Chapitre vingt-trois

NOREEN

Je me demandais bien ce que ce rêveur pourrait me demander. Je le regardais réfléchir. Il était assis sur la balançoire, juste à côté de moi.

- Parle-moi de ton humaine.

Je m'attendais à une question plus personnelle, parlant de moi.

- Tu veux vraiment parler de ça ? Ai-je répondu, surprise.

- J'ai beau avoir vingt-deux ans, je n'ai jamais eu d'humain sous ma protection. Je me demande juste ce que ça fait.

- Bien, Azalée Haswell est malheureuse, elle ne se l'avouera sûrement jamais. Mais j'en suis persuadée. Ai-je commencé en remarquant qu'il m'écoutait attentivement. Chaque nuit, j'essaye de la faire sourire, de la rendre heureuse. Je ne veux pas qu'elle s'attache à quelqu'un qui n'existe pas réellement, alors j'ai disparu pour lui faire des rêves qui ne parlent que d'elle ou de ses proches, pour qu'elle ne se souvienne plus de la « Léna » avec qui elle discutait mais plutôt de la vraie vie.

- Sauf que tu fais aussi partie de la vraie vie. Tu es réelle. M'a-t-il coupée.

- Mais faire découvrir notre identité à une humaine reviendrait à la perdre. J'ai fais une erreur en discutant avec elle en tant que « Léna ».

- « Notre » ?

- Kiron, t'es un rêveur. Peu importe le fait que tu n'ais pas d'humain, ou que tu n'ais pas de pouvoirs, tu es quand même un rêveur.

- Tu as sûrement raison. A-t-il répondu en se levant.

Je l'ai rejoins en me mettant en face de lui.

- Tu ne me crois pas ?

- Si, Noreen.

Je lui ai tenue la main, sans réfléchir. Il ne la pas retirer. Son air neutre montrait quand même de la tristesse. Je n'ai jamais su ce que cela faisait de raté son test, ni toutes les moqueries qu'il a dû endurer. J'ai lâché sa main après avoir eu une idée.

- Tu n'auras qu'à me trouver. Si tu n'y arrives pas, à moi la question ! Ai-je dis  partant en courant dans le sens opposé.

J'ai ralenti quelques secondes et je me suis retournée vers lui. Il me regardait en souriant. C'était comme si le temps s'arrêtait. Je lui ai fais un signe de la main avant de partir me cacher.

Je ne savais pas où aller. J'avais l'impression de ne plus rien contrôler, que mon cœur s'occupait de tout et que mon esprit était partie en vacances. Me cacher dans un arbre était trop prévisible.

Lorsque je suis passée devant de nombreuses roches, je me suis dis que la meilleure cachette possible était ici. Je me suis installée sous l'une d'entre elle qui était un peu surélevée des autres. Cela faisait comme un creux à ma taille. Je n'avais pas le temps d'avoir peur que la roche puisse tombé ou que je puisse restée bloquée.

J'ai attendu. Pour moi, le temps passait tellement lentement, mais pour autant, ça ne me dérangeait pas. Les minutes défilaient. J'ai vu les pieds quelqu'un s'approcher dans ma direction.

- Noreen ? Ai-je entendu.

J'ai alors commencé à me dégager de sous cette roche, la tête en première. J'avais toujours ce grand sourire dessiné sur mes lèvres, mais ce dernier s'est arrêté net à la vue de l'autre personne. Ce n'était pas Kiron. Je ne savais pas pourquoi il était là, ni comment m'avait-il retrouvée, mais c'était bien Armin.

- Tu fous quoi ici ?!

Je n'ai pas répondu. J'en avais plus qu'assez qu'il me colle sans arrêt. Je ne pouvais même pas respirer tranquillement qu'il était toujours derrière moi. Je suis retournée dans ma cachette après lui avoir demandé de partir.

Finalement, j'ai vu que le temps était écoulé. Peut-être qu'Armin m'avait aidée à gagner du temps, je n'en avais aucune idée. Je suis retournée au point de rendez-vous, Kiron avait bien l'air en colère.

- Qu'est-ce que tu as ? Lui ai-je demandé.

- Qu'est-ce que les rêveurs comme celui-là m'énerve, à se croire supérieur.

Je ne savais pas ce qu'il s'était passé, mais le voir dans cet état me faisait de la peine.

- Explique-moi.

- Rien de grave. Il y avait juste un rêveur bien énervé qui passait sûrement par hasard. Lorsqu'il m'a croisé et qu'il a vu mon « 25 », il s'est bien mis à rire.

J'avais peur que ce soit Armin. Ce n'était pas du tout son genre.

- Il ressemblait à quoi ?

- A un connard.

