Chapitre vingt
AZALÉE
Je posais beaucoup trop de questions. Au fond, j'espérais qu'il n'en ait pas marre de ça. Il a posé son sac à dos sur le sol de la grande salle. Je ne faisais que le regarder. Je me sentais un peu bête car je n'avais rien à faire. Il a sorti de son sac deux couteaux.
- Tuer un ballon est-il considéré comme un meurtre ? A dit Samuel en me tendant un couteau qu'il tenait par la partie tranchante.
- J'espère que non.
- Alors, regarde le président Samuel.
Nous nous sommes rapprochés des chariots de ballons. Ils y en avaient de toute sorte, grands, petits. Mais ils avaient tous un point commun. C'étaient des jouets pour les toutous de notre lycée.
- Eh... Azalée ?
- Oui ?
- Ce sont lesquelles, les balles de football ?
- Je n'en ai aucune idée. Prends-les toutes alors.
- Je ne compte pas les prendre, je compte les détruire. Regarde. A-t-il dit un sourire en coin.
Puis, il a pris un ballon au hasard. Il a enfoncé le couteau dans celui-ci. Il n'a fallu que quelques secondes pour que le ballon soit détruit.
J'ai compris ce qu'il voulait faire. Pour détruire le football, nous devons détruire les balles.
J'ai essayé de faire de même, mais je n'ai pas réussi. Samuel a rit et m'a dit que je devais le faire plus fort. Après quelques essais, j'ai réussi. A chaque ballon dans ma main, je regardais chaque porte pour voir si quelqu'un nous observait.
- Aller, parle-moi de toi.
Je ne m'attendais pas à ce genre de question. Tandis que je dégonflais les ballons, je me demandais ce que je pourrais lui dire. Je ne voulais pas dire que je suis étrange, à tendance schizophrène dans mes rêves.
- Bien, tu veux savoir quoi ?
- Euh... Ta date de naissance.
- C'est nul ça. 15 mai.
- Dans 3 mois exactement, jour pour jour.
- T'es un génie dit donc. Et toi, ta date de naissance ? Ai-je dis en crevant un ballon blanc.
- Le 28 janvier. Donc j'ai déjà dix-huit ans, miss.
- Mais je suis une enfant !
- Dix-sept ans, quelle gamine. A-t-il dit en rigolant.
J'avais déjà raté son anniversaire. Et rien ne me disait que nous nous parlerons encore l'année prochaine. Cela dit, l'année prochaine, nous ne serons plus au lycée. Le bac sera passé et pour la plupart d'entre nous, nous serons dans des études supérieures. Je voulais lui offrir quelque chose, mais je ne savais pas quoi.
- Bon, ton animal préféré ?
- Mais, c'est vraiment nul comme question. Tu me déçois. Et je n'ai pas d'animal préféré. Mais un animal détesté.
- Lequel ?
- L'humain. Ai-je dis sans pouvoir le fixer dans les yeux.
- T'es drôle, Azalée. A-t-il dit en crevant le dernier ballon. On y va ?
Il était bientôt minuit. Nous sommes discrètement passés par la porte encore ouverte. Il n'avait pas tort. Son père fermait vraiment les portes tard. Sur le chemin, je lui ai demandé où il habitait. Il m'a répondu qu'il vivait à une vingtaine de minutes du lycée en prenant le même chemin que moi. Pourtant, il a assisté pour me raccompagner.
Nous avons parlé de tout et de rien. En réalité, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu de vraie discussion avec quelqu'un. J'avais comme l'impression de connaître quelqu'un. Pourtant, je savais vraiment peu de choses sur lui.
Sur le chemin, nous avons croisé Adelyne et Rémy. Je n'ai pas pu m'empêcher de les dévisager. En même temps, une fille avec qui je restais souvent –que je ne peux pas considérer comme amie- s'était mise en couple avec une personne qui m'avait tabassée.
***
Une fois arrivés devant chez moi. Je lui ai demandé s'il allait bien retrouver le chemin pour aller chez lui. Il m'a répondu que oui.
- Tiens, mon numéro. Ai-je dis en prenant son téléphone qui se trouvait dans ses mains. Si tu te perds, appelle-moi.
- Quelle dommage que je ne me perde pas. A-t-il dit tandis que je sélectionnais les chiffres de mon numéro de téléphone.
J'ai soudainement eu une idée. Je savais bien que l'anniversaire de Samuel était passé, que je ne lui avais pas souhaité et qu'il était tard. Mais je lui ai dis que j'allais revenir et je lui ai demandé de m'attendre après lui avoir rendu son téléphone. Je me suis dépêcher car je savais qu'il m'attendait dans le froid.
Je suis arrivée dans ma chambre et j'ai vite pris le dessin que je faisais tout à l'heure. C'était peut-être nul, mais je voulais lui faire plaisir car il a rendu une soirée de ma vie mieux que les autres.
Lorsque je suis arrivée devant lui, je lui ai tendue le papier avec une galaxie et des planètes dessiner comme un enfant de dix ans pourrait faire. Il m'a d'abord regardée d'un air plutôt étrange. Je me suis dis que j'étais sûrement ridicule.
- Bon anniversaire. En retard. Ai-je dis pendant qu'il fixait le papier.
- C'est joli, je vais le garder précieusement. A-t-il répondu en le rangeant soigneusement dans son sac à dos.
Nous nous sommes dit au revoir. Et j'espère bien le revoir. Il avait rendu ma soirée si ennuyante en une soirée de destruction des choses stupides de la vie en commençant par le football.
Quelques minutes plus tard, j'ai reçu un appel de Samuel. J'entendais quelques voitures proches de lui et du vent qui passait près du micro.
- Azalée, je me suis perdu.
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire. J'adore avoir raison. Je lui ai expliqué le chemin et au bout d'une vingtaine de minutes au téléphone à essayer de lui faire comprendre quel chemin prendre et qu'il m'explique où il était –car visiblement il ne savait pas lire les panneaux-, il est enfin arrivé chez lui.
Je n'étais peut-être pas allez à la fête d'Emma. Je n'étais peut-être pas la meilleure personne du monde. Mais parmi toute la merde qui m'arrive et ce monde de merde dans lequel je vis, j'ai enfin été heureuse pendant quelques minutes de répit.
Et bordel, ça faisait du bien.
Fin de la partie I
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