Chapitre trente-sept
AZALÉE
J'ai ouvert les yeux. Mon téléphone sonnait. Je pensais à décrocher.
Tu n'as pas la force.
C'est vrai.
Le numéro était de toute façon inconnu. Je pensais à une blague stupide. Je n'avais envie de parler à personne. Alors je n'ai rien touché sur mon téléphone. La tentative d'appel à disparu. Et je me suis recouchée dans mon lit.
***
Je me suis réveillée en sursaut. J'avais besoin d'espace. Je me sentais mal, et sans savoir pourquoi. J'avais l'impression que j'allais exploser. Je me suis mise à éclater en sanglot. Sans raison valable.
Tu iras mieux.
J'avais envie de toute détruire autour de moi.
Ne t'inquiètes pas, tout ira mieux.
Une coupure de plus, apparaissante sur mon poignet. Elle a rejoint ses amis.
***
- Je demande à la dessinatrice de se réveiller et de bien vouloir participer aux cours, elle en aurait besoin. Ai-je entendu.
Les gens de ma classe se sont mis à rire, comme à chaque fois que ce professeur de français faisait une réflexion à quelqu'un de la classe. Et en particulier, moi. Je n'ai même pas répondu.
Je me sentais observée. Je me sentais jugée. J'étais mal à l'aise dans cette classe. J'avais envie de sauter par la fenêtre et m'enfuir. Tant pis si j'étais blessée ou à moitié morte, voir totalement.
Tu sais comment faire pour aller mieux.
Je devais penser à autre chose. Quelque chose de bien.
Sauf qu'il n'y a rien de bien dans ta vie.
Mais la seule chose à laquelle je pensais était cette lame. Je crevais de chaud avec mon sweat en pleins mois de Juin.
Aller.
J'ai lâché prise et lorsque personne ne me regardait, j'enfonçais la pointe de mon compas dans ma peau.
Continue, ça ne te fera que du bien.
***
Je dois réviser.
Ca ne te servira à rien, tu es vouée à l'échec.
Assise sur la chaise de mon bureau, dans ma chambre toute dérangée, j'essayais de réviser un maximum pour l'épreuve de français du baccalauréat. Sauf qu'une petite voix dans ma tête n'arrêtait pas de me déconcentrer.
Je faisais des pauses toutes les deux minutes. J'en avais marre au bout d'une.
Aller, ça ne te fera que du bien.
Je ne pouvais pas me concentrer.
***
Samuel te déteste.
J'entendais ça dès mon réveil. J'en avais plus qu'assez. Je voulais savoir si Samuel me détestait ou s'il ne répondait à plus personne. Je me suis connectée sur Instagram et je lui ai envoyé un message sur mon compte Ambertume, étant donné qu'il ne connaissait pas mon compte. Mais moi, je connaissais le sien. Facile de trouver un compte avec un nom de famille et un prénom.
Ambertume : Bonjour !
J'attendais comme une abrutie devant mon téléphone, cherchant une réponse de la part de Samuel.
Il ne veut pas te parler.
Sauf qu'il ne sait pas que c'est moi.
Les minutes passent, les heures. Je n'ai toujours pas de réponse. Entre temps, j'ai décidé de réviser comme le baccalauréat était dans peu de temps. J'ai vraiment eu du mal à me concentrer.
A cet instant, j'attendais, face à l'écran de mon téléphone. Rien. Aucun message.
Il sait que c'est toi.
C'est impossible.
J'en avais plus qu'assez.
***
Je me suis connectée sur Instagram, toujours pas de réponse. Entre temps, j'avais eu des abonnements de personne qui se mutilaient et qui postaient des photographies de leurs coupures.
Poste des photos.
J'ai pris en photo mon poignet, rempli de trace de lame de rasoir. Et je l'ai posé sur mon compte. Un, deux, trois et une centaine de "j'aime". J'étais fière alors que ce n'était que des pixels. J'ai laissé s'échapper un petit sourire.
J'ai reçu des commentaires comme "J'adore" mais aussi comme "C'est dégueulasse".
Au final, ma photo a été signalée et supprimée. Alors que cette dernière était la seule chose qui m'avait fait sourire depuis bien longtemps.
***
Finalement, Samuel n'a jamais répondu. Ni à moi, ni à Amber. Le numéro inconnu à continuer à m'appeler. J'essayais de réviser. Le même schéma.
Au lycée, Rémy est venu me parler. Je ne sais pas ce qu'il me voulait mais il avait bien l'air énervé. Je ne voulais pas le voir. Je ne voulais voir personne. Je voulais qu'on m'ignore, qu'on m'oublie, que je n'existe plus à leurs yeux et qu'ils ne viennent plus me parler.
Tu vas mourir.
- Tu te prends pour qui ? A-t-il crié en face de mon visage, avec des postillons.
Une foule d'adolescents est vite arrivée autour de nous deux. Il était aussi accompagné de ses amis. Quant à moi, j'étais bien seule. Je voyais les regards pleins de haine dans les yeux d'Adelyne. Je ne savais pas ce qu'il se passait.
Tu vas mourir.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Ai-je demandé, doucement avec toute la force qui me restait.
- Qu'est-ce qu'il y a ? A-t-il répété. Tu m'as pris pour qui ? Tu vas regretter d'avoir fait cette blague.
Je ne savais vraiment pas de quoi il parlait. J'étais totalement perdue.
Il m'a ensuite donné un coup dans le ventre. Je n'ai pas réagis.
Tu vas mourir.
Puis un coup sur la tête. Je n'ai pas réagis.
Tu vas mourir.
Il me criait dessus et les adolescents nous prenaient en photo. Je n'ai pas réagis.
Tu vas mourir.
Les surveillants sont intervenus. Je n'ai pas réagis.
Tu vas mourir.
Je les ai suivis. Sans savoir ce qu'il s'est passé. Je me suis assise sur une chaise dans le bureau du directeur. Il était en face de moi. A ma droite se trouvait mes parents. Ils me regardaient comme si j'avais tué quelqu'un.
- Azalée, votre comportement est vraiment inacceptable. A commencé le proviseur. Non mais, enfermer vos amis dans une salle sans aucun moyen pour prévenir quiconque. Qu'est-ce qu'il vous passe par la tête ?
Et après une longue discussion avec le principal. J'ai été exclu du lycée pendant quelques jours. J'étais innocente. J'en étais sûre. Nous sommes rentrés à la maison.
Tout est parti vite. Mon père m'a crié dessus. On m'a pris mon téléphone. Ils voulaient que j'assume que c'était moi. Pourtant, j'étais sûre que ce n'étais pas le cas. On m'a enfermé dans ma chambre. J'ai entendu ma sœur Lana rire.
Elle rit à cause de toi.
Je me tombée sur mon lit. Je pleurais des torrents de larmes. J'en pouvais plus. Je suis restée là, à ne rien faire. Je ne pouvais plus bouger, comme si mes pensées avaient pris le dessus sur mon corps.
Tu sais quoi faire pour aller mieux, Azalée.
Je ne ressentais rien. J'avais l'impression d'être dans une spirale, bloquée en plein centre de celle-ci sans jamais trouver d'issus. Je ne me reconnaissais pas.
Mais qu'importe, je suis forcément coupable aux yeux des gens.
Fin de la partie II
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top