Il m'avait l'air si énervé que je n'ai pas osé demander plus d'informations là-dessus. J'ai préféré partir avec lui. Nous marchions côte à côté pendant de nombreuses minutes. Je marchais lentement parce que je ne voulais pas le quitter. Nous avons un peu discuté d'autres sujets avant de devoir nous quitter lorsque j'étais devant chez moi.

- Et bien, à la prochaine.

- Tu as une question à me poser, t'as oublié ?

Je n'avais pas du tout oublié. Mais je me voyais mal lui demander comment il avait eu ce nombre sur le visage alors qu'on venait de se moquer de lui. Je me trouvais tellement impolie que je n'ai pas mentionné le sujet, ni le fait que j'avais une question à me poser. A vrai dire, c'était ma faute s'il avait croisé ce rêveur qui s'est moqué de lui. Nous aurions dû rester ensembles au lieu de se disperser pour jouer.

- Tu le mérites.

Non, je ne le méritais pas. Je ne préférais pas poser une question en rapport avec ce qu'il s'est passé.

- Comment connaissais-tu mon nom ? Tu ne me l'as jamais dis.

En réalité, je ne voulais pas demander ça. Mais compte tenu des circonstances, je me voyais mal lui demandé quelques choses qui pourrait le blesser.

- Ce n'était pas la première fois que je t'avais vu dans la clairière. Aussi simple que ça.

- Donc tu avoues m'avoir espionnée ?

- C'est probable.

Il a commencé à partir. Il ne pouvait pas rester à la vue de tous alors qu'on le recherchait. Je me demandais juste où est-ce qu'il pouvait bien dormir la nuit. Il avait l'air en colère mais aussi triste. Peut-être qu'il était déçu du comportement des rêveurs. Ou peut-être qu'il regrettait d'avoir raté son test.

- Tu peux rester, je vais te présenter à mes amis. Tu verras qu'il n'y a pas que des connards.

Il a sourit. On aurait dit un sourire honnête. Nous sommes entrés dans ma petite maison. Il regardait partout d'un air stupéfait.

- La reine donne tout ça à un rêveur ayant réussi son test ? Oui, je dois sûrement te faire peur. Tu es habituée à cette richesse que moi je ne possède pas. Ce n'est pas ma faute si je suis un raté.

J'ai pointé du doigt mon sourire.

- C'est comme ça que tu dois être, en train de sourire. Tu n'es pas un raté.

- En tout cas, vivre ici est bien plus simple que de vivre dans la forêt à la fuite des gardes.

Il s'est assis sur le canapé. Je le fixais du regard. Il me faisait de la peine.

Au fils du temps, nous avons appris à rendre heureux un humain, mais nous n'avons jamais appris à rendre heureux un rêveur.

***

Dune et Armin ont fini par venir. Nous avions prévu de passer l'après-midi ensemble. Je ne savais pas comment me comporter avec Armin. Je me rappelais même qu'il voulait me parler de quelques choses, ce matin.

- Je vous présente Kiron.

Dune a sauté dans mon lit, comme si elle était chez elle. Elle me faisait le même regard que lorsqu'elle pensait qu'Armin et moi étions amoureux. Quant à Armin, dès qu'il a vu Kiron, il n'avait que de la haine dans son regard. Kiron s'est immédiatement énervé et à avancer vers lui, les sourcils froncés.

- C'était toi ! A-t-il crié en donnant un coup de poing dans la mâchoire d'Armin.

Je n'étais que surprise d'apprendre que mon meilleur ami avait réagi de cette façon. J'étais déçue que ce soit Armin. Mais j'ai immédiatement fais un sort pour les séparer, ils étaient maintenant à l'opposé l'un de l'autre.

- Calmez-vous. Si vous vous battez, vous allez le regretter. Mais allez-y. Je regarde.  Ai-je crié d'un air plutôt menaçant pour les calmez.

Les deux se sont regardés. Armin touchait sa mâchoire rouge dû au coup. Je voyais bien qu'il avait mal, mais je ne connaissais aucun pouvoir pouvant retirer la douleur. Il a fini par retirer lui-même la douleur avec sa propre magie, il était doué. Kiron a croisé les bras, il ne disait rien. Ils ne se sont finalement pas battus.

Dune est venue près de moi.

- Noreen, tu les as bien calmés. A-t-elle dit en riant.

- Il n'y a pas que des connards ? Mon œil. A rajouté Kiron.

L'après-midi s'est terminé en une longue explication entre les deux garçons, et moi qui intervenait de temps en temps quand le ton montait trop fort. Ils ont fini par s'excuser tous les deux. Je les appréciais alors je ne supportais pas quand ils se battaient.

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