Chapitre soixante-cinq

AZALÉE

Je n'avais pas réellement envie d'aller voir un psychologue. Les seuls souvenirs que j'avais, c'était lorsque mes parents me forçaient à y aller car j'étais « folle ». Je me mettais à trembler, assise dans la voiture.

J'essayais de cacher mon stress en me tournant vers la fenêtre. Sauf que cela ne m'aidait pas du tout puisque je me voyais approcher de plus en plus au lieu tant redouté. Mon père conduisait, il tentait de me parler mais je réagissais à peine.

- Azalée, tu n'es pas folle.

Je ne voulais pas répondre. Je ne voulais pas m'engueuler avec lui, et surtout pas maintenant. C'était ridicule d'avoir peur d'aller voir un psychologue.

- Tu sais... les personnes qui ont fait la même chose que toi doivent aller voir un psychologue. Enfin... il est préférable.

- Car elles pourraient recommencer ?

Mon père était embarrassé de parler de cela. Je le savais, je le voyais bien. Il faisait un effort et ça me faisait plaisir.

- Si on t'emmène voir un psychologue, c'est parce qu'on t'aime. Il ne va pas te juger. Je pense que cela pourra te permettre de te défaire d'un point sur tes épaules.

- Je sais.

Le trajet en voiture m'a paru tellement court.

Nous avons attendus dans une salle d'attente blanche avec une musique douce qui sortait d'une enceinte au plafond. J'étais assise sur un siège a observer ce qui se passait par la fenêtre. C'était déjà plus intéressant que lire des journaux datant d'il y a dix ans.

Sauf que tout ce que l'on voyait, c'était des voitures qui roulaient, des gens qui marchaient et ma tête de personne si peu motivée dans le reflet de la vitre. J'aurais bien aimé être sur mon téléphone, mais mon père m'a dit que ce serait mieux que je ne le prenne pas. Vu ce que je venais de leur faire subir, j'ai accepté. 

Et puis, je n'en avais pas besoin.

La porte c'est ouverte, c'était une psychologue. Son précédent patient est sorti, lui a dit « au revoir » et est sorti de la pièce. C'était à mon tour. Nous sommes entrés. La psychologue avait l'air jeune. Elle avait des cheveux châtains attachés en queue de cheval. Elle portait des vêtements simples : jean et chemise. Je l'observais, je la scrutais puisque j'étais sûre de passer à certain temps avec elle. 

- Bonjour, a commencé mon père en serrant la main de la femme.

J'ai fait pareil que lui, par la suite. Je devais faire peur à observer chaque recoin de cette femme. J'aurais préféré que Léna soit ma psychologue.

- Bonjour monsieur Haswell et toi tu es Azalée, je suppose.

- Effectivement, bonjour, ai-je répondu.

Heureusement, elle ne semblait pas méchante. Même, elle souriait trop. A moins que ce soit moi qui n'avait pas l'habitude de sourire. Il fallait que je fasse des efforts.

J'ai demandé à ce que mon père sorte, qu'il soit dans la salle d'attente plutôt qu'avec moi et la psychologue. Ce n'était pas contre lui, je ne le détestais pas. Mais s'il voulait que je me confie, sa présence me dérangerait. Me bloquant de révéler certains détails.

- Pas de problème.

La porte s'est refermée. Je me retrouvais seule avec une personne que je ne connaissais pas, et j'étais censée me confier. Cela faisait si longtemps que je n'étais pas allée voir de psy que j'en avais oublié comment se déroulait une séance.

- Alors, je me présente. Je m'appelle Alexandra Dantez mais appelle-moi simplement Alexandra.

- Vous devez déjà savoir comment je m'appelle : Azalée Haswell.

- Tu peux me tutoyer, a-t-elle répondu en souriant.

Elle me faisait penser à Léna. En moins bien, en fait mon amie était ma psychologue du quotidien. Même si c'était bien plus facile de parler à Léna, je devrais faire des efforts pour Alexandra. Je n'avais qu'à imaginer que c'était cette femme aux cheveux blancs. Même si ça allait être compliqué.

Et je ne comptais pas remplacer Léna par Alexandra. J'étais forcée de voir Alexandra, pas Léna. J'aurais aimé que Léna soit à côté de moi pour me soutenir dans ce moment.

Ma psychologue a pris un carnet et un stylo, probablement pour noter ce que j'allais dire.

