Chapitre vingt-quatre

AZALÉE

J'aurais aimé ne pas vivre cette journée. Je ne parle pas de mourir ou d'être vivante, j'aurais aimé louper cette journée. Passer d'hier à demain sans avoir à supporter ce moment. Vous voyez, j'aurais aimé disparaître pendant vingt-quatre heures. Mais ce n'était pas possible.

Presque deux mois s'étaient écoulés depuis la nuit de la "phase une de destruction du football". D'ailleurs, personne n'a su qui était l'auteur de ce massacre de ballon. Après de nombreuses interrogations de tout le lycée, tout le monde a abandonné. Cela restera un mystère pour les autres.

Depuis, je ne restais plus beaucoup avec Adelyne et Alyssia. D'ailleurs, je ne voyais aucun changement en elles. Comme si mon absence ne les dérangeait pas.

Soit je passais le plus clair de mon temps sur mon téléphone soit je restais avec Samuel. En fait, je ne restais qu'avec Samuel en tant qu'humain. Je ne discutais pas beaucoup avec ses amis. Je préférais largement être seule avec lui.

Mon quotidien était devenu une routine. Je traînais avec Samuel entre chaque cours. Souvent, il était avec Gaëtan et Maxence. D'ailleurs, je ne m'étais jamais excuser auprès d'eux. C'était comme s'ils avaient oublié ce midi où je leur avais mal parler. Peut-être que c'est comme ça que les gens normaux réagissent. 

Le midi, je mangeais souvent seule car j'ai toujours détesté manger avec des personnes. Leurs bruits, lorsqu'ils mangent la bouche ouverte, lorsqu'ils crachent. Ils sont dégueulasses. Et lorsque je parle d'ils, ce sont les humains en général.

Personnellement, je fais bien attention de manger proprement. Je ne parle pas. Je ne crache pas. Je ne suis sûrement pas parfaite. Mais sur le coup de la nourriture, je fais toujours attention. C'est pour ça que je ne mangeais jamais avec Samuel. J'avais trop peur qu'il soit le genre de personne à être sale quand il mange.

Surtout que je devrais trouver une excuse pour ne plus jamais manger avec eux. Enfin, j'en ai trouvé une. J'ai dis que je mangerai avec Alyssia et Adelyne. Ce qui était faux, car le groupe des A possédait maintenant un nouveau membre : un R. Un certain Rémy. Ce gars, je le détestais de tout mon cœur.

Puis le soir en rentrant, je marchais toujours avec Samuel pendant une vingtaine de minutes. Je n'avais jamais remarqué qu'il prenait ce chemin avant. En réalité, je n'avais juste pas remarqué qu'il existait.

Nous nous parlions parfois par téléphone, en appel. Mais j'ai toujours préféré la réalité. Le fait d'être bloqué par la distance, je déteste ça. Alors, nous attendions pour la plupart du temps le lendemain pour parler. Sauf ce jour-là.

***

Pour commencer ma journée du bonheur, je me suis réveillée avec une sensation humide dans mon lit. Je n'arrêtais pas de me répéter que ce ne pouvait pas être vrai. En soulevant la couverture, j'ai vu une énorme tache de sang sur mon lit et sur mon bas de pyjama.

J'ai soupiré et je suis restée une vingtaine de minutes à ne rien faire. J'étais là. J'étais assise sur mon lit, le bas mouillé de sangs et moi avec une sensation de honte. J'ai pensé à plusieurs reprises à sécher les cours.

J'aurais pu faire semblant d'être malade parce que dans ma famille, avoir ses règles ne veut pas dire qu'on doit louper les cours pour autant même si on se sent extrêmement mal. J'ai finalement décidé de me dépêcher car le temps n'avait pas fait une pause pour moi.

Je suis allée dans la salle d'eau. J'ai vite pris ma douche. J'ai enfilée une serviette hygiénique que je détestais et je suis retournée dans ma chambre avec le sentiment que ma journée ne pouvait pas être pire. Mensonge.

Lorsque j'ai vu l'heure, j'ai remarqué qu'il ne me restait qu'une dizaine de minute avant de devoir aller en cours. J'ai vite pris un torchon avec des glaçons pour effacer la tache sur mon matelas. J'ai frotté comme une folle. J'ai entendu mon téléphone sonné.

J'avais mis une sonnerie différente des autres pour Samuel. C'était bien lui qui m'avait envoyé un message. Mais je n'avais pas le temps de le consulter.

La tache ne voulait pas partir et j'ai commencé à désespérer. Je me suis dis que je pourrais m'en occuper ce soir. Je ne pouvais pas m'attendre à ce que Lana entre dans ma chambre alors que j'allais sortir de celle-ci. Elle a immédiatement regardé mon lit et s'est écriée.

- Beurk. Azalée t'es dégueulasse.

Ça arrive à tout le monde. Ai-je commencé à crié. Sauf toi, car tu es une gamine !

J'ai vite pris mon sac de cours que j'ai enfilé sur mon dos. J'ai juste pris une veste car nous étions au début du mois de mai, et il faisait bon dehors.

J'ai déverrouillé mon téléphone pour voir le texto de Samuel. Ce dernier disait qu'il m'attendait. Qu'est-ce que je pouvais être bête. Tous les matins, il m'envoyait ce message.

Mais pour continuer sur ma bonne lancée. C'est en regardant mon téléphone que j'ai remarqué que j'étais en retard. Alors j'ai couru. Je savais que Samuel m'attendait, comme tous les matins. Donc j'ai accéléré. J'avais bien de la chance d'être rapide à la course.

Je suis passée devant un arrêt de bus, mes cheveux tout décoiffés et ma tête sûrement horrible. Des personnes attendaient leur bus dans le plus grand calme. Ils avaient bien de la chance de ne pas avoir le stress d'être en retard.

Lorsque je suis arrivée devant chez Samuel, je le voyais tourner la tête et regarder de chaque côté, comme s'il attendait quelqu'un.

- Salut. Ai-je dis après avoir repris mon souffle.

Il s'est approché de moi en me faisant un signe de la main qui signifiait sûrement « coucou ». Il a immédiatement arrêté son sourire et son geste lorsqu'il a vu que j'étais à bout de souffle.

- Je ne vais pas te demander si ça va, je connais déjà la réponse. A-t-il déclaré en passant sa main dans mon dos.

Ce que j'aimais bien chez lui, c'était qu'il n'était pas le genre de personne à demander sans cesse si j'allais bien. Car lorsque j'allais bien, cela ce voyait. Car c'était bien rare. Samuel n'était pas du genre à poser des questions stupides. Du moins, sauf quand il me demandait mon animal préféré ou ma date de naissance.

Imaginons que je me casse le bras, y'aura toujours un con pour me demander si je vais bien.

- Fatiguée. Ai-je soufflé.

- Tu veux qu'on sèche les cours ?

Samuel était un bon élève alors quand il me proposait de sécher les cours, je ne pouvais m'empêcher de sourire.

- Non, ne t'inquiète pas.

En regardant l'heure, j'ai remarqué que j'avais rattrapé mon retard et que je pouvais à présent marcher. En réalité, je n'avais pas envie d'aller en cours. Mais je n'avais pas le droit d'entraîner ce garçon avec moi dans mes conneries. C'est la seule raison pour laquelle je suis entrée dans le lycée ce matin-là.

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