famille très fière et très puissante. Les parents de Sirius et Regulus sont très stricts et je pense que Sirius n'est pas du genre à faire le fanfaron comme il le fait à Poudlard chez lui. Ses parents ont fait son éducation de sorte qu'il soit un bon parti à épouser, et qu'il soit digne et noble en toutes circonstances. En plus, il n'a aucune cour à amuser chez lui, pas comme à Poudlard. A mon avis il est parti de lui même, cela fait des années que sa famille de sang-purs anciens Serpentards essaie de le remettre dans leur vision du droit chemin et de l'empêcher de fréquenter des nés-moldus et de s'intéresser aux moldus. Or tout le monde sait que Black adore les moldus, qu'il passe son temps à traîner avec des traîtres à leur sang et il doit passer sa vie à le faire comprendre à ses parents. Je suppose que dès son arrivée chez ses parents cet été, comme il est majeur, il n'a pas attendu une seconde pour faire ses valises et partir de chez lui. Et je suppose que ça n'a pas dû se passer dans le plus grand des calmes, d'où le fait que sa mère l'ait effacé de l'arbre familial.

Les quatre autres filles échangèrent des regards tandis qu'Aria refermait ses livres. Elle passa devant ses camarades et sortit du compartiment, un peu ennuyée. La Serpentard ne savait pas si tout ce qu'elle avait dit était vrai, mais c'était la solution la plus plausible à ses yeux. Elles étaient à Serdaigle, tout de même, cette maison n'était-elle pas réputée pour accueillir des élèves sensés et vifs d'esprit ? Jeter des bombabouses chez les Black, n'importe quoi. Elle s'étonna tout de même de ne pas avoir entendu parler de cette histoire plus tôt. Elle savait à quel point la situation était délicate pour les Black et se doutait bien qu'ils n'avaient pas crié sur les toits que leur aîné avait pris la porte, mais dans le cercle des familles de sang-pur, les nouvelles se répandaient comme une traînée de poudre. Elle se demanda alors si elle avait été délibérément mise à l'écart de cette nouvelle, ou même si ses parents étaient au courant - auquel cas il lui faudrait leur écrire vite et se renseigner auprès de ses camarades de maison. Une famille sang-pur mise à l'écart n'était jamais bon signe, surtout par les temps qui couraient.

Aria se mit en quête du chariot à friandises. Toutes ces réflexions lui avaient ouvert l'appétit.


Quelques heures plus tard, Aria sortait à nouveau de son compartiment, où ses camarades lisaient des Sorcière Hebdo et jouaient à la bataille explosive. Elle se dirigeait vers les toilettes, lorsqu'elle passa devant un compartiment très bruyant où semblait se dérouler un tournoi mouvementé de bavboules... Celui, sans aucune surprise, de ceux qui s'étaient eux-mêmes attribué le nom de Maraudeurs, comme si leur tête n'était pas déjà assez enflée.

Aria avait déjà assez entendu parler de Black pour la journée et n'appréciait pas particulièrement ses amis, bien qu'ils soient, lorsqu'ils ne faisaient pas d'âneries, plus ou moins cordiaux avec elle : ils aimaient beaucoup Will, et ils respectaient ses fréquentations. Cependant, Aria n'était pas très souvent épargnée des blagues que les quatre garçons faisaient aux Serpentards, et de manière générale elle avait eu l'impression de perdre son temps lors des rares fois où elle avait entamé une conversation avec l'un d'entre eux. Fait tout de même assez étrange, depuis que Black et elle avaient réouvert un dialogue houleux depuis quelques années, Potter aimait venir la taquiner de temps à autres. Mais la jeune fille réussissait assez rapidement à s'en débarrasser, parfois grâce à l'aide de sa cousine.
Globalement, Aria vivait une vie poudlardienne heureuse et paisible lorsqu'elle était vide de Maraudeurs, et qui le serait certainement beaucoup plus cette année puisqu'elle n'était plus préfète, et elle tenterait de tout faire pour que cela se déroule exactement ainsi. N'ayant absolument aucune envie de les voir avant même d'être arrivée à Poudlard, elle s'empressa de dépasser le wagon et de se hâter vers les...

-JUSTICE !

Trop tard. Aria se retourna en soupirant. James Potter se tenait juste derrière elle, et lui agitait quelque chose sous le nez.

- Regarde comme c'est joli, t'as vu comme elle brille ma jolie insigne ?

Aria fronça les sourcils, ne voyant absolument pas ce qu'il lui montrait tant il le lui collait au visage.

- Arrête de l'agiter comme ça, je ne vois rien !

Elle recula d'un pas. Bon sang, une insigne de Préfet-en-Chef. Aria se mit à rire.

- Ne me fais pas croire que ça t'appartient.
- Si, répliqua James, piqué au vif. C'est à moi.
- C'est ça, ricana Aria, va donc la rendre à son propriétaire.
- J'te jure que c'est la mienne. Je suis Préfet-en-Chef ! Donc préfet de toi ma pauvre petite Justice, ajouta-t-il avec un sourire satisfait.

