Chapitre vingt-sept
NOREEN
Je devais bien préparer le rêve d'Azalée Haswell. Armin était évidemment avec moi, comme les autres jours d'ailleurs. Mais l'ambiance était vraiment étrange. Je ne savais pas si Armin était en colère ou triste, j'étais totalement perdue. Je ne savais pas quoi lui dire.
- T'as l'air gêné, Noreen.
C'est comme s'il lisait dans mes pensées. J'ai essayé de prendre un air sérieux.
- Nous devons réfléchir au prochain rêve. Tu me fais probablement la tête, donc je ne t'oblige pas à rester ou même à m'aider.
J'avais dis le mot « probablement ». Un mot simple mais pourtant qui me faisait penser à Kiron.
Kiron. Kiron. Kiron.
Je devais me ressaisir.
- Tu racontes n'importe quoi. A-t-il répondu froidement.
Habituellement, je m'occupais toujours de trouver l'idée et Armin m'aidait à faire la décoration, étant donné qu'il avait plus de pouvoirs que moi. Mais je savais bien que c'était pour passer du temps ensembles.
- J'ai une idée. A-t-il dit d'un air calme.
J'étais bien surprise, alors je l'ai écouté attentivement.
- Pourquoi pas, ne rien faire ?
J'ai d'abord cru à une blague de sa part. Mais compte tenu de l'ambiance et de son humeur, je me suis mise à penser qu'il était sérieux.
- Tu m'expliques ?
- Ne pas faire de décorations mais laisser des pots de peinture et un pinceau à Azalée. Puis, la laisser faire ce qu'elle veut jusqu'à la fin de la nuit. Ca paraît bête, mais elle pourra s'exprimer.
Il n'était vraiment pas bête.
- C'est une bonne idée. Ecrire ou dessiner est bien plus simple que parler.
Armin s'est retourné et s'est mis à écrire sur une feuille qu'il avait fait apparaître auparavant. J'essayais de voir, mais il cachait bien ce qu'il faisait. Je me demandais bien ce qu'il y avait dessus. Il est revenu en face de moi après quelques secondes.
Sur une feuille blanche qui tenait face à moi, il y avait écrit « Je suis désolé ».
J'ai fait la même chose que lui : j'ai fais apparaître une feuille de papier et je me suis mise à écrire : « On oublie ». Il s'est mis à sourire. Sans dire un mot, nous nous sommes pris dans les bras.
***
Azalée ne devait pas tarder à arriver. Armin et moi étions en avance, à parler de tout et de rien en attendant que le temps passe. Préparer le rêve n'avait pas été compliqué, mais j'avais vraiment peur de la réaction de la jeune fille.
Lorsque ma montre s'est mise à sonnée, j'ai immédiatement prévenu Armin et nous nous sommes cachés. Armin avait un pouvoir d'invisibilité. Le genre de pouvoir qu'un simple rêveur ne possède pas. Il l'a utilisé sur les yeux d'Azalée et grâce à lui je pouvais observer la scène sans crainte.
Azalée est apparu dans la salle. Elle ne me voyait pas, elle ne pouvait admirer qu'une pièce vide et blanche, accompagnée de peinture.
- Mon esprit est donc aussi vide que ça ? A dit Azalée, sans destinataire précis.
Je commençais à ressentir du stress. Le rêve ne plaisait peut-être pas à Azalée. Je voulais changer de rêve en quatrième vitesse et oublier ce moment. Mais Armin m'a chuchotée à l'oreille que tout ce passerait bien, qu'Azalée comprendrait. J'espérais qu'il ait raison.
Azalée s'est dirigée vers le pot de peinture sans dire un mot. Elle le fixait de chaque côté, tournant parfois autour. Elle a fini par mettre sa main dedans qu'elle posa par la suite contre l'un des murs. Comme si elle voulait vérifier que c'était vraiment de la peinture.
Elle s'est mise à sourire, c'était un bon signe. Elle a pris le pinceau mis à disposition et elle l'a doucement trempé dans la peinture noire. Nous lui avons laissé de nombreuses couleurs comme du rose, du bleu, du jaune, mais elle a préféré prendre une couleur sombre et triste.
Elle a écrit le mot « salope » sur le mur. Je ne savais pas s'il me revenait ou revenait à elle-même. Ou même si c'était juste un mot qu'elle avait entendu et qu'elle a voulu ressortir. A côté, c'était un ordre qu'elle avait écrit : « Va crever ». Et encore après : « Tu ne mérites pas de vivre ».
Je me suis retournée vers Armin, affolée. Lui, regardait la scène avec surprise. Il a fini par me tenir la main pour me rassurer.
Elle continuait à déverser sa haine sur les murs auparavant blancs. Des insultes et des insultes étaient inscrites. Puis, elle a fini par écrire dans un tout autre style, mais pas mieux.
En bien plus gros, des mots en rapport avec le désespoir. Trop de mots, je me perdais.
« Suicide, mutilation, souffrance, mourir ».
Je ne comprenais pas pourquoi Azalée faisait cela. Mon hypothèse était qu'Azalée se faisait insulter de tous ces noms et qu'elle ressentait de la souffrance. Et j'espérais que ce ne soit pas le cas.
J'aurais aimé qu'Armin puisse rester pour me remonter le moral, mais il devait s'occuper de Louis. J'étais à présent seule face à un cœur rempli de bombes prêtes à exploser.
Je ne devais pas intervenir. Je n'avais pas le droit. Au risque de détruire le but de ce rêve. J'étais impuissante, une spectatrice qui ne doit pas parler pendant le spectacle.
A ma grande surprise, elle a arrêté. Elle a trempé son pinceau dans la peinture blanche et s'est mise à tout recouvrir. Les insultes et les mots de détresse ne se voyaient plus. Nous étions comme au point de départ.
Elle a reprit la couleur noir. En majuscule et sur tout le mur, elle a inscrit la phrase « Tout va bien ».
Je voulais la croire. Mais elle se mentait sûrement à elle-même. Les heures sont passées. Elle s'était assise et dessinait, puis effaçait et ainsi de suite. Je me suis approchée pour voir. Des roses et des planètes étaient sur le sol. Elle dessinait très bien.
Mais tout à une fin. Azalée a disparu brusquement. Quelqu'un a dû la réveiller dans le monde des humains. En tout cas, j'étais satisfaite de ce rêve. Je me suis approchée de ses écrits pour tout effacé et me donner moins de travail ce soir. Mais j'ai remarqué une petite phrase, écrit avec une minuscule écriture que je ne pouvais pas voir de là où j'étais.
Il y avait écrit « Sauf pas mal de choses ».
Elle voulait faire passer un message. Je me sentais bête de ne pas l'avoir remarqué avant.
« Tout va bien, sauf pas mal de choses »
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