- Alors... Azalée... je ne te forcerai pas à parler si tu ne veux pas. Si tu as du mal à t'exprimer, nous allons commencer doucement. Je ne suis pas là pour te torturer mais pour t'aider.

Par la suite est venue une heure entière de discussion avec elle. Elle ne m'a rien prescrit, m'expliquant qu'il fallait d'abord qu'elle voit si j'en avais réellement besoin ou non. Je ne me suis pas trop exprimée. Je me suis alors rendue compte que c'était beaucoup plus facile de parler à quelqu'un que l'on connaît. 

J'étais alors impatiente de revoir Léna. Sauf que ma journée n'était pas encore terminée. Nous nous dirigions jusqu'à mon lycée afin de rencontrer le proviseur. Tout le monde devait déjà être au courant de ce que j'avais fait, en particulier mon proviseur. Heureusement pour moi, c'était les vacances.

Je n'aurais qu'à affronter uniquement le jugement de cet homme et non de tout l'établissement.

- Je suis heureux que vous soyez toujours parmi nous, Azalée.

Ma mère nous avait rejoint pour l'entretient.

- Merci... je suis venue pour vous parler de ce que certaines personnes dans ce lycée ont fait. Ce n'est pas eux la seule cause de ce que j'ai pu faire, mais c'est une goutte qui a remplie le vase.

J'ai beaucoup parlé. Bien plus que toute les autres fois où j'étais allée voir le proviseur. J'ai évoqué Rémy, Emma et Julien comme source principal et sur le fait qu'il m'avait tabassée. J'ai parlé d'Adelyne précisant qu'elle y avait peu contribué. Je n'ai pas parlé d'Alyssia parce qu'au fond elle me considérait juste comme ça meilleure amie.

J'avais l'impression de tout le temps raconter la même histoire sur ce qui c'était passé. Je n'ai pas expliqué cela pour une quelconque vengeance mais pour qu'ils ne recommencent pas avec d'autres personnes.

C'était sûr qu'ils ne recommenceraient pas avec moi. J'étais surtout venue pour changer de lycée. Le proviseur m'a expliqué que ce serait compliqué. Nous avons remplis, mes parents et moi, des dizaines de papier à propos du changement d'établissement. J'allais me retrouver dans un lycée dans la ville à côté. J'allais juste vingt minute de bus le matin.

C'était un renouveau, j'allais prendre le bus. C'était une démarche à résoudre mes problèmes. J'allais à présent voir un psychologue et j'allais changer de lycée. Je détruisais les sources de mes problèmes.

Dès que j'étais arrivée chez moi, j'ai appelé Samuel pour le prévenir.

- Salut, ai-je dit.

- Bonsoir Azalée.

- Je suis allée voir ma psychologue aujourd'hui, elle a l'air sympathique.

- C'est une bonne démarche, même si je pense qu'on t'a forcée. Hé... si ça te dérange trop d'aller la voir, n'y vas plus. Et si tes parents t'obligent... moi je vais leur expliquer avec mes poings, a-t-il dit pour rire.

Il était mignon.

- Tu me sauves la vie, mais pour l'instant je compte garder cette psy.

- Où est la vraie Azalée ? A demandé Samuel.

Je n'arrêtais pas de sourire comme une idiote.

- C'est une bonne question. Je suis aussi allée voir notre horrible proviseur qui s'est calmé devant mes parents, c'était marrant à voir.

- J'aurais tellement aimé être là. La prochaine fois, invite-moi à ces sorties familiales.

- C'est sûr que voir ce proviseur est une bénédiction pour nous, mais je ne le verrai plus.

Il a attendu un peu avant de parler.

- Attends... tu changes de lycée ?

- Désolée.

- Non c'est génial pour toi... même si chaque lycée est pourri. Donc je ne pourrai plus voir ton visage de personne passionné à l'idée d'aller en cours ?

- C'est la seule chose qui me dérange dans le fait de changer d'établissement, ne plus te voir, ai-je avoué.

- Merde... au moins j'aurais une excuse pour te voir deux fois plus souvent en dehors des cours.

- Même, trois fois plus souvent.

J'ai souri. Nous avons passé notre soirée à discuter. J'ai fait des démarches pour aller mieux. Même si je me doutais que mon lycée n'allait ne pas être parfait. Ce ne serait pas un lieu où tout le monde allait être heureux. Je pouvais au moins repartir de zéro.

C'était déjà un pas que je n'osais pas faire avant.

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