Aria était sincèrement étonnée. Comment se pouvait-il que Potter soit Préfet-en-Chef alors que la Préfète était de sa maison ? Elle avait entendu les filles de Serdaigle parler de la nomination d'Evans au poste de Préfete-en-Chef, ce qui avait d'ailleurs suscité son agacement. Comment pouvait-elle tout réussir cette rouquine ? Elle avait prétendu ne pas se sentir concernée par la nouvelle mais avait mis une bonne dizaine de minutes à s'apercevoir qu'elle relisait encore et toujours la même page de son manuel de potions depuis qu'elle l'avait su.

- Ah, le temps de ton règne de préfète est terminé ! se réjouit Potter d'un air grandiloquent. Fini, le temps où tu nous courais après dans les couloirs pour nous retirer des points ! Fini, le temps où t'essayais à tout prix de nous faire perdre la Coupe des Quatre Maisons ! Nous sommes libres !
- Mais attends, protesta Aria, peu désireuse de se rappeler de ces innombrables fois où les Maraudeurs l'avaient fait tourner en bourrique. Ce n'est pas possible, la Préfète-En-Chef est aussi à Gryffondor !
- Ah oui ?! s'écria James, les yeux brillants. C'est Evans ?
- Oui. Mais, tu n'es pas censé faire des rondes dans le train ?

Potter ne sembla pas entendre sa dernière remarque et eut un sourire aussi large que son visage, ce qui décrocha une grimace à Aria. Il retourna dans son compartiment en fanfaronnant auprès de ses amis; et elle reprit son chemin. Elle était déçue. Elle aurait aimé être Préfète-en-Chef. Certes, elle avait déjà été préfète lors des deux années précédentes et ce n'était pas rien, elle n'allait tout de même pas s'en plaindre, mais Préfète-en-Chef... Un pas de plus vers les hautes fonctions, vers la réussite, vers... Elle eut tout à coup un sourire carnassier.

Si Evans endossait ce rôle réputé pour être très chronophage, alors ses nouvelles obligations allaient lui enlever du temps de travail, et ses notes allaient irrémédiablement chuter... Aria, elle, n'était plus préfète car les septième années étaient trop surchargés de travail, selon Dumbledore, pour pouvoir pleinement assurer leurs fonctions comme lors des années précédentes. Les seuls septième année qui faisaient encore régner l'ordre dans l'école étaient les Préfets-en-Chef, qui organisaient les rondes des préfets de cinquième et sixième année. Elle aurait donc tout le temps du monde pour travailler correctement, alors qu'Evans croulerait certainement sous la montagne de choses qu'elle aurait à faire. Là était sa chance ! Aria se promit de mettre les bouchées doubles pour profiter de cette opportunité et battre enfin la Gryffondor.


La Grande Salle était toujours aussi immense et merveilleuse. A chaque retour de vacances, Aria s'étonnait de sa splendeur. Elle eut un pincement au cœur : c'était sa dernière rentrée à Poudlard. Le plafond magique n'était pas très joyeux; des nuages gris s'amoncelaient au-dessus des têtes des élèves. Plusieurs d'entre eux avaient un regard maussade et de grandes cernes; d'autres chuchotaient précipitamment entre eux. Il était vrai que l'été n'avait pas été gai pour tous, de nombreuses familles avaient subi des pertes. Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom faisait beaucoup parler de lui ces temps-ci... Lui et sa bande de Mangemorts (un nom ridicule, selon Aria) terrorisaient tout le monde. Et ça n'allait pas en s'améliorant... Que faisait donc le Ministère ? Aria réprima un soupir. Il était sûrement à la merci de ce Lord, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Et dire qu'il trouvait même des partisans au sein de sa propre famille, de ses plus proches connaissances... Aria eut un pincement au cœur en pensant à son cousin Athelstan Jr., le plus grand des frères de William. Parti comme il était, il ne semblait plus y avoir de retour en arrière possible pour lui. Les temps étaient durs, et ceux à venir semblaient s'annoncer plus sombres encore.

Aria balaya la salle du regard et remarqua que les tables étaient moins remplies qu'auparavant. Elle comprenait les parents : ceux qui se sentaient en danger ne voulaient pas laisser leurs enfants loin d'eux. Et pourtant, là n'était-ce pas la meilleure chose à faire ? A Poudlard, au moins, on ne risquait rien. Pour le moment... Les yeux gris de Sirius Black, déjà surnommé "Le Renégat" par ses camarades Serpentards, croisa les siens. Il lui lança un regard froid, comme à son habitude, et détourna la tête. Aria eut un soupçon de peine pour lui, connaissant un peu sa situation puisque sa cousine vivait la même. Une horde de Justice qui finissaient tous à Serpentard comme le voulait la tradition, et voilà que la petite dernière brisait les règles et allait jouer avec le feu chez les Gryffondors.

Sirius Black était pareil, mis à part qu'il avait coupé les ponts avec sa famille. Aria n'osait pas imaginer vivre séparée des siens. Ses opinions n'étaient certes pas toujours en accord avec celles de sa famille mais ce n'était pas pour autant qu'elle voulait se séparer d'eux. Perdre une famille si puissante c'était aussi perdre toute promesse d'avenir. Qu'est-ce que Sirius Black allait bien pouvoir devenir ?


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Un premier chapitre assez long pour commencer. Il y a pas mal de choses à mettre en place avant de démarrer l'histoire, d'où le peu de dialogues... J'espère que ça vous plaît quand même :) J'ai tendance à m'épancher un peu dans les descriptions et les actions, vous êtes prévenu.e.s haha !
Oublie pas le petit vote si ça t'a plu ⭐️

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